33
pages
Français
Ebooks
2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
15 mars 2023
Nombre de lectures
3
EAN13
9782384830374
Langue
Français
Chez Edmund, tout est gigantesque : sa taille, son QI, sa barbarie.
Comment est-il devenu ce monstre aux dix victimes ?
Ce n’est pas par hasard si le FBI s’est penché sur son cas pour établir les critères des tueurs en série lors de la création de leur unité de profilers.
Pourquoi autant de haine des femmes ? D’après Ed, ce n’était pas de la haine. Ce serait plus complexe.
Pour comprendre, entrons dans la tête de ce monstre.
Publié par
Date de parution
15 mars 2023
Nombre de lectures
3
EAN13
9782384830374
Langue
Français
Présentation
Chez Edmund, tout est gigantesque : sa taille, son QI, sa barbarie.
Comment est-il devenu ce monstre aux dix victimes ?
Ce n’est pas par hasard si le FBI s’est penché sur son cas pour établir les critères des tueurs en série lors de la création de leur unité de profilers .
Pourquoi autant de haine des femmes ? D’après Ed, ce n’était pas de la haine. Ce serait plus complexe.
Pour comprendre, entrons dans la tête de ce monstre.
Dans la tête d’un monstre
Épisode 1
Ed Kemper
Ana Kori
Polar
1. Le passager noir
En cette troisième matinée de procès, Ed était tendu. Il posa ses mains moites et entravées sur la table en faisant tinter ses chaînes. Ce bruit de métal lui était devenu insupportable, comme une clochette accrochée au cou d’un chien. Il ne pouvait pas se gratter le nez ou bouger ses jambes sans que tous les regards ne s’affolent dans sa direction.
Il souffla longuement pour tenter de se détendre, mais sans succès. Il sentait que son récent passage à l’hôpital l’avait atteint, plus profondément que n’importe quel autre avant cela.
Ed s’était entaillé le poignet avec un stylo en argent offert à la volée par une journaliste, dans le but d’envoyer un message. À son avocat d’abord, qui lui refusait tout contact avec la presse. À ses geôliers ensuite, pour leur montrer qu’il avait réussi à dissimuler cet objet et qu’il savait s’en servir.
Pourtant, Ed se demanda soudain si c’étaient là les vraies raisons. Et s’il était lâche ?
Ed secoua la tête pour en chasser cette idée. Non, avant cet incident, il n’avait pas peur. Mais maintenant…
Depuis que ce médecin avait trouvé judicieux de lui injecter cette drogue, tout avait changé. Une seringue, d’apparence anodine, qui contenait en réalité un poison destiné à tourmenter son âme. Ed avait sombré dans une transe effrayante. Durant plusieurs heures, il était passé de l’autre côté du miroir, comme un témoin de ses propres meurtres. Il avait vécu l’enfer de ces jeunes femmes prisonnières d’un monstre qui leur avait ôté la vie et profané leur dépouille. Ed avait hurlé, appelé au secours, incapable de supporter ce qu’il voyait, en vain. Il avait ressenti leur douleur et goûté à leur peur, observateur impuissant de ses crimes. Ces jeunes femmes l’avaient harcelé, sans répit, le forçant à revivre l’horreur, encore, encore, et encore.
Une éternité de souffrance l’attendait désormais, il en était persuadé, la vengeance de celles qui ne pouvaient plus rien dire.
Ed se tourna vers son avocat.
— Faites passer un mot au juge. Je veux faire une déclaration au jury.
— Que comptez-vous dire ?
— Faites ce que je vous dis ! insista Ed en plongeant ses yeux noirs dans ceux de son conseil.
L’avocat eut un geste de recul, instinctif. Il griffonna une note et la fit passer au juge par l’intermédiaire de l’huissier.
Puis, la journée commença. Ed prit son mal en patience alors que les experts-psychiatres mandatés par la cour défilaient à la barre. Ils répétaient inlassablement les mêmes choses, le taxant d’être paranoïaque, psychotique et sans doute schizophrène. Ed savait que c’étaient des conneries, les mêmes que lors de son premier procès. Il se désintéressa de ce qui se disait à la barre pour observer la salle d’audience.
Ed reconnut dans le public les personnes qui assistaient à son procès depuis le premier jour. Il y avait également des journalistes, et, à sa grande surprise, beaucoup de jeunes femmes. Certaines détournaient le regard lorsqu’il posait ses yeux sur elles, mais pas toutes. Comme pour le défier, quelques-unes ne se défilaient pas et Ed s’en amusait.
C’était ce genre d’attitude qui l’attirait le plus. Un peu comme sa sixième victime, Allison, qui le fixait depuis la banquette arrière de sa voiture. Ed se souvint que cette insistance avait provoqué en lui un violent désir sexuel, totalement envoûté par cette attitude effrontée. À présent, il lui suffisait de fermer les yeux pour retrouver les sensations précédant le meurtre. Il roulait la vitre ouverte. Le vent faisait danser les mèches brunes autour du merveilleux visage d’Allison. Outre sa très grande beauté, l’odeur d’Allison était toujours très présente dans son esprit. Des fragrances légèrement épicées et totalement obsédantes, comme un subtil mélange de vanille et de paprika. Ed l’entendait respirer juste derrière lui, puis expirer une haleine sucrée, probablement à cause de son chewing-gum. Elle humectait ses lèvres régulièrement et Ed se remémora avoir pensé qu’elle devait avoir soif. Ce dont il était certain, c’est qu’elle avait eu peur, au point de ne pas monter tout de suite dans la voiture. Elle s’y était résolue devant la détermination de son amie qui, contrairement à Allison, n’avait pas senti le danger.
Ed fut soulagé de constater que sa transe n’avait finalement pas terni tous ses souvenirs. Il sortit de ses rêveries en entendant un nouveau psychiatre, qui semblait tenir un discours différent de ses confrères. Le procureur, visiblement surpris par les propos du médecin, répétait sa question :
— Docteur Fort, vous affirmez que le prévenu n’est pas aliéné ?
— Tout à fait. Monsieur Edmund Kemper n’est pas paranoïaque et encore moins schizophrène. Il souffre de crises psychotiques, qui alimentent ses fantasmes morbides, mais contrairement à la plupart des individus affichant un déficit affectif similaire, il met tout en œuvre pour réaliser ses désirs.
— En quoi est-ce différent des autres aliénés ?
— Monsieur Kemper décide de tuer ou de ne pas tuer, ce qui est totalement impossible pour un aliéné, qui lui n’a aucune maîtrise de ses actes. Par exemple, quand Ed a contacté les services de police, c’est parce qu’il l’avait décidé, pas parce qu’il était soupçonné. C’est exactement le même schéma de pensée lorsqu’il fait monter de jeunes femmes dans sa voiture avant de les assassiner. Edmund Kemper a le pouvoir de vie ou de mort ; le pouvoir de continuer ou non ses atrocités.
Ed ne put s’empêcher de sourire au docteur Fort, soulagé de constater qu’une personne l’avait enfin compris. Était-ce déplacé ? Le rictus froid du psychiatre sembla indiquer que oui.
— Selon vous, monsieur Kemper peut-il être soigné ?
— En aucun cas ! répondit le docteur Fort sans hésitation. Je vais même vous affirmer une chose : si le prévenu venait à recouvrer la liberté un jour, il tuerait de nouveau.
La salle d’audience bruissa quelques secondes, mais Ed ne sourcilla pas.
Oui, il était un monstre...