Esprits du Sud
198 pages
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Esprits du Sud , livre ebook

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Description

Rien ne va plus pour Verity Long : elle est au chômage, son ex petit ami lui rend la vie impossible, et elle est couverte de dettes. En plus, elle découvre un fantôme dans sa maison, qui lui ouvre la porte du monde des esprits : elle peut désormais les voir et leur parler. Son univers déjà bancal, est complètement bouleversé. Et comme si ça ne suffisait pas, c’est le moment que choisit Ellis Wydell, le frère de son ex, pour frapper à sa porte et lui proposer un job très spécial. Ce policier musclé déteste Verity. Mais elle a besoin d’argent et il lui fait une offre qu’elle ne peut pas se permettre de refuser.


Ellis possède une magnifique propriété chargée d’histoire et hantée par d’anciens habitants du coin. Certains d'entre eux sont de plus en plus agités et destructeurs. Il veut que Verity mette fin à ce chaos. Très vite, elle découvre que cette affaire va au-delà d’une simple histoire de fantômes : derrière tout ça se cache un mystère bien ancré dans le présent et lié à un meurtre vieux de plusieurs décennies.


Verity va devoir mener de front une enquête dans le monde des vivants et dans celui des morts. Avec en plus, un tueur aux basques et un ex beau-frère bien trop sexy !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 novembre 2019
Nombre de lectures 53
EAN13 9782378121785
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Chapitre 1
J e vivais dans une très vieille maison. Pas trop grande. Pas trop petite non plus. Les colonnes blanches à l’avant étaient de bon goût, même si elles étaient ébréchées par endroits. Le porche était accueillant, bien qu’un peu patiné par le temps. Au fil des ans, ma famille avait vendu le domaine autour de la maison, morceau après morceau. L’immense verger de pêchers et la grande allée avaient donc cédé la place à des pavillons bien alignés le long de la longue route menant à la maison principale.
Grand-mère disait qu’ils construisaient les maisons aussi rapprochées pour que les ragots puissent voyager encore plus vite. Je lui avais toujours répondu que les bons citoyens de Sugarland, au Tennessee, n’avaient pas besoin de ça.
Pourtant, j’adorais cet endroit.
Et je détestais devoir m’en séparer.
— Il y a quelqu’un ? appela ma meilleure amie, Lauralee.
Elle se tenait devant la maison et insista :
— Verity, tu es là ?
Elle frappa quelques coups à la porte d’entrée, plus par politesse qu’autre chose étant donné qu’elle était ouverte.
Nous avions souffert d’une après-midi étouffante et je n’avais pas les moyens de faire fonctionner l’air conditionné. Le moindre courant d’air était le bienvenu, d’où qu’il vienne.
— Dans l’arrière-salon. Je déprime, criai-je.
Il ne restait plus rien de la pièce d’autrefois, à part un rafraichisseur d’air rempli de glace, ma théière et un futon inconfortable que j’avais hérité d’un colocataire à Ole Miss. Les murs tapissés de rose et le bois élégant paraissaient étranges sans tapis ni meubles, telle une reine dépouillée de ses bijoux.
La vente de tout ce que contenait le domaine s’était déroulée la veille, et les lieux avaient été nettoyés. Bande de vautours...
— Je suis désolée.
L’écho de la voix de Lauralee résonna dans la pièce vide. Elle laissa son sac à main et son sac de courses en tissu par terre, puis d’un bras, elle m’enlaça et me serra contre elle. Le bout de sa queue de cheval me chatouilla la joue.
Je levai la tête vers le trou du plafonnier, là où le chandelier en cristal avait été accroché pendant plus de cent ans.
— Merci.
Je m’étais résignée. Vraiment. Je me retournai et croisai ses yeux bleus.
— Je préférerais vivre dans un carton que d’épouser ce salaud.
Mon amie s’écarta légèrement et cala une mèche de cheveux derrière mon oreille.
— On dirait qu’à cause de lui, c’est ce qui est en train de se produire.
— Oui. Mais je n’ai pas encore baissé les bras.
Je refusais ne serait-ce que d’y penser.
En mai dernier, j’avais scandalisé la ville en abandonnant devant l’autel le célibataire le plus convoité des trois comtés. Eh oui, rien que ça... Deux vieilles dames s’étaient évanouies sur le banc réservé au Club de l’Héritage du Sud. Puis la mère de Beau s’était effondrée, entraînant dans sa chute un joli bouquet d’hortensias. Je me demandais d’ailleurs si ça n’avait pas été un moyen pour Mme Lelan Herworth Wydell III d’occuper le devant de la scène, même lors de l’humiliation de son fils...
En vérité, il l’avait bien cherché. Mais présenté ainsi, cela peut sembler choquant, surtout si on ne connaît pas tous les détails de l’histoire.
Je n’en avais pas parlé à beaucoup de monde, je voulais épargner ma sœur.
Lauralee se mordit la lèvre en balayant du regard le peu de choses qu’il restait dans ma maison.
— Dis-moi au moins que tu as reçu une somme d’argent décente, hier.
— Oui.
J’avais vendu tout ce que j’avais pu trouver et n’avais gardé que le strict nécessaire, c’est-à-dire mon futon, la bague de mariage en perles de ma grand-mère, et les couvertures qu’elle avait faites pour moi. Ça m’avait fait aussi mal qu’une douleur physique. J’avais dû me rappeler que ce n’était que des meubles, des vêtements. Juste des biens matériels. J’étais en bonne santé. Mes amis aussi. Sans oublier ma famille. Je levai une main vers ma gorge, où d’habitude pendait la croix de ma grand-mère, celle qu’elle détenait depuis qu’elle avait à peu près mon âge. La délicate antiquité en filigrane d’or et d’argent appartenait maintenant à ma belle-mère, qui ne l’était pas vraiment.
— Je dois encore plus de vingt mille dollars.
Mon regard passa en revue le grand salon, pièce familiale qui était à présent vide. J’essayai d’ignorer la boule dans mon ventre. Demain, cette demeure ancestrale, ma maison, serait mise en vente. Je poussai un long soupir.
— C’est bête, mais j’espère toujours un miracle.
Un trésor caché dans le grenier. De l’argent sous les escaliers. Des trucs plus étranges se produisent, non ? Tout ce que je savais, c’est que je ne voulais pas perdre cette maison. Je ne pouvais pas.
Lauralee enroula un bras autour de mes épaules et les serra.
— Tu t’en sortiras. Comme toujours, dit-elle comme si elle y croyait vraiment.
Elle étudia les plafonds de quatre mètres de haut et les moulures.
— Avec l’argent de la vente, tu pourras prendre un nouveau départ.
Un nouveau départ. Il fallait que quelque chose change, j’en avais besoin. Et pourtant…
— Je n’arrive pas à croire que tout est parti.
Ce qui avait pris des siècles à être rassemblé avait disparu en une toute petite journée.
— Sauf ça... dis-je en pointant du doigt un vase horrible sur la cheminée.
Mon amie grimaça.
— Je ne l’avais jamais remarqué avant.
L’ignorer était pourtant difficile.
— C’était dans le grenier, expliquai-je. Il était à sa place là-haut.
Les pierres vertes qui cerclaient le sommet étaient plutôt jolies, mais une scène grossière, peinte à la main, marquait l’extérieur en cuivre et une zone était abîmée sur la moitié inférieure. La vieille relique ne semblait pas du tout à sa place sur une cheminée en marbre ornée de fleurs et de colibris sculptés dans les coins.
— Beurk.
Lauralee traversa la pièce pour mieux l’examiner. Elle s’apprêta à soulever la monstruosité, mais changea d’avis. C’était plus lourd qu’il n’y paraissait, plus large en haut et de forme conique, avant de s’évaser en bas. En fait, on aurait dit une urne antique grecque. Elle se tourna vers moi.
— C’est un crachoir ?
— Je pense que c’est un vase, constatai-je en la rejoignant. Beau me l’a donné. Il a appelé ça « un trésor historique de famille ». Je crois qu’il essayait surtout de s’en débarrasser.
Au début de notre relation, Beau m’avait offert des cadeaux sincères : une fleur séchée cueillie lors du pique-nique de notre premier rendez-vous, un petit carnet de notes avec une de nos blagues écrite sur la couverture intérieure. Mais les derniers temps, je n’avais eu droit qu’à des fleurs achetées en catastrophe à la station-service.
Et à des objets comme celui-là.
— C’est hideux, décréta Lauralee.
— Une vraie monstruosité, acquiesçai-je.
Dans le cas contraire, il m’aurait laissée le lui rendre quand je lui avais retourné la bague.
— Tu le veux ? lui proposai-je, en tournant la partie abîmée vers elle.
Mon amie renifla.
— Non, sauf si j’ai le droit de le fracasser sur la tête de ton ex.
Je lui lançai un grand sourire.
— Tu ferais ça pour moi ?
Elle haussa ses sourcils parfaitement épilés.
— Rien ne me ferait plus plaisir.
Elle m’avait répondu avec ce ton caractéristique du Sud, doux et poli, comme si je venais de lui proposer un cocktail Mint julep à déguster dans la véranda.
— Il faudrait que je le jette, non ? dis-je.
Il me restait encore une poubelle. Elle balaya ma question de la main.
— Garde-le. C’est une pièce maîtresse. La seule que tu aies. Tiens, regarde.
Elle le fit glisser à l’autre bout de la cheminée, là où une légère ombre sur le mur marquait l’ancien emplacement du cygne en cristal de ma mère.
— Ça attirera le regard des gens vers la cheminée, et non vers cet horrible futon.
— Merci de me rappeler que je dors dans le salon.
Hors de question que j’essaie de monter le futon à l’étage.
Elle traversa la pièce pour récupérer son sac de courses qui gisait par terre.
— Peut-être que ça t’aidera à oublier, m’annonça-t-elle en me présentant une bouteille de Malbec 1 .
— Passe-la-moi ! m’écriai-je tout de suite.
Peut-être que c’était le moment de lui avouer que Beau avait pris la vaisselle...
Elle me tendit la bouteille et de quoi l’ouvrir, puis sortit de son sac une paire de verres à vin en plastique dont il ne restait que le haut.
— Mes enfants ont utilisé le reste pour jouer au frisbee, mais je savais que ça ne te dérangerait pas.
Je plantai le tire-bouchon dans le liège du bouchon.
— Qui a gagné ?
— Aucune idée.
Elle soutint les deux verres et je les remplis. L’heure de boire était largement passée dans le Vieux Sud, le soleil commençait à décliner.
— On s’assoit par terre ? demandai-je, un peu dépitée par la réalité de ce qui m’arrivait.
Lauralee me tendit un verre.
— C’est là qu’on va finir de toute façon, gloussa-t-elle en s’asseyant.
En étendant les jambes sur le sol que j’avais frotté avec amour, je perçus l’odeur citronnée de la cire mêlée à celle du vieux bois. Nous nous adossâmes au mur de plâtre pour siroter notre vin pendant que les ombres s’allongeaient au-dessus de la pièce.
Évidemment, je n’avais pas de lampe.
— Tu penses parfois à ce qui se serait passé si je n’étais pas rentrée à la maison ? repris-je.
Après avoir décroché mon diplôme d’art, j’aurais pu aller vivre dans une grande ville. Mon père était mort quand j’étais en CM2, et ma mère s’était remariée depuis longtemps. Quant à ma sœur ? Elle était passée d’université en université. J’aurais pu trouver un travail dans une agence de publicité ou dans le département de graphisme d’une grande entreprise. Je n’aurais pas été là quand Beauregard Buford Wydell avait décidé qu’il était temps de se marier.
Cet endroit serait resté vide, mais au moins il serait toujours à moi.
— Ta place est ici, Verity, affirma-t-elle, comme si c’étai

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