Devenir professeur

Emmanuelle Bernheim, Pierre Noreau

Description

Pierre Noreau est professeur titulaire au Centre de recherche en droit public de l'Université de Montréal où il travaille depuis 1998. Emmanuelle Bernheim est professeure au Département des sciences juridiques de l'Université de Montréal. Tous deux ont dirigé en 2016 aux Presses de l'Université de Montréal La thèse. Un guide pour y entrer... et s'en sortir.

Informations

• Publié par: Presses de l'Université de Montréal
• Date de parution: 19 août 2019
• Nombre de lectures: 3
• EAN13: 9782760640573
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Sous la direction de Pierre Noreau et Emmanuelle Bernheim
DEVENIR PROFESSEUR
Les Presses de l’Université de Montréal


Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: Devenir professeur / Pierre Noreau, Emmanuelle Bernheim. Noms: Noreau, Pierre, 1958- auteur. Bernheim, Emmanuelle, 1976- auteur. Description: Comprend des références bibliographiques et un index. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20190015721 Canadiana (livre numérique) 2019001573X ISBN 9782760640559 ISBN 9782760640566 (PDF) ISBN 9782760640573 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Professeurs (Enseignement supérieur). RVM: Enseignement–Orientation professionnelle. RVM: Enseignement universitaire. Classification: LCC LB1778 N67 2019 CDD 378.1/2023–dc23 Mise en pages: Chantal Poisson Dépôt légal: 3 e trimestre 2019 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2019. Les Presses de l’Université de Montréal remercient de son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).




Introduction
Pierre Noreau et Emmanuelle Bernheim
Devenir prof, ça ne s’apprend pas dans les livres… pourtant, ce livre existe maintenant!
Bien sûr, l’objet de l’ouvrage pourra surprendre. La fonction de professeur n’est-elle pas tout simplement d’enseigner? En contrepartie de quoi, celle d’étudiant serait d’apprendre. Dans cette perspective symétrique, la poursuite des études universitaires conduirait tout naturellement à la carrière universitaire, de sorte qu’au cours de ses propres études, chacun se préparerait – par mimétisme – à remplacer les professeurs qui l’ont formé lui-même. Si cette conception du métier d’universitaire est rassurante, elle ne rend pas compte du caractère multiforme de la fonction. Une fois en poste, on est parfois surpris de constater la diversité des facettes d’un métier qu’on croyait connaître. Devenir «collègue» ne suffit pas. Il faut assumer les différents aspects de la tâche. Cette exigence n’est pas propre aux professeurs fraîchement engagés et traverse les différentes étapes de la carrière.
Un ouvrage fondé sur des inspirations diverses
N’importe quel universitaire d’expérience peut prétendre écrire un ouvrage à peu près systématique sur la vie universitaire, mais ce livre ne serait alors que le produit d’une expérience singulière, présentée sous les traits d’un discours à valeur universelle. Nous avons préféré faire de cet ouvrage une œuvre collective à l’image de la vie intellectuelle qui est elle-même le produit d’un travail coopératif. Ce faisant, il reprend à son compte la méthode utilisée pour La thèse, un guide pour y entrer et en sortir , publié lui aussi aux Presses de l’Université de Montréal en 2016.
Restait à trouver un point de ralliement. L’université est rarement un objet d’étude pour elle-même, de sorte que les travaux d’érudition portant sur la carrière universitaire sont rares, du moins en langue française. Il était ainsi difficile de concevoir un ouvrage systématique fondé sur le partage d’une documentation commune tirée d’une revue de littérature complète comme il est parfois possible de le faire sur d’autres sujets. Face à l’insuffisance des sources, nous avons opté pour un ouvrage construit sur des contributions répondant à certains critères. Rédigés par des universitaires, les textes sont très courts, de style direct et simple. Fondés parfois sur des constats tirés de la littérature, parfois sur l’observation quotidienne de la vie institutionnelle, ils proposent des conseils ou offrent des outils utiles aux autres membres de la communauté universitaire. La culture de chaque université, sinon celle de chaque faculté ou de chaque département, impose des contraintes et des possibilités étonnamment variées. Les mêmes pratiques ou les mêmes standards y sont même très souvent désignés par des termes différents. On a évité de faire référence, dans cet ouvrage de portée générale, à des pratiques institutionnelles particulières ou encore d’y aborder des problèmes marginaux ou rarement rencontrés. Il ne s’agit pas non plus de témoignages personnels ou de «tranches de vie», même si certains chapitres sont introduits par un court témoignage visant à illustrer la nature du sujet dont ils traitent. Si, comme on l’a dit, certains textes ont pu trouver appui sur des travaux de recherche antérieurs, d’autres sont construits d’après des savoirs expérientiels dont on peut constater ici la valeur heuristique.
L’ouvrage ne défend pas de posture particulière et ne propose pas de conception unifiée de l’institution universitaire ou de la fonction professorale. Mais on constatera la très grande convergence des préoccupations et des visées poursuivies par les auteurs en faveur d’une conception éthique de l’excellence, parfois éloignée des définitions mécaniques ou comptables qu’on en donne.
La structure de l’ouvrage
L’enseignement et la recherche, l’administration universitaire et le service à la collectivité sont généralement présentés comme les quatre composantes de la vie professorale. Se posent pourtant quotidiennement aussi le problème de l’évolution de la «carrière» et, plus largement encore, celui de nos modes de vie. Plusieurs de ces dimensions sont traitées dans cet ouvrage. Nous avons cependant renoncé à tout ramener aux quatre catégories «canoniques» de la vie universitaire.
Au fur et à mesure qu’on nous proposait des textes, une autre structure s’est imposée d’elle-même. L’ouvrage traite ainsi de la question de l’ enseignement , puis de celles de la recherche et du rayonnement , avant de se pencher sur l’ évolution de la carrière puis sur les défis et les figures imposées par la vie universitaire.
L’enseignement y tient évidemment la première place. Comment transmettre des contenus, structurer un nouvel apprentissage ou concevoir un bon plan de cours? Comment créer un climat propice à la formation, enseigner à un petit ou à un grand groupe, à des étudiants inscrits aux études supérieures et bien les accompagner dans leur projet de mémoire ou de thèse? Comment enseigner à l’ère numérique, concevoir un cours à distance ou tirer avantage des évaluations d’enseignement? Voilà l’essentiel des exigences reliées à l’enseignement universitaire aujourd’hui.
On aborde également le thème de la recherche, une dimension de la tâche professorale traversée par une multitude d’interrogations. Qui est l’auteur d’un texte et quelles sont les règles de l’art dans le domaine de la communication scientifique? Doit-on publier en accès libre, dans une revue avec comité de lecture, dans une revue professionnelle ou communiquer par l’entremise d’un blogue? La rédaction d’une demande de subvention participe-t-elle d’un genre littéraire particulier?
Entre carrière et vocation, le parcours du professeur est souvent moins linéaire qu’on le croit. Comment terminer des études de doctorat en étant déjà professeur? Doit-on accepter des fonctions administratives ou syndicales en cours de route? Comment survivre à la collégialité, à la fragmentation des activités, au dilemme que constitue la possibilité de travailler à la maison ou au bureau? Peut-on enseigner à enseigner? Bref, comment préparer nos propres étudiants à la carrière d’enseignant?
Enfin, il y a tout le reste: les défis et les figures imposées. Cette partie de l’ouvrage a fait office de variable résiduaire… Paradoxalement, elle touche des réalités très concrètes de la vie universitaire contemporaine et de ses transformations. Comment répondre aux exigences de la plus grande diversité d’origines des étudiants ou intégrer des collègues d’origines différentes? Comment répondre aux besoins des étudiants en détresse? Comment s’adapter à la diversité des modes de communication écrite? Quelles sont l’étendue et la limite de la liberté académique? Comment éviter les pièges entourant le conflit d’intérêts?
Toutes ces questions se posent aujourd’hui à l’ensemble des professeurs d’université et à ceux qui entendent le devenir. Devenir professeur… ce n’est pas une mission impossible! Pourtant, la description minutieuse que nous proposons des exigences de la fonction n’est pas exhaustive, et nous laissons de côté une multitude de sujets. Nous avons simplement voulu exposer les balises essentielles d’un chemin tortueux, offrir à la fois «le plan, la carte et belle aventure». Loin de proposer le Guide du routard du professeur d’université, nous avons cherché quelques réponses aux questions que nous nous posons tous.
Il est aussi difficile de prévoir l’avenir de la fonction universitaire. Cet ouvrage laisse entrevoir les tendances qui traversent actuellement le milieu pédagogique, mais ne fournit que des informations très parcellaires sur l’évolution du métier de professeur. On sait qu’une proportion croissante des innovations qui ont transformé nos vies quotidiennes depuis trente ans ont été faites hors du milieu scientifique. De même, l’offre de formation s’est déployée très au-delà des institutions pédagogiques établies et l’acquisition de nombreuses compétences peut se faire aujourd’hui hors de l’université. Leur certification est assurée par des entités qui la concurrencent sur le terrain de la formation et de la spécialisation. Bien sûr, la formation universitaire reste encore un modèle de référence en matière de recherche, d’acquisition des connaissances et des compétences. Mais l’avenir de la vie à l’université ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion approfondie sur nos modes d’enseignement et de communication, sur la concordance de nos formations avec l’évolution du monde contemporain, sur la pertinence de nos recherches et sur notre capacité à former nos étudiants à comprendre plutôt qu’à apprendre. Nous savons du moins que nos propres étudiants poussent toujours plus loin les exigences de la communication.