La mort dans l ombre
65 pages
Français

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La mort dans l'ombre , livre ebook

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Description

Léonce CAPOULIN, jeune reporter travaillant depuis peu à l’Étincelle, se désespère d’être cantonné à recueillir dans les commissariats, les petits faits-divers que ses confrères dédaignent.


Aussi, quand Raphaël Gauzy, son directeur, lui demande de retrouver le mari disparu d’une amie de sa femme, Léonce CAPOULIN voit là l’occasion de faire ses preuves et de briller auprès de son supérieur.


Malheureusement pour lui, l’homme est bientôt repêché dans la Seine. La police conclut au suicide.


Mais Léonce CAPOULIN, d’après les éléments déjà récoltés, refuse de croire à une mort volontaire et, malgré l’injonction de son chef, il décide de poursuivre son enquête.


Il ne tarde pas à découvrir que le dernier lieu dans lequel s’est rendue la victime est une maison appartenant à Raphaël Gauzy...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 novembre 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070037843
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LA MORT DANS L'OMBRE


D'après le fascicule « La mort dans l'ombre » publié en 1932 dans la collection « Police et Mystère » des éditions Ferenczi (réédition du fascicule éponyme publié en 1919 dans la collection « Le Roman Policier » des éditions Ferenczi).
CHAPITRE I
 
Léonce Capoulin, reporter à l' Étincelle, se désolait. Depuis trois mois qu'il appartenait à la rédaction de ce journal, pas une seule fois, il n'avait eu l'occasion de se distinguer. Le chef des informations, Julius Jonnard, accaparait les grands reportages et Capoulin, sous prétexte qu'il était jeune et nouveau dans le métier, devait se contenter de recueillir, chaque soir, dans les commissariats, les laissés-pour-compte de ses confrères.
Or, Léonce Capoulin était ambitieux, il était débrouillard, intelligent, actif, fouineur, surtout. Que de copie il eut fournie si on l'eût laissé libre, mais Jonnard ne plaisantait pas sur ce chapitre, il entendait que rien ne fût descendu à la composition qui ne fût revêtu de son visa. Devinant en Capoulin un rival, il ne l'avait autorisé, jusqu'à ce jour, à donner que des « papiers » sans intérêt, si bien que le jeune reporter était profondément ignoré, non seulement du public, mais de son directeur, l'éminent Raphaël Gauzy.
Assis devant son bureau, la tête entre ses mains, Léonce Capoulin se remémorait avec amertume tous ces détails ; tristement, il songeait au magnifique voyage qu'accomplissait en ce moment Julius Jonnard, et il allait tenter une démarche désespérée près de Raphaël Gauzy, lorsque retentit la sonnerie du téléphone.
D'un pas indifférent, il se rendit à la cabine téléphonique et prit l'un des récepteurs. Il tressaillit : son correspondant n'était autre que le directeur lui-même.
— Julius Jonnard n'est pas de retour ? questionna Raphaël Gauzy.
— Non, monsieur. J'ai reçu un mot de lui ce matin, il m'annonce qu'il prolongera d'une semaine son séjour en Italie.
— Le Diable l'emporte ! gronda le directeur, qui, d'un ton sec, ajouta :
— C'est vous, Capoulin ?
— Oui, monsieur le directeur.
Il y eut un silence, la voix reprit :
— Venez me trouver à l'instant. Prenez un taxi… Avertissez votre chef de service que vous ne rentrerez pas de la journée.
— Bien, monsieur !
Léonce raccrocha le récepteur, prévint son chef de service et héla un taxi. Au 23 de la Chaussée-d'Antin, le taxi stoppa. Le jeune reporter eut à peine réglé le chauffeur qu'un domestique, à l'air grave, s'avança vers lui. L'entraînant vers l'ascenseur il lui dit :
— Vite ! vite ! Monsieur s'impatiente !
Il fallait, en effet, que l'impatience de Raphaël Gauzy fût grande, car, oubliant le décorum qui lui était cher, il vint lui-même au-devant de Léonce Capoulin. Froidement, il l'examina des pieds à la tête comme un maquignon le cheval qu'il veut acheter. Cet examen le satisfit sans doute, car, d'un ton affable, il lui dit :
— Mon cher Capoulin, le hasard vous met entre les mains une affaire superbe. J'espère que vous vous montrerez digne de la confiance que je vous témoigne en faisant appel à votre concours.
Capoulin s'inclina en silence : la physionomie de son directeur ne lui plaisait pas. Sans savoir pourquoi, il éprouvait en sa présence un malaise indéfinissable. Gros, court, la face blême et bouffie, les yeux à fleur de tête, le nez épaté, la bouche sinueuse, Raphaël Gauzy n'inspirait pas la confiance. Un binocle à verres fumés cachait ses yeux petits et sans expression. Malgré lui, en le voyant ainsi agité, le reporter se souvint des louches histoires qui couraient sur cet homme et qu'il avait entendu conter par ses confrères. On parlait d'affaires véreuses, de compromissions très graves, de tripotages. Léonce n'avait jusqu'alors attaché aucune importance à ce qu'il appelait des racontars, mais, à l'heure présente, il se disait que, vu de près, ce personnage correspondait trait pour trait au portrait peu flatteur qu'on traçait de lui. Il comprenait que Gauzy vécût à l'écart et qu'il n'eût de rapports qu'avec les chefs de service. Son prestige vis-à-vis de ses collaborateurs ne pouvait qu'y gagner.
Cependant, ils étaient arrivés dans le bureau du directeur de l' Étincelle. C'était un bureau sévère, austère, même. Deux bibliothèques de chêne, une table de travail recouverte d'un tapis bleu, deux fauteuils de cuir, quatre chaises en formaient l'ameublement.
Près de cette table se tenait une femme en grand deuil. Son voile, un long voile de crêpe, lui cachait le visage. Au profond salut que lui adressa le jeune homme, elle répondit par un simple signe de tête.
Raphaël Gauzy prit place dans un des fauteuils, mais il n'invita pas son collaborateur à s'asseoir. Ce manque de courtoisie ajouta à l'impression pénible que ressentait Léonce depuis son arrivée. Visiblement, son directeur ne se servait de lui que comme pis-aller. D'un ton sec, celui-ci déclara :
— M lle  Chantin, amie de M me  Gauzy, m'a fait l'honneur de me confier ses inquiétudes au sujet de la disparition mystérieuse de son père, M. Régis Chantin, courtier, très connu, qui occupait rue de la Grange-aux-Belles, 127, un vaste appartement. M. Régis Chantin est parti, il y a deux jours, de son domicile et n'y a point reparu depuis. M lle  Chantin, s'étant en vain adressée à la police, a cru que je serais plus heureux. Votre chef de service m'a parlé de vous en termes flatteurs, j'ai pensé que vous vous chargeriez volontiers de cette affaire.
— Je vous remercie, monsieur ; je m'efforcerai de me montrer digne de votre confiance… M'est-il permis de poser quelques questions à Mademoiselle ?
Un nuage passa sur le front du directeur qui répliqua avec une vivacité singulière :
— Je vous ai fidèlement résumé ce qu'a cru devoir me dire M lle  Chantin, il me paraît donc inutile de raviver sa douleur par d'intempestives questions… Si vous croyez que l'éclaircissement de ce mystère est au-dessus de vos forces, ne craignez pas de l'avouer. J'ai prévenu Mademoiselle que Julius Jonnard étant absent, je ne pouvais lui garantir le succès.
Froissé dans son amour-propre, Léonce répondit :
— Julius Jonnard est un reporter habile, mais ce n'est pas le seul reporter qu'il y ait à Paris. Cette affaire m'intéresse au point que je l'entreprendrais pour mon compte si, par impossible, vous reveniez sur votre décision de me la confier.
Raphaël Gauzy réprima un geste de colère. Se maîtrisant, il dit :
— Soit, occupez-vous-en, mais je vous conseille la plus grande discrétion, la plus grande prudence, surtout. Si vous l'oubliiez, vous auriez peut-être à vous en repentir… Je ne vous retiens plus, allez et bonne chance !
Durant cette conversation, M lle  Chantin n'avait pas prononcé une seule parole. Pas une seule fois, elle n'avait levé son voile.
Tandis, qu'intrigué par cette singulière attitude, Léonce descendait l'escalier, un homme le croisa qui, l'ayant dévisagé, lui demanda :
— Vous êtes bien monsieur Léonce Capoulin, reporter à l' Étincelle.
— Parfaitement, monsieur.
L'inconnu s'assura que nul ne les épiait. Très vite, il murmura :
— Croyez-moi, ne vous occupez pas de la disparition de Chantin.
— Et pourquoi, s'il vous plaît ? Qui êtes-vous pour me parler de la sorte ?
— Que vous importe mon nom ? Il ne vous apprendrait rien. Sachez seulement que plus que tout autre, Raphaël Gauzy souhaite que vous ne trouviez rien.
Avant que le reporter ne fût revenu de la surprise que lui causaient ces paroles, l'inconnu, ayant pénétré dans l'ascenseur, pressait le bouton de descente.
Quelque diligence qu'eût mise Léonce à descendre l'escalier, lorsqu'il arriva devant la loge du concierge, l'inconnu avait disparu. L'inconnu ? Non, le reporter avait la certitude d'avoir déjà rencontré cet homme. Où ? Dans quelles circonstances ? il n'aurait pu le dire.
Pourtant, loin de le détourner de ses projets, cet incident ne fit qu'exciter sa curiosité. Sautant dans un taxi, il se fit conduire au 127 de la rue Grange-aux-Belles. L'appartement occupé par M. Chantin était consigné, la police y avait apposé les scellés, ce qui causait à la concierge de perpétuels soucis. Léonce n'apprit que peu de choses : M. Chantin habitait depuis quinze ans cet appartement, il y vivait seul, ne recevait que de rares visites. Il était courtier en diamants, paraissait jouir d'une honnête aisance, on l'estimait, il se montrait généreux. On l'avait vu partir il y avait deux jours, mais, d'une discrétion absolue, il ne faisait jamais connaître le but de ses promenades.
— Avait-il un sac, une cassette, un paquet ? demanda le reporter.
— Non, répondit la concierge, il n'avait que son parapluie.
— Était-il gai ou triste ?
— Plutôt soucieux.
— Il ne vous a rien dit de particulier...

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