Les fugitifs
36 pages
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Les fugitifs , livre ebook

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Description


Un musicien raté ayant perdu son ombre bascule dans la folie.


De ma première journée passée dans le monde intermédiaire, ne subsiste plus dans ma mémoire que la vision dérisoire de la carte magnétique n°38 bis se soumettant à la pointeuse. Accessoire servile de tant d’années d’échecs. D’après le rapport de la police, on m’a retrouvé quelques heures plus tard à virevolter sous le soleil dans un jardin public, à la recherche de mon ombre perdue. Depuis le temps que ça les démangeait, les matraqueurs en uniforme me passèrent les menottes. Deux citoyens honnêtes avaient donné l’alerte. Ils faisaient une pause dans leur promenade matinale sous la frondaison d’un platane. Un vieux, une casquette incrustée sur la tête, et ce qu’il restait de sa moitié, muette comme une carpe, avait précisé le commissaire. Suivez mon regard...
Ils ont dit que j’avais étranglé Germaine avec la queue de sa souris. Et barbouillé des graffitis sur le mur du service : vive le Québec libre ! Et déféqué dans la corbeille du courrier à traiter.


Franck Membribe , catalan matinée d’helvète et réciproquement comme il se définit, nous donne présentement une histoire sombre qui ne se départit jamais d’un humour pince sans rire. Le talent de cet auteur se retrouve dans ses polars et ses romans jeunesses.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 août 2013
Nombre de lectures 1
EAN13 9791023402322
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

 
 
 
2
I.
À cette époque, je me garais dans une ruelle en pente, près d’une bretelle de l’autoroute. Loin du centre. Loin de la banque alimentaire. Après un demi-siècle d’immobilisme, une frénésie de grands travaux s’était emparée du pouvoir local. Il fallait coûte que coûte rendre aux piétons le centre-ville. Et les M.P. veillaient au grain. Pas les «»êm pi , non, les municipaux de la police. Verbalisateurs sanctifiés, revigorés par la croisade nouvelle. La croisade des carnets à souches avec ses blindés de la fourrière aux gyrophares clinquants. L’hôpital occupe tout le quartier. Cité interdite aux horaires inflexibles, immuables, pour les internés. Stricte. Comme un verdict sans procès.Azilu manizé? avait-on pu lire un jour sur le mur d’enceinte, avant le coup 3
de pinceau rédempteur du technicien de surface. Tag défoulant d’un évadé nostalgique ? Trait d’humour très noir d’un maniaque de la bombe en quête de nouvelles friches ? L’enfermement sans barbelés. Horaires de bureau pour les curistes. Ambulatoires de l’hôpital de jour qui déambulent dans les couloirs. Deux espèces en semi-liberté pressaient le pas chaque matin pour des soins palliatifs. Je les croisais au cours de ma randonnée quotidienne vers le quartier des affaires. Pour certains, tous les jours pendant des semaines. D’autres disparaissaient pour toujours, à peine entrevus, avec leurs gueules ahuries et tourmentées. Peut-être qu’ils n’avaient jamais pu ressortir de l’un des pavillons fliqués. Les soignants se repéraient à cent mètres. Du moins c’est ce que je croyais. Race en voie d’extinction. Les infirmiers psychiatriques. Spécialité devenue superflue dans la nomenclature officielle. Remplacés peu à peu par les « font fonction ». Cela dit et entre nous, pour celui qui avale des 4
comprimés à heure fixe, c’est blanche blouse et blouse blanche. Tenez-vous le pour dit, mais gardez-le pour vous. On n’est jamais assez prudent quand on en a déjà croqué… Ces tronches matinales ponctuaient mes semaines. Elles se ressemblaient toutes. Les semaines s’entend. Quoique les tronches aussi. D’une certaine façon. Les variations du thermomètre à elles seules ne pouvaient suffire à transfigurer le décor. Ni les visages. L’alternance des saisons ne surprend guère que la première année. Depuis l’année de la première guerre, on ne se surprend plus de rien, faut dire. Les mois deviennent si vite des secondes quand rien ne change en profondeur… Certains spécimens changeaient d’humeur, eux, à leur corps défendant. Au bon vouloir des praticiens. Probablement. Un jour, débile léger le cœur gros. Un autre, débile obèse le cœur léger. Heureux les simples d’esprit. Pas tous les jours de la semaine alors. 5
Avec le soir, l’énervement se voyait plus. L’énergie se contenait encore bien mal. Un individu sortant, non identifié, mais pressé, dévala le trottoir sur une planche à roulettes, tout en fumant, sans crier gare. Un ancien malade devenu soignant. Ou un soignant à soigner qui ne le savait pas encore. Tout se tient, à l’intérieur de l’enceinte. Au dehors, mieux vaut ne rien savoir. Croyez-moi sur parole.
Avant la banque, la gare routière. Des visages blêmes. Toujours les mêmes. Ça, je l’ai déjà dit. Parce que ça rime. Un peu. Surtout parce que c’est vrai. Presque toujours. Parfois des pochetrons chantaient, même à la gare routière. C’était le vin. Seulement le vin. Je crois. >>>>>>
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