Rencontres au gré du vent | Nouvelle lesbienne
141 pages
Français

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Rencontres au gré du vent | Nouvelle lesbienne , livre ebook

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Description

"Un samedi à Paris" se passe dans les escalators d’une gare parisienne, la narratrice est troublée par la vision d’une femme de l’autre côté.
"L’art de rompre une malédiction" traite des fêtes de fin d’année. Léonore, persuadée d’être maudite le mois de décembre, se retrouve embarquée par sa mère dans un superbe chalet en montagne pour faire une surprise à sa grand-mère. Là-bas, elle rencontre Elga et les choses se compliquent.
"Le goût du changement" se déroule dans un RER bondé lors d’un après-midi caniculaire. La narratrice se retrouve ballotée entre plusieurs inconnus, dont une jeune femme aux yeux bleus à couper le souffle.
"Conforama" présente Eléonore, qui cherche les oreillers en plume qu’elle a commandés au Conforama. Elle ne s’attendait certainement pas à y trouver en même temps une responsable de ventes et retraits fort charmante.
"Cette fois, partons" confronte une jeune tenancière de station essence à sa frustration quant à l’absence d’une certaine cliente pourtant fidèle au magasin...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 août 2023
Nombre de lectures 17
EAN13 9780244914509
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Rencontres au gré du vent
 

 
Alexandra Lafitte

 
 
 
 
 
Copyright © 2022
Tous droits réservés.
ISBN Papier : ISBN Ebook :
 
Dépôt légal
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2022
 
DÉDICACE
 
 
Aux rencontres du quotidien qui chamboulent l’existence.
TABLE DES MATIÈRES
 
HIVER 2017 – LA DÉCOUVERTE
ÉTÉ 2018 – L’ACCEPTATION
PRINTEMPS 2019 – LE CHAOS
AUTOMNE 2021 – L’ÉQUILIBRE
BIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE

HIVER 2017 – LA DÉCOUVERTE
— Prochain arrêt, Rehaupal !
Les freins du train crissèrent, tandis que je me levais de mon siège, prête à descendre. L’équation de mon DM de maths toujours à l’esprit, je peinai à récupérer ma valise en haut du porte-bagages. Je l’avais bourrée de cours et elle pesait une tonne.
Depuis mon entrée en classe prépa, j’étais dans une course contre-la-montre perpétuelle. J’avais l’impression que le reste du monde tournait au ralenti, tant je consumais les heures à la recherche de la moindre minute à gagner pour optimiser mes révisions. J’avais dix-neuf ans à l’époque et un seul mot en tête : concours. C’est fou, le temps que l’on peut gâcher, quand on est jeune, sous prétexte de devoir réussir sa vie.
Rehaupal, c’était une destination originale, perdue dans les montagnes vosgiennes, entre Gérardmer et Épinal. Un petit village sans prétention, qui gardera pour moi ce charme si particulier des premières fois, celles que, malgré les années, on n’oublie pas.
Ma tante Christine devait me récupérer à la gare et je la repérai vite. Fidèle à elle-même, les cheveux au carré, bien raides, le regard perçant et un collier de perles hors de prix autour du cou, elle arborait une écharpe en cachemire et une longue doudoune farcie de plumes.
— Grand Dieu ! s’exclama-t-elle. Tu as une tête abominable !
Elle avait toujours eu le mot pour faire plaisir.
— Une chance qu’ils aient un spa pour te requinquer avant les fêtes !
Je doutais qu’une session de massage et un bain moussant puissent effacer mes mois de nuits sans sommeil, mais je ne rétorquai pas. Le temps m’avait appris qu’il ne servait à rien d’essayer de négocier avec Christine. Elle n’était pas la sœur de mon père pour rien.
Forçant un sourire, je me laissai guider jusqu’à sa superbe berline noire. J’ouvris le coffre, prête à y glisser mes bagages, lorsqu’une vieille Clio à la carrosserie blanche se gara sur la place adjacente. C’était un des tout premiers modèles. Il lui manquait un enjoliveur, le rétroviseur gauche était maintenu en position grâce à une importante quantité de scotch et le pare-brise ne comportait qu’un seul essuie-glace. À l’arrière, un A était collé de travers, et juste à côté, plaqué avec le même manque d’application, s’étendait un drapeau arc-en-ciel.
La fille au volant, probablement dans sa vingtaine, se regarda dans le rétroviseur central et ajusta sa coiffure avant d’ouvrir la portière, qui s’arrêta à deux centimètres de la voiture de Christine. Ma tante se raidit à côté de moi.
— Bon sang, vous ne pouvez pas faire attention ?
On aurait dit un caniche cherchant à impressionner un dobermann. Encore dans son véhicule, la conductrice passa la tête vers l’extérieur.
— Sérieux ? Je l’ai pas touchée, votre caisse !
Ses cheveux étaient courts, blond décoloré, et ses yeux bleus étincelaient comme deux éclairs.
— C’était tout juste ! insista Christine.
Sur ses talons, je me fis toute petite. Pourquoi ne pouvait-elle pas se taire, des fois ? Je m’empressai de fourrer ma valise dans le coffre. J’avais honte de me situer dans le camp de Christine, et plus vite je pourrais m’échapper de cette altercation, le mieux ce serait.
La fille s’extirpa de son épave et dévisagea ma tante.
— On appelle ça la maîtrise , Madame.
Elle était vêtue d’un jogging camouflage resserré au niveau des chevilles et d’un manteau rapiécé.
— Vous avez autre chose à me reprocher ou je peux tracer ma route ?
Personne n’avait jamais tenu tête à Christine avec autant de culot. J’étais sidérée de voir que c’était possible. Ma tante aussi était stupéfaite, au point qu’elle ne trouva rien à ajouter. Jetant un regard mauvais à celle qui venait de devenir mon héroïne de la journée, elle se contenta de monter en voiture et de claquer la portière avec véhémence. Je me dépêchai de la rejoindre pour couper court à ce moment gênant.
— Ils se croient tout permis les jeunes de nos jours, s’agaça Christine. C’est inadmissible ! Elle ne doit pas avoir peur de le rayer son tas de ferraille, ça c’est certain !
Les fauteuils sentaient bon le cuir et le tableau de bord digitalisé brillait de mille feux. Christine enclencha la marche arrière et fonça hors du parking, avant de piler net pour laisser traverser des piétons imprudents, qu’elle insulta copieu-sement. Je sus que le séjour allait être long.
La route serpentait à flanc de montagne, m’offrant une vue imprenable sur la vallée enneigée en contrebas. Les prospectus que m’avait envoyés mon père n’avaient pas menti. Tellement d’espace ! C’était à la fois splendide et intimidant. J’avais peur de plonger dans le vide et de me noyer dans l’immensité.
Christine se racla la gorge :
— Alors, prête pour les vacances ?
— Franchement, aucune idée. Je suis encore dans mes cours… J’ai tellement de trucs à réviser !
— Quels concours tu cibles ?
On n’arrêtait pas de me poser la question. Je la trouvais particulièrement étrange. Moi qui n’avais absolument aucun projet de carrière profes-sionnelle, j’avais du mal à comprendre le concept d’ambition. Si j’étais en prépa, c’était simplement parce qu’on m’avait recommandé de m’y rendre. Il fallait bien gagner sa vie d’une manière ou d’une autre, alors pourquoi pas ingénieur ?
— Les moins compliqués.
La réponse ne sembla pas satisfaire Christine, qui poussa un long soupir.
— Pauvre jeunesse…
L’hôtel vers lequel nous nous dirigions était visible de très loin, se dressant au milieu de nulle part tel un château de conte de fées. Les habitants des villages aux alentours avaient dû jaser lors de sa construction, car cette bâtisse moderne faisait tache au milieu du massif vosgien.
— Et la vie parisienne, reprit Christine, ça chamboule ?
— Je n’ai pas vu grand-chose de Paris, en toute honnêteté.
— Mais ça fait bientôt deux ans que tu y es !
— Nan, corrigeai-je. Ça fait bientôt deux ans que je suis à l’internat.
Christine s’esclaffa comme si je venais de lui raconter une blague, mais j’étais très sérieuse. Je ne sortais jamais. Pas le temps.
Arrivant sur le parking, Christine se gara à côté d’une Ferrari rouge immaculée au point de refléter le paysage. J’inspirai une grande bouffée d’oxygène en descendant de voiture. L’air montagnard avait ce petit quelque chose impossible à retrouver ailleurs, un magnétisme incroyable, aussi déroutant qu’apaisant.
Je récupérai ma valise, avant de suivre ma tante vers l’entrée. Les portes automatiques s’écartèrent sur notre passage et je fus éblouie par la beauté du cadre. Face à moi, un imposant comptoir de marbre blanc s’étendait en plein centre comme le maître des lieux. Juste derrière lui se cachait une réceptionniste, qui semblait minuscule tant le hall était vaste. Un petit salon s’offrait sur ma droite avec la panoplie complète : télé, canapé en daim, et magazines soigneusement triés. De l’autre côté, un accès direct au bar.
— Léna !
Je tournai la tête et découvris mes cousines. Anne-Sophie se précipita vers moi et me sauta dans les bras, bientôt suivie par Anaëlle. Elles avaient un an d’écart et la ressemblance entre elles était tellement frappante qu’on les prenait souvent pour des jumelles. Brunes, les yeux foncés et des taches de rousseur sur le nez, elles avaient ce petit rictus moqueur de celles qui prennent un malin plaisir à taquiner les autres. Anne-Sophie, la plus âgée, était la fierté de la famille. Tout ce qu’elle touchait se transformait en or. Anaëlle, quant à elle, avait plutôt l’énergie d’un électron libre.
— Comment tu vas ? lancèrent-elles en chœur, le regard brillant de curiosité.
— Je suis contente d’arriver. J’avais besoin de vacances.
Se détachant de moi, Anne-Sophie roula des yeux.
— M’en parle pas ! J’ai des partiels début janvier. C’est la mort…
— Commence pas à raconter des trucs déprimants ! la coupa Anaëlle. Tu viens, Léna ? Il faut qu’on te montre la chambre, tu vas ha-llu-ci-ner !
Elle détacha distinctement chaque syllabe, avant de me tirer à sa suite. La rampe de l’escalier principal était garnie de dorures et un lion en or marquait l’arrêt à chaque palier. Les marches étaient tellement lustrées que je faillis m’étaler au sol.
Mes cousines m’entraînèrent au troisième étage, avant d’ouvrir la porte de la chambre 304 avec une carte magnétique. J’étais au courant que je me trouvais dans un hôtel cinq étoiles, et, pourtant, je ne pus m’empêcher d’écarquiller les yeux lorsque je découvris la suite dans laquelle nous étions logées.
Le salon était tout équipé, pourvu de son canapé douillet, de ses tables basses et de ses fauteuils ventrus, sans oublier sa télévision suspendue, aussi large que le mur.
— Regarde ça ! jeta Anaëlle en ouvrant le minibar.
Le frigo allait jusqu’au plafond et proposait un choix de boissons plus important que dans n’importe quel bistro de quartier.
— On l’a renommé : le maxibar !
Juste à côté, caché dans un placard, se tenait un grand coffre-fort à combinaison.
— Si jamais tu as des diamants à mettre en lieu sûr !
La salle de bain, gigantesque, abritait une baignoire, un jacuzzi et une douche, ainsi qu’une collection effarante de shampooings et de savons miniatures. Soigneusement pliés l’un sur l’autre nous attendaient des peignoirs et une paire de chaussons pour chacune.
— Mais c’est quoi, cet endroit ?
J’étais habituée aux hôtels haut de gamme, car mon père ne supportait pas de côtoyer les classes sociales plus modestes, mais, ce niveau de luxe, je ne l’avais jamais rencontré nulle part.
Derrière le salon, un bureau bordait l

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