Schizo
24 pages
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Schizo , livre ebook

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Description



Les fantasmes BDSM de Diane trouvent dans une paire de ciseaux l’instrument de sa vengeance.


IMMOBILE SUR LE LIT strié par les ombres du store, l’homme l’attendait dans sa combinaison de latex noir. C’était ainsi depuis deux semaines. Une cagoule recouvrait sa figure hormis les yeux qu’il avait d’un vert profond. Diane ne saurait jamais s’il se couchait ainsi harnaché le soir ou s’il ne revêtait cet habit d’homme-grenouille qu’au petit matin, juste avant sa venue. Elle n’avait jamais vu son visage. Son identité lui était inutile. Peu lui importait. Ce qui ressortait de ce corps plastifié, c’était le sexe au repos,...


Jan Thirion n ’a pas son pareil pour pervertir un récit embarquant le lecteur sur de fausses pistes, entre fantasme et réalité. Un ton, un trouble, une atmosphère, du suspense, un malaise, un rebondissement, en quelque pages l’équivalent d’un film de Brian de Palma. Du grand art.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 janvier 2014
Nombre de lectures 14
EAN13 9791023402865
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Jan Thirion Schizo Nouvelle CollectionCulissime
Allô ! D’abord un long silence, un son comme une respiration dans l’écouteur, puis Diane vit l’homme téléphoner en même temps qu’elle et comprit. Appareil à la joue, il lui souriait. En jouant avec sa petite paire de ciseaux, elle fit semblant de s’intéresser à une affiche au mur concernant un concert de soutien aux sans papiers. Elle évita le miroir à côté, elle ne s’aimait pas le matin, trop chiffonnée qu’elle était par la nuit. Elle regarda l’homme à la dérobée. Un chauve aux lèvres charnues, aux mains extrêmement fines, féminines, l imite squelettiques. Un beau mec tout de même. Installé à trois tables d’elle, devant une tasse et un croissant, il arborait le cuir noir des motards. L’idée de rouler en moto lui contracta le ventre. Elle n’avait jamais enfourché ce genre d’engin. Elle se sentit rougir. Une pulsion soudaine la fit s’imaginer en train de coller ses lèvres à cette bouche charnue et offrir son corps aux doigts longs et maigres de l’inconnu. Elle connaissait son rôle. Elle savait ce qu’on attendait d’elle. Ensuite, si elle faisait exactement ce qu’on lui avait ordonné de faire, on lui ficherait la paix. C’était le deal. Jean-Claude ne saurait rien. Elle ne répondit pas au sourire de l’homme. Son téléphone redevint un galet silencieux. Ses ciseaux regagnèrent son sac. Quelque part dans le bar, une voix égrenait les infos du jour, ponctuées de virgules sonores. Evitant de marcher trop près du chien tacheté, attaché au pied du comptoir, le motard s’approcha d’elle, avec deux casques. Il se présenta sous le nom de Virgile. Elle se leva. Rex l’avait prévenu du changement de conducteur. Dehors, la journée promettait monts et merveilles. Une Harley rutilante les attendait garée sur une place réservée aux handicapés. Diane fut surprise du démarrage en douceur, du ronronnement de centrifugeuse, voire de sorbetière électrique, sans les pétarades auxquelles elle s’attendait. Il lui semblait traverser la ville dans une apesanteur de jeu vidéo, ou comme dans une copulation effectuée sans effort. La jeune femme n’était pas à cinq minutes près. Elle aurait bien pu passer la journée entière à rouler pour le seul plaisir de rouler. Elle n’était pas pressée d’accomplir ce qu’on réclamait d’elle.
Que dirait Jean-Claude s’il l’apercevait à califourchon sur cette Road King Classic bleue ? Elle imaginait sa tête, l ui qui ne collectionnait que les miniatures. Depuis peu, il adorait les deux-roues mais uniquement à l’échelle 1/43ème. Chaque semaine, il passait à la Maison de la Presse et rapportait une petite moto métallique avec son fascicule. Que diraient ses parents en la voyant prendre du bon temps ? Quand elle pensait à eux, Diane avait le cœur déchiré et craignaient toujours le pire. Ils vivaient loin d’ici, dans un pays difficile, avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Le mauvais sort pouvait soudain s’abattre sur eux si leur gentille fille, dans ce monde-ci, manquait à ses obligations. Là-bas, de l’autre côté de toutes les frontières réunies, la pitié, la justice, le bonheur étaient des mots qui n’avaient pas plus de sens que les cris des animaux de boucherie. Ils passèrent devant le cinéma où l’on jouait ce vieux film japonais érotiqueL’Empire des sens. Paradis’s Appart se situait au carrefour suivant. Un hôtel paquebot échoué sur un grand boulevard, avec un damier de fenêtres carrées, miroirs de la ville maquillée à outrance avec ses néons excessifs et ses publicités criardes. La moto la déposa sur le parking. Sans descendre de son engin, sans arrêter le moteur, Virgile récupéra le casque de Diane. Paradis’s Appart : le nom de l’hôtel s’étalant en caractères gras au-dessus de l’entrée vitrée. Avec sa clé spéciale, elle ouvrit la porte cachée dans un renfoncement sans avoir besoin de sonner à l’accueil. L’établissement tournait avec un personnel réduit. Une seule hôtesse somnolait derrière son écran d’ordinateur et ne s’intéressa pas à elle lorsqu’elle passa à proximité du comptoir. C’était ainsi chaque matin depuis qu’elle venait. L’ascenseur l’attendait au bout d’un couloir musical. Elle connaissait le parcours, pas comme la première fois où il lui avait fallu trois fois plus de temps pour s’orienter dans ce labyrinthe. Au quatrième étage, quasiment sans réfléchir, retrouvant la mélodie sirupeuse du rez-de-chaussée, elle franchit trois portes de communication, tourna à gauche, puis à droite, pour arriver devant la chambre 438. Elle entra avec précaution et repoussa la porte qui se referma dans un bruit de soie froissée. La lumière du jour soulignait la simplicité du mobilier. Le client ne voulait la recevoir que le matin tôt, entre sept et huit heures. Diane n’avait pas à discuter du créneau horaire. De toute manière, à cette heure, elle était réveillée.
Deux sacs, des vêtements, un portable éteint sur la table ronde en pin. Plusieurs journaux. Des restes de repas dans une boîte en carton. Traces classiques du nomade au repos qui attendait de l’autre côté de la cloison coulissante, dans le grand lit prévu pour des personnes de forte constitution.>>> Pour consulter le catalogueSKA (Romans et nouvelles) Une seule adresse : La librairie en ligne http://ska-librairie.net Le blog : http://skaediteur.net
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