Morts en duo
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Morts en duo , livre ebook

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Description

L’humain Owen et le rouge-gorge Bee possèdent un lien magique. Le même unissait Dave et l’écureuil Mila, mais Dave vient d’être assassiné sous leurs yeux. Dans un dernier souffle, il leur a conseillé de s’en remettre à un certain Arthur Wills, détective habitué au surnaturel.


Owen parvient à sauver Mila et à trouver l’agence de Wills, mais l’homme est décédé. Sa fille Hunter dirige désormais le business familial. À l’aise elle aussi avec le surnaturel, et fréquentant le monde caché, elle s’empare de l’enquête, en concurrence directe avec la police londonienne. En effet, c’est au moins le troisième meurtre en quelques semaines qui vise des duos humain-animal.


Qui s’attaque aux moitiés, et pourquoi ? À mesure que les questions s’accumulent, trouver les réponses devient aussi difficile que périlleux.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2023
Nombre de lectures 1
EAN13 9782384830350
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
L’humain Owen et le rouge-gorge Bee possèdent un lien magique. Le même unissait Dave et l’écureuil Mila, mais Dave vient d’être assassiné sous leurs yeux. Dans un dernier souffle, il leur a conseillé de s’en remettre à un certain Arthur Wills, détective habitué au surnaturel.
Owen parvient à sauver Mila et à trouver l’agence de Wills, mais l’homme est décédé. Sa fille Hunter dirige désormais le business familial. À l’aise elle aussi avec le surnaturel, et fréquentant le monde caché, elle s’empare de l’enquête, en concurrence directe avec la police londonienne. En effet, c’est au moins le troisième meurtre en quelques semaines qui vise des duos humain-animal.
Qui s’attaque aux moitiés, et pourquoi ? À mesure que les questions s’accumulent, trouver les réponses devient aussi difficile que périlleux.
 
*
 
Passionnée depuis l’enfance par les histoires et les mondes imaginaires, Ophélie Bruneau a toujours écrit, dessiné, créé, pour son plaisir personnel. Après des études d’ingénieur à Centrale Nantes, elle devient développeuse, puis responsable d’application, dans le parc logiciel d’une grosse entreprise.
Elle vit en région parisienne avec son mari, leurs deux enfants, et les pensionnaires à quatre pattes rencontrés via son engagement dans la protection animale. Elle a publié une dizaine de romans à compte d’éditeur et une quinzaine de nouvelles sur divers supports.
MORTS EN DUO

Ophélie Bruneau
Les Éditions du 38
 
À Thalyssa,
sans qui il n’y aurait jamais eu de Bee.
 
Porte close
La course, le bruit de ses foulées. Couvert de sueur, Owen ne sentait même plus la pluie. Sa respiration lui tirait sur les poumons, résonnait dans sa tête, et le carton sous son bras s’alourdissait à chaque mètre. Pendant des années, il avait parlé de se mettre au sport, de perdre du poids, sans jamais oser sauter le pas. Il était beau, à présent ! En nage, en panique, filant le long du trottoir aussi vite que ses jambes fatiguées le pouvaient encore. L’épuisement de Bee s’ajoutait au sien : en plus de ses habitudes diurnes, le rouge-gorge était aussi sédentaire et bien nourri que lui. À force de tout partager, deux moitiés se ressemblaient, c’était inévitable. Et cette rue qui n’en finissait pas de monter…
Entre deux halètements, le moindre son lui serrait le cœur : il croyait entendre la respiration de l’autre, celui dont il n’avait pas vu le visage, mais qui avait fauché Dave en moins d’une seconde.
En s’écroulant, son vieil ami lui avait soufflé un nom et une adresse. Intimé d’aller chercher de l’aide, mais pas auprès de la police, non ! Ni la Met, ni aucune brigade du pays n’auraient voulu le croire. Owen serait passé pour un fou persuadé de vivre en symbiose avec un rouge-gorge, mais dont la place était à Bedlam, abruti par une bonne dose de médicaments. Non, la police ne l’aiderait pas. Il lui fallait un détective spécialisé. Il devait aller à l’agence Wills, tout de suite.
Et puis Dave n’avait plus rien dit. Il ne dirait plus jamais rien.
Alors Owen avait couru avec sa boîte en carton sous le bras. Il avait attrapé le métro, puis le dernier train pour Plumstead, vérifié cent fois qu’aucune silhouette suspecte ne se cachait dans un coin de la rame, et repris sa course dès qu’il avait posé le pied sur le quai. Le tout sans savoir quelle aide espérer dans ce coin excentré du grand Londres.
À présent, son cœur battait à tout rompre et chaque foulée lui brûlait la cage thoracique. Ce n’était plus possible. Il arrêta de courir et avança plié en deux dans l’espoir d’évacuer son point de côté. À quoi bon échapper à un tueur si c’était pour mourir d’une crise cardiaque entre deux rangées de maisons sans âme ?
Un petit cri aigu monta de la boîte en carton. Owen renifla.
— Tiens bon, ma belle, dit-il tendrement.
En pleine nuit et sous la pluie, au moins, aucun passant ne verrait son visage hagard. De toute façon, il ne croisait que des silhouettes retranchées sous des parapluies.
Il poursuivit sa route à la seule force de sa promesse, berçant la boîte qui commençait à ramollir, avec Bee réfugié sur son épaule qui se serrait contre son oreille. Un pied devant l’autre, il parvint enfin en haut de la pente. C’était la bonne rue, le bout de la fuite à travers la métropole, la fin de la terreur. Il ne leur restait plus qu’à trouver cette fameuse agence Wills.
De part et d’autre de la chaussée, les façades se répondaient, symétriques, luisantes de pluie sous les lampadaires. Owen aperçut une plaque et se précipita, plein d’espoir ; il déchanta en lisant le nom d’un médecin.
Je vais t’aider ! annonça Bee.
D’un coup d’aile lourd de sommeil, l’oiseau partit observer les portes de son côté. Il ne savait pas lire, mais préviendrait sa moitié s’il apercevait quelque chose d’intéressant. Chacun suivit ainsi son trottoir, d’une désillusion à l’autre, jusqu’au moment où Bee appela Owen :
Viens voir !
Le jeune homme le rejoignit aussitôt.
La maison était fermée, manifestement vide. Sur la porte d’entrée se dessinait l’ombre d’une plaque qui devait être restée là pendant de longues années. Dans l’allée de graviers qui avait servi à garer une voiture, Owen repéra un panneau de bois gisant au sol. Il le retourna. Des restes de peinture accrochèrent tant bien que mal l’éclairage urbain : des mots à demi effacés, un numéro de téléphone illisible. En tout cas, le nom d’Arthur Wills était reconnaissable.
Owen se laissa tomber à genoux. Le carton sous son bras pesait au moins une tonne, et son cœur encore davantage. Il avait traversé Londres pour rien ! Au bout du chemin, une porte close. Aucune aide à espérer.
Dave, qui avait passé la cinquantaine, avait dû connaître cet Arthur Wills autrefois, peut-être même avant la naissance de son jeune ami. Hélas, il ignorait que son agence n’existait plus.
Le tueur de duos continuerait à sévir. Un rouge-gorge familier et un guichetier du London Underground fraîchement licencié, tous deux timides et en surpoids, ne seraient jamais de taille à l’arrêter.
— Hé, monsieur ! s’écria soudain une voix féminine depuis l’autre côté de la rue.
Et voilà. En plus du reste, ils avaient attiré l’attention. Owen se remit debout et cala le carton sur sa hanche, ignorant la protestation qui s’en éleva. La porte de la maison d’en face était ouverte sur une silhouette mince, dont la façon de s’auréoler avec la lumière de son couloir suggérait des bouclettes blondes en désordre.
— Est-ce que tout va bien ? demanda la femme.
— Je crois, mentit Owen. Un ami m’avait envoyé à l’agence Wills, mais on dirait qu’elle a fermé.
— En effet, ça fait bien deux ans maintenant. Qui est votre ami ?
À la seule idée de parler de Dave, Owen sentit un sanglot lui échapper. Il ne tiendrait jamais le coup.
Alors qu’il luttait pour garder sa dignité, la femme quitta l’abri de son porche, traversa la rue et courut lui prendre le bras. Elle tenait de sa main libre une cigarette électronique qui embaumait la barbe à papa.
— Vous n’allez pas rester comme ça sous la pluie. Venez prendre une tasse de thé, vous en avez besoin.
— Ça ira, je vous jure…
— Vous irez mieux quand vous m’aurez tout raconté. Suivez-moi !
Elle avait une sacrée énergie. Owen aurait sans doute dû résister, mais il ne s’en sentit pas la force. Ce n’était qu’une voisine charitable. Elle n’avait rien à voir avec l’homme caché dans les ombres, il aurait pu le parier, et il avait besoin de s’en remettre à quelqu’un. Il la suivit jusque chez elle, Bee caché dans le col de sa veste.
Vue de près dans la lumière de son entrée, elle avait une petite trentaine d’années, un teint de scone à la crème et une lueur malicieuse dans le regard. Elle souffla une bouffée de barbe à papa avant de désigner une patère.
— Laissez votre veste là. Ensuite, installez-vous dans mon bureau au fond à droite. Je vous rejoins avec la théière.
Un thé serait toujours le bienvenu. Owen et Bee franchirent la porte indiquée, pour mieux tomber en arrêt sur le seuil. D’un côté de la pièce, trois chaises encadraient une table ronde, devant un portant chargé de vêtements de tous les styles. De l’autre, un fauteuil faisait face à deux ordinateurs, et le mur était couvert de bibliothèques pleines à craquer. Sur le bureau trônait un chevalet au nom de H. WILLS.
— Vous… balbutia le jeune homme.
La réponse lui parvint depuis la cuisine :
— Oui, c’est moi que vous cherchez. J’ai repris l’agence à la mort de mon père, mais j’ai vendu le local en face de la maison. Trop de charges. De nos jours, tout passe par internet, de toute façon.
La femme réapparut, portant un plateau fuchsia où sa cigarette électronique côtoyait une théière, deux tasses et un paquet de biscuits.
— Hunter Wills, à votre service.
Mila
— Hunter ? s’étonna-t-il.
— Oui, je sais, c’est plutôt un prénom d’homme. Mais installez-vous, monsieur ?
— Owen Banfield.
Elle tira une chaise près de la table ronde, donna un coup de cuillère dans la théière, puis servit deux tasses.
— Dites à votre petit camarade d’arrêter de se cacher. Il peut manger des biscuits, s’il en a envie.
— Euh… Il est plutôt insectivore, mais c’est gentil de proposer.
Bee se posa sur le bord du plateau. Hunter Wills le considéra un instant, la tête sur le côté, la cigarette électronique à la bouche ; puis elle souffla sa vapeur sucrée avec un large sourire.
— Pour quelqu’un qui a un sidekick rouge-gorge, vous ne ressemblez pas du tout à Batman ! Mettez-vous à l’aise et dites-moi pourquoi vous cherchiez un détective en pleine nuit.
Owen posa sa boîte en silence, soufflé par la réplique. Bien sûr, il n’avait pas l’allure d’un super-héros ! À part leur connexion magique, les moitiés d’un duo n’avaient rien d’exceptionnel, ni carrure d’athlète, ni pouvoirs, ni gadgets… La jeune femme s’empressa d’agiter les mains.
— Pardon ! Je ne voulais pas vous vexer. Vous avez l’air de sortir d’une drôle d’aventure.
— C’est le moins qu’on puisse dire.
Il s’essuya le coin des yeux, regarda le nuage de lait se déployer dans sa tasse de thé, puis parla.

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