Être parent, être beau-parent : La recomposition de la famille
178 pages
Français

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Être parent, être beau-parent : La recomposition de la famille , livre ebook

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Description

Suffit-il de savoir aimer pour réussir une recomposition familiale ? Quelles sont les tensions et les souffrances ? Les pères peuvent-ils exercer à distance leur autorité alors qu'ils n'ont que des contacts intermittents avec leurs enfants ? Le beau-parent doit-il vraiment se sentir obligé de traiter son bel-enfant comme s'il était le sien ? Qu'en disent les enfants concernés ? Qui constitue, à leurs yeux, leur vraie famille ? Plus d'un million d'enfants en France vivent avec un beau-parent. Voici la première enquête qui donne la parole aux parents comme aux enfants. Sylvie Cadolle enseigne la philosophie et la sociologie de l’éducation à l’IUFM de Créteil.

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2000
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738184955
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0950€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SYLVIE CADOLLE
ÊTRE PARENT, ÊTRE BEAU-PARENT
LA RECOMPOSITION DE LA FAMILLE
Préface d’Irène Théry
© Odile Jacob, juin 2000 15, rue Soufflot, 75005 Paris
ISBN : 978-2-7381-8495-5
www.odilejacob.fr
Table

Avant-propos
Préface
Introduction
LES REPRÉSENTATIONS DU BEAU-PARENT D’HIER À AUJOURD’HUI
LA FAMILLE RECOMPOSÉE, ANALYSEUR PRIVILÉGIÉ DES MUTATIONS DE LA FAMILLE ORDINAIRE
Première partie. L’HÉRITAGE DU PASSÉ
CHAPITRE PREMIER. Analyser des trajectoires familiales
L’évolution de la recherche américaine
Les difficultés à saisir des situations familiales mouvantes
CHAPITRE II. Le poids de l’histoire du couple antérieur sur la recomposition familiale
La première famille de l’enfant
Les modalités de la séparation et du divorce affectent l’avenir de la coopération parentale
Le vécu de la phase monoparentale
CHAPITRE III. Les effets du moment de la recomposition
La construction socio-biographique de la parenté
Belle-mère et mère : l’effet des trajectoires
Beau-père et père, un enjeu plus faible
Deuxième partie. INCERTITUDES DES RÔLES, TENSIONS DES RELATIONS
CHAPITRE IV. Les incertitudes normatives
Les silences du langage, du droit et des mœurs
Le rôle du beau-parent : de la substitution à l’abstention
CHAPITRE V. L’évolution des sentiments
Une amélioration possible, mais non certaine
Analyse des tensions de l’intimité
CHAPITRE VI. La relation beau-parent bel-enfant optionnelle et périphérique
Les stratégies de réussite
Le beau-parent, une parentalité périphérique à la mère
Troisième partie. LE RÉVÉLATEUR DE LA FAMILLE CONTEMPORAINE
CHAPITRE VII. La nouvelle matricentralité
La primauté de la mère
La fragilisation de la paternité
CHAPITRE VIII. La désaffiliation des enfants
L’enjeu anthropologique
Fonction paternelle et père généalogique
La parentification des enfants
CHAPITRE IX. Vers l’émergence de références communes
L’ancrage généalogique de la fraternité
Vers une place générationnelle du beau-parent ?
Vers l’inconditionnalité du lien de filiation
Conclusion
ÊTRE PARENT
ÊTRE BEAU-PARENT
ANNEXE I. Méthodologie de l’enquête
DÉFINITION DE LA POPULATION : LE CHOIX DES TYPES D’INTERLOCUTEURS
LE CHOIX D’ENTRETIENS DIRECTIFS APPROFONDIS
LES PRINCIPALES RUBRIQUES DES ENTRETIENS
LA CONSTITUTION DE NOTRE ÉCHANTILLON
LE TRAITEMENT DES DONNÉES
LE TRAITEMENT QUALITATIF
PRÉCISIONS TERMINOLOGIQUES
ANNEXE II. Caractéristiques sociologiques des personnes étudiées
LES CARACTÉRISTIQUES SOCIO-CULTURELLES
LES CARACTÉRISTIQUES FAMILIALES : LE BEAU-PARENT
LES CARACTÉRISTIQUES FAMILIALES : LES BEAUX-ENFANTS
LES CARACTÉRISTIQUES FAMILIALES : « L’AUTRE PARENT »
Notes
Bibliographie
LITTÉRATURE DE JEUNESSE
ŒUVRES LITTÉRAIRES SUR LE THÈME DE LA RELATION BEAU-PARENT BEL-ENFANT
LIVRES GRAND PUBLIC
HISTOIRE ET ANTHROPOLOGIE
PSYCHOLOGIE ET PSYCHANALYSE
SOCIOLOGIE ET DÉMOGRAPHIE
 
Ce livre est issu d’une thèse de doctorat en sociologie préparée sous la direction d’Irène Théry. Qu’elle soit ici remerciée pour ses conseils éclairants et sa disponibilité généreuse. Je tiens également à remercier Agnès Fine, Françoise Hurstel, Olivier Galland, Claude Martin et François de Singly pour leurs critiques et leurs encouragements lors de la soutenance à l’Institut d’Études politiques de Paris. Je dois aussi des remerciements au Conseil scientifique et pédagogique de l’IUFM de Créteil qui m’a accordé des heures de décharge d’enseignement pour cette recherche.
Merci à mes collègues et amis qui m’ont aidée en informatique ou ont accepté de relire les premières versions de ce texte.
Je veux également exprimer ma reconnaissance à tous ceux qui ont accepté de répondre à mes questions et de livrer ainsi quelque chose de leur intimité familiale et des émotions que suscite cette évocation.
 
Pour Sonia, Élodie, Guillaume,
et leurs sœurs, qui connaissent bien le sujet.
 
Préface
 
Il y a quinze ans à peine, les familles recomposées n’existaient pas en France. Bien qu’avec l’augmentation du divorce elles aient crû et multiplié par centaines de milliers, elles n’avaient ni nom, ni nombre, ni aucune autre forme de reconnaissance sociale. Elles étaient la part invisible de la famille contemporaine. On n’en parlait pas à la télévision, et pour ceux qui les vivaient, chaque expérience était comme la découverte d’un monde inconnu. Lorsqu’ont débuté les premières recherches, nous avions ce sentiment, tout à fait étrange pour des sociologues de la famille, de nous trouver nous aussi devant une terra incognita .
Aujourd’hui, tout a changé. Le terme de famille recomposée, forgé un jour de 1987, a très vite débordé le petit cercle des spécialistes du divorce. On l’a vu apparaître d’abord dans quelques journaux, paré de guillemets prudents, puis se répandre comme une traînée de poudre, et finalement, tous guillemets ôtés, recevoir la consécration suprême du dictionnaire. Mais avec la visibilité sociale, une nouvelle mythologie naissait aussi. Couples recomposés, demi-frères et beaux-parents, les marginaux d’hier sont devenus les annonciateurs de demain. À peine sorties de l’ombre, les recompositions familiales ont été érigées en symbole de la modernité triomphante. Archétype de la nouvelle famille heureuse, apothéose du réseau électif, la famille recomposée a trouvé immédiatement les hérauts de sa réussite, toujours prêts à parler des mille obstacles vaincus sans peine. Leur secret ? Beaucoup d’amour, un peu de savoir-faire relationnel, un zeste de communication. Leur message ? Le bonheur est à portée de main. Plébiscitées par les médias, le cinéma, les magazines, les grandes tribus recomposées ont semblé cristalliser soudain tous les désirs contemporains d’harmonie des contraires : l’individu et le groupe, l’aventure et l’appartenance, la passion amoureuse et l’amour parental, les ex et les nouveaux conjoints, les premiers-nés et les grandes fratries. Réconciliant les sexes et les générations, elles donnaient du divorce l’image hautement désirable d’une aventure de pionniers.
Mais les symboles, quand ils sont de simples projections collectives, ont toujours deux faces. Et à peine la grande tribu triomphait-elle sur papier glacé, qu’a commencé aussi le procès sans appel des recompositions familiales. Témoignages de belles-mères dépassées, de beaux-pères rejetés, d’adolescents déboussolés : les voix n’ont pas manqué pour dénoncer, derrière l’apparence du bonheur, la souffrance des enfants, l’égoïsme des adultes, le règne du chacun pour soi. Des professionnels inquiets ont sonné l’alarme. La famille recomposée est devenue en quelques années, avec la famille monoparentale, la figure majeure des « familles sans aucun repère » sur lesquelles se concentre l’inquiétude collective d’aujourd’hui. Ce ne seraient, dit-on, que conglomérats informes, bouts de recollage précaires, où tout menace l’enfant ballotté par les désirs adultes : l’échec scolaire, la délinquance, l’inceste. Et au bout du chemin, le risque d’un nouveau divorce.
 
Ces deux figures opposées et symétriques, aussi caricaturales l’une que l’autre, mettent en scène la dichotomie la plus prégnante du discours actuel sur la famille : l’opposition des rôles et des sentiments. Du côté des rôles familiaux et des places de la parenté, en un mot de l’institution, tout irait mal dans les familles recomposées. Du côté des sentiments et des liens intersubjectifs, tout irait d’autant mieux que la vacance institutionnelle a laissé place à la liberté relationnelle.
Cette double croyance est infirmée par toutes les recherches en sciences sociales qui se sont attachées à explorer l’expérience de la recomposition familiale. Loin de l’angélisation ou de la diabolisation, elles nous montrent que les familles recomposées d’aujourd’hui ne sont ni exemplaires, ni exotiques. Si elles ont rompu avec l’héritage séculaire de la défiance à l’égard des « secondes noces », c’est d’abord parce qu’elles sont désormais majoritairement issues non du veuvage, mais de la séparation. Le beau-parent n’est plus ce substitut inquiétant du mort , qui a nourri autrefois avec tant de constance l’image détestable des parâtres et des marâtres. Il n’est plus non plus ce substitut rassurant du coupable chargé, naguère encore, de réparer la déviance du divorce pour faute en réintégrant la famille disloquée dans la normalité sociale. Parce que la séparation est désormais un risque virtuel pour chacun, la diffusion du divorce a fait émerger une exigence majeure : conserver le lien de l’enfant à ses deux parents. Tout en est transformé, et la notion même de famille se modifie, cessant de se confondre avec le groupe de ceux qui partagent une même maison.
Par le terme de « famille recomposée », les sociologues ne désignent pas un foyer d’un type particulier, mais une constellation familiale : celle que dessine l’espace de circulation des enfants entre les foyers paternel et maternel, et leurs parentèles respectives. Cette constellation peut être relativement simple, si l’un des parents a formé une nouvelle union et l’autre pas. Mais elle peut être hautement complexe, par exemple si chaque parent a recomposé un couple avec une personne ayant elle-même des enfants d’une précédente union. Dans tous les cas, la recomposition tente de se faire désormais par addition, et non par substitution. Cette appréhension sociologique de la constellation recomposée s’efforce de prendre en compte, en ouvrant l’espace du cercle de famille, la dimension décisive du temps : la recomposition familiale est un processus biographique, et la nouvelle famille, l’héritière de l’histoire antérieure. Elle s’inscrit au sein de tout un réseau d’échanges, de dépendances et de négociations, qui modifie profondément les places respectives de chacun.
Pour faire face à ces nouveaux enjeux, dans l’ombre de la vie privée, des références ont peu à peu émergé, qui organisent les liens. La famille recomposée contemporaine n’est pas sans repères, loin de là. Mais il est

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