463
pages
Français
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2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
01 juillet 2023
Nombre de lectures
42
EAN13
9782384830749
Langue
Français
L’intégrale de Planètes à vendre contient les deux tomes de la saga de space-opera de Stéphane Desienne.
La disparition du vol DH370 est le point de départ d’une extraordinaire aventure qui va mener les 238 passagers à l’autre bout de l’Univers. Une réalité incroyable va peu à peu se révéler aux voyageurs.
Mais face à l’inconnu, pour survivre, il faut réagir. Carter va tout entreprendre et faire usage des talents qui avaient fait sa fortune, mais aussi sa faillite – vendre, négocier –, afin de sauver ses semblables et leur offrir un avenir.
Publié par
Date de parution
01 juillet 2023
Nombre de lectures
42
EAN13
9782384830749
Langue
Français
Présentation
L’intégrale de Planètes à vendre contient les deux tomes de la saga de space-opera de Stéphane Desienne.
La disparition du vol DH370 est le point de départ d’une extraordinaire aventure qui va mener les 238 passagers à l’autre bout de l’Univers. Une réalité incroyable va peu à peu se révéler aux voyageurs.
Mais face à l’inconnu, pour survivre, il faut réagir. Carter va tout entreprendre et faire usage des talents qui avaient fait sa fortune, mais aussi sa faillite – vendre, négocier –, afin de sauver ses semblables et leur offrir un avenir.
Stéphane Desienne signe son retour au space opera de la plus belle des manières avec Planètes à vendre , destiné aux lectrices et lecteurs férus de voyages interstellaires, d’aliens et de mondes inconnus.
Stéphane Desienne est établi sur les bords de la Loire, le dernier fleuve sauvage d’Europe, dit-on. Il est féru de science-fiction depuis son plus jeune âge, influencé par le côté obscur des technologies, l’exobiologie, les thèmes liés à la survie.
Puisque dans le futur, tout peut arriver, ce n’est pas le pire qui provoque la terreur, mais son anticipation.
Site Web de l'auteur
PLANÈTES À VENDRE
INTÉGRALE
Stéphane DESIENNE
SCIENCE-FICTION
Première partie
DH370
Boeing 877, vol DH370, Terre
Russo Carter pressa sa serviette en cuir contre sa chemise Versace à deux cents euros, les traits déformés par un sourire crispé. Le bassin collé contre l’accoudoir, il céda le passage à une dame plus âgée, corpulente, qui empestait le parfum bon marché. En nage dans sa robe premier prix à motif floral, elle le remercia d’un regard presque implorant. Russo serra les mâchoires en observant ce spectacle peu habituel pour un homme tel que lui : un avion de ligne en train de se remplir de ses passagers, jusqu’à ras bord. Dans un brouhaha à peine supportable, des dizaines d’inconnus glissaient leurs bagages dans des casiers, s’énervaient ou bavardaient avant de se laisser tomber dans un siège souvent trop étroit. Carter ferma les yeux en espérant que ce cauchemar prenne fin. Du haut de son statut social, le calvaire – désagréable au possible – s’apparentait à une virée dans un quartier mal famé au-delà du pont de Brooklyn. Après moult contorsions, le milliardaire gagna sa place coincée côté hublot où il resta accroché à son sac comme à une bouée, à la limite du supplice, le postérieur sur une assise plus dure qu’une planche de bois. Torry Vecchia se glissa dans le siège voisin du sien avec bien plus de grâce et d’aisance. Après tout, c’était son milieu, son terrain.
— Tu sais ce qui me fait plaisir, Carter ? lui lança-t-elle en vérifiant le statut du bracelet électronique qu’il portait au poignet.
Il secoua négativement la tête.
— Te voir te débattre au milieu de gens que tu as toujours considérés comme des moins que rien, toi parmi ceux que tu as plumés sans état d’âme. Quel effet ça fait ?
— On dirait que ça vous amuse, lâcha-t-il sur un ton dépité.
Après toutes ces années de jeu du chat et de la souris, elle n’hésitait plus à le tancer.
— Follement ! Tu n’as jamais approché les gens ordinaires de si près, pas vrai ?
— J’en ai déjà croisé plein au FBI, répliqua-t-il. En fait, je n’ai jamais vu une telle concentration de personnes conventionnelles, avec des visions aussi étriquées que leurs costumes bon marché.
Son regard lorgna en direction des premières classes où une splendide jeune femme en uniforme venait de tirer un rideau pour marquer la séparation entre deux mondes. Pour la première fois de sa vie, il se trouvait du mauvais côté de la frontière. Russo soupira, s’enfonça dans son fauteuil.
— Par contre, je n’ai jamais volé dans une bétaillère, c’est certain.
Torry abaissa sa tablette pour y poser un petit sac de voyage. Elle en sortit une bouteille d’eau achetée avant d’embarquer. Russo sourit. Elle était exactement ce genre de femme : eau plate, sport, discipline et patience. Cette dernière qualité n’était pas étrangère à sa chute. Russo Carter était son trophée, le couronnement de ses efforts. Elle avait sué, au propre comme au figuré, pour l’épingler à son tableau de chasse. Demain, sur le parking du pénitencier de Fort Lauderdale envahi par une nuée de reporters, Torry Vecchia connaîtrait son jour de gloire pendant qu’il serait mis à nu, dépouillé de sa dignité, et qu’on lui imposerait de porter l’un de ces affreux ensembles orange.
— De l’eau ? lui offrit-elle en lui tendant le récipient de plastique.
Il déclina la proposition, contrit dans un espace réduit où il avait l’impression que bouger un orteil provoquerait des remous agacés jusqu’à trois rangées devant lui.
— Combien de temps vais-je devoir supporter ça ? demanda-t-il.
— Huit heures jusqu’à Jacksonville puis on fera un peu de route jusqu’à ton nouveau domicile. C’est moins chic que ton manoir des Hamptons, mais tu y seras traité comme un VIP. Le choix de garde-robe est limité, mais je suis certaine que la couleur orange t’ira comme un gant.
La pique l’amusa plus qu’elle ne l’affecta. C’était de bonne guerre.
— Tu aurais pu échapper à la peine préventive en évitant de t’enfuir à Londres, précisa l’agent. Le juge n’a pas du tout apprécié ton escapade en jet privé.
Ce qui l’avait évidemment incité à faire un exemple devant les caméras.
— Je ne m’enfuis pas. Jamais. Et si telle avait été mon intention, j’aurais choisi un pays qui n’a pas d’accord d’extradition.
Elle lui sourit.
— Je ne suis pas avocate, ni l’un de tes conseillers à six cents dollars de l’heure.
— Je voulais parler à mes filles. Une dernière fois. Rien d’autre.
— Je le sais.
— Ma femme s’est tirée avec mes enfants. Elle s’est installée dans notre appartement de Kensington et a demandé le divorce. Elle va me piquer la moitié de ma vie.
Et la moitié de mon pognon.
— Pas de séparation des biens ? Ça m’étonne de ta part… Finalement, tu les payes trop cher tes conseillers.
— C’est ce qui arrive quand on tombe amoureux. Trop bon, trop con.
La réplique cinglante fusa :
— Ne me fais pas pleurer, Carter ! Tu as ruiné des milliers de foyers avec tes magouilles financières sur les cryptomonnaies. N’importe qui mènerait une vie de rêve avec le millième de ta fortune.
— Vous prenez votre pied, hein, agent Vecchia.
— Ouais, lui répondit-elle en le dardant d’un regard froid. J’ai travaillé sur ton dossier pendant sept ans. Nuit et jour. Ça m’a coûté un mariage, alors oui, ces instants, je les savoure comme il se doit. Chaque foutue seconde.
— Pas de séparation des biens ?
— Avec mon salaire ? Je suis payée par le gouvernement.
— Je suis désolé, lui sourit-il, sur un ton narquois.
— Les gens comme toi ne sont jamais désolés. J’ai la satisfaction d’avoir réussi à te coincer, à te mettre hors course. C’est le sommet de ma carrière.
— Je suis impressionné. Et donc, ça valait le coup ?
Elle détourna le regard.
— Ferme-la, Carter. J’aimerais piquer un somme après le décollage.
Trois soleils
Monde de l’Apex – 30 ans après la disparition du vol DH370
À chaque fois qu’il repensait à ces trente dernières années, au chemin parcouru, ses souvenirs se fixaient inlassablement sur le jour de son arrestation à Londres. Ses filles, aux cheveux aussi blonds que les blés, aussi éblouissants que des soleils, l’avaient regardé avec cette expression curieuse empreinte d’indécision, leurs esprits confus emplis de questions et d’incompréhension. Pourquoi des voitures de police attendaient-elles papa au pied de l’immeuble ? Est-ce que cela avait un rapport avec toutes ces choses méchantes que publiaient des tas de gens sur les plateaux de TVHD ?
Jusqu’ici, il avait toujours réussi à préserver sa famille en leur demandant d’appliquer des consignes simples : ne pas prêter attention aux rumeurs sur les réseaux, ne pas parler aux médias, vérifier l’identité de personnes se présentant comme des agents du gouvernement, connaître par cœur le numéro de téléphone de leur avocat. Il avait ainsi temporairement pu les tenir à l’écart de la réalité, en les protégeant à l’intérieur de bulles sécurisées, celles des berlines à la carrosserie noire, celles de leurs appartements, celles des innocentes parties de beach-volley ou des dégustations de glace du week-end dans leur villa des Hamptons. Le matraquage médiatique incessant avait eu raison de ce bouclier, en injectant le venin du doute dans les esprits de ses proches et, au final, en brisant leur unité.
Quelque chose avait changé dans le regard de ses filles, ce soir-là. Même si elles n’entendaient pas les tenants et les aboutissants de procédures juridiques techniques, elles comprenaient en revanche le langage sans filtre des victimes en colère, celui des pères et des mères de leurs camarades de classe, les propos sans concession des journalistes et des politiciens surfant sur la chute d’un géant de la finance, tous alléchés par l’odeur du sang et en jurant que Carter payerait pour ses crimes.
Sybille l’avait regardé avec ses yeux humides : est-ce que tu as tué quelqu’un papa ?
Avec le recul, il n’en voulait pas à son épouse d’avoir éloigné les filles de New York. Elles devaient avoir quoi, à présent… quarante et quarante-deux ans. Elles avaient grandi, étaient devenues des femmes. Des mères ?
Sans lui. Sans un père détesté par le monde entier.
Peut-être était-ce mieux ainsi.
Dans le plus simple appareil, il se dirigea vers le plateau flottant où un verre se remplit aux deux tiers. Il s’en saisit, apprécia la robe violette du breuvage avant de le porter à ses lèvres. Cette boisson se méritait, se dit-il en grimaçant, et pas uniquement en raison de son goût prononcé. Son prix indécent la réservait à une élite. C’était le genre de détail qui le faisait toujours autant frissonner. La paroi dépolarisée s’effaça et il se retrouva sur la plateforme extérieure, protégé par une seule pellicule transparente, à l’iridescence à peine visible. De l’autre côté, c’était presque le vide spatial. Sans le champ de confinement, la temp