169
pages
Français
Ebooks
2022
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Ebook
2022
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Publié par
Date de parution
22 avril 2022
Nombre de lectures
6
EAN13
9782493316516
Langue
Français
Publié par
Date de parution
22 avril 2022
Nombre de lectures
6
EAN13
9782493316516
Langue
Français
CR Valentines
Une sorcière
Divine
© 2022. © CR Valentines, Éditions Encre de Lune.
Tous droits réservés.
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelques procédés que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue une contrefaçon, aux termes de l’article L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Crédit photo : © canva.com
ISBN numérique : 978-2-493316-51-6
Éditions Encre de Lune, 21, rue Gimbert, 35580 Guignen
E-mail : editionsencredelune@gmail.com
Site internet : www.https://editionsencredelun.wixsite.com/website-1
Cet ouvrage est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes ou des institutions existantes ou ayant existé serait totalement fortuite.
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1 : La découverte
Enfin ! Me voilà arrivée dans la maison de Shana, ma grand-mère, après quatre heures de route harassantes. La journée est sur le point de se terminer quand j’insère les clés dans la serrure. Je tâtonne le mur à la recherche de l’interrupteur, heureusement, mon téléphone fait lampe torche et j’arrive à m’orienter aisément dans le noir. Doucement, je passe le seuil de la vieille demeure fermée depuis trois ans. À chacun de mes pas, le plancher grince et rapidement l’odeur du vieux bois humide et de la poussière me coupe le souffle. Je me précipite vers la fenêtre, mais l’encadrement qui a gonflé, rend l’ouverture pénible. Lorsque j’accède enfin au compteur électrique et allume les lumières, je suis catastrophée devant l’état du logement.
Je m’arrête un instant pour observer le manoir. Cette mutation dans la ville de mon enfance me paraît irréelle et je réalise difficilement que c’est ici que j’ai grandi. En effet, j’ai quitté le cocon familial, il y a six ans, pour devenir journaliste à Paris. Lorsque ma mère Véronica Mills est décédée, je n’avais plus envie de rester à la maison. Aujourd’hui, me voilà de retour sur la terre de mes racines. À l’âge de vingt-quatre ans… Force est de constater que je ne suis plus une enfant ! À l’époque, ma vivacité et mes prises de tête m’ont valu un drôle de surnom. On m’appelait : l’hermine. Ma famille me comparait à cet animal, car malgré ma petite taille — un mètre soixante-cinq — rien n’aurait pu me dissuader de protéger ceux qui en ont besoin, même face à des individus bien plus forts que moi. J’ai toujours détesté l’injustice et la violence gratuite, je défendais donc régulièrement les jeunes enfants de la ville malmenés par les plus grands. Tout comme l’hermine, j’étais très agile grâce à mon entraînement de Karaté. À Redwood, il n’y avait pas beaucoup d’activités à faire en solitaire et cet art martial défensif me convenait parfaitement. J’ai toujours été de nature sociable, mais étant réservée, je préférais être seule la plupart du temps.
Alors que je suis perdue dans mes pensées, une violente bourrasque fait claquer une fenêtre et m’extirpe de ma rêverie. Heureusement, c’est le printemps et malgré cette brise fraîche, il ne fait pas froid. C’est une bonne chose, car la cheminée n’a pas été ramonée et les radiateurs des chambres ne pourront pas chauffer toutes les pièces. Je regarde autour de moi et soupire devant l’ampleur de la tâche qui m’attend. Il y a des toiles d’araignées partout et je croise les doigts pour ne pas tomber sur leurs occupantes parce que je déteste ces bestioles. Je dois me débarrasser de cette poussière avant de pouvoir me reposer et même si la journée a été longue, je ne peux pas faiblir maintenant.
Après plus d’une heure de nettoyage, balayage et récurage, mon ventre crie famine. Il est déjà vingt et une heures et je n’ai rien apporté à manger alors, je vais devoir trouver un point de restauration rapide. Bien que je ne sois pas adepte de cette nourriture, je m’en contenterai pour ce soir. En effet, ici, contrairement aux grandes villes, il n’y a pas de commerces ouverts aussi tard. J’attrape mon sac à main et mes clés puis quitte la villa à la hâte. Je dois me réadapter, la vie dans la capitale est bien différente de l’existence de cette petite bourgade tranquille.
Une fois ma pause repas terminée, je reprends la corvée de ménage. Après le rez-de-chaussée, je fais le tour des pièces de l’étage pour me focaliser sur la chambre la moins encombrée. Étrangement, c’est celle de mon enfance qui est la mieux entretenue, même si on voit bien que le temps a fait son œuvre sur les meubles recouverts par les draps. En effet, il va falloir que je me fasse livrer une nouvelle literie, car le matelas est très abimé. Pour ce soir, mon sac de couchage suffira. Il est plus de minuit lorsque je m’allonge enfin. Avant de plonger dans les bras de Morphée, mon esprit s’évade dans des souvenirs lointains.
Autrefois, cette maison était le théâtre de mes jeux favoris. Entourée de ma mère : Véronica et de ma grand-mère, notre famille était unie et heureuse. Cette dernière est décédée trois ans après ma maman. Son départ soudain a créé un gouffre béant dans mon cœur. J’étais loin de la maison lorsqu’elle est morte et je me suis sentie coupable pendant longtemps. Shana était une femme incroyable et déterminée. C’est d’ailleurs cette même ténacité qui m’a toujours marquée le plus chez elle. Ma mère avait son regard franc et volontaire, c’est visiblement un trait de caractère dont j’ai hérité également. D’aussi loin que je me souvienne, dans mon entourage, je n’ai connu que ces deux femmes. Une fois disparues, je me suis retrouvée seule, plus aucun membre de ma famille n’étant présent pour me soutenir. C’était une période noire dont j’ai eu beaucoup de mal à me remettre. Ma mère n’a jamais parlé de mon père et je n’ai pas ressenti le besoin de le connaître, ni même de savoir qui il était. En effet, les rires et la joie résonnaient dans notre foyer, malgré l’absence de mon géniteur. Je ne voulais pas forcer ma mère à évoquer le sujet et je pensais qu’elle m’en parlerait, un jour, si elle le souhaitait. Grand-mère ne semblait pas non plus vouloir m’en dire davantage et j’ai donc rapidement abandonné l’idée de le rencontrer. Après la disparition de Véronica, quelque chose s’est brisé chez Shana, elle avait perdu une part d’elle-même, elle était épuisée et pleurait régulièrement. Elle était sans arrêt sur ses gardes, sursautait au moindre bruit et me surprotégeait. Je n’en ai jamais vraiment compris la raison et j’ai très vite voulu prendre mes distances, car j’étouffais. Bien sûr, je l’aimais beaucoup, mais parfois on a seulement besoin de liberté. Selon les médecins qui s’occupaient d’elle, à force de vivre dans la peur, son cœur se serait définitivement brisé. Ce sont les secouristes qui l’ont trouvée allongée dans le jardin de notre maison, près du gros chêne centenaire. Apparemment, elle est morte d’une crise cardiaque. Même si j’ai toujours trouvé cette explication farfelue, je n’avais aucune raison de mettre en doute la parole des docteurs.
***
Le lendemain, je me réveille alors que les rayons du soleil naissent à travers les volets. Lorsque j’ouvre ces derniers, j’inspire une grande bouffée d’air tout en observant la montagne et l’épaisse forêt qui bordent la commune. Désormais, je me rends compte de la chance que j’ai eu de vivre dans cet environnement. L’air frais du printemps et les oiseaux qui gazouillent sont bien plus agréables que les bruits survoltés de la ville. Immédiatement, je retrouve la pêche. Animée par une motivation sans faille, je termine rapidement le ménage. Je finis le rangement des cartons et commande une nouvelle literie sur un site de vente en ligne.
Rapide et efficace, une matinée comme je les aime !
L’après-midi est déjà bien entamée lorsque je me rends au supermarché pour faire les courses. Je pousse le caddie et tente de me repérer dans les rayons. Sauf que le magasin a bien changé depuis la dernière fois où je suis venue, il est bien plus grand et il y a désormais un large choix de produits. Le coin du petit déjeuner se situe juste devant l’entrée et c’est là que je vais en premier. J’essaye d’attraper un paquet de céréales qui se trouve sur une étagère, mais j’ai beau me mettre sur la pointe des pieds et tirer le bras vers le haut, je n’arrive pas à le saisir. Je grogne intérieurement.
Pourquoi est-ce que ce sont toujours les produits les plus élevés que l’on cherche à atteindre ? Et surtout pourquoi est-ce que ces fichues gondoles sont aussi hautes ? On vit dans un monde peuplé de géants ou quoi ?
Je mets le pied sur le bord du caddie pour prendre de la hauteur, mais rien n’y fait, mes doigts l’effleurent à peine. Je peste et m’énerve. Je lance un juron étouffé avant de retenter l’opération une dernière fois. D’un pas rageur, je repose le pied sur le bord du charriot quand soudain, celui-ci se met à rouler.
Instantanément, je perds l’équilibre et m’apprête à amortir le choc de la chute avec mes mains. Je ferme les paupières et m’attends à souffrir quand mon corps s’écrasera avec perte et fracas par terre, mais rien ne se produit. Intriguée, je rouvre les yeux et me rends compte que je suis toujours debout, plaquée contre le torse d’un homme. Je détaille cet inconnu des pieds à la tête et rencontre son regard troublant. Ses iris dorés me scrutent avec une intensité que je n’ai pas connue depuis longtemps, j’ai même l’impression qu’il sonde mon âme. Les contours parfaits de son visage triangulaire m’hypnotisent et m’empêchent de tourner la tête. Ses longs cheveux châtain clair ondulent dans l’air comme si la brise soufflait. J’ai l’impression d’être dans un film et mon cœur bat à tout rompre. Ses bras virils me maintiennent fermement et j’ai le sentiment que le temps s’est figé. Il me redresse avec douceur et attrape les céréales d’une main agile. C’est l’instant qu’il choisit pour briser le silence. Sa