Entendre l enfant
125 pages
Français

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Entendre l'enfant , livre ebook

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Description

« Il faut entendre l’enfant. L’entendre, ce n’est pas seulement l’entendre dans la rumeur, c’est surtout et avant tout l’entendre sans frayeur en soi, l’entendre en chacun, l’entendre partout où il s’exprime et de toutes les manières dont il s’exprime. Ce qui m’intéresse, c’est l’enfant présent en la plupart d’entre nous. » A. N.  Aldo Naouri revisite dans ce nouveau livre le rôle de la mère, la place du père et le statut de l’autorité dans l’éducation. Une méditation qui conjugue la sagesse du thérapeute et le talent de l’écrivain. Aldo Naouri a exercé la pédiatrie pendant une quarantaine d’années. Il est l’auteur de nombreux livres, parmi lesquels Les Filles et leurs Mères, Les Pères et les Mères, L’enfant bien portant, Éduquer ses enfants, qui ont connu un succès considérable. 

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738138767
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

E n t e n d r e l ' e n f a n t
D U M Ê M E A U T E U R
C h e z O d i l e J a c o b
De l'inceste (avec Françoise Héritier et Boris Cyrulnik),
« Opus », 1994.
Le Couple et l'Enfant , 1995.
Les Filles et leurs Mères , 1998.
Questions d'enfants (avec Brigitte Thévenot), 1999.
Réponses de pédiatre , 2000.
Parier sur l'enfant , « Poches Odile Jacob », 2001.
Les Pères et les Mères , 2004.
Les mères juives n'existent pas… mais alors, qu'est-ce qui existe ?
(avec Sylvie Angel et Philippe Gutton), 2005.
A d u l t è r e s , 2 0 0 6 .
Éduquer ses enfants. L'urgence aujourd'hui , 2008.
L'enfant bien portant. Les fondamentaux , 2010.
Les belles-mères, les beaux-pères, leurs brus et leurs gendres , 2011.
Prendre la vie à pleines mains , 2013.
Les Couples et leur Argent , 2015.
Trois grandes questions autour de la famille , 2017.
Aux Éditions du Seuil
L ' e n f a n t p o r t é , 1 9 8 2 .
Une place pour le père , 1985.
Parier sur l'enfant , 1988.
L'enfant bien portant , 1993 ; rééditions 1997, 1999 et 2004.
w w w . a l d o n a o u r i . c o m l  
A l d o N a o u r i
E n t e n d r e l ' e n f a n t
©
O dile J acob , mai 2017
15, rue S oufflot , 75005 P aris
w w w . o d i l e j a c o b . f r
I S B N 9 7 8 - 2 - 7 3 8 1 - 3 8 7 6 - 7
Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article
L. 122-5, 2° et 3°a, d'une part, que les « copies ou reproductions stricte -
ment réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation
collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans
un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction
intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants
droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou
reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une
contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de
l a p r o p r i é t é i n t e l l e c t u e l l e .
Devant ma table vint s'asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
A. de M usset , « La nuit de décembre ».

E n t e n d r e l ' e n f a n t .
Un titre auquel j'ai beaucoup réfléchi, même
si sa formulation risque de prêter à confusion.
Il pourrait en effet laisser croire à une forme
d'injonction adressée aux parents, aux enseignants
et aux soignants pour les inviter à prêter une oreille
plus attentive aux enfants. Or ce n'est pas le cas. Il
ne s'agit pas non plus d'un message en direction de
nos sociétés mal en point pour les inviter à sortir
de leur marasme en s'inspirant de la fraîcheur et de
la probité des enfants. Il renvoie encore moins aux
dispositions des prosélytes doltoïens ou à des consi -
dérations autour du travail d'écoute que déploient
les thérapeutes d'enfants. Il n'implique en aucune
9
façon un quelconque discours sur la finalité de
l'action qu'il entend promouvoir. Il va même
jusqu'à exclure la compréhension qu'impliquerait
l'autre sens du verbe dont il fait usage.
De fait, il ne dit rien de plus que ce qu'il dit :
e n t e n d r e l ' e n f a n t .
L'entendre non pas dans ses caractéristiques
ou dans sa singularité, mais dans son essence. En
s'efforçant de prêter l'oreille à ce qu'il ne cesse pas
de tenter de dire et dont la somme des éléments
singuliers se superpose, au point de s'y confondre,
au bruit de fond du paysage sonore ordinaire. Il
faut entendre l'enfant dans cette rumeur têtue
et insistante à laquelle chacun s'est depuis tou -
jours tellement accoutumé qu'il n'y prête plus la
moindre attention. Cela fait partie des mystères de
n o t r e p h y s i o l o g i e .
Je dors très bien à Paris dans ma chambre qui
donne pourtant sur un boulevard à grande circula -
tion. J'ai quelques difficultés d'endormissement le
premier soir d'un séjour à la campagne : l'inten -
sité et la profondeur du silence me contraignent
à étalonner différemment mon ouïe et à sortir de
l'habitude passive – c'est ainsi que cela se nomme
dans le vocabulaire des psychologues – qui est
e n t e n d r e
E N T E N D R E L ' E N F A N T
1 0
mon lot quotidien. Entendre l'enfant nécessite une
adaptation du même ordre.
Mais l'entendre, ce n'est pas seulement
l'entendre dans la rumeur, c'est surtout et avant
tout l'entendre sans frayeur en soi, c'est l'entendre
en chacun, c'est l'entendre partout où il s'exprime,
à toutes les occasions où il s'exprime et de toutes
les manières dont il s'exprime.
C'est l'entendre, tout petit, indéniable et para -
digmatique, hurler son besoin, sa détresse ou sa
d o u l e u r .
C'est l'entendre, plus grand, tenter de quérir
un secours ou de mettre des mots sur ses états.
C'est l'entendre, adolescent, donner le change
et essayer de se sécuriser au sein des groupes
auxquels il se hasarde à s'agréger, un certain temps
s e u l e m e n t p a r f o i s .
C'est l'entendre encore, jeune adulte, dans son
désarroi face à la complexité d'un monde qui, plus
souvent qu'on ne le croit, n'est pas sans le ter -
roriser et le verser dans la procrastination. C'est
l'entendre, piaffant d'impatience, réclamer son dû
à l'objet d'amour qu'il a croisé et duquel il attend
tout, sans prétention aucune au demeurant.
C'est l'entendre toujours, jeune parent, se lais -
ser aller à l'émerveillement alors même que, père,
il sent ses épaules s'alourdir ou que, mère, elle sent
ses tripes se nouer.
l ' e n f a n t
E N T E N D R E L ' E N F A N T
1 1
C'est l'entendre trépigner plus tard face au
destin contraire de sa descendance ou pousser un
soupir de soulagement devant la bonne direction
qu'elle semble avoir prise.
C'est l'entendre croire enfin pouvoir souffler à
son entrée dans le dernier âge et, étonné, se sentir
envahi par des problèmes auxquels il n'avait pas
prêté attention et qui lui semblent soudain être
u r g e n t d e r é s o u d r e .
« J'ai mal à ma mère. » Ce sont les premiers
mots que je l'ai entendue dire. Une manière comme
une autre de se présenter, après tout. Sauf qu'elle
avait soixante-quatorze ans et qu'elle était en passe
de devenir arrière-grand-mère. Était-il d'ailleurs
déraisonnable d'imaginer pouvoir entendre encore
l'enfant jusque dans la manière dont la vieille mère
fait tant « mal » à sa fille pourtant âgée ? Que faire
quand il n'y a plus la génération du dessus à appeler
au secours sinon prendre la génération du dessous
en otage ? Et comment pourrait-il en être autre -
ment à cet âge extrême quand, combien souvent
hélas aujourd'hui, des grands-parents désœuvrés
usent de leur dévouement et de leur générosité
pour s'autoriser à parasiter les ménages de leurs
enfants et y mordre inconsidérément en déployant
une jouissance mortifère à régenter jusqu'à leurs
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1 2
petits-enfants ? Qu'en est-il, pourrait-on se deman -
der, même si la question est prématurée, de l'enfant
dans ces envahisseurs de vie ?
L ' e n f a n t .
Un hasard que cette presque-arrière-grand -
mère ait choisi de demander le traitement de son
« mal » à l'ex-pédiatre de ses petits-enfants ?
Combien en ai-je reçu comme elle, depuis les
parents d'anciens bébés, à ces anciens bébés eux -
mêmes, devenus adultes, parents et parfois même
g r a n d s - p a r e n t s !
L ' e n f a n t .
Le pédiatre, qui ne sait pas toujours avoir un
si grand crédit !
Le pédiatre, qui ne sait pas pourquoi il a un
si grand crédit !
Le pédiatre et l'enfant en chacun ?
Le pédiatre et l'enfant.
M a i s s u r t o u t l ' e n f a n t .
L'enfant qui cherche, l'enfant qui guide,
l'enfant qui trouve, l'enfant qui ose, l'enfant qui
les pose, ses questions, dès lors qu'il devine un brin
d'accueil et de sollicitude sur fond d'une attention
dénuée de tout jugement.
Eh oui ! Il est là.
T o u j o u r s .
Il s'accroche alors qu'il a été laissé croire à son
abandon, à sa disparition progressive voire à son
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1 3
obsolescence au fil de ces mues périodiques rigou -
reusement programmées. De fait, les oripeaux suc -
cessifs que la vie lui fait revêtir ne parviennent
jamais à le convaincre de se fondre dans l'identité
qu'on croit pouvoir lui conférer. S'il lui arrive
parfois par décence ou par nécessité de se tapir
longtemps, il ne renonce jamais à rappeler tôt ou
tard sa présence. Il suffit de prêter l'oreille, où
qu'elles se tiennent, aux conversations les plus
anodines. Dès que s'installe un brin de familiarité
on entend des : « Ouais, j'avais trois ans, c'est
comme si c'était hier… » ou : « En CP, les sœurs
à cornettes pour nous punir… » ou : « Ma mère,
pendant la guerre… » quand ce n'est pas : « J'étais
sur les genoux de ma mère quand… », etc.
L ' e n f a n t t o u j o u r s p r é s e n t .
T o u j o u r s d i s p o n i b l e .
T o u j o u r s a c c e s s i b l e .
Fidèle et à portée de mémoire.
L'enfant, parce que toujours paumé, paumant
son vecteur à chaque évocation en mélangeant
inconsidérément les souvenirs et les reconstruc -
tions. Plus encore peut-être aujourd'hui dans un
monde où l'inflation de l'information, l'abolition
des distances, l'accélération du temps, la distor -
sion des discours et la promotion de la médio -
crité ont aboli les maigres repères auxquels il a cru
longtemps pouvoir se fier. Les filtres auxquels il a
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1 4
toujours eu recours ont en effet été obstrués par
une quantité considérable de messages hétéroclites
et éphémères vociférés au point que nul ne peut
plus s'y faire sourd.
De sa présence semble-t-il commune sinon
inévitable, les hypnothérapeutes, les praticiens
exerçant l'hypnose, ont forgé un concept : l'âge
clandestin. Ils soutiennent qu'au cours du dévelop -
pement de chacun, il se produit

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