L Enseignement du fait religieux dans l’école laïque
33 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

L'Enseignement du fait religieux dans l’école laïque , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
33 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

« L’enseignement du fait religieux dans l’école du peuple n’exige pas moins mais plus de laïcité. C’est notre façon de poursuivre le chemin des Lumières que d’ouvrir au savoir les “mystères” du croire. Je ne sais si “le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas”. Je sais seulement que fermer les yeux sur ce qu’il est déjà ne peut qu’assimiler ce qu’on appelle “la revanche de Dieu” à un retour de bâton en pleine figure. » Régis Debray « L’école a besoin de sérénité. Seul un débat apaisé et une plus grande rigueur, à l’écart des emballements médiatiques, nourriront cet enseignement de l’histoire des religions qui fortifie le citoyen et doit faire consensus, au-delà des croyances et des opinions de chacun. » Jack Lang Régis Debray est professeur de philosophie. Il est notamment l’auteur de Dieu, un itinéraire. Jack Lang, ancien ministre, est président de l’Institut du monde arabe. 

Informations

Publié par
Date de parution 30 septembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738165145
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB /  S CEREN, 2002 . ©  O DILE J ACOB, OCTOBRE  2015 15 , RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-6514-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Préface

Telle une antienne, l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque vient régulièrement troubler le débat public, comme si une partie de la classe politique, intellectuelle et des médias trouvait là matière, chaque fois, à une nouvelle bataille d’ Hernani . C’est bien à tort. Ce débat qui déchaîne les passions et qu’on semble redécouvrir à chaque occasion est pourtant loin d’être nouveau. Contrairement à un préjugé tenace, les programmes scolaires intègrent en effet depuis longtemps l’enseignement des religions en tant que faits de civilisation : quoi de plus naturel, d’ailleurs, que de donner à connaître aux élèves l’histoire des religions dans toute leur richesse et leur complexité ? J’entends par là une histoire dépassionnée et rigoureuse, bien sûr, qui fasse une place aux différents points de vue, car il n’existe jamais de lecture figée, pas plus sur les croisades que sur les guerres de religion. Les programmes d’histoire méritent d’être revus en raison de leur insuffisante clarté mais ils intègrent déjà cette ouverture au fait religieux : comment pourrait-on initier les enfants à la Renaissance sans la relier aux bouleversements politiques de l’Europe, aux grandes découvertes, aux inventions, mais aussi à l’histoire de la chrétienté et des civilisations du bassin Méditerranéen ?
Ministre de l’Éducation nationale, j’avais confié à Régis Debray, en décembre 2001, une mission de réflexion et de propositions sur l’enseignement du fait religieux dans l’école laïque. Qu’Odile Jacob soit ici remerciée pour avoir eu l’excellente intuition de republier le fruit de ces travaux. Avec le brio et la maîtrise qu’on lui connaît, l’auteur de Dieu, un itinéraire avait formulé un certain nombre de recommandations dont nous nous étions inspirés. C’est ainsi qu’en 2002 j’ai attiré l’attention des personnels de l’Éducation nationale sur l’enseignement du fait religieux qui ne doit pas occuper une place à part, du moins au collège et au lycée : la connaissance des religions peut et doit irriguer plusieurs matières, de l’histoire, bien sûr, à la philosophie, aux lettres, aux arts plastiques et à la musique. Certes, l’exercice reste malaisé pour nombre d’enseignants : il reste, à l’évidence, à les sensibiliser encore et à renforcer leur formation pour traiter sereinement de ces questions. L’éducation aux médias – qui véhiculent parfois des images stéréotypées des trois religions du Livre – peut être, parmi d’autres, une porte d’entrée pour cet enseignement.
 
L’esprit de laïcité n’a rien à redouter ici, comme le note fort justement Régis Debray. Et il est attristant de voir combien les controverses sur la laïcité viennent brouiller, aujourd’hui encore, la question – largement réglée par l’Éducation nationale – de l’enseignement du fait religieux à l’école.
On use et abuse du mot « laïcité » : récupérée, utilisée par la droite extrême notamment, la laïcité devient une arme de combat qui dissimule à peine ses visées xénophobes, souvent antimusulmanes. Au lieu de quoi la laïcité devrait être comprise comme un trésor pour tous, une règle de vie qui garantit le respect des croyances et assure la séparation entre les institutions publiques et les religions.
L’école a besoin de sérénité. Seul un débat apaisé et une plus grande rigueur, à l’écart des emballements médiatiques, nourriront cet enseignement de l’histoire des religions qui fortifie le citoyen et doit faire consensus, au-delà des croyances et des opinions de chacun.
Jack L ANG, mai, 2015.
Avant-propos

La République a ses intermittents, mieux lotis que ceux du spectacle : ce sont nos gouvernants. Ils découvrent de loin en loin l’existence d’un « fait religieux », tenace et bizarre, et l’avantage qu’il y aurait à en prévenir les jeunes esprits. Aussi, toutes affaires cessantes, mettent-ils en chantier, chaque décennie, son introduction plus ou moins renforcée dans les programmes scolaires. La soumission à l’événement du personnel politique n’a pas que des inconvénients car leur intérêt pour cette question délicate se réveille à chaque électrochoc défrayant l’actualité. La tuerie de Charlie Hebdo mobilise les esprits et les initiatives (2015). Dix ans plus tôt, le recteur Joutard avait remis un remarquable rapport sur l’enseignement de l’histoire, où il recommandait celle des religions (1991). Le sursaut a un rythme décennal.
Ne parlons pas d’un éternel retour. Le ministre de 2002 ayant réellement joint l’acte à la parole, a pu être mis en place l’Institut européen en sciences des religions (IESR), dans le cadre de l’École pratique des hautes études (recommandation n o  8 de mon rapport). Il a effectué un excellent travail dans la formation des enseignants, la création d’outils pédagogiques et l’aide apportée aux administrations compétentes. Actuellement dirigé par Isabelle Saint-Martin, il se voit à présent, et fort heureusement, investi du soin de mettre en place l’enseignement projeté, et cela malgré le peu de moyens mis à sa disposition. Le module obligatoire des professeurs stagiaires « philosophie de la laïcité et enseignement du fait religieux » (recommandation n o  5) n’a connu, lui, qu’une existence éphémère, et c’est bien dommage. L’idée jugée alors un peu baroque d’une laïcité d’intelligence, et non d’incompétence ou d’abstention, a cessé de sentir le soufre et elle est à présent reconnue et encouragée, de la voix et du geste, par les pouvoirs publics 1 .
Que ce réel progrès ne nous dissimule pas qu’il faut donner un sens freudien aux « résistances » du milieu ambiant. Elles ne signent pas mais persistent, et la levée du refoulement ne sera pas chose facile. Le biotope reste hostile. Inhibition, symptôme et angoisse . Le moi collectif a des mécanismes de défense d’autant plus efficaces qu’inavoués, pour éviter la mise au clair d’un refoulé ancien, pénible et déstabilisant pour sa tranquillité idéologique. Le « religieux », en effet, n’était pas au programme des futuristes et prospectivistes du XX e  siècle, et encore moins de leurs héritiers.
Pensons à l’indifférence, voire au franc mépris, de notre classe dirigeante envers tout ce qui relève de l’ordre symbolique et des solidarités sociales qu’il autorise. S’il n’est pas directement lié aux langues anciennes, latin et grec, l’examen du domaine dit religieux (un mot de plus à interroger) est soudé à l’histoire de l’art et des sciences. C’est le cousin germain de nos humanités. Il serait dommage que l’agnosticisme sans culture de nos centres-villes, qui n’est plus savant ni militant comme l’était la libre-pensée d’antan mais primaire et paresseux, vienne faire couple avec la religion sans culture qui peut pointer de l’autre côté du Périph’. Si l’on ajoute à cette dépression quasi anthropologique des mentalités dominantes la tendance des nouveaux Rastignac à faire commencer l’histoire de l’humanité au mieux en 1914, on peut comprendre le mauvais vouloir des sphères énarchiques, déculturées de surcroît par une fréquentation névrotique des médias. Pour nos « classes moyennes supérieures », la religion est une chose du passé, une aliénation antiéconomique, la traîne moribonde des temps préindustriels, à confier soit aux gardiens du patrimoine, soit aux gardiens de l’ordre public. Le « moderniste » au pouvoir logera donc la relique tantôt au musée, tantôt à la préfecture de police (le cadavre sent la poudre). Le chiffre aux commandes n’est-il pas devenu l’opium des élites locales ?
À quoi s’ajoute la réticence des vecteurs de transmission les plus directement intéressés. À toute entreprise, il faut des entrepreneurs.

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents