Itinéraire d'un flic - LUSTRUM - Saison 3/03

Alfredo Luis

Description

Médecin respecté de jour, pervers patenté de nuit, les mobiles du crime sont multiples...

[...] René-Charles jeta un œil sur l’homicidé. Le sosie d’Iggy Pop ! La chevelure en moins.
— Vos premières constatations ?
— Il est mort ! Un coup de couteau dans le cœur... sans bavures... un couteau stylet.
— L’heure ?
Le légiste tordit la bouche et consulta la montre au bracelet rouge qu’il arborait au poignet.
— Il est neuf heures cinquante... Le corps a été découvert à huit heures précises... donc il est mort avant huit heures ! Je dirai entre sept et huit. Mais attention ce n’est qu’une estimation au doigt mouillé ! Il a peut-être été tué à six heures trente !
— J’attends votre rapport, conclut René-Charles avant de rejoindre Octave qui discutait avec l’un des hommes des services scientifiques.
— Bonjour commandant, lui dit celui-ci.
René-Charles répondit à son urbanité par un « bonjour citoyen » puis il s’enquit :
— Leclair évoque un couteau stylet. Auriez-vous trouvé pareil instrument ?
— Non... nous n’avons rien trouvé ! Ni arme ni empreintes palmaires ou traces de pas ! La scène est d’une propreté irréprochable.

De Villemur, son nœud-pap’, ses cigares du soir et son whisky, son feutre mitterrandien et l’inséparable Octave, son adjoint, plongent dans les secrets d’alcôve les plus tordus de Toulouse.

Sujets

• Policier & Thriller
• Policier
• Romans policiers
• Nouvelles de genre
• Romans de genre
• Secrecy
• Hôpital
• Secret
• Violence
• Fiction
• Domination
• Littérature

Informations

• Publié par: Ska Éditions
• Date de parution: 01 février 2023
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9791023409543
• Langue: Français

Extrait

Luis Alfredo
ITINERAIRE D’UN FLIC
Lustrum
Feuilleton policier

Saison 03
Episode 3

Collection Noire Soeur
 
Chapitre 1
 
Les jours froids, où la pluie battait le pavé, avaient brusquement cédé la place aux chaudes journées ensoleillées et les arbres du chemin de halage du canal du Midi s’étaient, comme tous ceux de la cité, couverts d’un feuillage printanier, abritant dans leur sein des nuées d’oiseaux aux piaillements stimulés par les mois de confinement. La ville longtemps endormie s’ébrouait prudemment et ses artères s’engorgeaient chaque jour un peu plus. Le monde, au sortir d’un collapsus général, reprenait sa marche coutumière. Certes, d’aucuns affirmaient qu’il ne pourrait plus être à l’image de celui d’avant, qu’il lui faudrait d’urgence se réinventer. Parce que la sécurité sanitaire l’exigeait. Tel traitement était-il la réponse adéquate à ce mal terrifiant, à ce virus inconnu qui avait mis à l’arrêt l’économie mondiale ? Là où certains répondaient abruptement oui, d’autres, drapés dans leur titre de spécialité, hurlaient non à longueur de posts et de tweets.
Qui croire ? Que penser ? René-Charles de Villemur n’était ni médecin, ni virologue, ni professeur en Biodiversité-Ecologie-Evolution, alors comment aurait-il pu répondre à ces questions. Mais éprouvait-il seulement l’envie de trancher ?
 
René-Charles emprunta sur les quelques mètres, qui le séparaient de l’Hôtel de Police, le chemin de halage du canal du Midi. À l’ombre du feuillage des platanes, bruissant sous la caresse du petit souffle du vent matutinal, il enflamma une cigarette de tabac de Virginie au goût mentholé. La journée s’annonçait paisible, à l’image de celle des deux mois de confinement, deux mois qui avaient connu une baisse significative de la délinquance.
— Mais une exaspération de la violence matrimoniale, se dit René-Charles in petto.
Il traversa le parvis, salua d’un signe de la tête la paire de cowboys de l’équipe de Bosco qui fumait et buvait un café, franchit la porte vitrée à ouverture automatique, souhaita la bonne journée aux agents de l’accueil, traversa le vaste hall et gravit la volée de marches conduisant au premier étage.
— Bonjour commandant… je m’apprêtai à vous téléphoner ! Ne quittez pas votre chapeau, monsieur Régénay nous confie l’enquête sur le meurtre qui a eu lieu à l’hôpital, lui annonça Octave.
Un homicide dans un établissement hospitalier ! Et lui qui tablait sur une paisible journée printanière !
— Le cadavre a été découvert, il y a une heure. Le légiste et son équipe de la police scientifique sont déjà sur place.
Avec les beaux jours, Octave avait troqué son écharpe blanche contre un chèche tout aussi blanc et abandonnait son ample veste de cuir pour un veston en lin tout aussi ample.
René-Charles rectifia la tenue de son nœud papillon et le port de son panama de paille tressée. Il défroissa son gilet au bleu assorti à son costume en Fresco, tissu qu’il préférait au lin qui se chiffonne pour un rien. Or René-Charles de Villemur avait horreur des costumes fripés.
— Auriez-vous des détails ?
— Non, pas vraiment… La victime se nomme Paul Verdier, chef du service de virologie. C’est tout ce que je sais !
— Transportons-nous sans plus attendre sur la scène de crime !
 
oOo
 
Alors qu’au terme de la grande boucle qui concluait le boulevard de l’Embouchure, la voiture de police s’engouffrait dans la A620, communément désignée rocade, René-Charles de Villemur fit remarquer à son adjoint que le gyrophare relevait du superfétatoire.
— L’occis ne menace pas de s’esquiver !
— OK ! fit Octave tandis que la voiture filait sur le pont enjambant la Garonne.
Quelques centaines de mètres plus loin, il quitta la quatre voies par la sortie 29 qui fléchait Purpan.
La voiture longea la coulée de gazon vert abritant les rails du tramway sur des dizaines de mètres et vint se garer sur le parking qui s’étendait à l’avant d’un bâtiment à la façade de briquettes roses. René-Charles reconnu, parmi les rares de véhicules stationnés, la très stalinienne GAZ Pobieda M20 de Leclair dont le bleu brillait sous le soleil matinal. Non loin, il identifia les véhicules de la police scientifique.
Le bas du visage à l’abri d’un masque bleuté, les yeux rivés aux rayures multicolores, qui couronnaient les entrées vitrées à ouverture automatique de la bâtisse, René-Charles emboita le pas d’Octave.
Le hall était immense et abritait en son sein divers ilots : une cafétéria, point presse ; un accueil au public ; des guichets d’enregistrement ; un regroupement de sièges, façon sécurité sociale ; des distributeurs de boissons.
— Troisième étage, lança Octave alors que René-Charles parcourait les panonceaux renseignant sur la localisation des différents services.
Ils contournèrent le bloc dédié à l’enregistrement des admissions et des sorties et vinrent se planter devant les portes des cinq ascenseurs desservant les étages. Un homme en robe de chambre et pantoufles, qui trainaient une potence supportant des poches de transfusion, leur jeta par-dessus son masque un œil méfiant. Une femme, le haut du visage ravagé de fatigue et à la chevelure au gris racinal leur demanda à quel étage ils se rendaient avant de presser le bouton de l’ascenseur lui correspondant. Elle pressa ensuite un autre bouton et leur tourna le dos.
Les portes de la cabine se refermèrent dans un bruit de pneu crevé ; quelques secondes plus tard, elles coulissaient à nouveau dans un couinement semblable.
Les deux hommes accédèrent à un palier désert. Face à eux, une immense baie vitrée offrait la vue sur une ville au ciel d’un bleu cristallin. Ils obliquèrent à gauche et enfilèrent un court couloir au sol couvert de linoléum gris tacheté de blanc. Leurs pas les conduisirent devant deux portes battantes. Celle de droite s’ornait de la signalisation cardiologie, celle de gauche portait la mention virologie.
Derrière cette porte étanche s’ouvrait un long couloir que perçaient des deux côtés celles des chambres des...