Le disparu du « Sagittaire »
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Le disparu du « Sagittaire » , livre ebook

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Description

Le capitaine Léonce Paradis est soulagé. Son cargo, le « Sagittaire », est bientôt prêt à reprendre la mer à la suite d’un passage en cale, dans le port de Rouen, afin de réfection.


Aussi, c’est avec une certaine allégresse qu’après une soirée au bistrot, il remonte sur son rafiot et rejoint sa cabine.


Mais la joie fait rapidement place à la stupeur, puis à l’horreur : un inconnu dort dans son lit de son ultime sommeil administré d’une balle dans la tempe.


Affolé, Léonce Paradis court au commissariat le plus proche et revient, avec le policier de permanence, dans ses pénates ; sa couche est vide !


Ni blague ni hallucination éthylique, les traces de sang sur les draps ne laissent aucun doute sur le drame qui s’est déroulé ici.


Il faut se rendre à l’évidence, le corps a disparu...


Pour résoudre cette mystérieuse affaire, la 1re Brigade de Paris envoie l’un de ses meilleurs hommes, l’inspecteur MAZÈRE...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 avril 2021
Nombre de lectures 7
EAN13 9791070034903
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES ENQUÊTES
DU
COMMISSAIRE MAZÈRE

LE DISPARU DU « SAGITTAIRE »
Roman policier

Maurice LAMBERT
I
LE CADAVRE EN FUITE

Deux hululements de sirène – un long, un court – déchirèrent la brume. Une péniche remontant la Seine vers Paris annonçait ainsi qu'elle allait franchir le pont Boieldieu.
Ce fut comme un signal. Peu à peu, les quais déserts s'animèrent. L'aube, en se levant, délivrait à petits coups le décor de coques noires et rouges, de cheminées, de mâts de charge, qu'une purée de pois tenace estompait curieusement.
Progressivement, les bruits les plus divers se déchaînèrent, s'orchestrant en une impressionnante symphonie du travail, et le commandant Léonce Paradis, accoudé au zinc du Bar des Vrais Marins, où il savourait son calvados matinal, pensait en lui-même que c'était bien la plus belle musique qu'un homme puisse écouter.
Alors, commandant, lança le patron, bientôt prêt, le Sagittaire ?
L'autre cracha délicatement dans la sciure avant de répondre, son verre à la main :
Un autre calva !... Oui, dans deux jours, le Sagittaire lève l'ancre. Pas trop tôt ! Je commençais à trouver le temps long, dans ce pays… C'est que ça fait quinze jours que ces sacrés ferrailleurs tripotent les flancs de mon bateau. Il a fallu faire venir une chaudière de Lille et je ne sais quoi encore ! Un tas d'embêtements ! Si l'armateur se doutait…
Et le commandant se plongea dans une violente diatribe contre les armateurs. C'était son plaisir, à ce brave homme, de pérorer en public sur ce sujet qui lui tenait à cœur, depuis vingt ans qu'il conduisait son cargo de Rouen à Oslo et d'Oslo à Rouen.
Le patron du bistro, qui connaissait le refrain, se découvrit soudain le besoin urgent de « faire sa cave » et disparut. Privé d'auditoire, le commandant arrêta net son discours, haussa les épaules, jeta quelques pièces sur le comptoir et s'en fut. Il longea le quai pendant une centaine de mètres et atteignit le dock flottant n° 3 où le Sagittaire, en cale sèche, suivait son traitement. Il s'immobilisa une minute.
« Sacrée vieille barque, songea-t-il, maintenant qu'elle est repeinte, elle a fière allure ! »
Sans hésiter, il mit le pied sur la frêle planche qui reliait le navire au quai et qui plia sous son poids. D'un geste, il salua les hommes affairés sur le pont, avant de descendre l'escalier à pic qui menait à sa cabine.
D'une main ferme, le commandant Léonce Paradis ouvrit la porte de son minuscule appartement. À ce moment encore, c'était un homme décidé, maître de ses réactions, à qui il n'aurait pas fait bon dire qu'il existait au monde une chose capable de lui faire perdre son sang-froid.
Pourtant, une seconde plus tard, pour la première fois, le commandant Léonce Paradis sentit ses jambes trembler, en même temps qu'une rage froide l'envahissait. C'est cela : la peur et la colère l'habitaient soudainement.
La peur, parce que le cadavre, avec ce trou dans la tempe, était bien vilain à contempler, surtout à l'improviste. La colère, parce que cet imbécile aurait pu aller se faire tuer ailleurs que dans sa cabine ! Et sur sa couchette !
On aurait pu croire que l'homme dormait. Les yeux clos, son visage reflétait une tranquillité absolue. Il était étendu sur le dos, dans une position normale, celle du repos. De la tempe gauche coulait un filet de sang coagulé.
Ma couverture est tachée, grogna le commandant.
À mesure qu'il reprenait ses esprits, l'étrangeté de la situation lui apparaissait avec plus de netteté. C'était effarant : dans sa cabine à lui, Léonce Paradis, commandant du Sagittaire, on avait tué un homme, un homme qu'il n'avait jamais vu !
En proie au besoin de communiquer aux autres son émotion, il se rua sur l'escalier qu'il gravit quatre à quatre. Il jeta la perturbation sur le pont en hurlant :
Un crime ! On a commis un crime dans ma cabine !
Maintenant, pénétré d'importance, il donnait des ordres :
Restez sur le pont… Ne descendez pas, surtout ; je vais chercher la police.
L'arrivée du commandant Léonce Paradis au commissariat de police de la rue des Charrettes causa une certaine sensation.
Le commissaire, vite ! Un meurtre sur le Sagittaire ! Oui, un meurtre !
Il ajouta, marquant ainsi sa personnalité :
Le Sagittaire, c'est mon bateau.
Celui qui fit une jolie grimace, ce fut le commissaire de permanence, lorsqu'on lui amena le commandant. Pour lui, la journée finissait à l'aube, puisqu'il avait assuré le service la nuit entière, aussi vit-il d'un œil mauvais ce fâcheux qui venait lui annoncer un crime à sept heures du matin, une demi-heure avant l'arrivée de son collègue de jour. Il appela un brigadier.
La voiture avec quatre hommes ! Prévenez le médecin légiste qu'il se rende à bord du Sagittaire, en cale sèche dans le bassin, dock 3.
Il attrapa le commandant par le bras.
Allons-y, cher monsieur.
Un inspecteur principal, qui terminait son service lui aussi, se joignit à eux. Pendant le trajet, Paradis répéta son récit et répondit aux questions, d'ailleurs insignifiantes, qu'on lui posait.
La nouvelle s'était propagée avec rapidité, comme toujours, en pareil cas. Les agents durent écarter les curieux qui bloquaient la planche donnant accès au cargo. Sur le dock 3 et les docks environnants, le travail avait cessé.
Le commandant prit la tête de la petite colonne qui s'enfonça dans les aménagements du navire. Un agent se posta sur le pont, afin d'interdire à quiconque de monter à bord.
C'est là, monsieur le commissaire.
Du doigt, Paradis montrait sa cabine. Tout à coup, les yeux ronds, il balbutia :
Mais… mais… la porte est ouverte !
Eh bien ?
Je l'avais fermée avant de venir.
Le commissaire haussa les épaules.
Un des ouvriers a voulu voir le cadavre, sans doute… Entrons.
Ils poussèrent la porte, sur le seuil de laquelle ils s'immobilisèrent, stupéfaits.
Le mort, râla Paradis, il est parti !
Hein ? rugit le commissaire en se précipitant dans la pièce.
Il fallait se rendre à l'évidence : le cadavre avait disparu. La couchette conservait l'empreinte de ses formes et à la hauteur du traversin une longue tache écarlate souillait la couverture. Le commandant, prévoyant la réaction du commissaire, s'empara de ces indices pour étayer sa déclaration.
Je ne suis pas fou ! Voilà qui prouve que j'ai dit la vérité.
Hum ! Un cadavre ne s'envole pas !
Très calme au milieu de l'agitation générale, l'inspecteur principal s'était approché du lit.
Oui, remarqua-t-il à l'intention de son chef, un cadavre ne s'envole pas, mais on peut voler un cadavre… Cela s'est vu.
Vous prétendez qu'on… C'est absurde !... D'abord, commandant, votre homme était-il bien mort ? N'était-il pas simplement blessé ? Revenu à lui, il aurait pu se lever et quitter le bord pour se rendre chez un médecin, par exemple. Vous êtes-vous assuré qu'il avait cessé de vivre ?
Paradis rougit un peu.
Non, j'avoue… Je n'ai pas osé le toucher. Je suis resté à l'entrée de la cabine.
Un homme blessé aussi sérieusement, reprit l'inspecteur, aurait laissé des traces en quittant le bateau. Nous aurions trouvé du sang sur le parquet de la cabine, sur le pont, sur le quai, même. Il y a ici des serviettes, de quoi faire un pansement sommaire. Or, à première vue, il apparaît que rien n'a été dérangé.
Le commissaire resta songeur.
Vous avez raison, mon vieux. Si le commandant n'a pas été le jouet d'une illusion, ce que je ne crois pas, il nous faut nous résigner à commencer cette enquête par une constatation inhabituelle : la victime est en fuite, si j'ose m'exprimer ainsi, ce qui revient à dire que nos recherches vont être singulièrement difficiles, puisque nous aurons à retrouver à la fois l'assassin et sa victime… Drôle d'affaire !... Tiens, vous voilà, docteur !
Cette apostrophe s'adressait à un bonhomme jovial qui entrait, une trousse à la main, en cherchant des yeux le cadavre fantôme. Le médecin ne comprit pas tout de suite pourquoi sa venue déchaînait une hilarité quasi générale, à laquelle, seul, Paradis ne prenait pas part. Le commissaire se consolait de sa déconvenue en se moquant de l'air étonné du praticien qui scrutait la pièce sans découvrir la victime.
Vous arrivez trop tard, docteur !
Quoi ?
Oui,

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