La lecture à portée de main
195
pages
Français
Ebooks
2014
Écrit par
Robbie Schwelle
Publié par
Bookless Editions
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Ebook
2014
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Publié par
Date de parution
03 juin 2014
Nombre de lectures
3
EAN13
9782372221603
Langue
Français
Une nouvelle vie débute pour Béatrice après une séparation subie. Elle poursuivra sa route près de l'océan, loin des siens, mais pas trop. Elle fera de nouvelles rencontres qui l'aideront à se reconstruire. Un deuxième roman de Robbie Schwelle incontournable.
Publié par
Date de parution
03 juin 2014
Nombre de lectures
3
EAN13
9782372221603
Langue
Français
Robbie Schwelle
Une vie après
© Robbie Schwelle
Bookless editions
Tous droits réservés.
Ma rs 201 5
ISBN : 978 237222 1603
1 – Béatrice
La maison faisait un peu peur, ou plutôt, elle laissait une sensation bizarre.
Béatrice avait trouvé cette annonce de location sur internet deux semaines plus tôt, il ne fallait pas demander l’impossible. Probablement une construction des années soixante, sur un sous-sol, immense et vide qui ne servait pas à grand-chose, hormis la partie garage.
Elle avait rendez-vous ce samedi à 14 heures avec la personne de l’agence. Ponctuelle, elle arriva au volant de son Audi TT. Elle lui fit visiter les lieux. Une espèce de chemin en pente douce contournait toute la maison pour arriver jusqu’à une terrasse sur laquelle s’ouvrait la porte-fenêtre du séjour. Curieux.
- Le propriétaire est handicapé, ça explique cet aménagement, lui indiqua-t-elle.
Compliqué ! Il ne pouvait en aucun cas accéder directement du sous-sol au rez-de-chaussée, l’ascension de l’escalier lui étant impossible.
- Il vient tout juste de quitter les lieux, vous êtes la première à louer la maison. Il a d’ailleurs laissé quelques affaires personnelles ainsi que des bricoles dans le frigo. Vous pourrez les consommer si cela vous dit.
Elle l’avait appelé pour réserver, i l lui avait précisé être à l’étranger. À l’étranger. C’était vaste. Depuis, elle l’imaginait partout. En Chine probablement, c’est là que partent travailler tous les français qui s’exilent, il y a du boulot là-bas. Ou bien était-il tout simplement en Belgique, ou en Allemagne ? Elle regrettait de ne pas lui avoir posé la question, mais il est vrai qu’il n’aurait probablement pas compris les raisons de sa curiosité.
Elle allait maintenant occuper sa maison et avait le sentiment de violer son intimité. En même temps, ça la démangeait d’en savoir plus sur lui.
Béatrice avait loué cette maison sur un coup de tête, une envie subite de se rapprocher de l’océan qu’elle avait toujours adoré.
Elle vivait seule depuis peu. Il fallait qu’elle s’y habitue. Elle aimait tant la mer qu’elle avait pensé que ce serait plus facile. Regarder l’océan et marcher sur les rochers l’aiderait sûrement à entrer dans sa nouvelle vie de vieille femme solitaire. Elle avait été mariée presque trente ans. Son physique s’était transformé d’année en année. Elle allait avoir soixante ans et ses traits étaient devenus presque masculins et son corps déformé, transformé.
Lui, à cinquante-cinq ans, était dans la force de l’âge. Elle s’y attendait. Elle avait toujours su que cette histoire ne l’emmènerait pas au bout et qu’il se lasserait. Avant elle. Malgré les enfants, deux. Malgré la maison où il faisait si bon vivre et où il lui laissait tout faire à son goût. Il s’était lassé. Une rencontre… et tout était allé très vite.
Elle avait décidément beaucoup de mal à imaginer comment cet homme en fauteuil roulant parvenait à vivre entre ce sous-sol et ce rez-de-chaussée sans aucune aide. La maison ne laissait entrevoir aucune présence féminine. Ni les bibelots, ni les couleurs. La cuisine était d’un gris terne qu’aucune femme au monde n’aurait imaginé dans son univers.
Elle posa la question à la femme de l’agence :
- Le propriétaire vivait seul ?
- Je pense oui. En tout cas, je ne l’ai jamais rencontré accompagné. Quelqu’un venait pour le ménage. Mais bon, je ne suis pas censée vous raconter cela.
- Ah oui c’est vrai, désolée. Je suis beaucoup trop curieuse.
Cette femme s’appelait Virginie D., toute vêtue de blanc, sans doute pour faire ressortir la couleur de sa peau très bronzée. Plus toute jeune, Béatrice n’avait jamais imaginé que les « Virginie » pouvaient avoir plus de cinquante ans.
Elle la laissa seule avec une série de recommandations et de clefs. Elle lui avait précisé qu'une pièce se trouvant au sous-sol et servant de débarras resterait fermée. Le propriétaire y avait entreposé des affaires personnelles qu'il ne pouvait emmener en voyage. Elle avait dit oui à tout, sans vraiment écouter, comme à son habitude. Tout ça, elle verrait plus tard.
Elle s’installa dans l’une des deux chambres accessibles, celle qui lui parut la plus accueillante, une troisième étant condamnée. Un grand lit et un petit lit. Cela lui rappellerait quand elle partait en vacances avec ses enfants. Son fils aurait sans doute occupé le lit une place à ses côtés. Cette fois, il resterait vide.
Elle dormirait dans le grand lit, seule.
Le rangement de ses affaires attendrait. Elle avait envie d’iode. Elle prit sa voiture et chercha la première pancarte indiquant la plage.
C’était marée basse et une grande partie des rochers était découverte. L’occasion rêvée de ramasser des bigorneaux, petits fruits de mer dont elle raffolait. Ce serait son premier repas en tête à tête avec elle-même dans une maison inconnue.
Que s’était-il passé dans son couple ? L’usure de l’habitude. De jour en jour, il avait progressivement cessé de la regarder. Était-ce à cause de son visage strié de rides profondes ? Ou bien son corps flétri avait-il fini par le dégoûter ?
Avant qu’elle ne crève l’abcès et décide de partir, il rentrait du travail de plus en plus tard. Ils dînaient puis s’endormaient devant la télé. Quand elle tentait une approche, une caresse, une tendresse, il la rabrouait en prétextant une grande fatigue.
Tout avait changé en quelques années. Combien ? Trois, quatre ans. Il n’avait plus de désir, elle ravalait le sien. Il se fâchait quand elle lui faisait remarquer. Elle se faisait des films, disait-il. Jusqu’au jour où le film devint réalité.
Une autre, une jeune, s’était emparée du corps qu’elle avait tant aimé et dont elle connaissait par cœur chaque centimètre carré. Elle l’avait senti, deviné.
Quand elle lui avait dit, cette fois il ne l’avait pas détrompée. Il avait accepté son départ et avait même paru soulagé. Elle lui redonnait sa liberté. Il pourrait vivre tranquillement sa nouvelle idylle.
Elle avait maintenant déménagé. Ce séjour en Bretagne lui permettrait de tourner la page de son ancienne vie.
Elle marcha longuement, se rapprochant au plus près de l’océan. C’était le printemps. Il n’y avait personne. Elle était seule face à la mer, elle aimait ça.
Elle regagna la villa à la tombée de la nuit. Elle avait envie de la visiter de façon plus approfondie. Peut-être découvrirait-elle quelque chose lui permettant de connaître ce mystérieux homme handicapé.
Elle découvrit un fauteuil roulant abandonné entre un mur et la chaudière. C’était un modèle ancien, manuel. Il l’avait probablement échangé contre un plus moderne, à moteur.
Près de là se trouvait une armoire fermée à clef. Bien sûr cela éveilla sa curiosité. La clef ne devait pas être bien loin. Elle monta sur une chaise. Gagné. Le petit objet de métal doré l’attendait sur le dessus du meuble. Elle s’en empara et la fit tourner dans la serrure. Des tas de dossiers plus ou moins bien alignés étaient entassés. Elle en prit un sur lequel figurait un titre : « Assurances ». Pas très engageant ! Puis un second : « Maisons ». Maisons au pluriel. Plusieurs descriptifs de villas y étaient classés par ordre alphabétique, par nom de ville. Était-il propriétaire de toutes ces maisons ? Plus bas se trouvait un petit coffre en métal. Fermé, et là, pas de clef en vue. Elle le remit en place et referma l’armoire. Elle passa devant la pièce condamnée, actionna machinalement la poignée de la porte qui résista. Il lui semblait voir un rai de lumière filtrer sous celle-ci. Le propriétaire avait dû oublier d'éteindre, elle le signalerait à Miss Audi.
Pour regagner le rez-de-chaussée, il fallait emprunter un escalier en colimaçon plongé dans l’obscurité.
Elle actionna l’interrupteur, mais aucune lumière n’apparut. L’ampoule était probablement grillée. Elle entreprit l’ascension à tâtons. Tout à coup, elle accéléra son mouvement. Pour quelle raison idiote ? Elle n’en avait aucune idée, mais elle avait cru sentir une présence derrière elle. C’était stupide. Elle se dit que c’était sûrement dû au fait qu’elle était seule dans une maison sombre à la tombée de la nuit et qu’elle était spécialiste pour « se faire des films » comme aimait à le dire son mari, enfin ex-mari.
Arrivée au rez-de-chaussée, la sonnerie de son portable la fit sursauter. C’était Léna, sa fille qui s’inquiétait un peu. Elle avait, le matin même, envoyé un SMS à chacun de ses enfants. Elle ne voulait justement pas qu’ils se préoccupent d’elle, de sa vie. Surtout pas ! Elle avait elle-même passé des années à s’inquiéter pour sa mère et à s’occuper d’elle, elle ne voulait pas que cela se passe comme ça avec ses enfants.
Léna essayait d’en savoir plus sur cet exil subit, dans la solitude.
- Écoute Léna, tu peux comprendre que j’aie envie de prendre de la distance, ma vie d’avant étant réduite à néant. J’ai besoin de réfléchir un peu à ce que je vais faire et où je vais me poser. Et puis la Bretagne, ça me fait du bien, ça me calme.
- Si j’avais su, je serais venue avec toi.
- Tu es folle ! Occupe-toi des tiens et laisse ta vieille mère vivre sa vie .
- J’aime pas quand t’es comme ça !
- Tout va bien, je te jure. J’avais besoin d’air iodé, c’est tout.
- J’espère que la maison est bien au moins ?
- Oui, ça va. Un peu vieillotte, mais ça va. Elle me rappelle la maison qu’on avait louée une fois à la Rochelle, tu te souviens ?
- Oui, vaguement.
Léna détestait quand sa mère faisait remonter de vieux souvenirs communs. Béatrice évitait de le faire au maximum mais parfois, ça lui échappait.
- Tu rentres quand ?
- Aucune idée. J’ai payé le loyer pour deux semaines. On verra après.
- Deux semaines toute seule ? Mais qu’est-ce que tu vas faire ?
Léna ne supportait pas la solitude. Elle n’aimait pas lire non plus et s’ennuyait dès qu’elle n’était plus entourée de son petit monde. Elle avait toujours été ainsi, depuis sa plus tendre enfance.
- Tu sais bien que je ne m’ennuie jamais, ne t’inquiète pas. Et puis je te rappelle que je serai seule aussi quand je rentre