Le Père et la nouvelle paternité
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Le Père et la nouvelle paternité , livre ebook

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Description

Qu’est-ce qu’un père ? En quoi son rôle est-il différent de celui de la mère ? Quelle place occupe-t-il dans le développement de l’enfant ? Entre le modèle classique de la paternité incarné par le père sévère, garant de l’autorité, et celui totalement opposé du papa poule des années 1980, une nouvelle paternité s’est aujourd’hui peu à peu affirmée. Pour la première fois, un spécialiste reconnu du développement de l’enfant, Jean Le Camus, et une psychanalyste, Monique Eizenberg, s’associent pour retracer la longue construction de la figure paternelle au cours de l’histoire et ses formidables évolutions lors des dernières décennies. Cette double approche nous fait comprendre en quoi et comment le père a gagné sa place et pourquoi l’enfant a tant besoin de cette nouvelle paternité pour réussir son entrée dans la vie. Jean Le Camus est psychologue, professeur émérite des universités et spécialiste du développement du petit enfant. Il a notamment publié Le Vrai Rôle du père, Comment être père aujourd’hui, Le Père et l’Enfant. À  l’épreuve de la séparation. Monique Eizenberg est psychologue clinicienne et psychanalyste membre de la Société psychanalytique de Paris, ayant une longue expérience en libéral. 

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738155672
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dessins Cléa Favre
© O DILE J ACOB , JUIN 2022 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-5567-2
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo .
Avertissement

Tout au long du XX e  siècle et depuis le début du XXI e , le thème de la paternité a intéressé non seulement les écrivains – essayistes et romanciers –, mais aussi les chercheurs en sciences sociales (histoire, sociologie, ethnologie) et en sciences humaines (psychologie, psychiatrie, psychanalyse). Nous partageons cette curiosité que nous allons développer en réduisant considérablement la focale : réduction temporelle, puisque notre regard embrassera la période qui va du milieu du XX e  siècle à nos jours ; réduction du champ scientifique aussi, puisque nous nous positionnerons comme psychologues de l’enfant en harmonisant, autant que faire se peut, l’approche de la clinicienne et celle du chercheur. Le fait que nous ayons été, il y a bien longtemps et avec un décalage temporel qu’explique notre différence d’âge, parmi les élèves de Philippe Malrieu – professeur de psychologie à l’université Toulouse-Jean-Jaurès et fondateur du laboratoire « Personnalisation et changements sociaux » (PCS) – n’est pas étranger à cette tentative de rapprochement. Nous avons donc, Monique Eizenberg et moi-même, un enracinement intellectuel commun. Par ailleurs, nos parcours professionnels respectifs nous ont amenés à collaborer à plusieurs reprises.
Introduction

Jean Le Camus
En préambule, je voudrais ici expliquer pourquoi mes travaux se sont focalisés sur le père et plus spécialement encore sur le père du jeune enfant. Ma double appartenance au monde des acteurs de la motricité humaine (en qualité de professeur d’éducation physique et sportive, j’ai exercé pendant une douzaine d’années à l’UFR STAPS) et au monde de la psychologie universitaire (en qualité de professeur à l’UFR Toulouse-Jean-Jaurès, j’ai enseigné pendant vingt-trois ans) m’a convaincu de l’importance du développement moteur précoce de l’enfant : Henri Wallon m’avait fait comprendre que dans la phase préverbale du développement de l’enfant, le mouvement constitue « le premier instrument et la première expression du psychisme ». J’étais convaincu aussi par l’importance des relations que l’enfant tisse très tôt au sein de sa famille, et, pour commencer, avec sa mère et son père. Ces deux croyances consolidées par les contributions de quelques personnalités scientifiques de haut rang (Julian de Ajuriaguerra et Serge Lebovici, par exemple) m’ont conduit à créer une équipe de psychologie du jeune enfant au sein du laboratoire PCS. J’ai eu la chance aussi d’assister à l’éclosion des « nouveaux pères » : cette apparition localisée principalement en Amérique et en Europe a représenté, pour les témoins de l’époque, un phénomène culturel historique. Je dois préciser enfin que mes avancées dans le domaine de la recherche ont été stimulées par la présence de coéquipiers talentueux, et je ne dirai jamais assez combien je dois à la créativité et à l’ardeur au travail de ces jeunes chercheurs… aujourd’hui proches de la retraite. Leurs productions au cours des années 1990 méritent encore la citation.
À cette heure, et alors que j’ai déjà vécu vingt-deux années de réflexion postuniversitaires, mes convictions d’enseignant-chercheur, père et grand-père de surcroît, n’ont pas subi l’usure du temps. Il me semble toujours aussi évident que les deux parents, la mère et le père, contribuent fortement et de manière complémentaire au développement de l’enfant, et ce dès son plus jeune âge. Évident que, dans la mesure du possible, ils doivent être présents au même titre et avec la même assiduité auprès du bébé et de l’enfant. Évident que leur mission est pour une part commune (ils sont également pourvoyeurs d’amour et d’autorité), pour une part différente (ils sont – le plus souvent – homme et femme et ils ont aussi affaire à des garçons et/ou à des filles, c’est-à-dire à des personnes sexuées). Cette dernière affirmation, fruit d’une expérience scientifique de longue durée, n’a fait que se clarifier et se renforcer au fil des échanges qui m’ont ouvert aux idées de ma collègue praticienne, Monique Eizenberg. Me familiariser avec l’idée de « sexualité psychique » et avec la démarche thérapeutique préconisée par la psychanalyse d’aujourd’hui ne m’a pas effarouché, loin de là : au contraire, je suis ressorti du dialogue plus lucide et plus tolérant.
Monique Eizenberg
La traversée de l’histoire, les guerres, les progrès scientifiques, les grandes découvertes, les lois de l’évolution nous ramènent toujours au constat que quelle que soit l’époque, il faut un homme et une femme pour concevoir un autre être humain, ou, au minimum, un spermatozoïde et un ovule. Mais cela suffit-il à lancer dans l’aventure un autre être muni des capacités nécessaires à son adaptation au monde ?
Le projet de concevoir un enfant s’inscrit, du moins dans notre culture européenne, dans une réflexion approfondie dont les conclusions ne sont pas si évidentes car, aujourd’hui, la continuité narcissique intergénérationnelle n’en est plus la seule justification.
Les angoisses sur l’avenir freinent la réalisation d’un projet d’enfant, d’autant que chaque homme, chaque femme peut contrôler ce désir dans sa mise en acte ou non. Malgré cette maîtrise théorique de la fécondité, les lois internes au psychisme humain nous montrent que « le moi n’est pas maître en sa demeure » et qu’il y a toujours des avortements spontanés, provoqués, des interruptions médicales de grossesse, ce que j’appelle des accidents de la vie.
Aujourd’hui, pendant que j’écris ces lignes, une extraordinaire et gravissime crise sanitaire touche l’humanité tout entière, de par le coronavirus, un fantôme capable de semer la mort à la plus grande échelle. Cependant, toute crise, tout danger ouvre des questionnements nouveaux et à ce jour, la question de l’enfant, des places et fonctions parentales est encore plus prégnante et nous interroge, en tant que psychanalyste, face à la souffrance psychique sous tous ses aspects.
Il me semble que, depuis Freud, l’évolution et le questionnement autour des parentalités se sont fortement accélérés.
Le terme « parentalité » est inventé par Paul-Claude Racamier en 1961 et introduit dans le Vocabulaire de la psychanalyse de Laplanche et Pontalis (nous en reparlerons plus loin). Il inclut le père et la mère, en produisant la cellule sociale, qui a une incidence considérable sur le devenir de notre civilisation : elle peut être facteur de progrès extraordinaire comme facteur de destruction de l’ordre établi jusque-là. Plus la civilisation se complexifie, plus l’équilibre entre pulsions de vie et pulsions de mort est fragile.
Dans la pratique clinique, je constate que depuis de nombreuses années, et cela insidieusement, les pères prennent une place nouvelle dans la relation avec leur(s) enfant(s). Le fait qu’un couple sur deux en moyenne se sépare favorise la prise de responsabilités des pères, dans un pourcentage cependant trop faible encore (30 %).
Pour Freud, son père eut un rôle identificatoire fondamental bien qu’un écart d’âge non négligeable existât entre eux ; il le vit subir des humiliations en tant que juif, ce qui eut pour effet de dégrader l’image qu’il avait de lui en même temps qu’un désir de réparation pour préserver l’intégrité de ce modèle identificatoire. C’est la perte de son père qui, le plongeant dans un état dépressif, lui ouvrit la voie de son autoanalyse et de la psychanalyse.
Pour lui, la mère, première séductrice de l’ infans , enfant avant le langage, a une fonction si évidente par nature qu’elle n’est pratiquement jamais remise en question. Et pourtant, à cause d’une histoire personnelle traumatique, une mère peut être maltraitante, physiquement et psychiquement.
Avant de développer la question du père dans la construction des tout premiers liens avec le bébé, je voudrais attirer l’attention du lecteur sur le fait que la majorité des séparations conjugales adviennent peu de temps après la naissance du premier enfant. C’est un constat douloureux car cette situation n’offre pas à l’enfant le bénéfice de vivre au sein d’une triade solide et le fragilise dans sa construction psychique. Par ailleurs, les systèmes actuels de garde en alternance posent aussi la question de leur impact éventuel sur l’enfant selon son âge, et celle de la santé psychologique des parents, etc. Nous y reviendrons au cours de cet ouvrage.
Il n’est pas possible de passer en revue toutes les situations quotidiennes dans lesquelles se joue la question de la parentalité, cependant des points cruciaux ressortent de mes constats d’analyste :
Dans la bataille pour l’égalité des sexes, une place était demeurée vacante ou écartée volontairement par le sexe féminin : celle de l’exercice des fonctions affectives et éducatives. Les pères peuvent enfin les expérimenter aujourd’hui, notamment dans les situations de séparation. Même si d’autres problèmes émergent, il n’est pas inutile d’y regarder de plus près. De ce fait, nous pouvons enfin parler de la fonction du père dès les tout premiers moments après la naissance, voire bien avant celle-ci.
L’homme aurait moins peur de montrer que nous avons une bisexualité psychique et que la relation avec un petit permet d’exprimer cette part fé

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