Piano interdit

Jean Brodeur

Description

Depuis la livraison d’un colis mystérieux, rien ne va plus dahs la famille de Svetlan Bolduc, Québécois par son père et Croate par sa mère. Sa vie quotidienne va de mal en pis lorsque, le jour de la rentrée. la nouvelle élève lui vole son banc dans l’autobus scolaire
« Pas le droit de jouer plus d’une heure à des jeux vidéo. Pas le droit de passer la nuit à clavarder. Pas le droit de manger du chocolat avant la soupe… Tout ça, je peux comprendre, dit Zoé. Mais pas le droit de jouer du piano ? Ta famille est vraiment bizarre, Svetlan Bolduc ! »

Sujets

• 6-12 ans
• Toute la fiction jeunesse
• Croatie
• Immigration
• Piano
• Guerre
• Sonar
• Réfugié
• Parascolaire
• Croatia
• Cahier de soutien

Informations

• Publié par: Éditions Chauve-Souris
• Date de parution: 14 septembre 2022
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782982105904
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

J E A N B R O D E U R

P I A N O I N T E R D I T

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Brodeur, Jean, 1950

Piano interdit

(Sonar ; 3) Pour les jeunes de 10 ans et plus.

ISBN 9782981555861 (couverture souple)

I. Titre. II. Collection : Sonar.

PS8603.R623P52 2017 PS9603.R623P52 2017

jC843’.6

C20179419013

1. Mystère 2. Musique 3. Dépassement de soi 4. Amitié 5. Exil 6. Immigration 7. Chopin 8. Croatie

e Dépôt légal : 4 trimestre 2017 Bibliothèque et Archives nationales du Québec Bibliothèque et Archives Canada

Graphisme de la couverture : Sanscravate.ca

Infographie : Danielle Paré

ISBN PDF 978-2-9821059-0-4 4e trimestre 2022

Droits d’auteur et droits de reproduction : Toutes les demandes de reproduction doivent être acheminées à : Copibec – 514 2881664 / 800 7172012 / licences : copibec.qc.ca

Tous droits de traduction et d’adaptation réservés Copyright©2017 Éditions Chauvesouris S.E.N.C.

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C’ EST MA PLACE !

é ! C’est ma place ! – H – Comment ça, ta place ? – Ce banclà, c’est le mien. Ça fait deux ans que je m’assois là. – Ton nom n’est pas écrit dessus. – Allez, ôtetoi, reprend l’adolescent devant la jeune fille immobile. Estce qu’il faut te parler en chinois pour que tu comprennes ? – Tu n’en es même pas capable ! – Non, mais je peux te le dire en croate. Debout à l’avant de l’autobus jaune, Svetlan foudroie l’inconnue du regard. – Assoistoi, mon garçon. Il faut que je reparte, ordonne la conductrice en jetant un coup d’œil dans le rétroviseur. – Mais, madame, elle a pris ma place. – Tu règleras ça plus tard. Svetlan lance son sac à dos sur la ban quette et se cale derrière la conductrice en maugréant. Depuis son entrée à l’école secondaire, il y a deux ans, il est le premier

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à monter dans l’autobus et à s’assoir dans le premier banc de la première rangée à droite. De son banc, il ponctue les arrivées et départs de chacun de gestes et de mots amicaux. Il regarde par la fenêtre, fait un signe de la main. Son chien Kralj se lève et remonte en trottinant l’allée vers la maison. – C’est quoi, ce sac ? Vastu camper ? se moque Svetlan, haut et fort. – Idiot. C’est un sac de sport. Je suis en Sportétudes, répond vivement l’adolescente. – Équipée comme ça, tu dois bien cou cher dans le gymnase. – Tu n’es même pas drôle. L’autobus s’arrête. – Salut, Svet. Tu as changé de place, s’étonne Raphaël en montant dans le véhicule. – C’est temporaire. La nouvelle a pris ma place, réplique Svetlan. – Pour ton information, la nouvelle s’appelle Zoé, intervient la jeune fille en fronçant les sourcils. La scène se répète chaque fois qu’un élève monte à bord. Chaque fois, Svetlan reprend l’explication avec énergie.

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Le véhicule s’engage enfin sur le boulevard des Étudiants et s’immobilise dans le stationnement de l’école secondaire de l’Atelier. Zoé se lève sans demander son reste. Svetlan traine. Dans le ciel de ses jours, des nuages s’amoncèlent. Il a cette désa gréable sensation d’être assis entre deux chaises. Le climat qui règne chez lui le mine. Et maintenant cette fille qui le provoque. L’orage menace. Pas de soleil en vue.

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L A BANDE DES TROIS

n ce jour de rentrée, le terrain E devant l’école ressemble à une four milière géante. Les fourmis sur deux jambes s’agitent en tous sens. Les groupes se for ment, se décomposent et se recomposent sans arrêt. Bousculades et cris joyeux ani ment les retrouvailles. Un amoncèlement de sacs de sport indique le point de rassemblement des élèves inscrits en Sportétudes. Zoé s’y dirige. Il s’agit pour elle d’une nouvelle école et d’une nouvelle équipe de ringuette. Les seules filles qu’elle connait, ce sont les adversaires d’hier, alors qu’elle jouait pour une autre école. – Ça ne sera pas facile, se ditelle en inspirant profondément pour se donner du courage. Quant à Svetlan, il zigzague entre les groupes. Son épaisse chevelure châtain flotte audessus de la foule. Plus loin, il re trouve sa bande du programme d’éducation

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internationale. Les jeunes forment un petit groupe près de l’entrée principale. Les autres élèves les qualifient de rongeurs de livres, de rats de bibliothèque. Svetlan n’y prête pas attention. – Tiens, Svetlan Dubuc, notre Einstein national, s’écrie Afalkay. Une autre année où tes lumières éclaireront la banalité de nos esprits ordinaires. – En grande forme ce matin, notre Kay, murmure Raphaël BeaudoinSirois à Svetlan sur le ton de la confidence. – Du calme, foule en délire ! réplique Svetlan. Svetlan, Afalkay Berkkouche (Kay pour les intimes) et Raphaël BeaudoinSirois forment un trio d’inséparables. Raphaël, champion local de judo, les domine d’une tête. – Alors, le géant, j’ai su que tu avais gagné la médaille d’or aux Jeux du Québec ! reprend Afalkay en s’adressant à Raphaël. – Il participera aux championnats canadiens en décembre. Mesdames et messieurs, attention, nous avons un vrai champion ici ! Destination les Jeux olym piques ! proclame Svet.

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Raphaël rougit et bouscule en riant ses deux camarades. – Salut, les rats de bibliothèque ! lâche Luc Morin, la vedette du club de hockey de l’école, en passant devant Svetlan et ses amis. – Hé, Morin ! Tu as encore grossi, lui lance Svetlan. – C’est connu, l’été, c’est bon pour les légumes, rigole Afalkay. – Toi, le bronzé, tu sens le couscous, se moque Morin. – J’aime mieux sentir le couscous que transpirer l’ignorance, répond vivement Afalkay. – Vous deux avec vos noms à coucher dehors, reprend Morin, pointant Svetlan et Afalkay, vous ne pourriez pas vous appeler comme tout le monde ? – Justement, mon gros. On est comme tout le monde. On n’est pas nés dans un chaudron de fèves au lard, mais on est autant d’ici que toi. Le monde est dans ta cour. Il faudrait que tu t’ouvres les yeux. Afalkay lance ensuite pour que tous entendent : – Hé, les gars ! Savezvous pourquoi les parents de Morin lui ont donné un petit

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prénom ?… Pour être certains qu’il s’en souvienne. Les rires éclatent. – Vous êtes bien drôles, les clowns savants. Et toi, BeaudoinSirois, le BS, astu quelque chose à ajouter ? La rivalité entre les deux vedettes spor tives est intense. Pour l’instant, le choc de leurs personnalités n’a produit que des étincelles verbales. Mais il suffirait d’un rien pour que la situation s’enflamme. – Oh, oh ! Qu’estce que tu as mis dans tes céréales, ce matin ? lui répond Raphaël. Garde ton énergie pour apprendre à comp ter, Morin. Pas juste des buts. La cloche annonce la rentrée scolaire officielle. La cour se vide peu à peu. Svetlan cherche Zoé dans la file de Sportétudes. Il la trouve et la suit du regard. La jeune fille a fière allure avec ses courts cheveux blonds, ses yeux bleu acier, son port de tête droit et ses épaules carrées. Elle a de plus la souplesse du félin. Pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, se ditil. – Astu travaillé ton basson ? demande Afalkay à Svetlan.

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