Parjures
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Parjures , livre ebook

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Description

« Il songea au crissement des ciseaux sur le col de la chemise, à la gorge tranchée... Il imagina les suppliques masquées derrière le sparadrap du condamné... Il songea encore au regard terrorisé face au châtiment suprême... ».


Aïcha Sadia, commissaire de police, est une femme désespérée depuis la mystérieuse disparition de son compagnon Sébastien au large d’une plage. Mais quand plusieurs cadavres décapités d’ex-taulards sont découverts dans des entrepôts abandonnés de la ville, c’est elle et son équipe qui se retrouvent en première ligne. Certains indices laissent penser que quelques extrémistes pourraient avoir trouvé là, un moyen radical de remettre la peine de mort au goût du jour.


À sa sortie de prison, Abdel Charif, condamné pour meurtre puis finalement gracié, leur échappe de justesse... Et pour sauver sa peau et obtenir sa réhabilitation, il propose à Aïcha un étrange marché : elle prouve son innocence, il la mène jusqu’à Sébastien...


Manipulations, horreurs et parjures vont alors guider Aïcha dans une enquête libératrice.



Fausse piste, écriture percutante, décor glauque, atmosphère tendue... Une intrigue diabolique de Gilles Vincent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 mai 2023
Nombre de lectures 144
EAN13 9782384830534
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Résumé
Il songea au crissement des ciseaux sur le col de la chemise, à la gorge tranchée… Il imagina les suppliques masquées derrière le sparadrap du condamné… Il songea encore au regard terrorisé face au châtiment suprême…
 
Aïcha Sadia, commissaire de police, est une femme désespérée depuis la mystérieuse disparition de son compagnon Sébastien Touraine au large d’une plage. Mais quand plusieurs cadavres décapités d’ex-taulards sont découverts dans des entrepôts abandonnés de la ville, c’est elle et son équipe qui se retrouvent en première ligne. Certains indices laissent penser que quelques extrémistes pourraient avoir trouvé là un moyen radical de remettre la peine de mort au goût du jour.
À sa sortie de prison, Abdel Charif, condamné pour meurtre puis finalement gracié, leur échappe de justesse… Et pour sauver sa peau et obtenir sa réhabilitation, il propose à Aïcha un étrange marché : elle prouve son innocence, il la mène jusqu’à Sébastien… Manipulations, horreurs et parjures vont alors guider Aïcha dans une enquête libératrice.
 
Fausse piste, écriture percutante, décor glauque, atmosphère tendue… Une intrigue diabolique de Gilles Vincent.
PARJURES
Série Aïcha Sadia #3
Gilles Vincent
 
 
 
 
 
 
La vérité est comme le soleil.
Elle fait tout voir et ne se laisse pas regarder.
Victor Hugo
Première partie
1
Marseille. Mardi 6 février, 4 h 50.
 
Rêver d’avoir une fille et de l’appeler Lou. Qu’elle porte le sourire du père, cette moue chiffonnée d’éternel petit garçon faussement soucieux. Qu’elle ait son regard bleu qu’il savait perdre au loin, à l’horizon des choses.
Chaque nuit, depuis des semaines, dans les rêves d’Aïcha, les jambes de la petite Lou gravissent les collines du monde. Les premiers mots découverts, les courses éperdues et son rire qui ricoche dans l’appartement mettent du bleu aux jours, du doré aux ciels des nuits…
Le portable d’Aïcha Sadia vibra sur le parquet, près du livre abandonné la veille, au bord du sommeil.
Les yeux fermés, elle tendit le bras jusqu’à l’appareil, le colla à son oreille et reconnut d’emblée la voix du lieutenant Camorra.
— Je vous réveille, patronne ?
— Pas grave, lieutenant. Ça fait un bon moment que mes nuits ne ressemblent plus à grand-chose…
Elle se redressa, appuya son dos contre le mur, alluma la lampe de chevet.
— Alors ?
— On est aux Arnavaux, derrière l’usine Laffont. Vous voyez où ?
— La friche industrielle, sur la gauche, avant les quartiers Nord, c’est ça ?
— Oui, c’est ça. Vu le nombre de giros sur la zone, vous ne pourrez pas nous louper.
— Qu’est-ce que vous foutez là-bas ?
— Des types ont découvert un corps, et vu la gueule du macchabée, ils ont couru jusqu’au premier commissariat. Du coup, on est tous sur place.
— Comment ça, tous ?
— Ben, il y a Mathias, Blanchard, Perridon, Grenier, et on attend les mecs de la Scientifique.
La commissaire imagina un instant tous ces flics experts en je-ne-sais-quoi, leurs combinaisons blanches, leurs masques, leurs regards voilés derrière leurs lunettes et leurs appareils photo. Elle songea aux bottines enveloppées de film protecteur, aux mains gantées, à tous les gestes qui submergeraient la scène du meurtre. Et, comme si le lieutenant avait deviné son tracas, elle l’entendit ajouter :
— Enfin, ils ne sont pas près d’être sur place.
— Pourquoi ?
— J’ai eu le capitaine Chenet au téléphone. Il est coincé à l’autre bout de la ville sur une histoire de corps carbonisés au fond d’un jardin.
Aïcha ouvrit les yeux en grand, jeta un coup d’œil rapide sur son réveil et, convaincue que sa nuit était bel et bien terminée, elle s’assit au bord du lit.
— Et c’est maintenant que vous m’appelez ! Franchement, Camorra, je vais avoir l’air de quoi à me pointer là-bas alors que tout le monde est déjà au turbin ? Vous ne pouviez pas me prévenir dès que vous avez su pour le corps ?
— C’est Mathias, patronne.
— Quoi, Mathias ?
— Il a juste dit que vous étiez crevée, que vous aviez besoin de dormir et qu’une fois sur place, si ça valait la peine, il serait toujours temps de vous prévenir.
Tout en parlant, elle avait coincé le combiné au creux de son cou, enfilé son jean et, accroupie au bord du lit, tentait de nouer les lacets de ses tennis.
— Et depuis quand les médecins légistes décident de ce genre de choses ? Hein, depuis quand ?
— J’en sais rien, moi. Vous voulez que je vous le passe ?
— Non, ce n’est pas la peine. Je serai sur place dans dix minutes. Si les gars de la Scientifique se pointent, dites-leur de ne toucher à rien avant mon arrivée.
— C’est comme si c’était fait. À tout de suite, patronne.
— Oui, à tout de suite. Et dites à Mathias qu’il va entendre parler du pays !
Aïcha jeta le combiné au travers de la couette, enfila le premier sweater qui lui tomba sous la main, saisit le holster et son 357 Magnum sur le dossier du fauteuil, dans l’entrée. Elle décrocha du portemanteau la veste de cuir que Sébastien lui avait offerte quelques mois après leur rencontre, la jeta sur ses épaules et laissa la porte de l’appartement claquer derrière elle.
 
*
 
Le pied sur le champignon, Aïcha s’amusait du déclenchement lumineux des radars automatiques, des appels de phares dans son rétroviseur, des conducteurs matinaux doublés en trombe et qui pestaient à l’abri de leur habitacle.
À cette heure, le sombre s’apprêtait à basculer vers le jour à venir. De rares carrés jaunes ponctuaient les façades grises des barres d’immeubles au pied desquelles des hommes mettaient en marche le chauffage des voitures, chassaient la buée comme pour effacer la nuit.
Depuis quelque temps, ses nuits à elle touchaient à leur fin bien avant l’aube et, dans un demi-sommeil, les gestes s’enchaînaient en douceur. Enfiler un épais gilet pour sortir sur la terrasse, tirer une chaise au plus près de la rambarde et prendre place en silence. Écouter les bruissements du quartier qui termine ses rêves du sud, porter son regard au loin, là où la vue ne peut plus rien et laisse place à l’imagination, au douloureux fantasme du large qui s’emparait d’elle à l’heure de la nuit finissante…
Sortie Les Arnavaux. Décélérer, négocier le virage, donner à l’attaque de la courbe suffisamment de vitesse et frémir d’un étrange bien-être au crissement des pneus sur l’asphalte.
L’avenue du Marché National, le boulevard Lavoisier et, après avoir franchi deux feux orange sirène hurlante, la 407 bleu marine déboucha face à l’entrée de la zone industrielle des Arnavants. À l’allure des premiers bâtiments, elle se dit que l’endroit n’avait d’industriel que le souvenir et que le mot zone lui collait à merveille.
Guidée par les lueurs rougeoyantes des gyrophares à quelques blocs de l’entrée principale, elle slaloma entre des carcasses de scooters et d’épaves diverses. Des friches à l’abandon, songea-t-elle, oubliées des décideurs et des capitaux. Des pans entiers de la ville livrés depuis des années aux voyous du quartier ou d’ailleurs, à leurs trafics en tous genres, à leurs règlements de comptes.
Le temps de repérer la voiture de Théo Mathias, de se garer derrière, et la commissaire fit claquer la portière dans l’air glacé. Elle boutonna sa veste de cuir jusqu’en haut, passa une main entre ses mèches et s’avança vers les deux fonctionnaires qui semblaient garder l’entrée d’un chemin.
— Faut que vous descendiez jusqu’au petit hangar, là, en contrebas, madame la commissaire. Faites gaffe, ça glisse un maximum.
Aïcha s’engagea prudemment sur l’allée en pente qui, à une époque meilleure, avait dû être goudronnée, et dont les plaques jouaient aujourd’hui au puzzle incomplet. Cette nuit de février avait déposé une fine couche de givre sur la ville, et ne pas valdinguer à chaque pas relevait de l’exploit.
En bas, un souvenir de terrasse au béton parsemé d’herbe desséchée par l’hiver donnait sur l’entrée d’un bâtiment. La commissaire nota que la bâtisse était beaucoup plus vaste qu’elle ne l’avait supposé.
Elle fit coulisser un large vantail métallique et pénétra dans un entrepôt immense et glacial. Au beau milieu du hangar, dans l’obscurité, l’ombre de ses hommes et le jeu blanchâtre des torches braquées sur un coin du sol. Au centre du groupe, le flash d’un gars de l’Identité crépitait avec régularité. Aïcha s’approcha et reconnut Mathias, accroupi au milieu de ses collègues. Blanchard et Perridon continuaient de braquer leurs lampes sur le médecin légiste, tandis que Grenier, le dernier arrivé dans l’équipe, retranscrivait sur un carnet chaque mot du médecin.
— Salut, tout le monde. Je ne vous dérange pas, au moins ?
Blanchard braqua sa lampe sur la commissaire.
— Bonsoir, patronne.
— Tu peux presque dire bonjour, Blanchard. D’ailleurs, j’ai bien cru que vous alliez me laisser faire la grasse…
Le médecin légiste avait relevé la tête et l’observait en souriant.
— Dites-moi, Mathias, poursuivit Aïcha, si vous pouviez éviter de me laisser à l’écart, désormais, ça m’arrangerait. C’est encore moi qui dirige cette équipe, au cas où vous l’auriez oublié.
Le sourire de Mathias s’estompa.
— Ça n’est pas ça, et vous le savez très bien.
— C’est quoi, alors ?
— Simplement que quand on est arrivés sur place, on a découvert le corps et qu’on s’est retrouvés absorbés d’un coup. Vous savez comme moi que dans ces moments-là, les minutes ne comptent plus, les heures défilent… et voilà.
— Tellement absorbés que vous en oubliez jusqu’à mon existence ?
— Pas du tout. On sait tous ici que vous êtes crevée. À bout, même. Et que vous tirez sur la corde et qu’elle est prête à rompre. Ça fait des mois qu’on vous observe mener vos enquêtes comme une zombie.
— Zombie ?
— Oui, excusez-moi, mais c’est exactement ça. Depuis que Sébastien a…
— Ça suffit, Mathias !
Elle avait saisi la torche des mains de Perridon et la braquait sur le visage du légiste.
— Ça suffit ! C’est de collègues absolument fiables dont j’ai besoin, pas de psycho-protecteurs à la noix.
Elle s’agenouilla près du médecin et posa son regard sur le corps tranché en deux qui

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