Magdalena Solis , livre ebook

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Comment une prostituée mexicaine est-elle devenue l’une des pires criminelles de l’histoire de ce pays ? En suivant le parcours de Magdalena, on comprend le pouvoir de l’emprise d’un esprit tourmenté sur les plus faibles.


Convaincue qu’elle était une déesse, elle a avili tout un village transformé en secte à ciel ouvert et en troupeau sacrificiel.


Bienvenue à Yerba Buena et dans la tête de Magdalena.

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Publié par

Date de parution

15 mars 2023

Nombre de lectures

4

EAN13

9782384830381

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Présentation
Comment une prostituée mexicaine est-elle devenue l’une des pires criminelles de l’histoire de ce pays ? En suivant le parcours de Magdalena, on comprend le pouvoir de l’emprise d’un esprit tourmenté sur les plus faibles.
Convaincue qu’elle était une déesse, elle a avili tout un village transformé en secte à ciel ouvert et en troupeau sacrificiel.
Cette histoire peut paraître incroyable, elle est pourtant basée sur des faits bien réels.
Bienvenue à Yerbabuena et dans la tête de Magdalena.
Dans la tête d’un monstre
Épisode 2
Magdalena Solis
Ana Kori
Polar
 
 
1. Un funeste destin
Les rues de Monterrey étaient écrasées sous une chaleur chargée de poussières, ce qui donnait toujours l’impression à Magdalena de suffoquer. Après une nuit de dur labeur, elle rentrait enfin chez elle pour se laver et se reposer. Elle bifurqua dans une ruelle déserte puis attrapa le seau pendu devant sa porte. Elle remonta l’étroit boyau jusqu’à la petite place sur laquelle se trouvait le puits. Devant elle, six autres femmes faisaient la queue, les chaussures défraîchies dans la terre sableuse. Le visage las et fatigué, la plus vieille ne devait pas avoir plus de vingt ans, mais à les voir ainsi, usées par le poids d’une existence brutale, elles en paraissaient le double. L’énergie les avait quittées, il ne restait plus que l’odeur âcre des hommes ; une fragrance écœurante dont elles désiraient se débarrasser. Oublier les corps sales en sueur qui avaient partagé leur couche pour quelques pesos. Magdalena était comme elles, pressée de gommer cette puanteur de sa peau qui avait le parfum d’une vie de misère, sans choix, sans avenir.
Quand arriva son tour, elle était plongée dans ses pensées et la fille derrière elle lui poussa l’épaule sans ménagement. Magdalena tira sur la chaîne, remontant le cylindre rempli, transvasa le liquide et quitta la place sans un regard pour ses compagnes de galère. Il n’y avait ni respect ni haine entre ces âmes perdues, juste le néant d’un éternel recommencement totalement dénué de la moindre parcelle d’espoir.
Sa petite maison n’avait qu’une pièce et en entrant, elle trouva Éléazar, son frère, vautré sur l’unique lit. Elle soupira en constatant qu’il prenait toute la place et qu’elle allait devoir s’installer sur le sol, encore une fois.
Magdalena se dévêtit et plongea un linge dans l’eau puis commença à se nettoyer.
— Tu as fait une bonne nuit ? fusa la voix d’Éléazar.
— Ça va. L’argent est dans le mouchoir sur la table.
Il s’étira et se leva pour vérifier. Éléazar n’était pas seulement son grand frère, il était aussi son protecteur. Celui qui payait le patron de la cantina pour qu’elle puisse travailler là-bas. Celui qui relevait les gains de la nuit au petit matin. Celui qui l’avait mise sur le trottoir dès ses quatorze ans.
Éléazar ne travaillait pas, il s’assurait que Magdalena soit en bonne santé, il graissait la patte des tenanciers ou des policiers véreux afin que sa sœur puisse tapiner librement. De temps à autre, ces gens qui détenaient le pouvoir exigeaient une autre forme de payement et Magdalena devait se donner à eux pour rien. C’était la loi de la rue appliquée sans remords par Éléazar.
Après tout, quel autre choix avait-il lui aussi ? Qui plus est, c’était grâce à lui qu’ils avaient eu cette petite maison, échangée à un policier contre deux jours passés aux côtés de sa sœur. Certes, elle n’avait que treize ans à l’époque, mais comme l’avait souligné Éléazar, c’était une opportunité à ne pas rater.
Peu après, Éléazar l’avait informée qu’elle devait profiter d’être jeune et belle pour gagner beaucoup d’argent et l’avait présentée à plusieurs patrons de cantinas.
— C’est bien mieux que dans la rue, Magdalena. Dehors, la majorité des filles meurt. Avec ce que tu vas gagner, d’ici cinq ou six ans, on pourra quitter Monterrey, acheter une ferme et on sera des rois !
Voilà le rêve que poursuivait Éléazar : acheter une petite hacienda avec le trésor gagné par sa sœur. Quand il était saoul, il gambergeait à voix haute sur ce que serait leur vie : quelques cultures, un peu de bétail et du personnel pour entretenir tout ça. Il promettait à Magdalena qu’elle n’aurait plus jamais à se prostituer et que ce serait elle qui donnerait des ordres pour le reste de sa vie. Elle n’avait pas le cœur de le contredire, mais elle voyait aussi que la boîte cachée dans le mur ne se remplissait pas.
Magdalena soupira, les yeux rivés sur la pierre derrière laquelle se trouvaient leurs maigres économies, puis s’allongea sur le lit encore chaud.
— Qu’est-ce que tu as ? lui demanda Éléazar.
— Rien, Élio, je suis fatiguée. Laisse-moi dormir.
Il s’approcha du lit et s’agenouilla à ses côtés, plongeant ses yeux noirs dans les siens puis lui sourit.
— Ne sois pas triste, Magdalena, on va y arriver. On sera bientôt partis d’ici. Je le sens. Je le sais.
Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et préféra se détourner. Elle bascula vers le mur pour qu’il cesse de lui parler. S’il continuait, elle risquait de lui hurler dessus. Lui déverser les reproches qui lui tordaient les tripes. Au moins, l’un d’eux continuait d’y croire et c’était bien suffisant.
Son frère abandonna et sortit, la laissant s’endormir les joues mouillées.
 
Quelques heures plus tard, alors qu’elle se préparait pour une nouvelle nuit, Éléazar apparut tout excité.
— Magdalena, viens avec moi. J’ai trouvé un moyen d’en finir avec tout ça, affirma-t-il en ouvrant les bras.
Malgré l’enthousiasme de son frère, Magdalena ne parvint pas à se détacher de ses pensées tristes. Elle attacha ses longs cheveux et, à peine eut-elle terminé, qu’elle fut tirée dehors.
Dans le soleil couchant, les rues de Monterrey semblaient s’animer doucement. Les ouvriers dépensaient leur paye dans la bière, les prostituées apparaissaient dans des tenues chamarrées et les enfants étaient rappelés par leurs mères, inquiètes de les savoir dehors à la tombée de la nuit. Tout ce petit monde se reconnaissait d’un rapide coup d’œil et chacun comprenait, sans échanger le moindre mot, la vie de l’autre.
Au milieu de ce fourmillement, Éléazar marchait avec une énergie folle, forçant Magdalena à trottiner derrière lui. Il bousculait les gens sans délicatesse comme s’il avait le diable aux trousses.
— Doucement, Élio. Tu vas me faire tomber ! râla-t-elle après avoir trébuché une nouvelle fois.
— Pas le temps, pas le temps. Crois-moi, cette fois, c’est la bonne !
Ils arrivèrent devant la Cantina Grande , qui portait humblement ce nom parce qu’elle était la plus importante de la ville.
Magdalena freina malgré elle, l’estomac se nouant à l’entrée.
— Viens !
Avec autorité, Éléazar la força à avancer et ils entrèrent dans le bar déjà bien rempli à cette heure. Il fouillait la salle du regard à la recherche de quelqu’un en particulier. Il stoppa enfin sa course folle devant une table, assez à l’écart, où deux hommes étaient installés.
— Magdalena, je te présente les frères Hernandez : le plus petit, c’est Santos. Et lui, c’est Cayetano. Gringos , je vous présente ma sœur : Magdalena.
Le plus massif des deux posa des yeux cruels sur elle comme s’il cherchait à lire dans ses entrailles. Quant à l’autre, il se contenta de la jauger à l’identique des autres hommes, avec le désir de la posséder. Ce dont elle fut certaine, c’est que ces deux individus n’étaient pas des saints. Des sales types, elle en avait suffisamment côtoyé pour les reconnaître en un coup d’œil et ceux-là étaient de la pire espèce. Des voleurs, voire des assassins, pour qui la vie des autres ne comptait pas pourvu qu’il y ait de l’argent à la clé. Le genre de personnes qu’elle et son frère évitaient d’ordinaire, car trop instables. Pourquoi Éléazar tenait-il tellement à faire affaire avec eux ?
— Alors ? s’impatienta Éléazar. Qu’est-ce que je vous avais dit ?
— Elle est parfaite, affirma Santos.
Cayetano acquiesça, ce qui déclencha un cri de joie de la part d’Éléazar.
— Parfaite pour quoi ? se risqua Magdalena.
— Pour devenir une déesse ! répondit Cayetano dans un rictus carnassier.
 
2. Le plan Hernandez
Durant la première heure, alors que la cantina se remplissait, Magdalena était restée silencieuse. Éléazar interrogeait méthodiquement ces inconnus sur l’endroit où le plan devait se dérouler. Cela leur permit d’apprendre qu’il s’agissait d’un village au pied de la Sierra Madre, peuplé de paysans disposant de peu de biens, à l’exception de leurs maisons et de leurs troupeaux… tout un tas d’indications qui n’expliquaient pas ce que les frères Hernandez prévoyaient d’y faire. Mais surtout, pourquoi le plus grand l’avait-il désignée déesse  ?
Craignant de les contrarier et de ruiner la crédibilité de son frère, elle s’était gardée de poser la moindre question. Lorsque la curiosité d’Éléazar fut rassasiée, Cayetano s’adressa à elle :
— Et toi, que veux-tu savoir ?
Sa voix était grave. Un de ces timbres autoritaires qui imposait un respect instantané. Cayetano était sans nul doute l’homme le plus impressionnant que Magdalena ait rencontré depuis qu’elle était adulte. Il ne s’agissait pas uniquement de sa manière de s’exprimer, mais de toute son attitude. La stature imposante, les gestes lents, les yeux froids, tout renvoyait les autres à leur condition de simple quidam. Une prestance étonnante, car il apparaissait clair que cet homme n’était pas un notable ni un représentant du gouvernement. Pas d’après les échanges dont elle avait été témoin.
...

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