La mort sous enveloppe
46 pages
Français

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La mort sous enveloppe , livre ebook

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Description

L’inspecteur MACHARD de la Brigade Mobile est envoyé à Beauvais pour enquêter sur le vol de 200 000 francs ayant disparu au domicile de monsieur Leroy.


Arrivé sur les lieux, il est étonné de constater la présence d’une foule de badauds, de policiers et même ces messieurs du Parquet !


Bigre, tant de monde pour un simple vol ? se dit MACHARD, ce Leroy doit être un homme important.


« Devait être » serait plus juste, monsieur Leroy vient d’être retrouvé mort empoisonné...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 avril 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9791070035085
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DE
L'INSPECTEUR MACHARD

LA MORT SOUS ENVELOPPE
Récit policier

Maurice LAMBERT
I
DEVANT LE NUMÉRO 7

Il pleuvait. Une sale petite pluie fine, pénétrante, qui estompait le décor et en accentuait la tristesse.
Évidemment, un déluge ! grogna l'inspecteur Machard, en relevant le col de son pardessus.
Cela, il l'avait prévu en montant dans le train, une heure plus tôt. La pluie, fidèle compagne de ses enquêtes en province, la pluie, qui l'horripilait, ne pouvait manquer, en ce matin de novembre, de l'accueillir à sa descente de wagon.
Il lança un coup d'œil hargneux à la petite place, à ses hôtels mornes, et se dirigea vers l'inévitable Bar de l'Arrivée. Le café y était bon, le calvados parfumé, la serveuse accorte. Du coup, Machard faillit sourire. Mais le bruit des gouttes sur les vitres amena à nouveau, sur son visage, une grimace de mauvaise humeur.
Dire que le hasard – avec la complicité de son chef – aurait aussi bien pu le conduire dans un coquet appartement de Montmartre, théâtre d'un drame passionnel, ou le lancer à la poursuite d'un gangster en renom !
Ah ! Oui ! On lui avait repassé une affaire ridicule, un fait divers banal, auquel les journaux n'avaient même pas accordé cinquante lignes. La belle histoire : un vol de deux cent mille francs.
En province, encore ! Non pas dans une ville gaie et remuante, mais à Beauvais.
Et il pleuvait !
Pour être verni, murmura l'inspecteur, je suis verni !
Rageur, il appela la serveuse, paya sa consommation, puis questionna :
La rue Nationale ?
C'est tout près. Traversez la place…
Le numéro de M. Leroy ?
La jolie fille prit un air éploré.
Pauvre M. Leroy ! soupira-t-elle. Quelle affaire ! Un homme qui…
Ça va, coupa Machard, où habite-t-il ?
Euh, au numéro 7…
Muni de ce renseignement, le policier laissa là la fille, stupéfaite d'avoir été ainsi rabrouée, et partit dans la direction indiquée. Sur la place, il avisa deux femmes qui conversaient sous un parapluie.
Pauvre M. Leroy, répétait l'une d'elles, lui qui n'aurait pas fait de mal à une mouche…
Pauvre M. Leroy, s'emporta à mi-voix l'inspecteur, pas si pauvre que ça ! Il lui reste au moins deux bons millions. Que diraient-ils s'il était mort ?
La maison de M. Leroy, bâtie dans un style 1900 bon teint, présentait toutes les caractéristiques de la demeure bourgeoise de petite ville. C'était cossu, mais gris et rébarbatif.
Grande fut la surprise de l'inspecteur de constater que, malgré le temps, une centaine de personnes, maintenues par un agent débonnaire, piétinaient dans la boue devant cette « maison où il s'était passé quelque chose ».
Ils ne craignent pas la pluie, eux, constata-t-il avec amertume. Qu'attendent-ils, nom d'un chien ?
Il marcha vers un gros homme à la mine réjouie qui, sous la véranda, donnait des ordres à un agent.
Le commissaire ? Inspecteur Machard, de la brigade mobile…
L'autre lui serra la main avec une effusion qu'il ne s'expliqua que quelques minutes plus tard.
Vous arrivez bien, s'écria le commissaire, croyez-vous ? Quelle histoire !
Bah ! Un petit vol, quoi ! Pour un monsieur comme Leroy, deux cent mille francs de plus ou de moins…
Le magistrat leva les bras au ciel.
Oh ! Le vol, aucune importance… Mais, dites donc, vous avez fait vite. Il y a à peine une heure que j'ai téléphoné à la Police judiciaire… Tenez, voilà le Parquet.
Ces messieurs se sont dérangés… bigre ! On voit que Leroy est un personnage important.
Le procureur est même assez ennuyé. C'est un jeune et c'est son premier meurtre.
Son premier meurtre ? fit Machard qui ne comprenait plus. On a tué quelqu'un ici ?
Maintenant, c'était au tour du commissaire de ne plus comprendre.
Vous n'allez pas prétendre que…
Les deux hommes se regardaient, ahuris.
Voyons, reprit l'inspecteur, j'arrive pour travailler sur un vol de deux cent mille francs et vous me parlez d'un meurtre…
Comment ? Vous ne savez pas que Leroy a été assassiné ?
Hein ?
Il sursauta. Leroy assassiné, voilà qui expliquait tout, les « pauvre M. Leroy », l'attroupement, le Parquet. Leroy assassiné deux jours après avoir été dépouillé de deux cent mille francs !... Pas étonnant qu'il y ait du remue-ménage dans la ville ! En somme, il était le seul à ignorer le drame, lui à qui allait échoir la tâche de rechercher le meurtrier.
« Je dois avoir l'air fin », pensa-t-il.
Et il ajouta tout haut :
N'étant pas passé à la Préfecture avant mon départ, je ne suis pas au courant. Comment a-t-il été tué ?... Revolver ?
Non, poison… Une drôle d'histoire !
Racontez-moi ça…
D'autorité, l'inspecteur entraîna son interlocuteur dans un long vestibule sombre sur lequel s'ouvraient plusieurs portes. Le commissaire en désigna une.
Son bureau. C'est là… Vous voulez le voir ?
Une minute, racontez d'abord.
Le procureur vint se joindre à eux, avec son juge et un greffier barbu. Tous trois semblaient véritablement mal à l'aise et le policier comprit qu'ils lui abandonnaient tacitement la direction des opérations.
Hier soir, reprit le commissaire, vers vingt et une heures, la sœur de M. Leroy, M lle Angélique, comme toujours à pareille heure, frappa au bureau de son frère, pour lui souhaiter le bonsoir. N'obtenant pas de réponse, elle ouvrit la porte et trouva le malheureux affalé sur sa table, mort. Elle appela les voisins, fit chercher un médecin. Ce dernier conclut d'abord à une crise cardiaque, mais la dilatation des pupilles révélait que Leroy avait été empoisonné. On ne peut émettre l'hypothèse d'un empoisonnement accidentel, le défunt avait mangé et bu, à ses repas de midi et du soir, comme son entourage. D'un autre côté, rien n'a été volé, ni même dérangé, et on s'explique mal le pourquoi d'un tel meurtre… À moins qu'il ne soit en corrélation avec le vol...
Leroy a pu se suicider.
Improbable ! Quels motifs l'auraient poussé à quitter ce monde ? Il était riche, adorait la vie douillette qu'il s'était organisée… Ah ! J'oubliais ! Sur la table, on a retrouvé une bouteille de cognac. J'ai chargé un pharmacien d'analyser le contenu. Nous serons fixés tout à l'heure…
Et le médecin, qu'en pense-t-il ?
D'après lui, ce serait de la strychnine.
Machinalement, Machard se mit à rouler une cigarette.
Drôle d'affaire, répéta le commissaire, qui réitéra son invitation.
Vous voulez le voir ?
Allons-y ! Il y a des cadavres qui parlent…
Celui-là gardait le secret de sa fin tragique. Rien dans son attitude ou dans l'expression de ses traits ne permettait d'évoquer son ultime réaction. Le visage était verdâtre, tiré. On n'y lisait ni la peur ni l'appréhension. Prudent, le médecin avait examiné la victime presque sans la bouger et la position du corps, écroulé sur la table, dénotait que le malheureux avait rendu le dernier soupir sans avoir eu la force ni le temps de tenter de se lever.
Aucun désordre dans la pièce dont volets et rideaux étaient tirés. Aucune de ces traces, parfois minuscules, que laisse immanquablement derrière lui le meurtrier le plus adroit.
Machard se baissa pour ramasser un verre à liqueur qui avait roulé sur le tapis. Avec précautions, il l'enveloppa dans son mouchoir et le fourra dans sa poche.
Leroy buvait sec, remarqua le commissaire. Celui qui a fait le coup connaissait son péché mignon… Or, le pauvre homme bénéficiait d'une solide réputation de sobriété. Il présidait deux ou trois ligues de tempérance et eût été bien fâché qu'on apprît son goût pour l'alcool… Cela restreint le champ des recherches.
Le procureur, pendant ce temps, errait à travers la pièce, en évitant de regarder le mort. Il était impressionné et cachait son désarroi en prenant force notes. Il se décida cependant à échanger quelques lieux communs avec l'inspecteur qui dut ensuite écouter les phrases creuses du juge. Là se borna l'activité de ces messieurs qui se retirèrent, après avoir déclaré que l'instruction commencerait sans délai.
Machard et son collègue quittèrent le bureau au moment où deux hommes en blouse blanche emportaient le cadavre pour l'autopsie. D'un angle du vestibule

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