Materner : Du premier cri aux premiers pas
162 pages
Français

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Description

Dans toutes les cultures et à travers l’histoire, le quotidien du tout petit enfant semble presque varier à l’infini. Que fait-il pendant la journée ? Comment dort-il ? Comment mange-t-il ? Comment est-il vêtu et comment est-il porté ? Ou encore comment est-il baigné ?Blandine Bril et Silvia Parrat-Dayan brossent un formidable tableau de la petite enfance à travers les gestes ordinaires, des campagnes du Moyen Âge aux mégalopoles d’aujourd’hui, de l’Ouzbékistan au Mali, du Mexique à la Corée. Où l’on découvre qu’il n’existe pas de pratiques qui soient une fois pour toutes bonnes ou mauvaises. Seule compte l’adaptation de l’enfant au monde qui l’entoure. Une leçon d’humilité pour les experts prodigues en solutions idéales ; une parfaite déculpabilisation pour les parents qui redoutent de trop mal faire !Blandine Bril est psychologue, anthropologue, directeur d’études à l’EHESS. Silvia Parrat-Dayan, psychologue et chercheuse en histoire de la petite enfance, est collaboratrice scientifique aux Archives Jean-Piaget, à l’Université de Genève.

Informations

Publié par
Date de parution 13 mars 2008
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738194886
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© ODILE JACOB, MARS 2008
15, RUE SOUFFLOT, 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
EAN : 978-2-7381-9488-6
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
À nos enfants Nicolas, Lucie, Clara Laura, David
Remerciements

L’idée de cet ouvrage a cheminé durant de nombreuses années, le long des galeries de musées où les peintres avaient discrètement évoqué l’enfant anonyme et aujourd’hui oublié, participant des fêtes de villages ou des scènes domestiques. De même, les enfants rencontrés lors de voyages et au cours des travaux de notre équipe, que ce soit en France, au Mali, en Inde, au Congo, en Corée, au Pérou ou ailleurs, ont tous participé à la genèse de ce livre. C’est eux qui sont à l’origine de ce travail, et c’est donc à eux tout d’abord que vont nos remerciements. C’est aussi à tous nos amis et collègues qui, au courant de nos recherches sur les pratiques culturelles dont l’enfant fait l’objet, devenues au fil du temps une espèce d’obsession tranquille, nous ont donné des documents, des images, des photos représentant des enfants à différentes époques et venant de différentes cultures, indiqué des ouvrages ou des documents filmiques, aiguisant ainsi notre curiosité. Nous remercions plus particulièrement Agnès Bastien, Catherine Binon, Isabelle Boyer, Mathieu Dréan, Léna Ferrufino, Célina Occampo, Alain Epelboin, Jean-Luc Lory, Estelle Hombessa-Nkounkou, Jung-Shin Jo, Anna-Maria Lammel, Smeralda Ruspoli, Martine Zack.
Les illustrations sont toutes extraites de ces images ou de films grâce au coup de crayon d’Emmanuelle Bril qui a réalisé la quasi-totalité des dessins, aidée pour quelques-uns de Bénédicte Carraz, à l’idée de Nicolas Kayser-Bril de numériser et détourer les photos afin d’en extraire uniquement l’enfant, ainsi qu’au savoir-faire « numérique » d’Adrien Labbe qui a retravaillé chaque image.
C’est encore grâce aux encouragements patients et persévérants de Bénédicte de Boysson-Bardies, à l’enthousiasme d’Esther Thelen, aux critiques et suggestions de plusieurs lecteurs, Isabelle Boyer, Colette Bril, Élisa Françon, Sophie Fisher, Jean-Luc Fidel, Daniel Kayser, Clara Kayser-Bril, que le manuscrit est parvenu à sa forme actuelle ; nous leur en sommes très reconnaissantes. Nos remerciements vont aussi à Jacques Vonèche qui nous a encouragées sur la voie des recherches historiques. Une pensée toute particulière va à Michel Parrat dont les encouragements chaleureux ont beaucoup compté, et qui pourtant ne verra pas l’aboutissement de cette longue aventure.
Prologue

On observe parfois en ce début de siècle un intérêt nostalgique, amusé ou rageur pour des pratiques de maternage d’autres cultures et d’autres époques. Que ce soit en raison de l’attrait de l’exotisme qui transparaît dans ces techniques venues d’ailleurs ou de la recherche d’« autre chose », d’une autre relation à l’enfant et à soi-même, les techniques de puériculture sont bien souvent au centre des préoccupations des jeunes parents.
Assurer la survie du bébé tout en perturbant le moins possible celle de la communauté sont sans doute les deux contraintes essentielles qui entourent la venue au monde d’un nouvel être humain. La survie implique bien sûr les besoins physiologiques immédiats liés à la condition du tout-petit. Mais elle ne se limite pas à cela et concerne aussi les aspects psychologiques, économiques et sociaux.
Une mise en relation entre les besoins physiologiques et psychologiques du tout-petit avec les conditions de vie du groupe socioculturel auquel il appartient devrait éclairer la nature des « choix » dont relèvent les techniques de puériculture que l’on peut observer dans différentes cultures et à différentes époques. En réalité, ce n’est généralement qu’ a posteriori que l’on parlera de choix. Au cours des siècles dans les différentes civilisations, mais aussi aujourd’hui, les pratiques de maternage peuvent être vues comme autant de moyens d’ajustement des besoins de l’enfant à ceux de la communauté à laquelle il appartient.
Tout au long de ces pages, nous serons observateurs des pratiques et de ce qu’en disent les femmes « ordinaires », en France, au Mali, en Inde ou ailleurs, aujourd’hui et hier. Cette observation silencieuse nous invitera à un va-et-vient de la question « Quelles pratiques de puériculture ? » à la question « Pourquoi ces pratiques ? ». En réponse à la première nous montrerons que généralement le milieu humain organise la niche de développement de l’enfant non seulement de manière à rendre optimale la survie du nouveau-né, mais aussi à faciliter celle de sa mère et plus généralement celle du groupe social. Ainsi nous verrons que lorsque le milieu offre des caractéristiques semblables, et cela quels que soient le lieu géographique ou l’époque historique, les solutions seront dans une large mesure analogues. Répondre à la seconde question, celle du pourquoi , est sans doute plus difficile. Nous ferons appel aux travaux expérimentaux qui ont tenté d’évaluer les conséquences de certaines pratiques sur le comportement à court et moyen terme. Ainsi, par exemple, en étudiant systématiquement les effets des bercements ou d’un contact prolongé sur l’organisme du tout-petit, il devient possible de mieux comprendre pourquoi ces coutumes sont si universellement répandues.
Nous verrons en particulier que de nombreuses pratiques doivent satisfaire à ce que l’on pourrait appeler le budget énergétique de l’enfant (Roove-Collier, 1996, p. 397). Arrêtons-nous quelques instants sur cet aspect de la vie du tout-petit, afin de mieux comprendre le rôle de nombreuses pratiques qui seront décrites dans les différents chapitres de cet ouvrage. Durant les premiers mois de vie, l’enfant est incapable d’une autorégulation de son système physiologique, alors que sa survie en dépend. Grandir et prendre du poids apparaît comme l’objectif essentiel que le nouveau-né doit pouvoir atteindre, ce qui, concrètement, revient à dire que l’enfant doit être en mesure de convertir une quantité maximale de calories nécessaires au fonctionnement de l’organisme. La solution optimale consiste à maximiser l’apport calorique et à en minimiser la déperdition. Or deux apports caloriques seulement sont possibles : la nourriture et la chaleur. Les raisons de dépenses énergétiques sont au contraire multiples : la croissance, bien sûr, mais aussi l’activité motrice et vocale, le maintien de la température du corps, l’activité métabolique, l’expulsion des excréments, etc. Cette liste pourra paraître bien ingrate et vide de la chaleur affective dont il est tant question aujourd’hui. Nous verrons qu’elle en est pourtant la condition première.
Allons un pas plus loin dans le raisonnement. Comme dans tout système, le bon fonctionnement du petit organisme nouveau-né nécessite une régulation subtilement ajustée entre acquisition et dépense d’énergie, qui doivent s’équilibrer ; ainsi, une augmentation de dépense d’énergie dans une activité, par exemple maintenir la température du corps, imposera à une autre d’être moins gourmande, par exemple grandir et grossir. C’est à cette régulation que doivent répondre les pratiques de puériculture. Si l’enfant doit dépenser une grande quantité d’énergie pour maintenir sa température, ce qui pourrait être le cas dans les régions froides, cela pourrait mettre en péril sa croissance et sa prise de poids. Selon les époques, les conditions locales, les climats, les connaissances scientifiques, mais aussi les croyances vont organiser, au mieux, les premiers mois de la vie de l’enfant. Cette nécessité d’équilibre est si forte que les manifestations affectives à l’égard de ce petit humain devront nécessairement s’enraciner dans ce processus de gestion du développement métabolique du nouveau-né, en un mot dans les pratiques de puériculture.
Nous considérerons dans cet ouvrage que les modes de vie du petit enfant ont été mis en place pour réguler et garantir sa survie. Ainsi, les pratiques observables dans différents groupes socioculturels, et là encore quelle que soit l’époque, seront abordées en privilégiant un point de vue « fonctionnel », c’est-à-dire en analysant les éléments d’une nécessaire adaptation de l’enfant à son environnement physique et humain, et réciproquement de l’environnement à l’enfant. Il ne sera donc pas étonnant d’observer des pratiques analogues dans des régions fort éloignées, à des époques fort distantes, comme ces enfants déjà grands portés au dos maintenus par une bande d’étoffe tout à fait semblable, dans les montagnes de l’Himalaya en 2003 ou lors d’une fête d’un village flamand au début du XVII e  siècle !

FIGURE 1.1. Un même mode de portage à des milliers de kilomètres et à plusieurs siècles de distance.
Historiquement parlant, ces pratiques ne sont généralement pas nées d’une réflexion sur l’enfant, mais plus probablement d’une certaine forme de pragmatisme. À partir du XVI e  siècle cependant, une certaine « théorisation » de ces pratiques apparaît, issue d’une réflexion associant philosophie, médecine, mais aussi anthropologie, sociologie et politique. Cette théorisation a évolué avec les connaissances du fonctionnement physiologique et psychologique de l’être humain. Par ailleurs, un autre fait marque l’esprit de ces hommes de science et philosophes intéressés par la question de l’homme : les récits de voyages plus fréquents à partir du XVI

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