Déculpabilisons les parents : Pour en finir avec les normes éducatives
82 pages
Français

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Description

Comment faire pour être de « bons » parents ? Comment faire pour bien élever son enfant et lui apporter tout ce dont il a besoin afin qu’il devienne un individu bien dans sa tête et dans son corps ? Parce que, aujourd’hui, le « bien » et le « mal » se conjuguent essentiellement en termes de « normal » et de « pathologique ». Et gare à ceux qui transgressent les règles du code de bonne santé ! Mais les normes qui ont modelé notre façon de concevoir l’éducation aident-elles vraiment les parents ? Font-elles de nos enfants des êtres plus épanouis, de meilleurs élèves ? Quel est le rôle, à titre personnel ou professionnel, de chacun d’entre nous dans cette approche normative des questions éducatives ? N’attendons plus. Il est urgent de retrouver une certaine liberté de penser et d’agir, nourrie de l’écoute des besoins de l’enfant, de ce qu’il est, et des valeurs que nous voulons lui transmettre. Daniel Bailly est pédopsychiatre, professeur de psychiatrie à l’université d’Aix-Marseille et exerce à l’hôpital Sainte- Marguerite de Marseille. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur les questions d‘éducation : La Peur de la séparation ; Alcool, drogues chez les jeunes : agissons. 

Informations

Publié par
Date de parution 12 septembre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738175755
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Daniel Bailly
Déculpabilisons les parents
Pour en finir avec les normes éducatives
© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE 2013 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN 978-2-7381-7575-5
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À la mémoire de mon père,
à qui j’ai donné pas mal de fil à retordre,
mais qui a su toujours rester lui-même.
Avant-propos

Curieux comme dans ce pays on a toujours tendance à penser que les parents sont incompétents et qu’il faut leur apprendre ce qu’il convient de faire et comment le faire. Quel que soit le sujet, vous trouverez toujours un médecin, un psychologue, un enseignant, voire un magistrat ou un responsable politique, pour vous dire ce qui est « bon » pour vos enfants. Relayés avec force par des médias toujours avides de sensationnel, ces « bons » conseils ont souvent pour effet de générer chez les parents angoisse et culpabilité et de les placer « sous pression » dans la nécessité qu’on leur impose d’être irréprochables dans l’éducation de leurs enfants. Mais qu’est-ce qu’une « bonne » éducation ? Comment aider les parents, qui sont quand même les mieux placés pour savoir ce qui est « bon » ou « mauvais » pour leurs enfants, à retrouver leur liberté d’action et la sérénité nécessaire dans les relations qu’ils entretiennent avec leurs enfants ? Pour apporter des éléments de réponse crédibles à ces questions, il me paraissait important que je parte de ma propre expérience. Certes. Mais de quelle expérience ? Celle de pédopsychiatre, celle de père ou encore celle de citoyen ? Écrire un livre à trois mains n’est pas chose facile. Cette idée, pour étrange qu’elle soit, s’est cependant rapidement imposée à moi comme la seule susceptible de m’aider à explorer tous les aspects des problèmes éducatifs auxquels les parents peuvent être confrontés.
Les parents qui s’adressent au médecin à propos de leur enfant malade ne le font pas seulement pour qu’il le soigne, pour qu’il le guérisse, mais aussi pour entendre des mots qui donnent sens à ce qui arrive. Une fois le diagnostic posé, tous les parents posent la question du pourquoi. Ils attendent du médecin des explications, tout en redoutant aussi souvent ce qu’il va dire. Avoir un enfant qui présente des troubles, quels qu’ils soient, remet souvent en cause les parents dans leurs capacités à faire de « beaux » enfants, dans leurs capacités éducatives, dans leurs capacités à être de « bons » parents. Souvent, ils s’interrogent sur leur responsabilité et cherchent dans leur histoire d’homme ou de femme, de père ou de mère, une explication. Si ces explications tiennent parfois à l’irrationnel, elles sont toujours plus ou moins empreintes de culpabilité. Et c’est encore plus vrai lorsque les troubles que présente l’enfant sont d’ordre émotionnel et/ou comportemental. Ainsi cette maman convaincue que son fils était devenu diabétique à cause du chagrin qu’elle avait ressenti durant sa grossesse suite au décès de son père. Ou encore ce papa persuadé que sa fille avait développé des comportements d’opposition parce que lorsqu’elle avait 6 mois, alors qu’il la tenait dans ses bras, il l’avait laissée tomber en voulant aider une dame âgée à sortir de sa voiture (rassurez-vous, sans aucun dommage). Comme dans ces deux exemples, il est fréquent que les parents recherchent un événement particulier, un « traumatisme » qu’aurait subi l’enfant et dont ils pourraient être responsables, pour expliquer la survenue des troubles. Il n’est pas une consultation où le pédopsychiatre que je suis n’est pas confronté à cette culpabilité. Aussi peut-on aisément comprendre que les parents soient en général dans l’attente anxieuse de l’explication « scientifique », rationnelle, qui viendrait les soulager. Comme le souligne M. Laxenaire : « Le patient qui raconte ses souffrances à un médecin le fait en réalité à une image imposée par le milieu socioculturel. La science dont il le croit bardé n’a, à ce moment-là, de valeur que parce qu’elle est mystérieuse, voire magique. C’est à elle qu’il s’adresse comme on s’adressait autrefois à la Pythie 1 . » Et en tant que « sujet supposé savoir », comme le disait Lacan, c’est bien aussi la fonction du médecin d’être prêt à entendre cette demande d’explications. Mais la science et la médecine peuvent-elles apporter des réponses à toutes les questions que peuvent se poser les parents, même lorsque ceux-ci sont en difficulté ?
Si je me place du point de vue du père que je suis aussi, en oubliant mes longues années d’études, j’aurais plutôt tendance à vous répondre par l’affirmative. Les manuels et livres sur l’éducation des enfants et les problèmes qu’elle soulève tapissent les murs des librairies et il n’est pas un jour sans qu’un article de journal ou de magazine, une émission de radio ou de télé, y soit consacré. Mais comment s’y retrouver dans ce labyrinthe d’informations données et qui plus est parfois contradictoires ? On peut comprendre aisément l’angoisse des parents. Pas surprenant non plus qu’en tant que pédopsychiatre je reçoive de plus en plus fréquemment des parents qui anticipent les troubles que pourraient présenter leurs enfants tout en demandant conseil sur ce qu’il convient de faire pour les éviter. Ainsi cette mère qui divorçait et à qui on avait confié la garde des enfants et qui se demandait si c’était « bien » parce qu’elle avait lu que la garde alternée était, pour les enfants, le mode de garde le plus favorable, ou tout au moins le moins délétère. Ou encore ce père, obligé, pour des raisons professionnelles, de faire garder sa petite fille en crèche, mais néanmoins angoissé par les informations qu’il avait pu recueillir sur les conséquences possibles de ce mode de garde, et qui, avant de me consulter, avait passé les premiers temps le nez littéralement « collé » aux fenêtres de l’établissement pour voir si tout se passait bien.
Il est étonnant de constater, lorsqu’on est parent, à quel point on peut se sentir seul, voire abandonné. Entre les querelles d’« experts », largement relayées par les médias, comment savoir à quel saint se vouer ? Et quand un problème survient, force est de constater que toutes les belles recettes qu’on nous propose ne servent à rien, ou tout au moins à pas grand-chose. Tous les parents qui ont des enfants qui présentent des problèmes vous diront le parcours du combattant qui a été le leur pour trouver (quand ils les ont trouvés) le traitement, l’institution, l’école les plus adaptés au cas de leur enfant, forcément unique et singulier. Père, je n’en suis pas moins aussi homme et, en tant qu’homme, impliqué dans la vie de ma communauté ; et ce d’autant plus que mon statut de professionnel de la santé m’impose de mettre mes compétences au service de cette communauté. Ces difficultés qu’en tant que pédopsychiatre j’entends tous les jours de la part de parents démunis, résignés ou révoltés, existent-elles ailleurs ou sont-elles propres à notre pays ? Comment faire pour améliorer les choses et aider nos enfants, chaque enfant, quelles que soient ses difficultés, à s’intégrer dans notre communauté tout en lui procurant une qualité de vie optimale ?
Ce livre ne se veut pas et n’est pas un énième manuel sur l’éducation des enfants. Autant le dire tout de suite, il n’existe pas, en matière d’éducation, de recettes toutes faites qui conviendraient à tout le monde. Ce n’est pas parce qu’on est médecin, psychologue, enseignant, magistrat, responsable politique ou expert dans quelque domaine que ce soit que l’on sait obligatoirement ce qui est « bon » pour nos enfants. Quel que soit son statut professionnel, nul ne peut s’arroger le droit de dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire pour nos enfants. Tout livre s’articule par essence autour d’un parti pris. Celui-ci n’échappe pas à la règle. À l’âge où je suis, je pense pouvoir dire que le salut ne viendra ni des professionnels du champ éducatif, sanitaire ou social, ni des responsables politiques. Les uns sont trop attachés à leurs privilèges et à leurs illusions de pouvoir, les autres trop pris dans la nécessité où ils sont de plaire à tout le monde. Aussi ai-je pris définitivement le parti de faire confiance aux parents. Non pas pour leur dire ce qu’il faut faire ou ne pas faire, mais pour leur dire ce que je sais en tant que professionnel de la santé et scientifique afin qu’ils puissent tailler à leur mesure et trouver leur chemin dans l’intérêt de leurs enfants. Ce qui, vous l’aurez compris, implique aussi que les parents puissent assumer leurs responsabilités, sur les plans tant individuel que collectif.
Marseille, 2011-2012.
Introduction
Il était une fois ou l’apprentissage de la culpabilité

Toutes les belles histoires commencent par : « Il était une fois… » Il était une fois, donc, un jeune couple, Anne et Philippe, un jeune couple moderne, comme il en existe tant, élevé dans les règles de l’art de la pensée unique, celle de la bonne santé. De ce point de vue, il ne fait aucun doute qu’Anne et Philippe ont été parfaitement éduqués. Ils ont bien compris et intégré que la santé ne signifie pas l’absence de maladie, que ce n’est pas uniquement « la vie dans le silence des organes », comme la définissait Leriche en 1936 2 . Anne et Philippe sont des enfants de la seconde moitié du XX e siècle. Ils ont bien compris et intégré que la santé, c’est, comme il est é

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