L homme aux fétiches
60 pages
Français

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L'homme aux fétiches , livre ebook

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Description

Paul DUMVILLER, reporter de profession, a été bien étonné d’apprendre que celui que les journaux surnommaient « Le Vampire » n’était autre que son bon ami Claude Arlès.


Pourtant, celui-ci s’est rendu à la police pour avouer douze assassinats sanglants.


Un soir, Paul DUMVILLER, alias Doum, est abordé par un individu suspect dans lequel il peine à reconnaître Claude Arlès qui s’est s’évadé de l’asile d’aliénés où il était interné.


Arlès vient solliciter Doum pour l’aider à l’innocenter. Il prétend qu’une volonté étrangère l’a contraint à mentir, que son voisin, un homme roux au regard dérangeant l’a envoûté pour se dénoncer à sa place...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 novembre 2021
Nombre de lectures 3
EAN13 9791070037607
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

DOUM REPORTER


L'HOMME
AUX
FÉTICHES

Par
NEVERS-SÉVERIN
CHAPITRE PREMIER
CELUI QUI RÔDAIT...
 
Quand Paul Dumviller déboucha du pont de l'Archevêché, l'averse avait complètement figé la vie nocturne des vieux quais de la rive gauche.
Il ne tombait plus que de rares grosses gouttes, mais les environs demeuraient déserts et silencieux. Sous le clignotement des lampadaires, Paul n'apercevait personne, à l'exception de cet obstiné piéton qui le suivait à cinquante pas, depuis plusieurs minutes.
Paul Dumviller était un de ces êtres soucieux, que parfois le plus futile détail suffit à troubler. Aux heures de fièvre, en plein centre de Paris, il ne prêtait pas même attention au fracas du trafic, à la mitraillade des moteurs ; mais, dans un endroit plus calme, la chanson lointaine d'un phonographe, l'aboi d'un roquet parvenaient à l'agacer souverainement. Ainsi, ce soir-là, le pas d'un marcheur solitaire suffisait à brouiller toutes ses idées ! Dumviller, grand as du reportage, représentant type de l'esprit moderne, gardait par-devers soi une sensibilité romantique.
— Il est tenace, l'animal ! ronchonna-t-il, sans autre logique que celle de son égoïsme... Moi qui trouve tant de charme à ces coins-là, au point de braver des temps diluviens pour les contempler tout à fait endormis ! Et voici que, depuis Saint-Gervais, ce gêneur emprunte exactement ma route, à travers ces méandres... Quelle déveine !
Il quitta le quai de la Tournelle, obliqua par la rue des Grands-Degrés, vers la place Maubert, vénérable antichambre du Quartier latin. Mais, aussitôt, l'importun imita sa manœuvre, et se mit à courir.
Cette fois, le journaliste comprit que le rôdeur s'attachait à le rejoindre, et sans s'alarmer positivement, il ressentit une impression désagréable...
Très doucement, l'homme appela :
— Doum !
Collégien, étudiant, reporter, Dumviller avait toujours été « Doum » pour ses condisciples ou ses confrères. Il dévisagea le quidam qui l'interpellait si familièrement, mais l'endroit était sombre...
— Doum ! Doum ! C'est moi... reprit l'arrivant d'une voix étrangement anxieuse.
Doum reconnut cette voix. Son sang ne fit qu'un tour :
— Toi ! Arlès !
L'homme se rapprocha, d'une allure hésitante. Il eut une velléité de tendre la main, mais il n'osa pas achever le geste. Il voyait très bien, lui, les traits de Dumviller, placé face à la trouée blafarde d'une fenêtre, et il y guettait un verdict, comme si son sort eût dépendu de l'attitude qu'allait adopter le journaliste.
Doum demeurait muet.
Celui qu'il avait nommé Arlès demanda :
— Tu n'as pas... peur... au moins ?
— Non ! grogna Doum.
— Tu n'y crois pas, à tout ça, hein ! Tu n'y crois pas ? repartit l'autre avec une véhémence soudaine.
Doum chercha ses mots pendant une seconde, puis lâcha :
— Et que veux-tu que je croie ?
Arlès s'emporta presque :
— Rien, rien n'est vrai ! Tu me connais assez pour me savoir incapable de tels crimes !
— Tu les as spontanément avoués ! Dis plutôt qu'aux moments où tu as... enfin... où tu as agi, tu n'avais plus la tête à toi...
— Doum, écoute bien ! C'est au moment où j'ai avoué que je n'avais pas la tête à moi !
Dumviller considérait l'inquiétant personnage. La pluie, à ce moment, les fouetta plus dur ; dans le rayon qui tombait de la fenêtre voisine, des cataractes scintillaient vertigineusement.
— Ne restons pas ici ! dit Doum et il fit un pas sur sa gauche, dans la direction des globes lumineux qui, au milieu de la grisaille liquide, signalaient la place Maubert.
Arlès le retint :
— Pas par là ! Je crains qu'on ne me guette, devant ta maison ! On te sait mon meilleur camarade.
En même temps, il poussait Doum sous une porte aux battants fermés, mais dont la vaste retraite offrait un abri suffisant.
Le journaliste marmonna :
— À propos... tu n'as pas travaillé en ta faveur, aujourd'hui ! C'est très romanesque, ton évasion, mais, aux yeux de tout le monde, ça achève de prouver ta culpabilité.
— Je ne me serais sans doute pas échappé si l'on ne m'avait pas tellement isolé... Pourquoi n'es-tu pas venu me voir, toi ? Et Mariette, pourquoi n'est-elle pas venue ?
— Tu étais au secret !
— Voilà ! On m'a « chambré » ! On m'a ôté mes moyens de défense...
— Vraiment ?
Arlès s'épancha sur un ton de supplication haletante :
— Mon bon vieux, je ne compte plus que sur toi ! Je suis traqué ; la police me reprendra peut-être demain, ou dans une heure. Mais, d'ici là, tu m'auras entendu, et je serai tranquille ! Tu établiras la vérité, tu me tireras du cauchemar dans lequel je me débats... tu me sauveras !
Il y avait dans ces paroles une impétuosité désespérée qui frappa Doum.
Un monologue traversa en éclair le cerveau du journaliste : « Je n'aurais pas dû me laisser aborder. Dans quelle situation vais-je me mettre ? Maintenant que nous avons commencé, il faut me résigner à tout subir ! » Et, sans transition, une autre pensée lui vint : « Me résigner ! Est-ce bien, moi, Dumviller, qui raisonne d'une manière aussi plate ? Mais si, le premier, j'avais reconnu cet homme, n'était-ce pas à moi de courir après lui ? Un reportage sensationnel... Et puis... »
Et puis...
Une voix parlait en Doum, une voix tellement étouffée qu'il ne voulait pas en reconnaître lui-même l'existence... La voix d'une vieille, très vieille amitié. L'homme surgi devant lui se trouvait sous le coup d'une accusation effroyable. C'était sans doute un meurtrier, peut-être un dément, en tout cas un individu au ban de la société, mais c'était un ancien ami, et cet ami venait de l'appeler en criant : « Sauve-moi ! ». Doum voulait tout au moins savoir ce que l'autre attendait de lui.
— Écoute ! Tu désires me parler ; je n'ai pas le droit de te refuser ça... Mais nous ne pouvons nous éterniser sous cette porte. Nous allons dénicher un café tranquille...
Arlès murmura, inquiet :
— Ne crains-tu pas qu'on... ne me reconnaisse ?
Prenant son compagnon aux épaules, Doum le tourna vers la maigre flamme du réverbère le plus proche :
— Non ! Aucun risque... Tu es rasé ! Les photos des journaux te représentent avec ta barbe... Tu l'as coupée exprès, hein ?
Arlès ne répondit pas, Doum conclut :
— Viens, et ne crains rien ! je ne te jetterai pas dans la gueule du loup. J'espère que... tu as confiance en moi ?
— Oh ! Mon vieux ! protesta Arlès, en un élan où l'émotion mettait sa note rauque...
 
* * *
 
— Il n'y a...

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