Demain, cadavres, vous jouirez
140 pages
Français

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Description

Pour que l’on ne puisse plus dire, comme Schopenhauer, que la devise générale de l’histoire est Eadem, sed aliter, il faut nous demander à quelles conditions un adulte redevient un enfant dès lors qu’il est saisi par l’illusion politique, à quelles conditions un homme civilisé se met à hurler avec les loups, un savant oublie la science, un intellectuel l’esprit critique, un peuple son histoire, un État sa moralité pour sombrer dans la guerre, la destruction et l’intolérance. À quelles conditions un individu devient-il un homme des foules ? Que se passe-t-il dans l’individu pour qu’il veuille ainsi remplacer son propre idéal par autre chose que lui-même ? Pour qu’il place dans un objet extérieur ce qui est du ressort de sa propre histoire ? Pour qu’il s’oublie au point d’assigner à un autre le soin de conduire sa propre vie, et qu’il s’y soumette au point de s’en rendre esclave ? Pour qu’il rencontre, parmi ses semblables, ce même phénomène, au point qu’ils se reconnaissent frères au seul nom du chef ? Il faut comprendre que l’éducation et l’instruction bien comprises sont un fondement essentiel de la liberté, qu’elles ont été inventées pour émanciper le jugement, afin que les hommes puissent un jour se passer de maître ; pour former l’homme autant que le citoyen, afin que la liberté soit conçue comme une condition essentielle du bonheur.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 juin 2012
Nombre de lectures 1
EAN13 9782748387001
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Demain, cadavres, vous jouirez
Jean-Philippe Ravoux
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Demain, cadavres, vous jouirez
 
 
 
À mes parents qui m’ont éduqué et moralisé
 
À mes professeurs qui m’ont instruit et humanisé
 
À Descartes qui m’a donné les moyens de réussir
 
À Hélène E. à qui je dois le meilleur de moi-même
 
Pour : Régine MOLINA, Serge LATIL, Sylvia CHABOT, Nora DESOUTTER, Lise RICAVY, Nuira NIN, Mariette MERCIER, Brigitte ELBAHAR, Bénédicte DUPONT, Pascale DEROY, Marc DECIMO, Christine BENEDETTO, Patrice CHALULLAU, Jean-Marc BEAUSSART, Sylvie SARA-BOURNET, Brigitte ANDUJAR, Jeanne SANCHEZ, Nathalie FELINES, Philippe VAUDOUR, Michelle ANDRÈS, Stéphane VAQUERO, Jean-Philippe MIHIÈRE, Laetitia PETIT, Florence et Gil PRUNIER, Denis FABRE, Sophie ETCHEVERRY, Valérie CAISSON, Florence SAUVAN, Marie DONAINT, Florence HORDERN, Béatrice HANCHÉ, Agnès et Nathalie PELINQ, Charlotte JUMELIN, Pascale de ROUGEMONT, Gilles de SELVA, Quentin DAUPHINÉ, Sophie et Alexandra GUEIT, Olivier CAMPESTRE, Fatiha CHEKARNA, Nadine RICHEZ, Damien BROCHIER, Valérie PONTUS, François SABATIER, Cathy LIARDET, Frédéric LACHAIZE, Anne-Florence et Antoine RAVOUX, Xavier DAUMALIN, Evelyne MICHEL, Alice GUILLON, Sandrine LEPOUTRE, Christine TEIL, Magali de GARIDEL, Julie et Antoine NANCY, Charlotte BOILLOT, Sandrine DEPELLECYN, Laurence BASSET, Olivier AMSALEM, Sophie REIFFERS, Dominique GATTUSO, Valérie MAVRIDORAKIS, Yann LE DANTEC, Dalila DESCARTES, Mathieu BADUEL, Jean-Frédéric GERBEAU, Vanessa GRANON, Catherine BENJAMIN, Magali ROUQUIER, Raphaël et Olivier VINCENT, Marie-Geneviève HOSTACHE, Éric MANGIN, Aurélien LÉCINA, Elsa BALDUZZI, Clio ANDRIOPOULOS, Hélène CHABRAN, Pierre CHOURAQUI, Yann BUTTNER, Françoise BLANC, Bénédicte COLLOMBON, Muriel MALUS, Nicolas SAIAH, Amanda JONES, Renaud DUCLOY, Jérôme GUIRAND, Cathy ALTOUNTOPIAN, Yann-Robin et Iroise DUMONTHEIL, Wendy CORNU, Éric et Bruno NEGREL, Emmanuelle ANDROSIGLIO, Béatrice GEBEL de GEBHARDT, Aurélien STALTER, Laetitia MARTINET, Bérangère AUGIER, Muriel ANDURAND, Catherine RATAZZI, Clothilde MAUNIER, Marie DOUCEDAME, Amandine PARADIS, Sandra BUCCELLATO, Sophie et Anne ZUCK, Muriel BALES, Stéphane CARVALHO.
Sans oublier les 9 648 élèves et étudiants que j’ai accompagnés sur les chemins de la Philosophie.
 
 
 
« Nous allons entrer dans l’ère de l’organisation absolue et de la science qui dit tout ; nous aurons tout, nous saurons tout, puisque nous y avons droit, ils l’ont dit ceux qui savent. Un jour viendra pour le bonheur. Autrement dit : demain, cadavres, vous jouirez . »
Pierre Legendre, Jouir du pouvoir
 
« Les pauvres n’entendent rien à ce que leur disent leurs maîtres. Ils devinent simplement que cette parole sûre d’elle leur vole le monde, que cette parole somptueuse et l’injustice qui leur est faite ont partie liée, profondément liée. »
Christian Bobin, L’inespérée
 
« … j’ai vu ce qu’il advenait des fils, passé le gai tumulte des vingt ans. J’ai vu qu’ils reprenaient la chaise de leur père, j’ai vu qu’ils reprenaient tout de leur père, jusqu’aux rides du visage. Si peu d’invention, c’est à désespérer de l’homme. Ils croient mûrir parce qu’ils ont des enfants. Ils croient aimer parce qu’ils n’osent plus tromper leur femme. Ils n’auront jamais fait que vieillir. Ils n’auront jamais fait qu’être vieux. »
Christian Bobin, Le Très-Bas
 
« Quand vous êtes petit on vous fait une promesse. La promesse c’est la vie. Alors pourquoi on ne la tient pas, alors pourquoi j’espère encore qu’on la tienne, cette promesse. Je ne me résignerai jamais, je ne prendrai jamais ma retraite. »
Christian Bobin, L’inespérée
 
« Il faut laisser au despotisme l’éducation de la liberté. Il se chargera de réveiller durement ceux qui croyaient pouvoir sommeiller. (…) Que l’assassinat et les tortures frappent à leur porte : alors ils comprendront que la justice mérite que l’on fasse quelque chose pour l’acheter. Remède extrême. Le despotisme sait fort bien, d’ailleurs, qu’il risquerait beaucoup à faire de la terreur un principe politique. Le plus souvent, les mauvaises saisons de l’Histoire s’étendent sur de longues et insidieuses années, où se prépare, pour un lointain avenir, l’éclosion de la liberté. Et peut-être la liberté politique n’a-t-elle jamais existé que sous la forme de l’espoir. »
H.F. Imbert, Les métamorphoses de la liberté
 
 
 
Introduction
 
 
 
Ce livre est inspiré par une déception où vient sourdre, aujourd’hui, la révolte contre tout ce qui maintient l’homme en servitude, à commencer par le silence où Montaigne a oublié La Boétie.
C’était le temps de la classe de seconde à l’écoute attentive d’un professeur en qui Montaigne mettait l’enthousiasme avec raison. Notre adolescence, inquiète et sensible, atteignait les sommets de l’émotion à la lecture du chapitre sur l’amitié, écho de nos aspirations les plus profondes : « parce que c’était lui, parce que c’était moi ! » 1 . Nous communions avec l’auteur dont nous emportions les Essais pour combler la solitude des vacances avec ce que nos maîtres nous disaient être la sagesse de l’honnête homme. Et l’idéal avivait le délire des sentiments en même temps que la sagesse, saisie aux sources grecques et latines, issue du scepticisme, nous rendait l’équilibre de l’être mieux que ne le pouvait faire la raison.
 
De La Boétie, il ne fut jamais question que pour nous émouvoir sur l’amitié.
 
Anesthésiés par la beauté tranquille d’un humanisme démenti par cinq siècles de bruits et de fureurs, invités au repliement incivil de celui que l’on nous offrait comme un maître de pensées, nous ne songions même pas à nous interroger.
Pourtant nous eussions dû nous interroger ! Nous eussions dû crier à la trahison ! Parce qu’enfin, le chapitre sur l’amitié, que l’on nous présente comme l’un des plus fameux chapitres des Essais , ne nous donne que le témoignage d’un abject parjure sous le couvert d’une amitié affirmée comme exceptionnelle.
Au début du chapitre, Montaigne nous confie que “ne pouvant égaler le talent d’un peintre et n’osant entreprendre un tableau riche, poli et formé selon l’art”, il s’est avisé “d’en emprunter un d’Étienne de La Boétie”, qui honorera le reste de son œuvre : le discours auquel il donna nom La servitude volontaire . Ainsi, les Essais devaient se composer autour de ce texte inouï qui dit tout ce qu’il y a à dire sur la question du pouvoir, en lequel J.J. Rousseau trouva l’inspiration de son Contrat social qui énonce les principes du seul régime politique susceptible de garantir la liberté aux hommes, à la condition qu’ils aient été éduqués, instruits et moralisés, et M. Foucault, les principes de son archéologie des savoirs et des pouvoirs 2 .
Cependant, à peine nous a-t-il dit son projet que Montaigne s’en excuse parce qu’il “s’en faut de beaucoup que ce ne soit le mieux” que son ami ait pu faire, même s’il ajoute que “si plus âgé il avait eu le même dessein que moi de mettre par écrit ses fantaisies, on verrait bien des choses rares qui nous rapprocheraient de l’honneur de l’Antiquité”, mais La Boétie, plus âgé, n’a rien écrit et c’est tout ce qu’il a pu trouver des reliques d’un ami qui le laissa “d’une si amoureuse recommandation, la mort entre les dents, par son testament, héritier de sa bibliothèque et de ses papiers”. C’était là un héritage sacré, tout autant que la promesse faite au mourant de publier tous ses écrits : “il n’est demeuré de lui que ce discours, et encore par hasard, et quelques mémoires qui devront être publiés”.
Depuis longtemps le Discours passait “entre les mains de gens d’entendement, non sans bien grande et méritée recommandation” et Montaigne lui était “particulièrement obligé” parce qu’il avait servi à leur rencontre : il lui avait été montré “longtemps avant qu’il ne le voit et lui donna la première connaissance de son nom, acheminant ainsi” entre eux “l’amitié qu’ils ont nourrie”, “si entière et si parfaite que certainement il ne s’en lit pas de pareilles” puisqu’il faut “tant de rencontres pour la bâtir que c’est beaucoup si la fortune y arrive une fois en trois siècles”.
À la lecture de tels propos, on ne peut que croire en la fidélité d’une amitié soucieuse de publier l’écrit que l’ami lui avait confié, “la mort entre les dents” et cela d’autant plus que Montaigne nous avoue que “comparée aux quatre années de son amitié, son existence n’est que fumée”, “nuit obscure et ennuyeuse”, ajoutant que “depuis qu’il est mort il se traîne languissant” et que “même les plaisirs qui s’offrent à lui, au lieu de le consoler, redoublent le regret de sa perte”. Avec ces confidences, dont on souhaite la sincérité indubitable, on peut rappeler l’une des inscriptions qu’il avait fait porter sur les travées de sa librairie : “privé de l’ami le plus doux, le plus cher et le plus intime, et tel que notre siècle n’en a vu de meilleur, de plus docte, de plus agréable et de plus parfait, Michel de Montaigne, voulant consacrer le souvenir de ce mutuel amour par un témoignage unique de sa reconnaissance, et ne pouvant le faire de manière qui l’exprimât mieux, a voué à cette mémoire ce studieux appareil 3 dont il fait ses délices”.
Alors, pourquoi le Discours sur la servitude volontaire ne figure-t-il pas au cœur des Essais  ? Pourquoi Montaigne s’est-il dédit de le loger parmi les méditations qui ont occupé les vingt dernières années de son existence ? De son aveu même, “parce qu’il a trouvé que cet ouvrage a été, depuis, mis en lumière et à mauvaise fin 4 par c

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