La marelle
23 pages
Français

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La marelle , livre ebook

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Description



« L’échappée belle » à cloche-pied, vers le Paradis, d’une femme ordinaire.


LA RUE ET LA PLACETTE, avec ses micocouliers, étaient désertes. À côté d’un banc, il y avait une marelle dessinée aux craies de couleurs et un caillou abandonné sur la case Terre. Clopin-clopant elle s’en approcha, se saisit de la pierre et la lança après l’avoir serrée très fort dans sa main, un geste qui lui revenait de l’enfance : case 5. Dans son élan, elle se mit à sauter à cloche-pied.



Il y a des vies qui boitent, comme l’héroïne. Une plongée dans l’enfance, un retour à la case départ, sera le déclic d’une renaissance, d’une réappropriation de son existence. Manon Torielli nous conte avec délicatesse cette histoire du temps présent.



Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 août 2014
Nombre de lectures 4
EAN13 9791023403459
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Manon Torielli La marelle nouvelle CollectionMélanges
C’était une petite femme grise aux yeux éteints. La vie l’avait ballottée raisonnablement. Elle n’offrait pas beaucoup de résistance à ses exigences, ses revers, ses trajectoires capricieuses. Très jeune elle s’était mariée, avait eu deux enfants qui avaient grandi sans crier gare. Aux côtés de cette femme soumise et peu exigeante, le mari avait pris de l’assurance. Son autorité et son égoï sme s’étaient affirmés. Le garçon et la fille étaient devenus des adolescents superficiels et indifférents. Marthe s’occupait de la maison et travaillait dans une pharmacie parce qu’on ne pouvait se passer de son salaire. Avec l’immense patience qu’elle tenait d’une enfance morose, elle allait et venait, les bras chargés de paquets, de linge, d’assiettes fumantes. À la pharmacie, elle servait les clients avec le sourire, se résignait à leurs sautes d’humeur, ne rechignait jamais devant les lubies et le despotisme de son patron. C’était le même scénario qu’à la maison. Une fois pour toutes, elle était rodée. Ou presque. Un matin, elle se réveilla avec une espèce de fredon dans l’oreille ; ça disait quelque chose commeRendez-vous à la case départ. Elle haussa les épaules, croyant qu’elle avait mal entendu ou que c’étaient des acouphènes. Elle était peu encline à s’écouter : son corps était un serviteur soumis et peu bavard ; il ne la trahissait jamais. Elle était accoutumée à en disposer à son gré, à tout moment, sans tenir compte de la fatigue qui l’accablait parfois. Mais tout au long de cette journée et des suivantes, le refrain ne cessa de lui rebattre les tympans, un peu à la façon d’une balle qui aurait rebondi des lèvres d’un passant directement dans son oreille. Pourtant, elle ne se souvenait pas d’avoir attrapé cette phrase dans la rue ni à la radio de la cuisine qui était toujours allumée. Au cours des semaines qui suivirent, la phrase devint une rengaine, et très vite une obsession dont elle ne savait comm ent se débarrasser. Un soir où par extraordinaire il lui restait un peu de temps, tout le monde étant déjà au lit, elle se mit à réfléchir au sens de ce couplet qui ne la quittait plus :Rendez-vous à la case départ. Elle songea aux marelles de son enfance, aux cases numérotées, à la Terre, à l’Enfer et au Paradis. Elle se souvint aussi des jeux de l’oie du
dimanche, quand elle était petite. Cette nuit-là, elle n’alla pas plus loin. Depuis la chambre, elle entendait son mari grogner : « Qu’est-ce que tu fous ? Tu viens pas te coucher ? » Un jour, elle se rendit compte que la voix dans son oreille s’était tue. Elle en fut soulagée et retrouva un regain d’énergie sans plus se poser de questions. Il y avait bien cette fêlure au fond de ses oreilles et aussi dans un recoin bien caché de son cœur. Mais il n’était pas encore temps de prendre les choses en mains. La récidive se produisit un dimanche. Les autres étaient allés se promener. Elle était restée à la maison pour repasser le linge de la famille. Le téléphone sonna. Elle posa son fer et décrocha. Une voix neutre, possiblement féminine, lui glissa à l’oreille le refrain familier : Rendez-vous à la case départ. On raccrocha aussitôt. L’obsession recommença. Peu à peu, la mystérieuse injonction se mit à la harceler partout, dans les lieux et les circonstances les plus improbables. >>>
RelectureCamille Frœhlinger-Klein -o-
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