L École de la vie
181 pages
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L'École de la vie , livre ebook

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Description

 Dans ce livre, Jean-Michel Blanquer trace la voie d’une « école de la vie », capable de transmettre aux enfants les savoirs fondamentaux pour leur permettre de vivre librement. Elle le fera d’autant mieux qu’elle saura tirer parti des sciences du développement de l’enfant pour élaborer des pédagogies adaptées à ce qu’on sait aujourd’hui de ses capacités cognitives. Refusant les dogmatismes, Jean-Michel Blanquer aborde ici toutes les questions sensibles de l’école pour souligner ce qui a fonctionné ici ou ailleurs : apprentissage de la lecture, évaluation de l’élève, éducation prioritaire, relations de l’école avec les familles, etc. Innover, expérimenter et évaluer : tels sont les maîtres mots de sa démarche qui fait l’inventaire de ses échecs comme de ses succès, de la lutte contre l’absentéisme aux internats d’excellence. Avec cette conviction passionnée : la réussite pour tous, c’est possible ! Jean-Michel Blanquer est, depuis mai 2017, ministre de l’Éducation nationale. Il a été directeur général de l’ESSEC, après avoir été directeur général de l’Enseignement scolaire. Il a également été recteur de l’académie de Guyane et de l’académie de Créteil.

Informations

Publié par
Date de parution 03 septembre 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738169921
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Collection dirigée par Stanislas Dehaene

© O DILE J ACOB, SEPTEMBRE 2014 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6992-1
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
À ma mère, Anne-Marie Blanquer, professeur.
Introduction

De toutes les définitions de l’homme, celle qui le différencie par l’éducation m’a toujours semblé la plus convaincante. Par rapport à toute autre créature, l’homme est bien ce sujet doué de projets, capable de se déployer dans l’espace par des outils qui prolongent ses mains et ses sens, et dans le temps en imaginant un avenir qui guide ses pas. Pour accomplir cette prodigieuse possibilité qu’il a de sortir de lui-même, il a besoin de l’autre. Sa liberté se paye d’une dépendance. L’éducation est intrinsèquement une éducation à la liberté, laquelle passe par des contraintes. Elle est le compagnonnage indispensable qui commence à la naissance sans lequel le petit être humain ne saurait survivre, et selon des modalités qui le distinguent radicalement de l’apprentissage animal. La transmission de savoirs et savoir-faire s’impose tout de suite comme la marque de l’existence humaine, déterminant sa possibilité mais aussi sa qualité, avec, au cœur de ce processus, le langage. L’éducation, c’est donc la vie elle-même.

L’éducation, le premier des biens
Je crois avoir toujours été habité par la conscience intime de ce phénomène, tellement évident que nous oublions parfois de le reconnaître au point de le reléguer dans notre entendement. Pour autant, l’éducation est, dans l’ordre de la vie personnelle, le premier des biens, équivalant pour l’esprit à ce qu’est la santé pour le corps. Et elle est aussi, dans l’ordre de la vie collective, une condition d’existence, aussi fondamentale pour toute communauté du point de vue de l’esprit que la question de la sûreté du point de vue physique. L’enjeu de la transmission est au centre de la vie humaine, aussi bien individuellement que collectivement. Or les modes de transmission ont connu et connaissent dans la période actuelle des bouleversements d’une ampleur sans précédent dont nous ne mesurons l’impact qu’au travers de conséquences que nous subissons sans avoir été capables de mettre en place une nouvelle pensée, pourtant requise par une telle révolution. Ce retard conceptuel se double d’un retard politique car les changements institutionnels ne peuvent s’accomplir au même rythme que les changements techniques et sociologiques. Ce décalage est en partie normal. L’institution éducative doit précéder ou accompagner le progrès et non courir derrière la nouveauté. Elle doit aussi conserver ce qui est éternellement nécessaire au cœur de l’éducation et faire droit à la notion d’héritage. Sa temporalité est spécifique. Mais, de ce fait même, elle doit à la fois mieux prendre en compte les progrès scientifiques et techniques et être capable d’ouvrir de nouvelles pistes par la méthode expérimentale.
C’est nourri de ces convictions que j’ai accepté un beau jour de prendre des responsabilités dans l’Éducation nationale. Depuis toujours, je suivais les questions éducatives avec passion et ma vocation fondamentale était (et est toujours) d’enseigner. En France, la fonction de recteur est confiée (sauf exception) à des professeurs d’université, ayant eu la plupart du temps une expérience de direction. C’était mon cas. Je suis professeur de droit public et je dirigeais l’Institut des hautes études de l’Amérique latine depuis six ans quand, à l’initiative de l’un de mes anciens étudiants, le cabinet du ministre me proposa de devenir recteur de Guyane en accompagnant cette invitation d’une phrase qui contribua à me séduire : « Vous serez le seul recteur de France avec une pirogue de fonction. » J’acceptai assez promptement, attiré par ce territoire que je connaissais un peu et auquel je ne tarderai pas à m’attacher avec passion. Ce fut une initiation exceptionnelle, non seulement aux beautés de la Guyane, mais aussi à la complexité des problèmes éducatifs, au nécessaire volontarisme collectif qu’il faut susciter pour répondre à des défis considérables.
Mon bonheur dans cette fonction fut immense. Je le raconterai plus loin. Le nouveau ministre, Gilles de Robien, m’appela ensuite à ses côtés, ce qui me permit de m’initier cette fois aux arcanes d’un ministère réputé pachydermique. Puis, je repartis sur le terrain, de nouveau vers un territoire très attachant, lui aussi généralement considéré comme difficile, celui de l’académie de Créteil qui regroupe les départements de l’Est francilien (Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne, Seine-et-Marne). Je retrouvais dans cette fonction le splendide attrait de l’action. Face à des situations sociales très particulières, ma conviction, que je sentais partagée par la plupart des acteurs, était tout simplement que nous devions innover en nous appuyant sur des valeurs. Il a fallu affronter des situations complexes, les régler dans un esprit républicain et avancer sans se laisser freiner par les obstacles grâce aux solides principes du dialogue et du respect. Une de mes expressions fétiches était l’« esprit d’équipe », ce qui était aussi une façon de questionner la verticalité excessive de notre système. Je crois l’avoir fait vivre, à Créteil comme en Guyane, tout simplement parce que j’étais persuadé que c’était la grande condition de toute réussite. Il en est résulté des liens indéfectibles avec celles et ceux dont j’ai pu admirer le sens du service public.
Au bout de trois ans, je fus de nouveau appelé rue de Grenelle, cette fois à la demande de Luc Chatel pour prendre la tête de la Direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), le « saint des saints » de notre système éducatif puisqu’elle supervise l’ensemble des politiques relatives à l’école, au collège et au lycée. Quitter le terrain fut un nouveau déchirement, mais je pris très à cœur mes nouvelles responsabilités qui me mettaient en situation de promouvoir les méthodes de changement que je prônais à une échelle locale. Cela dura trois ans et ce fut de nouveau pour moi une « école de la vie » pour comprendre les atouts et les faiblesses de notre pays face aux grands défis éducatifs du XXI e  siècle. Aujourd’hui, je suis à la tête de ce que l’on appelle en France une « grande école » et j’ai le sentiment de toujours accomplir le même métier : celui de professeur en responsabilité de gestion, engagé dans les différents enjeux de la transmission en adéquation avec le monde tel qu’il est et tel que nous voudrions qu’il soit.

Concilier ce que l’on a l’habitude d’opposer
Mon objectif, en écrivant ces lignes, est de contribuer autant que possible aux progrès indispensables qui doivent être accomplis au cours des prochaines années. Et de le faire selon une méthode en cohérence avec mon propos. C’est pourquoi j’alternerai les considérations d’ensemble sur l’éducation et la narration de choses vues. Il y aura ainsi deux chronologies croisées au fil des chapitres : l’une, liée au parcours de l’élève, pour analyser notre système au travers des étapes de la scolarité et l’autre, subjective, celle de mes expériences vécues au sein de l’Éducation nationale. Il me semble que l’« école de la vie », c’est en effet d’abord cela : un aller-retour permanent entre la pensée et l’expérience. Cela conduit d’ailleurs à regarder systématiquement si ce qui est valable à l’échelle d’un individu ou d’un petit groupe l’est également à l’échelle d’un pays. Ce faisant, j’éviterai, autant que possible, les polémiques puisque l’une de mes thèses est que nous ne progresserons que par une cohésion nationale autour du sujet éducatif et que j’ai eu trop souvent à déplorer la recherche systématique de la caricature, de la critique, du conflit, de la part d’acteurs qui, en se comportant ainsi, se placent dans un nœud de contradictions dont il faut les aider à sortir. Trop de personnes choisissent les facilités du blocage et de l’inertie en lieu et place du travail de construction et de l’effort de penser par soi-même. L’« école de la vie », c’est donc aussi l’affirmation du principe de vie comme socle de toute vision éducative prenant en compte la complexité du réel par opposition aux tendances mortifères des luttes qui assèchent et détruisent, cet « esprit qui toujours dit non » selon l’expression de Goethe dans Faust . Cela suppose une qualité du débat public sur l’éducation qui reste à construire aujourd’hui et qui pourra être le socle de ce dont nous avons besoin par-dessus tout : la confiance. C’est en partant de cette confiance que l’on pourra proposer des voies d’évolution pour le futur. Non pas au travers de quelconques formules magiques mais par la considération de ce qui marche déjà en France et dans d’autres pays car l’« école de la vie », c’est aussi ouvrir des fenêtres sur les réussites, sur la science, sur le monde.
Au bout du compte, l’« école de la vie » consiste à concilier ce que l’on a l’habitude d’opposer. Car l’éducation est, par essence, traversée par des contradictions. Il est commode de devenir militant de l’un des termes de la contradiction. La France a pris ainsi l’habitude de voir son débat éducatif structuré par de grandes querelles stériles. La voie du simplisme est de continuer ainsi éternellement en épuisant progressivement toutes les forces. La voie de la raison est celle qui permet d’id

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