Max
46 pages
Français

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Max , livre ebook

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Description

Histoire d'un duo amoureux entre Max et Julie. Max frole la mort et est sauve par Julie. Tres vite une sympathie s'installe entre eux qui nous fait decouvrir en plus de leur liaison amoureuse le monde post-moderne dans lequel ils vivent. Un futur qui semble proche de nous ou l'humanite est contrainte de se separer de son contact avec la nature. Au fil du recit se construit non seulement le roman mais l'objet que le lecteur a dans les mains.A PROPOS DE L'AUTEURPsychanalyste et musicien en tant que cor solo a l'Orchestre de Montpellier, Pascal Lagrange se consacre egalement a l'ecriture. Apres un essai et des chroniques sur la musique il publie ici son premier roman.

Informations

Publié par
Date de parution 09 janvier 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782889493739
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0300€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Pascal Lagrange
MAX
Chapitre 1
À la fois dur et tendre, chaud et froid, quel étrange souvenir…

Ces sensations mélangées sont celles qui me restent de cette chute dans un escalier. Il était en bois et en descendant, la volée de marches après un palier tournait vers la gauche. Bien éclairé par la fenêtre surplombant ce large ouvrage de menuiserie, aurais-je été ébloui ? Ou quelques forces mystérieuses provoquèrent cette perte d’équilibre qui me fit rouler de marche en marche pour finalement m’évanouir ?
Dur, tendre, chaud, froid ; ces opposés qui résultaient tant des sons que du contact avec le bois constituaient mon plus vieux souvenir. Quelque peu confus mais réel, comme après un évanouissement. Un souvenir d’enfant de moins de cinq ans : la naissance de mon conscient. Pourtant né physiquement quelques années plus tôt, ma mémoire occultait ces premières années au contact du sein nourricier et du regard de ma mère pour ne me laisser que ce souvenir brutal.
Ces chocs sur les marches d’escalier étaient les premiers coups portés à mon être, marqués en ma mémoire. La dure réalité de ma vie commençait ici, dans cet escalier, par ces chocs qui me sortirent de cette douce torpeur de la petite enfance. Pourtant il m’avait fallu certainement tenter plus d’une fois pour apprendre la marche, et l’escalier, ce monument aux yeux d’un enfant, était encore plus redoutable à descendre qu’à escalader. Donc des coups, des blessures, et des chutes furent certainement nombreux, mais je n’en avais gardé aucun souvenir. Alors voilà, ma conscience me faisait débuter mon histoire ici, et sur cette chute, je devais commencer ma vie. Première mission pour moi, je devais me relever. De cet évanouissement il me fallait sortir et debout, il me fallait à nouveau être, pour affronter ma vie d’enfant.

Si l’escalier me paraissait monumental, c’était bien à cause de ma taille car pour un adulte il n’était que celui d’une simple et modeste maison des années vingt ou trente. Il aboutissait sur l’unique chauffage de la maison. Un poêle à charbon placé à cet endroit afin qu’il distribue sa trop faible chaleur aux deux niveaux. Une maison avec à l’étage trois chambres et au rez-de-chaussée, séjour – cuisine. Les hivers de cette partie de la France étaient fort rudes, et il n’était pas rare que l’humidité de la maison finisse par geler au petit matin sur la surface interne des fenêtres à la faveur de cet insuffisant chauffage dont la charge de ses galets noirs s’avérait insuffisante pour tenir toute une nuit. Je ne me souvenais pas, étrangement, de salle de bains ou de lieux d’aisances. Ces endroits, ceux du corps et donc de la nudité, occultés de ma mémoire, trouvaient ici l’expression des classiques tabous relatifs au propre et au sale. Mais peut-être, dans cette modeste maison, étaient-ils inconfortables au point de n’avoir pu laisser de souvenirs agréables. Des souvenirs pouvant contribuer à créer le mythe d’une enfance heureuse. Ma prime jeunesse fut-elle entourée de douceur ? Il me fallait bien en élaborer une vision éludant l’inconfort voire les souffrances qui auraient précédé ce premier souvenir conscient : les escaliers.

Je naissais donc à la vie d’une chute dans une modeste maison difficile à chauffer et d’un père représentant en lave-linge. Je m’en souvenais bien car c’est de la cuisine de notre maison que je gardais le souvenir le plus précis. Plus exactement d’une pièce vidée de ses meubles au moment d’installer un linoléum d’une étrange couleur bleue. Du sol dénudé dépassaient quatre gougeons que mon père me désignait comme étant les points de fixation nécessaires à maintenir le lave-linge au sol afin qu’il ne se déplace pas, notamment lors des phases d’essorage. Un lave-linge qu’il fallait surveiller comme le lait sur le feu. Nul programme ou automatisme, il fallait rester à ses côtés pour déclencher manuellement les différentes phases du lavage et surveiller que la mousse ne déborde pas. Une burette de produit anti-mousse devant rester à portée de main. L’utilité d’un nouveau revêtement appelé communément Lino prenait ici tout son sens.
C’était là le travail de mon père, non seulement vendre ces fameux lave-linge modernes devant suppléer les lessiveuses manuelles, mais encore passer de longues heures avec les ménagères à côté de la machine en fonctionnement pour en expliquer l’usage fastidieux, qui pourtant représentait toute la modernité de l’époque. De ce fait je ne voyais guère mon père. Sorte de V.R.P. de la propreté du linge la semaine, il n’était pour moi que fumeur invétéré du dimanche lors des fins de repas, à demi masqué par un nuage bleuté pour moi suffoquant. D’ailleurs à cette époque, et dans ce qui était mon monde, les enfants ne devaient pas déranger les adultes. Encore moins la société masculine laborieuse qui, rentrant tard la semaine, ne voulait point de rejetons à table ou dans leurs jambes. C’était les mères qui s’occupaient des enfants. Il aurait dû être normal pour moi d’avoir alors un souvenir maternel, or pour cette période, je n’en avais aucun. Pas de souvenir de soin, d’habillage, de nourriture que l’on apporte au jeune enfant de façon indispensable tant il ne peut survivre seul. Plus cruel encore, rien d’affectueux ne remplissait mes souvenirs. Ce ne fut que plus tard, dans une nouvelle maison, que la figure maternelle prit forme. Reléguée aux activités domestiques, c’était par les sons que ma mère existait dans mes souvenirs. Ceux du petit matin où, encore couché, j’entendais les bruits de la cuisine. C’étaient ceux des opérations d’écrémage du lait qui avait reposé durant la nuit. Il fallait recueillir la crème remontée à la surface, et j’entendais alors depuis ma chambre les heurts de la cuillère en bois sur le bord du récipient servant à collecter la crème. Puis c’étaient les différents sons de casseroles et de couverts lors de la préparation des repas pour la journée.
Toujours dans cette jeune enfance, peu après mes cinq ans, je me souvenais être allé au marché de la ville voisine qui se tenait le long d’un petit cours d’eau. Il était situé sur une route fermée à la circulation ce jour-là, en hauteur du lit de ce ru presque à sec qui devait servir le plus souvent à drainer les eaux lors de fortes pluies. Mes yeux arrivaient autant à la limite du parapet que de la hauteur des étals où je peinais à observer les produits proposés à la vente. C’était certainement lors d’un effort, sur la pointe des pieds, afin de mieux voir les objets exposés, que mon attention se détourna de ce que faisait ma mère. Quand je reposai à nouveau mes talons au sol, elle avait disparu. Je ne vis que pantalons et chaussures, robes et sacs. Et plus mon regard cherchait autour de moi, plus les mouvements de ces tissus bariolés me donnaient le vertige. C’était certainement cette même sensation qui me fit, un peu plus grand, pleurer tout au long de mon premier tour de manège. Ce tournoiement du paysage devant me rappeler la panique vécue sur ce marché quand je perdis ma mère. Je me souvenais l’avoir longtemps cherchée, appelée, tout en sentant l’angoisse de ne jamais la retrouver m’envahir.
Chapitre 2
Du haut de cet immeuble, les pieds au bord du vide, je ne voyais pas le danger d’être ici, quasi en équilibre, à la frontière entre la vie et la mort. Je ne voyais que ces images du passé celles où je cherchais l’image maternelle, celles où désespérément elle n’apparaissait pas.
Soudain je me sentis empoigné avec force et jeté au sol. Mon nez frappa le toit de l’immeuble et devint douloureux, mon bras droit aussi, d’être subitement tordu et maintenu fermement.

– Vous voulez mourir ?
– Heu…
– En tout cas ça y ressemble fort.

Disait une voix féminine quoique quelque peu autoritaire quand, enfin, la sorte d’étau qui me maintenait le bras se desserra me permettant de rouler sur le dos et d’entrevoir celle qui pensait certainement m’avoir sauvé la vie.
– Mais que faisiez-vous ?
– Je cherchais l’amour.
– Dans la mort ?
– Non… dans le passé.

Je répondais à la propriétaire de cette bienveillante voix tout en recouvrant progressivement une vision plus nette. Elle émanait d’un visage doux qui contrastait avec la force physique dont elle venait de faire preuve pour m’éloigner du risque d’un saut fatal. Quelque peu rond, la forme de son visage était accentuée par le fait que ses cheveux étaient attachés et que ses joues avaient gardé une rondeur enfantine.

– Vous avez de la chance, hier les ascenseurs étaient encore en panne et je n’aurais peut-être pas pu arriver à temps. Mais vous grelottez ! Venez avec moi vous réchauffer, de toute façon je dois retourner à mon poste.

J’avais déjà dû me remettre sur pied car, sans m’en rendre compte je suivais cette jeune femme en tenue d’agent de sécurité dans les dédales qui menaient aux locaux des surveillants de cette tour. Absorbée à rejoindre son poste de travail au plus vite, elle restait silencieuse et ne se retournait que de temps à autre pour vérifier que je la suivais bien. Entre escaliers, ascenseurs et couloirs, je découvris petit à petit mon guide. Dans la pénombre elle se déplaçait comme un chat, silencieusement, avec légèreté et sans hésiter. Bien que chaussée avec du matériel de sécurité, son pas restait léger. Heureusement pour moi, les différents ascenseurs me laissaient quelques répits pour reprendre mon souffle, mais surtout me permettaient d’observer en pleine lumière mon guide.
Sous sa tenue unisexe de service, il m’était aisé de deviner le physique de cette belle femme. Son pantalon, moulant légèrement le haut de ses jambes, laissait apercevoir un corps musclé propice à exercer avec aisance son métier de secouriste. Sa poitrine gonflait légèrement le haut de sa tenue pour finalement, mon regard poursuivant en un mouvement ascendant, me laisser voir le sourire de celle qui m’avait tiré hors du précipice.
« Nous arrivons » di

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