Encres de nuit , livre ebook

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« La Nuit s'étiole, mon être renaît. Je ferme les yeux et rêve au loin, m'évadant. Je convoque la glacialité du crépuscule, l'éclat des étoiles et de leur reine, le mystérieux manteau vaporeux de brume, les silhouettes torturées des arbres d'encre. » La poésie de la nuit, les décors de l'hiver, un monde intérieur de contemplation et d'introspection, tel se dessine l'univers d'Otto. Entre fantasmagories et tourments, le voilà la proie d'un démon intérieur, tandis qu'il lutte pour garder l'équilibre. Doit-il se souvenir des quelques fragments de mémoire qu'il a occultés ? La folie le guette, tapissant d'encres de nuit sa sensibilité. Parviendra-t-il à s'extraire de ce carcan de sang et de cendres ? Trouvera-t-il sa voix ?

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Date de parution

23 mars 2022

Nombre de lectures

3

EAN13

9782492240669

Langue

Français

Encres de nuit

© Maude Elyther 2022
© Éditions Octoquill, 2022

Pour la couverture
© Miblart

Pour la correction
© Lorine Iaconelli

Tous droits réservés.

Le présent ouvrage est protégé par le Code de la Propriété Intellectuelle. De ce fait, toute reproduction partielle ou totale est interdite sans l’accord de l’éditeur et de l’auteure.

« L’être humain n’est qu’un mélange de fragilité et de cruauté. »
— Douglas Clegg, White Chapel,

Anthologie Eros Vampire présentée par Poppy Z. Brite,
— Ed. Albin Michel, 1997
Prologue
La geôle brisée
Je suis né un 20 février. Mais quel est mon nom ? J’ai tout brouillé en fuyant la réalité. En brisant ma geôle.
Ma geôle…
Ils ne sont plus !
Anéantis au rigide silence !
Ces êtres de cauchemar aux regards supérieurs et leurs poisons,
tous réduits au mutisme
de leur condition
de viande.
Seules les pierres parlent. Leurs murmures se font assourdis-sants. Parfois, ils me laissent en paix, tandis qu’à d’autres moments, ils me poussent, me font franchir les portes de la FOLIE . Je ne suis pas. Je ne suis rien. Coquille vidée d’elle-même. Je me

terre, animal, à l’écart des frontières de l’humanité.
Plus rien que le vide.
QUE LE VIDE.
Emmuré dans une enveloppe de chair cloîtrée dans la prison froide d’hostilité que je me suis créée. Je me suis perdu. J’ai sombré dans le gouffre de la réalité. Le réveil m’a écartelé de l’intérieur. BESOIN D’EXPULSER, DE DÉTRUIRE . Profondément enfoui au fond de mon être, j’ai saigné mes chairs, lacérant ma peau de mes ongles.
J’ai préféré cette perdition plutôt que de faire face à la vérité : je n’ai pas ma place en ce monde. Je désire m’éloigner de tout : de moi, de mes souvenirs, de mon identité que j’ai déjà bafouée.
J’ai eu beau les ensevelir dans les méandres de mon être, certaines bribes demeurent.
Plus loin que la douloureuse affliction, le mal-être dans la perverse folie, la FRÉNÉSIE DESTRUCTRICE à l’intérieur et contre moi-même, j’ai refoulé pour oublier. Je suis une boule de tension tremblante, une enveloppe écorchée dont les lambeaux tiennent par coagulation. Aussi, par moment, je suis une COQUILLE VIDE qui ne ressent rien.
Je me laisse crever dans la MALSAINE IVRESSE de mon âme. J’ai sombré au sein de noirceurs telles que je ne pouvais les imaginer.
JE SUIS UN MONSTRE .
Haine viscérale,

dans mes rêves je saigne.
Mon cœur est mort.
INSTINCT ANIMAL.
Je suis parti à la dérive.
Pour oublier.
Pour m’oublier.
J’ai brisé les miroirs et les surfaces réfléchissantes. Je ne sens plus la glacialité de mon tombeau. La pierre gelée me tient par intermittence éveillé. Pourtant, c’est comme si j’étais déjà mort, être déchu écrivant de l’autre côté du miroir.
Oh ! que la Nuit est éternelle… ! Cependant, je ne sens plus le Brouillard me prendre entre ses bras. Je ne sens plus les lèvres du Vent contre les miennes. Ma vision se brouille, de violents spasmes m’assaillent. J’ai si mal, soudainement. Et toute cette douleur physique humidifie mes yeux, dernières eaux de mon enveloppe desséchée.
Je ne sais pas – ou plus – à quoi je m’accroche avant de sentir le gouffre m’engloutir pour de bon. JE SUIS UN MONSTRE . Et le néant m’avale. Le décor brûle. Je sombre alors dans les torpeurs d’un univers blanc, je sens soudain que j’y ai lutté. J’entends seulement une voix qui ne cesse de m’appeler. Et cette part de réalité que j’ai crucifiée dans l’oubli me fait hurler de douleur, du vertige du fou qui s’entraperçoit l’espace d’un instant.
― Otto !






Chapitre 1
Déambulation du monstre
Le blanc. Encore. L’esprit anesthésié. Oui, le blanc. Cotonneux.
Il entrave ma tête.
Ma tête lancinante qui s’éveille.
Mes paupières desséchées s’ouvrent sur le blanc, sur cette lumière intrusive et agressive.
Je ne suis plus attaché…
Je cligne des yeux.
Ce n’est pas le même lieu.
Où m’ont-ils emmené ?
Je veux me lever, mais je suis trop faible.
Une voix m’extrait d’un univers de noirceurs et de magma.
Cette voix… Je l’ai entendue… Ah, mais où ? Quand ? Je ne sais plus déjà, mais j’ai besoin que cela revienne ; il le faut. Je me concentre, bataillant derrière mes paupières closes.
― Otto ?

Mes yeux et ma peau picotent. Je tousse. C’est chaud et âcre, étouffant, toxique. Mes oreilles sont emplies de vrombissements.
Et ces échos, répétitifs, cognant, martelant… Les battements de mon cœur. Je n’arrive plus à respirer.
― Infirmière !
Je suis pris au piège par cette fumée, si sèche et brûlante. Pourtant, l’environnement immédiat se dessine plus précisément. Je vois le visage de l’infirmière, doux et souriant. Je comprends que je ne me trouve plus au même endroit. Mais où ?
― Vos amis sont là, comme tous les jours, me sourit-elle.
Quels amis ? ai-je envie de lui demander. Ma famille m’a abandonné. Et je n’ai plus qu’un ami.
Et puis une autre femme, une aide-soignante sûrement, timide, mais lumineuse, m’informe :
― Votre ami vous a sorti de l’incendie, et il fera tout pour s’occuper de vous, à présent. Vous vous souvenez ? Il vous l’a dit.
Non, je ne me souviens pas.
Mais maintenant oui. Tout est – presque – clair. Cette voix, je l’entends distinctement, celle qui m’appelle. Ethan est là, je sens sa présence, je reconnais sa voix. Pourtant, tout à l’heure, était-ce lui, cette chaleur contre moi… ?
― Tu vas venir avec moi, Otto, dès que tu seras rétabli, m’annonce Ethan avec chaleur.
Le mal être me gangrène, cela me parait trop beau.
― Et Barbara ? fais-je, sceptique.
― Je me suis arrangé avec ta tante. C’est moi qui vais prendre soin de toi, à présent.
J’essaye de ma raccrocher à la vision de mon ami, néanmoins les ténèbres mesquines me retiennent loin de l’horizon qu’il dé-peint.

― Depuis combien de temps suis-je ici ?
― Environ quatre mois.
Des siècles, aurais-je dit.
― Je vais vraiment pouvoir sortir ?
― Bien sûr ! Ici, c’est un hôpital, ce n’est pas…
Je le coupe avec une hargne impuissante :
― Un asile.
Ethan détourne le regard :
― Ouais…
Je m’accroche à son bras, soudain chancelant :
― Je ne veux pas y retourner. Promets-moi que ça n’arrivera pas, que tu ne laisseras personne m’enfermer, que…
Il passe un bras autour de moi :
― Calme-toi, je t’emmène bientôt : tu vas vivre chez moi. Et tu ne retourneras jamais là-bas : le bâtiment est en ruines, il y a eu un incendie.
Mes pensées s’égarent :
― Ah, alors c’est ça, toute cette fumée que je sentais…
― Oui, mais c’est fini, maintenant, me rassure-t-il comme si j’étais un enfant.
Un enfant ou une chose fragile.

***
Les jours et les nuits sont demeurés dans la neige immaculée, cauchemar de l’inconscience du coma. Le trauma possède sa couleur – le blanc –, dans laquelle mon esprit flotte, prisonnier se perdant en lui-même pour fuir. Fuir. C’est presque d’instinct que je suis sans cesse cette voie. Mais je suis las, alors je me réveille.
Quelque chose de cruel empoisonne mes veines. Dans mon inconscient, je me sens chuter, sans fin. Mon être est pris de

vertige, je dégringole. Mes entrailles sont devenues dures comme la pierre. Les ombres filandreuses m’aveuglent, courent dans mes membres. J’ai essayé de lutter. À présent, je me laisse couler dans les ténèbres qui me promettent une douce Mort. Cependant, le Trépas n’est pas pour maintenant, non. L’Obscurité...

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