Itinéraire d un livre - Panzootie
202 pages
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Itinéraire d'un livre - Panzootie , livre ebook

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Description


Entre assassinat de gilets jaunes, go fast et « barbecue », de Villemur a du grain à moudre.





OCTAVE SE démêla les cheveux bouclés alors que René-Charles de Villemur, ayant suspendu son pardessus au portemanteau, déposait son feutre mitterrandien sur son bureau, puis il lui tendit une feuille.
— De quoi s’agit-il ? questionna René-Charles tout en s’installant dans son fauteuil et en rectifiant la tenue de son nœud papillon.
— Une circulaire de monsieur Régénay.
— Que nous chante le navarque suprême ?
Octave se décolla du dossier de son fauteuil, se pencha en avant, posa ses coudes sur son bureau et, une lueur malicieuse scintillant au fond des yeux, se contenta de dire
— Je vous laisse la joie de le découvrir !
Une moue lasse retroussa légèrement les lèvres du commandant.
— Plus que tout au monde, je redoute les joies matutinales. Faites-moi un compendium.
— Un compendium ? ricana Octave.
— Un résumé...
— OK ! À compter d’aujourd’hui, l’ensemble du personnel est réquisitionné les samedis afin d’assurer le maintien de l’ordre.
— Plait-il ? s’écria René-Charles qui s’était redressé brusquement.




Où de Villemur, fidèle à son nœud-pap’ et son langage d’un autre temps démontre qu’il sait se servir d’un gun. L’inséparable Octave, son adjoint, l’accompagne dans une enquête à multiples rebondissements toulousains, forcément.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mars 2023
Nombre de lectures 10
EAN13 9791023409567
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Luis Alfredo
ITINERAIRE D’UN FLIC
Panzootie
Feuilleton policier

Saison 03
Episode 4

Collection Noire Soeur
Chapitre 1
Un jour de décembre 2018

— Bonjour commandant…
Octave se démêla les cheveux bouclés alors que René-Charles de Villemur, ayant suspendu son pardessus au portemanteau, déposait son feutre mitterrandien sur son bureau, puis il lui tendit une feuille.
— De quoi s’agit-il ? questionna René-Charles tout en s’installant dans son fauteuil et en rectifiant la tenue de son nœud papillon.
— Une circulaire de monsieur Régénay.
— Que nous chante le navarque suprême ?
Octave se décolla du dossier de son fauteuil, se pencha en avant, posa ses coudes sur son bureau et, une lueur malicieuse scintillant au fond des yeux, se contenta de dire
— Je vous laisse la joie de le découvrir !
Une moue lasse retroussa légèrement les lèvres du commandant.
— Plus que tout au monde, je redoute les joies matutinales. Faites-moi un compendium.
— Un compendium ? ricana Octave
— Un résumé…
— OK ! À compter d’aujourd’hui, l’ensemble du personnel est réquisitionné les samedis afin d’assurer le maintien de l’ordre.
— Plait-il ? s’écria René-Charles qui s’était redressé brusquement.
Maintenir l’ordre ? Que faisait-il d’autre tout au long de l’année ? À moins que d’aucuns n’accordent pas la même signification à la notion de maintien de l’ordre ou plus prosaïquement au concept d’ordre.
« Un État est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné »
Voilà une phrase qui, ces derniers temps, avait pirouetté sur les chaines d’informations continues et qui, au fil des jours, voire des heures, s’était métamorphosée en une simple affirmation : l’état détient le monopole de l’usage de la violence légitime.
Ainsi l’État n’était plus une communauté humaine et la violence légitime se substituait à la force physique légitime.
Violence légitime ? Il était hors de question qu’il accrédite, ne serait-ce qu’un instant, un tel oxymore.
Qu’y a-t-il de légitime à matraquer des manifestants à terre, à les tirer au LBD, à les enfermer dans une nasse pour mieux les gazer, à les trainer au sol en les empoignant par les cheveux et à les rouer de coups de pied ?
René-Charles chassa ses réflexions qui n’avaient lieu d’être qu’en agrément des nuits éthyliques et, la main sur son nœud papillon, s’arma de son téléphone.
— Bonjour… De Villemur à l’appareil, lança-t-il lorsqu’il entendit au terme de quelques sonneries la voix suave de Camille, la jeune secrétaire particulière de monsieur Régénay.
— Oui commandant, lui répondit-elle sur un ton badin avant d’ajouter, j’attendais votre appel !
René-Charles décolla son cellulaire de l’oreille et jeta un regard soupçonneux à l’écran. Elle attendait son appel ! Serait-elle dotée d’un don de voyance jusqu’à ce jour ignoré de tous ? Comment était-il possible qu’elle attendît son appel alors qu’une minute plus tôt il ignorait qu’il le passerait ?
— Monsieur Régénay est à l’heure actuelle en communication avec Monsieur le Préfet, mais rien ne vous empêche de monter et de patienter ici… de faire antichambre comme vous diriez probablement.
De plus en plus surpris, René-Charles resta sans voix. Camille poursuivit sur un ton des plus enjoué.
— Monsieur Régénay vous recevra en suivant et vous pourrez lui dire tout le mal que vous pensez de sa circulaire de service. À de suite.
Le commandant n’eut pas loisir d’exprimer son étonnement. Camille avait abruptement coupé la communication.
Octave avait suivi l’échange, sans souffler mot. Il en devinait l’enjeu, et ce fut sans se départir du mutisme qu’il regarda son supérieur quitter, visiblement de mauvaise humeur, le bureau qu’ils partageaient au prétexte fallacieux d’un manque de locaux.
René-Charles enfila le couloir jusqu’aux escaliers qui permettaient d’accéder à l’étage directorial. Il gravit rapidement la volée de marches tout en fulminant. Comment avait-on osé l’imaginer dans un pantalon difforme de jogging, en baskets et sweat à capuche, la matraque à la main ? Et pourquoi pas une cagoule sur la tête coursant un quidam au gilet jaune !
Il toqua à la porte du secrétariat du grand navarque puis, répondant à l’invitation d’entrer, il la poussa et salua Camille d’un « Bien le bonjour citoyenne » aussitôt suivi d’un sourire.
Camille arborait une abondante chevelure rousse, partiellement rassemblée dans un chignon déstructuré, des yeux à l’éclat intense, que cerclaient de rouge ses lunettes de lecture, et un visage à l’ovale charmant. Sa beauté, que renforçait sa silhouette svelte, aimantait tous les regards de la gent masculine, mais aucun de ces hommes ne s’était aventuré à lui conter fleurette. La rumeur courait de liens qu’elle entretiendrait avec monsieur Régénay, et elle avait refréné jusqu’aux plus incandescentes des ardeurs. René-Charles restait persuadé qu’il ne s’agissait que de méchants clabaudages, ce qui ne l’avait pas pour autant incité à coqueter. Mais il est vrai qu’il ne nourrissait aucun gout pour la gent féminine.
— Rebonjour commandant. Monsieur Régénay vient de raccrocher à l’instant. Il vous attend, lui sourit-elle.
René-Charles traversa le secrétariat à grandes enjambées et frappa à la porte du navarque.
Confortablement installé derrière son bureau directorial au design verre et métal, monsieur Régénay, costume bleu sombre, chemise à la blancheur immaculée que barrait une cravate assortie à la couleur du costume, l’invita d’un signe de la main à prendre place sur le siège disposé face à lui.
— Mon cher commandant René-Charles de Villemur, je m’attendais votre visite. Mais sachez que la circulaire que vous vous apprêtez à contester n’est que la transcription des directives de la place Beauvau.
Monsieur Régénay rectifia la rectitude de sa cravate puis le visage empreint de gravité, il poursuivit :
— Les violents incidents qui ont émaillé les manifestations de ce week-end ont convaincu le gouvernement de la nécessité d’infléchir la philosophie du maintien de l’ordre. On ne peut admettre qu’une poignée d’éléments radicaux sème le chaos, incendie les préfectures, saccage l’Arc de Triomphe
Le léger fumet de 1789 qui flottait dans les rues de ce vingt-et-unième siècle faisait-il perdre les nerfs aux princes ? À moins que beaucoup ne se sentent plus à la veille du mardi 14 juillet 1789, mais plutôt à l’aurore du 21 janvier 1793, juste avant l’exécution du monarque ?
— Certes l’émeute gronde, mais il existe d’autres moyens de la contenir que le simple usage du gourdin.
— Je n’en disconviens pas mon cher de Villemur, mais il ne m’appartient pas de le décider, l’interrompit Régénay puis, se caressant le crâne intégralement glabre, il enchaina, quoi qu’il en soit on ne peut laisser la situation en l’état... au risque qu’elle s’aggrave. Telles sont les directives du ministre. Et je n’ai d’autre choix que de m’y soumettre.
Subitement, monsieur Régénay se départit de son visage grave et préoccupé. Ses traits s’apaisèrent et un léger sourire narquois fleurit au coin de ses lèvres. Il se décolla du dossier de son fauteuil et posant les coudes sur son bureau, il laissa tomber :
— Quoiqu’il en soit, et vous sachant capable du pire, comme d’ordonner aux hommes que vous auriez sous vos ordres de se replier ou de relâcher illico tous ceux qui seraient interpelés dans le cas où vous auriez la responsabilité de les réceptionner, je tenais à vous recevoir afin de vous informer que cette circulaire ne vous concerne pas. Et comme je ne doute pas un instant que vous allez plaider la cause de votre adjoint, arguant des pires idioties, comme du fait que je ne peux vous exempter à titre individuel de ces instructions, mais que je peux y soustraire votre service, je vous confirme que votre adjoint et vous êtes versés, lors de vos week-ends d’astreinte, aux affaires courantes.

oOo

Le mois de décembre s’acheva sans que l’on vît René-Charles de Villemur et Octave pourchasser le moindre gilet jaune. Et les mois s’enchainèrent au rythme des samedis de jacquerie. Chacun comprit que René-Charles de Villemur et son adjoint bénéficiaient d’un traitement de faveur. Et les deux hommes, que d’aucuns apprécieraient peu, s’attirèrent un fort ressentiment où la haine se mêlait au mépris.
René-Charles n’en avait cure ; peu lui chalait les quolibets homophobes dont le gratifiaient en catimini ses collègues. Quant à Octave, seul lui importait le plaisir des week-ends dans les bras d’Hélène.
Chapitre 2
Un jour de janvier 2020
 
Octave mettait la dernière touche à un rapport qui trainait sur son bureau depuis une paire de mois et que monsieur Régénay lui avait réclamé la veille par l’entremise de Camille lorsque le téléphone intérieur l’obligea à suspendre sa frappe.
— Bonjour commandant, lui dit une voix inconnue, ici le Brigadier-chef Latour.
Octave considéra l’appareil. D’évidence cet appel était destiné à René-Charles.
— Si vous souhaitez vous entretenir avec le commandant de Villemur, il n’est pas là pour l’instant. Rappelez dans une dizaine de minutes.
— Ah ! Non, c’est urgent… je vous explique… on a un souci avec mon collègue Depise… on a été appelé, y’a un individu qui a pris son ex en otage… pas son ex-femme, une de ses ex… quand on est arrivé sur place, il nous a tiré dessus ! On est plusieurs agents, on a pris position et y a aussi deux inspecteurs… mais ils m’ont dit de téléphoner au commandant… faudrait qu’il vienne… ou alors, vous devez être son adjoint, si vous pouviez venir.
Octave souffla profondément. Un ex qui a pété un plomb et menace de faire sauter le caisson à son ex ! En quoi pouvait-il être utile ? Les inspecteurs n’étaient pas assez de deux pour le raisonner ? Et dans le cas contraire l’affaire ne relevait-elle pas des compétences du RAID ?
— Si je comprends bien, il est armé.
— Oui… oui… une arme de poing… et il est bien énervé… l’individu exige une voiture… en fait, il veut repartir avec son fils… et la femme en otage.
Octave, se démêla

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