Guy Georges , livre ebook

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Marquer l’histoire d’un pays en étant le premier tueur en série de l’ère moderne n’est pas anodin.


Guy Georges est cet homme, celui qui a violé et tué plusieurs femmes. Cet homme qui a fait des allers-retours en prison et qui a causé tant de sueurs froides à la police judiciaire parisienne.


Un homme indissociable du monstre qu’il est devenu.

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Date de parution

15 mars 2023

Nombre de lectures

2

EAN13

9782384830404

Langue

Français

Présentation
Marquer l’histoire d’un pays en étant le premier tueur en série de l’ère moderne n’est pas anodin.
Guy Georges est cet homme, celui qui a violé et tué plusieurs femmes. Cet homme qui a fait des allers-retours en prison et qui a causé tant de sueurs froides à la police judiciaire parisienne.
Un homme indissociable du monstre qu’il est devenu.
 
 
 
Par respect pour les familles, les noms des victimes ont été modifiés.
Dans la tête d’un monstre
Épisode 4
Guy Georges
Ana Kori
Polar
 
1. Je m’appelle Guy
 
Derrière la vitre, il ne la reconnaît pas. Il devrait pourtant, mais elle ne reste qu’une silhouette. Même sa voix, qui lui parvient déformée à travers les trous de la paroi translucide, semble mécanique. C’est encore un de ces jours où Guy se sent dans le brouillard, déconnecté de ce qui l’entoure. Ni les insultes qui fusent sur sa gauche ni les bras des matons qui se referment sur le détenu soudainement en rage. Une agitation lointaine, presque irréelle.
Ignorant si elle continue de lui parler, il se lève et demande à retourner dans sa cellule. Il suit la ligne au sol, attend devant chaque porte qu’on l’autorise à passer. Des mots lui parviennent en écho sans réussir à se frayer un chemin par-dessus les vibrations de son cerveau. Que lui arrive-t-il ? Cela faisait des années qu’il ne s’était pas retrouvé dans un état pareil. En général, il était comme ça juste avant de l’apercevoir. L’unique chose qui le ramenait à la vie était l’apparition d’une silhouette élancée, dynamique… une lumière au milieu de toute cette noirceur. Une étincelle qu’il devait absorber.
La fouille. Quelqu’un lui demande s’il désire se rendre à l’atelier. Il bougonne que non. Ici, pas de silhouette, pas de lumière. Il est quitte pour rester dans le flou jusqu’à ce que son esprit se décide à abandonner. La bête doit se rendormir, mais elle ne le fera que quand elle en aura assez d’attendre.
Une fois étendu sur son lit, il se tourne vers le mur sale. Il ferme les yeux. Comme pour se venger de ne pouvoir chasser, l’animal le renvoie des années en arrière. Loin, si loin. En 1978.
 
*
 
Une fois de plus, ou de trop, il s’était senti rejeté, abandonné. Simplement parce qu’il avait recommencé. Il avait cédé à cette envie, attiré par la lumière comme un papillon par une flamme. Sa sœur de lait ne s’était d’ailleurs pas tellement débattue alors qu’il pressait le morceau de bois contre sa gorge. Cela n’avait pas duré longtemps, avant que Jeanne, sa maman – bon, pas vraiment sa maman –, n’intervienne. Elle avait crié sur lui sans même le laisser s’expliquer, arguant que c’était une récidive inacceptable. Il n’avait pas eu l’opportunité de décrire la puissance ressentie, le besoin viscéral qui avait précédé son geste, parce qu’elle ne désirait pas l’écouter. Non. Il avait été éjecté vers un nouveau foyer de la DDASS, comme on se débarrasse d’une paire de chaussures usées.
Indomptable et incompris.
Tout comme ses camarades dans ce lieu, des jeunes en difficulté , c’est ainsi que les adultes les désignaient. Plutôt que de le canaliser, on lui avait offert des copains avec qui faire les quatre cents coups. Ça oui, ils se sont bien entendus, et très rapidement.
Un truc qui dépassait ? Hop ! Embarqué ! Une fille un peu trop mignonne ? Hop ! Ils la coinçaient, l’obligeant à leur montrer ses seins. Ils la touchaient, étouffaient ses appels au secours. Ses potes semblaient se satisfaire de ces petites rapines, mais Guy sentait une faim grandir en lui. Un besoin bien plus bestial à l’encontre des femmes qu’il ne voulait pas partager.
Ainsi, peu à peu, il devint plus solitaire, tel Joe l’Indien , le héros de sa jeunesse. Il se mit en chasse, à l’affût là où il savait pouvoir trouver des filles isolées. Il en suivait certaines, hésitant à leur parler. Tout juste s’autorisait-il un sourire avant de reculer. Au fond de lui, l’appétit grandissait. Une ombre se formait, prenait ses aises, lui intimant de se lancer. Que d’étrangler sa sœur Christiane, avec ce pied de tabouret, n’était rien en comparaison de ce qu’il pourrait faire maintenant qu’il avait seize ans…
 
Si bien qu’un jour, il se décida. Il la repéra lorsqu’elle descendait du bus. Faut dire qu’il poireautait à l’arrêt depuis déjà deux heures. Il avait choisi celui-ci parce qu’il y avait un banc, ce qui s’avérait plus confortable pour attendre. Il lui emboîta le pas, ne sachant trop comment l’aborder. Sans doute marchait-il trop près d’elle puisqu’elle fit volte-face.
— Qu’est-ce que tu veux ? lui lança-t-elle.
Il songea qu’elle feignait la colère, mais il pouvait percevoir sa peur qui suintait par tous les pores de sa peau délicate.
— Euh… Donne-moi du fric, balbutia-t-il.
— Quoi ? T’es taré !
Et, comme s’il n’existait pas, elle reprit son chemin d’un pas plus rapide. Comment pouvait-elle l’ignorer de la sorte ? Il accéléra, la contourna et plaqua ses deux mains autour de sa gorge. Les yeux de la fille s’écarquillèrent une seconde alors que l’ombre dans Guy lui intimait de serrer plus fort. La proie commença à se débattre, le regard à la recherche de quelqu’un qui pourrait l’aider. Guy appuyait plus fort, le sang fouettant dans ses veines. Il observait chaque mouvement du visage de celle qui l’avait rabroué. Les frémissements de la bouche, le petit duvet qui se hérissait sur ses joues. Ses dents blanches, telles des perles.
Vas-y ! Tu peux y aller plus fort ! lui susurra une voix dans sa tête.
Il crispa encore ses mains qui paraissaient si grandes sur ce cou si frêle. Soudain, il reçut une décharge dans son sexe dressé : cette garce venait de lui envoyer un coup dans l’entrejambe. Cela eut pour effet de lui faire lâcher prise avant de s’effondrer sur le trottoir, incapable de reprendre son souffle. Des myriades d’étoiles explosèrent devant ses yeux. Il releva la tête et aperçut la jeune fille qui courait loin de lui.
C’est fichu ! Bravo !
Pour être fichu, c’était bien fichu. Non seulement il n’avait pas obtenu ce qu’il voulait, mais il fut en plus jeté dans un établissement pénitentiaire pour mineurs. Pas longtemps, certes, mais suffisamment pour perdre définitivement les rares amis qui lui restaient.
 
*
 
À sa sortie, il n’avait donc plus de potes et plus de famille. Il était seul. Encore. Enfin, pas tout à fait : la bête qui vivait en lui ne le quittait plus. Elle avait faim, tellement faim, que ça lui donnait parfois le tournis.
Ce n’était pas que sa compagnie était désagréable, simplement envahissante, au point de lui donner l’impression qu’elle parlait à voix haute et que tout le monde pouvait l’entendre. Ou bien était-ce lui ? Difficile à dire…
Guy aimait à penser que cet hôte était l’esprit de son père ; un père qu’il n’avait jamais connu et dont il ignorait presque tout, à l’exception notable qu’il était américain. Il l’imaginait grand et fort, attirant et surtout charismatique. Un homme qui imposait le respect dès qu’il entrait quelque part, car lorsqu’il sentait sa présence, Guy redressait les épaules et avait l’impression que rien ne pouvait lui résister. Quand il prenait une décision, il guettait l’assentiment de la bête, effrayé à l’idée de la décevoir. Le silence était parfois pire que les reproches parce que s’il y avait une chose que Guy détestait, c’était...

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