Résilience et personnes âgées
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Résilience et personnes âgées , livre ebook

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Description

L’anthropologue Germaine Tillion, résistante et déportée, travaillait encore à la veille de sa mort. Revenue de l’horreur, elle avait décidé de rire jusqu’à la dernière minute, suscitant autour d’elle un groupe d’amitié, d’entraide et de gaieté qui a duré jusqu’à ce qu’elle ait 101 ans. Pour beaucoup, la vieillesse fait tout perdre — la mémoire, la fraîcheur, le cerveau… Ce livre montre au contraire que la résilience est possible chez les personnes âgées. Réunissant des psychologues, des neurologues, un vétérinaire, des psychiatres et des gériatres, il fait comprendre comment interviennent dans ce processus vital les liens d’attachement, les interactions, la mémoire, mais aussi les émotions, la motivation ou encore l’humour et la musique. Louis Ploton est psychiatre, professeur émérite de gérontologie à l’université Lyon-II. Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon. Avec Marie Anaut, Claude Béata, Alain Brossard, Michel Delage, Jacques Gaucher, Pascale Gérardin, Cyril Hazif-Thomas, Yves Kagan, Antoine Lejeune, Pierre Lemarquis, Jérôme Pellerin, Marion Péruchon, Jean-Pierre Polydor, Gérard Ribes, Serge Sirvain, Philippe Thomas, Mireille Trouilloud. 

Informations

Publié par
Date de parution 27 février 2014
Nombre de lectures 4
EAN13 9782738172211
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,1050€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de Louis Ploton et Boris Cyrulnik
RÉSILIENCE ET PERSONNES ÂGÉES
© O DILE J ACOB , FÉVRIER  2014 15, RUE S OUFFLOT , 75005 P ARIS
ISBN : 978-2-7381-7221-1
www.odilejacob.fr
Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-5, 2° et 3° a, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Table
Page de titre
Copyright
Résilience âgée ? - B ORIS C YRULNIK
Conclusions
Références bibliographiques
Créativité, humour et résilience avec l’avancée en âge - M ARIE A NAUT
Crise du vieillissement : la balance des pertes et des gains
La créativité chez l’âgé : un nouvel élan vital
Humour, seniors blues et autodérision
Créativité, souffrance psychique et élaboration des traumatismes
Créativité, transmission et recherche de reconnaissance
Les écrits autobiographiques des seniors
Pistes de réflexion
Références bibliographiques
Du côté de l’animal âgé : résilience et vieillissement, un autre point de vue - C LAUDE B ÉATA
Cerveaux humains, cerveaux animaux : les bases biologiques de la dégénérescence et de la résilience en question
Résilience chez l’âgé : les animaux ont-ils quelque chose à nous apprendre ?
Chien âgé et résilience : résultats et anecdotes
Conclusion
Références bibliographiques
Famille et résilience dans le vieillissement - M ICHEL D ELAGE
La résilience et le bien vieillir : deux notions à ne pas confondre
Le processus transactionnel de la résilience chez l’âgé
L’âgé en souffrance et les ressources de la résilience familiale
Perspectives thérapeutiques
Conclusion
Les interactions tardives - A NTOINE L EJEUNE
Les interactions tardives se traduisent par des modifications relationnelles
Le corps, le visage et le regard constituent le miroir des interactions tardives
Les interactions tardives fonctionnent comme une mémoire sélective
Les interactions amoureuses tardives ne sont pas seulement des retours d’attachement
L’expérience de vivre le très grand âge réalise un parcours de vie souvent original
Grâce aux interactions tardives, un déclin résilient est possible
Les interactions tardives permettent de négocier la sortie
Les interactions tardives permettent la transmission au-delà de la mort
Références bibliographiques
Vieillissement, musique et résilience - P IERRE L EMARQUIS
Le cerveau musical
Plasticité cérébrale
De la musique avant toute chose, et après ?
Musique et émotions
Musique et cognition
Musique et maladies liées au vieillissement
Musique et cerveau social
Petites madeleines et résilience
Créativité et résilience
Liberté, gestualité, personnes âgées - J EAN -P IERRE P OLYDOR
Les buts et les moyens de la communication
L’empire des sens
Grand-père bouge encore
La mécanique de la communication par les gestes
La communication des âgés est une course d’obstacles
La méthode infaillible pour communiquer par signes avec nos aînés
Et la résilience dans tout ça ?
Références bibliographiques
Ces oublis impossibles ou le désir d’oublier… - P ASCALE G ÉRARDIN
Plainte mnésique ou plainte de l’oubli ?
« Comment fait-on pour oublier, madame ? »
Exaltations de la mémoire
Le vieillissement comme temps de la résilience ?
Pour conclure
Références bibliographiques
Maladie d’idéalité et résilience : destins possibles - M IREILLE T ROUILLOUD
La vieillesse, un réel qui fait de l’effet
Du trauma à la maladie d’idéalité
La résilience à l’épreuve de la maladie d’idéalité
Raymond, l’échec de la résilience
Destins possibles de la résilience
César résilient
Motivation, résilience et avancée en âge - C YRIL H AZIF -T HOMAS P HILIPPE T HOMAS
Motivation et résilience
Le cas clinique de madame L.
Conclusions
Références bibliographiques
Les ressorts psycho-dynamiques de la résilience dans le vieillissement - M ARION P ÉRUCHON
La résilience et son socle « NMO »
Du bon fonctionnement du triptyque « NMO » à son échec
Références bibliographiques
Le travail psychique de résilience chez l’âgé - La fonction des mécanismes de dégagement : relire et relier sa vie J ACQUES G AUCHER et G ÉRARD R IBES
Quelles postures psychiques pour le sujet âgé ?
La position du tuteur de résilience
Les mécanismes de défense dans le travail du vieillir
Références bibliographiques
Vieillissement et résilience :  quid de la théorie de l’esprit ? - A LAIN B ROSSARD
Définitions préalables
Un schéma de départ
Liens hypothétiques entre résilience et ToM
Liens hypothétiques entre vieillissement (dont maladie d’Alzheimer) et ToM
Pour conclure : peut-on avancer l’idée d’une « résilience de l’esprit » ou d’une ToM tardive au cours du vieillissement ?
Références bibliographiques
Grand âge, âgisme et résilience - Y VES K AGAN et J ÉRÔME P ELLERIN
Le questionnement de la résilience s’applique toujours au grand âge
Peut-on définir un vieillard résilient ?
D’une résilience limitée à une résilience aboutie dans le grand âge
Le rôle de l’environnement dans la résilience du grand âge
L’âgisme, facteur d’antirésilience
La maladie grave et la fin de vie empêchent-elles la résilience ?
Le grand âge résilient est un véritable enjeu de société
Comment favoriser la résilience dans le grand âge ?
Conclusion
Références bibliographiques
En guise de conclusion - S ERGE S IRVAIN et L OUIS P LOTON
Les facteurs de résilience
La disposition d’un tuteur de résilience…
Les auteurs
Résilience âgée ?
B ORIS C YRULNIK

Les signes apparents de la vieillesse sont constitués de pertes : perdre sa fraîcheur, perdre ses muscles, perdre la mémoire jusqu’au naufrage final. Comment voulez-vous penser la résilience, la reprise d’un nouveau développement avec une telle image de la vieillesse ?
En fait, on constate que lors de l’inévitable vieillesse, le processus d’adaptation logique consiste à renoncer et optimiser. La personne âgée renonce, en souriant, à faire les jeux Olympiques, mais optimise les points forts qu’elle a acquis au cours de son développement et de son histoire : l’aptitude à faire un récit de la représentation de soi, et à donner sens aux inévitables épreuves et traumas de son existence. Or, donner sens à l’événement qu’on perçoit, c’est métamorphoser la connotation affective de cet événement : « J’ai été très malheureux quand j’ai été éliminé des études médicales, dit monsieur M., 76 ans. Et finalement je me rends compte que ça m’a permis de tenter une aventure littéraire. Je suis devenu spécialiste d’Aragon au CNRS… Beaucoup de bonheur… Mais j’éprouve encore une petite tristesse de ne pas avoir été médecin. »
On est là en pleine définition de la résilience âgée : au moment de la déchirure, à 20 ans, quand monsieur M. a été éliminé des études médicales, il n’a eu que du chagrin, un énorme sentiment de perte, une image de soi dégradée pour toute sa vie. « Je ne serai jamais médecin. » Puis, en renonçant à ce rêve perdu, en optimisant un autre point fort de sa personnalité, l’amour de la littérature, il a été heureux au CNRS. Quand on arrive au grand âge, à « l’âge du sens », disait Saint-John Perse, « on voit les choses autrement ».
Le ralentissement psychomoteur est une constante de l’existence de tous les êtres vivants, animaux et humains. Dans un contexte paisible, ce n’est pas un handicap. Le déclin cognitif est plus difficile à évaluer puisqu’il dépend du développement des individus et des contextes techniques qui peuvent stimuler, ou ralentir les performances. Les croyances culturelles organisent la manière de s’adresser aux âgés, de les sécuriser, de les mobiliser ou de les abandonner. La cognition âgée est la conséquence de tous ces déterminants hétérogènes.
Le sentiment de la vieillesse peut-il être au XXI e  siècle le même qu’au Moyen Âge ? Une petite fille qui arrive au monde aujourd’hui deviendra probablement centenaire. Elle maîtrisera la fécondité, consacrera deux ou trois ans à la maternité, dans un contexte où la technologie permet de ne plus faire du social avec les muscles des hommes et le ventre des femmes. Que fera cette petite fille des 97 ans qui lui restent ? Va-t-elle attribuer à la maternité la même valeur que les femmes qui, au XIX e  siècle, mouraient à 36 ans après treize grossesses ? Va-t-elle attribuer au couple la même signification qu’à l’époque où les hommes, héroïsés donc sacrifiés, descendaient fièrement à la mine pour y travailler 15 heures par jour ? Le couple gardera-t-il la même signification dans un contexte tertiaire où les métiers sont désexualisés ?
À ces changements technologiques et sociaux qui entraînent une nouvelle représentation de la vieillesse, il faut ajouter les découvertes des neurosciences : la neuroplasticité peut être définie comme « un processus neurobiologique qui assure la récupération d’un bon fonctionnement cérébral après une maladie ou une altération due à l’âge ». Bon fonctionnement ne veut pas dire retour à l’état antérieur, il peut signifier aussi acceptation de la perte et optimisation compensatoire de ce qui fonctionne encore bien. C’est un « nouveau développement » dans le grand âge qui correspond à la définition de la résilience âgée (Mora, 2013).
Cette résilience doit être considérée comme un réaménagement du monde mental altéré par les pertes. Quand on est enfant, la perte des parents provoque un bouleversement de la niche sensorielle qui tutorise le développement du petit. C’est un risque vital et

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