Dictionnaire encyclopédique illustré du Parler poitevin et de la vie quotidienne , livre ebook

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On est tout de suite surpris par l’importance du travail proposé : un glossaire vraiment encyclopédique du vocabulaire poitevin de tous les jours, d’une précision minutieuse car la langue — le patois — était alors parlée couramment par tous — jeunes et vieux — dans ces années 1920-1940. Mais très vite, l’on se rend compte qu’on a également à faire à une émouvante évocation de la vie quotidienne d’un jeune paysan dont les souvenirs ont la même extrême précision, souvenirs que l’on glane au fil des diverses entrées du dictionnaire, enrichies par l’auteur de nombreux renvois, ce qui amène à une vision particulièrement vivante et passionnante des travaux, de la vie familiale, des loisirs, des relations, etc. de ce Poitou rural de l’entre-deux-guerres. Avec de grands moments quand, par exemple, on apprend que le père a caché une famille juive durant l’Occupation puis aidé un soldat allemand déserteur à la Libération... Ou une façon étonnante de soigner son asthme, ou comment un ami, pas bien « aise », vient récupérer les chiques usagées de l’arrière-grand-père pour sa propre consommation... Les 250 illustrations, dessins (de l’auteur) et photos (plaques en verre du « Braconnier », l’excentrique et bienveillant voisin de la ferme familiale), ajoutent de nouvelles précisions et des explications sur les activités pratiquées, sur la façon de travailler, les outils, les ustensiles, les machines utilisés, etc.


Un ouvrage qui vous plonge dans un passé révolu pourtant pas si lointain, avec une telle acuité, avec une telle intensité, que vous aurez l’impression, au fil des pages, au fil des mots, des expressions, des souvenirs, des anecdotes, de vous identifier à ce jeune paysan poitevin que l’école de la République amènera jusqu’à l’Université sans que celui-ci n’oublie jamais où étaient ses racines...


Pierre Dupuy est né en 1926 au Lineau, commune de Romans (près Saint-Maixent dans les Deux-Sèvres), il termine sa carrière professionnelle comme enseignant à l’Université de Poitiers. Il signe ici un très riche dictionnaire du parler poitevin de sa commune de Romans où se situe son hameau natal du Lineau, rédigé avec la participation de son épouse, Louisette Dupuy, née en 1927 à La Thibaudière, commune de Saivres (près de Saint-Maixent), institutrice, décédée en 2016.

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Nombre de lectures

4

EAN13

9782824056456

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

5 Mo

Dans la même collection











isbn

Tous droits de traduction de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays.
Conception, mise en page et maquette : © Eric Chaplain
Pour la présente édition : © edr/ EDITION S des régionalismes ™ — 2022
Editions des Régionalismes : 48B, rue de Gâte-Grenier — 17160 cressé
ISBN 978.2.8240.1116.5 (papier)
ISBN 978.2.8240.5645.6 (numérique : pdf/epub)
Malgré le soin apporté à la correction de nos ouvrages, il peut arriver que nous laissions passer coquilles ou fautes — l’informatique, outil merveilleux, a parfois des ruses diaboliques... N’hésitez pas à nous en faire part : cela nous permettra d’améliorer les textes publiés lors de prochaines rééditions.


AUTEUR

Pierre DUPUY ( avec la collaboration de Louisette DUPUY) Postface par Éric NOWAK




TITRE

DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE ILLUSTRÉ du parler poitevin et de la vie quotidienne de la commune de Romans (Deux-Sèvres) dans les années 1920-1930





Louizête ê Piè*r D ôpeu
(Louisette et Pierre Dupuy).
« Autrefois au Lineau : Souvenirs d’enfance »
À Henri Guillien ,
sans qui ces écrits ne seraient
restés qu’un rêve,
à Henri Guillien, aussi,
en souvenir de grands rêves,
sur les bancs de la Faculté des Sciences,
au printemps de 1968.


K’é t’ö ê përdëk
Qu’est-ce et pourquoi
C e sont des souvenirs d’enfants de Louizête ê Piè*r Dôpeu revisités par lé vieu qu’ils sont devenus. C’est juste l’espoir de retrouver et peut être de partager quelques bons moments.
Le parler évoqué sera nommé patoi parce que ceux qui le parlaient disaient eux-mêmes nou z’ âtre i kôzan un grou patoi ( nous autres, nous parlons un gros patois ). En fait c’était surtout lé vieu ( les vieillards ), des gens, pour nous, d’un age inimaginable : 50 ans et plus, qui utilisaient le plus volontiers ces mots devenus désuets, lé Jêne ( les jeunes ) comme nos parents, commençaient à pratiquer, pour certains mots, du patoi mâtiné de français.
A ces nuances près le patoi était encore bien vivant au point que des paysans affectaient volontiers de mal maîtriser le français et s’en excusaient auprès de leurs interlocuteurs, citadins de souche, en répétant nou z’ âtre i kôzan patoi Peut-être, mais ils écrivaient le bon français mieux que beaucoup de contemporains et bien qu’ils aient quitté l’école avant douze ans, ou même parfois bien plus tôt, ils ne faisaient point de fautes d’orthographe.
Leur langue était mouvante et variée, bien qu’à peu près la même, à notre connaissance, de Saint-Maixent à Melle ou de Niort à La Mothe-Saint-Héraye et sans doute bien au-delà. Elle était différente de village en village et même d’une famille à une autre pourtant voisine. Et même, elle ne sonnait pas de la même façon d’un individu à l’autre au point qu’on pouvait dire : ça c’est un mot, c’est une manière de dire de un tel ou un tel, dont certains même étaient disparus depuis longtemps. ö l’étê le dire dô pëpé ( c’était la façon de parler du grand-père ). Chacun choisissait ses mots dans l’héritage commun ou en détournait le sens pour l’adapter à des situations pour lesquelles ils n’avaient point été inventés, faisant des noms avec les verbes et les adjectifs ou inversement.
D an le patoi dô Linâ tout comme dans ce petit village, on était si bien !
Lé bru k’ö fazê an kôzan
Les bruits que cela faisait en parlant
C es souvenirs c’est d’abord le bruit des mots.
Ce bruit c’était le même que celui des mots français et il sera écrit de la même façon.
Il y avait aussi d’autres bruits qui sont les suivants :
• â dans piâ (cheveux) ou dans cHâ (ceux) qui se prononce comme dans mât. Ce â était à la fois notre péché mignon et notre blason, en quelque sorte. Nous habitions le L ineau (enfin un L ineau , car il y en a bien au moins sept dans les Deux-Sèvres) mais nous disions le Linâ et beaucoup de nos verbes faisaient leur infinitif en â. Aussi dans les villages pourtant assez proches on se gaussait de nous â té dô Linâ dô Linâ dô miâ dô niâ ê dô piâ ( ah, tu es du Lineau, du Lineau, du miel, des œufs et des cheveux ). Avouez que c’était bête, ils disaient bien, eux un fouzeil ou pire un fuzeuil alors qu’il est tellement plus joli de dire un fouzail ( un fusil ).
Nous avions donc beaucoup de verbes en â ce sont en général les verbes en -er du français. Ils se conjuguent sur le modèle de brayâ auquel il faudra se reporter.
• a dans pia ( plat ) qui se prononce comme dans chat .
Le mot marâ ( chat mâle ) réunit ces deux prononciations a et â.
• ail dans ail ( ail, il ou œil ) égail ( rosée ) se prononce comme le français ail, éventail .
• an dans ansé ( de ce côté ) ou a la une an ( il y a une année = l’an dernier) qui se prononce du fond de la bouche et qui tient lieu des : an, en, am, em, etc. car notre patoi uniquement parlé, n’a pas besoin de toutes ces subtilités.
• on dans konsékan ( important ) qui se prononce du devant de la bouche, avec les lèvres en cul de poule. Comme dans bon ou con . De même il tient lieu des : om, on, etc.
• ê dans kalê ( nu ) qui se prononce comme dans balai ou dans pet .
• è* dans kalè* ( noix ) ou dans bè* ( beau ) qui se prononce comme dans vert . vè*r ( verre ) se prononce exactement comme le français ver (que le patoi nomme, selon les cas âcHê ou bërlâ ).
• é dans paré ( é pluché ) ou pâ ré ? ( pas vrai ? n’est-ce pas ? ).
Ainsi é et è* sont réunis dans ö l’é bé bè* ( c’est bien beau ).
• ë dans cHëbre ( chèvre ) fërmaJe ( fromage ) cHër ( cœur ) ëre ( heure ) se prononce du fond de la bouche qui reste bien ouverte.
• eu dans cheu ( ç a ) qui se prononce comme dans œufs (au pluriel !)
Qu’on retrouve dans ö l’é cheu ché chë ( c’est ça qui est cuit ). Et aussi dans beure ( beurre , qu’on sera tenté de prononcer comme le mot français : beurre ). Si nous avions voulu écrire ce bruit-là, nous aurions fait bëre !
• i lui, ne pose pas de problème si ce n’est qu’il peut être associé au l. Par exemple lé vieu disaient mëliou ( meilleur ) alors que les jeunes (mes parents) plus pressés disaient miou. Le patoi y perdait un peu de sa petite musique comme dans bliu ( bleu ) qui devenait biu.
• ô dans chô ( celui-ci ) se prononce comme dans bateau .
• ö dans bö ( sabot ) prononcé comme dans bol ou col .
• oi dans éloize ( éclair ) ou fërzoi ( effraie ) prononcé comme dans toit .
Pour les différentes formes de kouâ de kouane ou de kouâte et leurs dérivés nous aurions été tentés d’écrire koi. La prononciation correcte impose de faire sonner le ou de façon à allonger le mot.
• u c’est toujours u dans bu ( bœuf ) prononcé comme dans cul .
• y ou ille dans yâpe ( guêpe ) une ouyette ( un entonnoir ) une ayuye que nous aurions pu écrire ayuille ( une aiguille ) ö mouille ( il pleut ), ille sera utilisé de préférence en fin de mot et y en milieu de mot ou quand il y a répétition du son.
• (éin) est un son très difficile à expliquer car il n’existe rien de pareil en français. C’est un mélange de é et de in . Il faut le prononcer la bouche bien ouverte en écartant le plus largement possible les commissures des lèvres et faire venir le son du fond de la bouche le long de la voûte du palais . C’est beaucoup plus facile à faire qu’à raconter. On le trouve dans cH(éin) ( chien ) f(éin) ( foin ) b(éin) ( bien ). Pour ceux qui souhaiteraient pratiquer un petit entraînement voici quelques phrases : ö y a dô cH(éin)d(éin) dan le s(éin)f(éin) ö y’ ara yére de y(éin) ( il y a du chiendent dans le sainfoin, il n’y aura guère de regain ) ; tou py(éin) trö b(éin) për m(éin) ( beaucoup trop bien pour moi ) ; ö y’ a b(éin) dô f(éin) mê pâ tou py(éin) de gr(éin) ( il y a bien, beaucoup de foin mais pas beaucoup de grain ) ; pr(éin) ton cH(éin) le m(éin) é pâ bin ( prends ton chien, le mien n’est pas bon ).
• in dans bin ( bon ) se prononce comme dans lapin .
Ce qui nous permet de dire ö l’é bé bin ( c’est bien bon ). Mais un a été conservé quand il s’agit de l’article.
• cH dans cHeure ( tomber ) n’existe pas en français mais on le fait très bien en hiver quand on souffle de l’air chaud du fond de sa gorge pour se réchauffer les doigts ö l’ é cHë ( c’est tombé ).
• ch tout simple prononcé comme en français du bout des lèvres (ou du bout des dents) et un peu sifflant, chuintant, dans cheure ( cuire ) ö l’ é chë ( c’est cuit ) ou cheu ( ç a ). ö l’é cheu ché cHë ( c’est ça qui est tombé ).
• g fait g comme dans gâteux, gourde et même devant un e sans qu’il soit besoin de l’affubler d’un u par exemple dans agian ( gland ) ou agyaye ( aiguillée ).
• J dans Jâ ( coq ou robinet ) se prononce du fond de la bouche pour obtenir une consonne un peu râpeuse avec un peu quelque chose du h.
• j est le j normal du français.
• r était très variable selon les personnes, leur âge et surtout leur origine géographique, certains le roulaient fort joliment, d’autres le raclaient abominablement.
Ceci conduit à deux formes voisines pour un même mot, par exemple pour véreux les uns disaient bërlôdè et les autres brëlôdé.
• s dans cette évocation des bruits n’a pas de raison d’être protéiforme comme en français où il est s ou z , ici il est toujours s et donc n’a jamais besoin d’être redoublé. Par exemple : essayer où il faut deux s , donnera asayâ où un seul s suffit.
• z se trouve de ce fait bien utile et servira plus souvent qu’en français. Par exemple : bouse en français s’écrira bouze en patoi.
D’autre part, comme c’est la représentation d’une langue uniquement parlée, qu’aucun écrit n’a fixée, du moins ô Linâ nous n’avons employé aucun signe de ponctuation et aucune majuscule en début de phrases ou aux noms propres. De même nous n’avons jamais indiqué le pluriel avec des s qu’on n’entend pas comme ce

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