Sœurs de Sang - nouvelles
59 pages
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Description

“Rouge est la couleur de la vie. De la mort aussi.”


La pochtronne de Belval


Au fil des pages comme de l'Histoire, les femmes se succèdent. Avec violence, ruse ou abnégation, elles se battent pour exister, qu'elles soient reine égyptienne ou ouvrière alcoolique. Qui aurait pensé que chacune d’elles aurait assez de volonté pour bouleverser l'ordre du monde ?


En rassemblant neuf nouvelles précédemment publiées séparément par les éditions d'Avallon, Sœurs de Sang met en scène des figures féminines dont le rôle s'affirme jusqu'au dénouement final.


Soeurs de sang a été "Lauréate du concours de nouvelles Brèves de Sang d'encre" en 2020. Peau de louve a été "Coup de cœur du jury du concours de nouvelles des Femmes qui écrivent" en 2020. Enfin, Ensevelis a été "Finaliste du concours de nouvelles Quais du polar/Kobo by Fnac" en 2021.



Cécile et Julie Gaillard sont sœurs. Très proches l’une de l’autre, elles partagent un univers littéraire sombre, caustique et réaliste. Cécile est historienne et vit à Rennes. Julie est sage-femme et vit à Paris. Ensemble, elles ont publié Une piscine à Jalalabad aux éditions d'Avallon, un thriller afghan hallucinant.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 octobre 2022
Nombre de lectures 4
EAN13 9782384390588
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION ROMANS COURTS & NOUVELLES
 
 
 
 
 
 
Crédits photographiques : Tim Marshall/Unsplash
Composition du livre : Valentine Flork/Les éditions d’Avallon
 
Distribution papier : SODIS
Distribution numérique : Immatériel
 
ISBN papier : 9782384390533
ISBN numérique : 9782384390588
 
Première édition
 
Dépôt légal : octobre 2022
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
 

© 2022 Les éditions d’Avallon
 
SŒURS DE SANG
 
Cécile et Julie Gaillard
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sœurs de Sang

 
N O U V E L L E S
 
 
 
 
 
 
De Cécile Gaillard
 
Aux éditions d’Avallon
 
Une piscine à Jalalabad , 2022, Grand Prix du Pays du Mont-Blanc 2022.
 
Nouvelles
 
Cléopâtre VII, 2022
Peau de Louve , Coup de cœur du jury au concours de nouvelles Femmes qui écrivent avec les loups (2020), 2022
Sarabande , 2022
La pochtronne de Belval , 2022
Sœurs de sang , Lauréate du concours de nouvelles Brèves de Sang d’encre (2020), 2022
31 août, tard dans la nuit , 2022
Duumvirus , 2022
 
 
 
 
 
 
De Julie Gaillard
 
Aux éditions d’Avallon
 
Une piscine à Jalalabad , 2022, Grand Prix du Pays du Mont-Blanc 2022.
 
Nouvelles
 
Épouse-moi en bleu , 2022
Ensevelis , Finaliste du concours de nouvelles Quais du polar/Kobo by Fnac (2021), 2022
 
Chez IGB é dition
 
L’irrésistible Marion L., 2022
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
CLÉOPÂTRE VII
 
 

 
 
 
Au cœur de l’hiver, sous le soleil radieux de Rome, les assistants de Christophe s’agitent. Ils l’appellent. Ils insistent. Ils trépignent.
— Monsieur, venez. C’est incroyable. Vous n’en reviendrez pas.
À ses pieds, ils déposent une cassette vieille de plus de 2 000 ans.
— Le trésor était caché là, derrière des amas de plâtre et une fine couche de stuc. La pièce a toujours été identifiée comme le bureau d’Octave. Nous ne pouvons pas nous tromper. Ce coffre a appartenu au premier empereur romain.
Christophe est le seul archéologue confirmé sur le site au moment de la découverte. Il exulte. Un écrin de mille feux brille sous ses yeux.
Il est le miracle qu’il attendait, l’objet qui va enfin le remettre en selle.
Sa carrière avait pourtant bien commencé. Il y a vingt ans, il avait publié, coup sur coup, ses deux thèses et était devenu le plus jeune professeur d’Histoire ancienne de la Sorbonne. Fier de ses succès, il s’était marié avec une belle et intelligente chercheuse. Gladys. Puis les années étaient passées, les contraintes s’étaient accumulées et il n’avait plus jamais rien écrit d’intéressant. Tous les soirs, il se remémorait les mots de son directeur de thèse. Il était brillant. Il avait des idées originales. Le sage l’avait dit. Mais même en se rappelant ces lointaines louanges, il ne trouvait pas l’énergie nécessaire pour étudier. Il paradait dans les amphithéâtres, mais au moment de se mettre à écrire, le courage l’abandonnait. De plus jeune professeur de la Sorbonne, il était devenu celui qui avait le moins participé à des colloques étrangers. Petit à petit, il s’était convaincu que l’unique cause de ses désillusions était son épouse. Il avait élaboré une chronologie très stricte qui faisait remonter la date de ses premiers échecs universitaires à celle de son mariage. Gladys avait œuvré pour son malheur, il en était persuadé. Pour se délasser de ses innombrables revers, il avait débuté une liaison avec une étudiante. Mais Gladys avait découvert cette relation et exigé le divorce. Elle avait réussi à lui extorquer une pension exorbitante et pour noyer son chagrin, selon son expression, s’était mise au travail. Elle s’était imposée là où il aurait voulu être le maître. Face à cette concurrence déloyale, Christophe n’avait eu d’autre alternative pour masquer ses déboires que d’épouser l’étudiante qu’il avait eu le tort de fréquenter. Depuis, sa réputation de médiocre lui collait aux basques.
Mais Christophe veut croire en son destin. Puisque la chance a voulu qu’il ait la joie de découvrir ce coffre, il lui revient de choisir l’universitaire qui en coordonnera les travaux de recherche. Il ne peut s’autoproclamer sans se déconsidérer. Il doit désigner un confrère plus âgé, plus respecté. Il porte son choix sur un vieil Allemand de Duisbourg, Otto Frommhart. Avec ses 60 ans révolus, l’homme peut être qualifié de vénérable. Il ne sera pas une menace. Otto publie des travaux de qualité une fois par an, depuis quarante ans. Sa régularité empêche de croire au génie. Seule petite entorse à son habit de parfait passe-muraille, un étrange éclat brille dans ses yeux depuis quelque temps. Ses publications gagnent en originalité. Certains médias grand public évoquent parfois son nom. Mais Christophe ne veut y voir que le chant du cygne.
Assis à son bureau d’où il peut apercevoir le Colisée en penchant la tête à l’horizontale sur le côté gauche, il soupire d’aise. Otto vient de lui écrire. Il lui attribue l’étude du seul document autographe du coffre. Le fichier en format PDF lui sera envoyé d’ici quelques minutes. Au fond de cette cassette, se trouvait un manuscrit dont personne n’avait jamais imaginé l’existence. La découverte de Christophe est inestimable. C’est ainsi que l’érudit allemand s’adresse à lui. Une véritable victoire. La preuve que la roue tourne, et plus vite qu’on ne le croit. Un papyrus, tout fondant, lui tombe dans le bec, sans même qu’il ait besoin d’implorer qui que ce soit. Il se regarde dans le reflet de la fenêtre et, pénétré par son portrait, s’imagine prononçant les phrases de son premier cours à l’université de Yale.
Un verre de vin à la main, son ordinateur portable sur les genoux, Christophe patiente. Il surfe sur son site de rencontre préféré en attendant son document. Il balaie les images des maîtresses potentielles. Aucune ne retient son attention. Son esprit vagabonde. Un tintement retentit. Un air chaud s’engouffre dans la chambre. Christophe ferme les yeux. L’Égypte s’invite sur les collines de Rome. Il respire l’atmosphère sensuelle d’Alexandrie. Il entrouvre à peine les paupières et les lettres grecques du nom de l’antique séductrice apparaissent sur l’écran bleuté. Elles annoncent tellement plus de délices que ces mélusines d’un soir. Cléopâtre lui a écrit. Christophe ne veut pas la faire attendre.
 
 
 
 
 
 
« Mon cher Octave,
Il y a quelques heures tu m’as annoncé la défaite et la mort de mon amant, le père de mes enfants. Cette victoire sur Marc-Antoine, tu la voulais tellement que rien ne pouvait t’arrêter. Tant de violence, tant de haine, pour un résultat somme toute si médiocre – toi en costume de général victorieux dans mes appartements.
Que voulais-tu ? Que cherchais-tu ?
De la reconnaissance, à n’en pas douter.
Tu m’as enfermée dans la plus minuscule pièce de mon palais afin de me faire réfléchir au marché que tu me proposes. Rejoindre Rome à tes côtés ou me laisser mourir, devenir ta nouvelle compagne ou me jeter du haut du phare dans la mer Méditerranée. Mais ce genre de troc, ma vie contre ton désir, mon honneur contre tes envies de gloire, ne peut nous conduire au bonheur.
Ma lettre n’aura donc qu’un seul objet. Te convaincre que toi et moi, nous valons mieux que ce scénario stéréotypé que tu me proposes. Un homme se réjouit de la souffrance d’une femme. Quelle triste saynète écrite à la va-vite par des poètes sans imagination ! Je vais te proposer un jeu rarement vu, où nous serions tous les deux gagnants. Que dirais-tu de connaître le grand amour ? Une relation de liberté, où la légèreté engendre la confiance et le plaisir de vivre.
Je t’imagine hausser les épaules. Tu penses avoir fait le tour de la question dans les bras de ta première épouse, Claudia Pulchra. Tu prétends que cela ne t’intéresse plus. Seul le pouvoir compte à tes yeux. Les ordres que tu donnes et les preuves de déférence te satisfont pleinement. Mais je te propose bien davantage. Une félicité sans pareille, l’allégresse d’aimer et de voir disparaître toutes les infortunes du quotidien dans le sourire de l’être chéri. Voudrais-tu écrire la romance qui servira de modèle aux générations à venir ? Délaisse les honneurs militaires et les machinations politiques. Travaillons pour la postérité. Contons aux générations futures une histoire où le désir donne naissance à tous les possibles, où passion rime avec raison.
Es-tu prêt à me lire ? Es-tu prêt à me suivre ?
Tu connais déjà mon histoire dans ses grandes lignes. Mais je vais te la présenter telle que je l’ai vécue.
Je suis née fille de roi, pas de reine. Une mère, je n’en ai pas eue. Une courtisane m’a donné la vie. Certains esclaves disent que j’ai hérité de son nez. D’autres, plus mielleux, prétendent que je lui dois mon charme. Mais malgré ces innombrables qualités, personne n’est capable de se rappeler son nom. Elle n’aura été qu’un ventre, sans bras pour me bercer. L’amour m’a ignorée depuis mon premier souffle.
Pour mon père, Ptolémée XII, j’ai été le phare dans la tempête. Lorsque les troupes romaines ravageaient l’Égypte, lorsque les inondations dévastaient les berges du Nil, lorsque la famine s’abattait sur les paysans, j’ai su tenir son pouvoir à l’écart des périls. À sa mort, comme le veut la tradition, j’ai épousé mon frère âgé de 12 ans. Il s’appelait Ptolémée XIII pour le peuple. Pour les intimes comme moi, « votre grandeur » suffisait. J’avais 17 ans, j’assurais la régence. Des heures durant, je scrutais les chiffres qui dénombraient les sacs de blé, les tonneaux de bière sur les papyrus tendus par les scribes. Je poursuivais mes efforts en recevant en audience les généraux dont les troupes ravageaient notre pays. Il fallait arracher de leurs griffes les richesses qu’ils s’accaparaient sans vergogne. Écoute, sagesse, diplomatie. En grec, en latin, en syriaque, je promettais ce que je ne pouvais pas tenir. Je m’endormais en me rem

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