L’innovation pédagogique
197 pages
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Description

L’innovation est aujourd’hui une notion centrale qui touche à de nombreux domaines. L’école et la formation jouent un rôle crucial dans cet enjeu sociétal. Le défi actuel est de questionner des propositions en matière d’innovation pédagogique au sein des systèmes éducatifs afin de préparer des élèves à entrer et à s’épanouir au coeur de la société actuelle et à venir qui requiert cette capacité à innover. Si la formation des futur·e·s enseignant·e·s est désormais amenée à les préparer à cette complexité sociétale, elle se doit elle-même d’innover. Ainsi, comment outiller les étudiant·e·s pour devenir eux-mêmes moteurs d’innovation, voire d’être créateurs et créatrices du changement de paradigme en pédagogie ? Comment peuvent-elles et ils préparer leurs élèves à se confronter à un monde en changement permanent ? Comment la recherche peut-elle aussi soutenir l’évaluation de l’impact des innovations pédagogiques sur l’ensemble du système éducatif et de formation ?
L’originalité de cet ouvrage est de croiser plusieurs apports théoriques de l’innovation pédagogique avec une approche plus pragmatique avec l’illustration d’artefacts d’innovation pédagogique dans le domaine des arts, du droit ou de l’éducation à la citoyenneté. L’ouvrage s’ouvre et se clôt sur une réflexion et un questionnement novateur autour de la place de l’innovation au sein de la formation et de l’école.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 80
EAN13 9782889304790
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0120€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2022
Rue du Tertre 10
2000 Neuchâtel
Suisse
 
 
www.alphil.ch
 
Alphil Diffusion
commande@alphil.ch
 
 
DOI : 10.33055/ALPHIL.03199
 
ISBN papier : 978-2-88930-477-6
ISBN PDF : 978-2-88930-478-3
ISBN EPUB : 978-2-88930-479-0
 
 
Publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique.
 
Les Éditions Alphil bénéficient d’un soutien structurel de l’Office fédéral de la culture pour les années 2021-2024.
 
Illustration de couverture : Pixabay / Shafin_Protic
 
Couverture : maquette et réalisation : Nusbaumer-graphistes sàrl, www.nusbaumer.ch
 
Responsable d’édition : François Lapeyronie


Nous, Isabelle Capron Puozzo et Aleksandra Vuichard, dédicaçons ce livre à…
Tou·te·s nos collègues qui ont les mains dans le cambouis chaque jour dans les classes et qui croient en un seul et même système de formation en alternance
Tou·te·s les étudiant·e·s du module MSENS36 qui sont des ambassadeurs et ambassadrices de la créativité dans les écoles
Nous continuerons le combat respectif qui nous a fédéré·e·s… continuer à construire un monde meilleur
en commençant par changer…
l’école.


Préface
Les raisons d’innover à l’école
Françoise Cros Professeur honoraire, Centre de recherche sur la formation, Conservatoire national des Arts et Métiers, Paris
L’innovation pédagogique reposerait-elle sur des croyances ?
En 2017, la publication d’un ouvrage d’André Tricot intitulé L’Innovation pédagogique et doté d’un sous-titre relativement discret, Mythes et réalités , a fait grand bruit parmi les enseignants innovateurs. Il a connu le succès sans doute en grande partie en raison de ce sous-titre qui tentait de démystifier l’innovation pédagogique, considérée fréquemment comme la panacée ou, du moins, la « solution miracle » à bien des embarras pédagogiques rencontrés par les enseignants.
Cet ouvrage reprenait en effet un ensemble d’affirmations qui circulent dans les milieux pédagogiques, présentées comme des propositions de solutions aux problèmes auxquels se heurtent les maîtres et comme des moyens de surmonter les difficultés des élèves, autrement dit la quête d’une autre pratique pédagogique. Ces remèdes sont, le plus souvent, le fruit d’échanges de points de vue entre collègues, qui prennent place dans les salles de professeurs, à l’occasion de rencontres plus ou moins institutionnelles ou encore sur des réseaux sociaux. Le tout se répandant comme une traînée de poudre avec une évidence pragmatique.
Ces propositions, véhiculées par ces échanges, ne sont pas toujours dénuées d’a priori ou de certitudes ; elles se font souvent passer pour LA solution face aux difficultés d’apprentissage des élèves. Les enseignants sont très preneurs de ce genre de conseils qui s’adossent souvent, de manière trompeuse ou erronée, à des travaux de recherche déclarés « scientifiques ». Ces propositions paraissent également raisonnables aux enseignants parce qu’elles semblent faisables en l’état actuel de l’école et ne requièrent pas de bouleversements impossibles à mettre immédiatement en place.
Au fil de l’ouvrage d’André Tricot, on trouve ainsi, passées au crible de la critique, ces fameuses propositions présentées souvent sous forme affirmative : «  faire manipuler permet de mieux apprendre  » ; «  les élèves apprennent mieux quand ils découvrent par eux-mêmes  » ; «  s’appuyer sur l’intérêt des élèves améliore leur motivation et leur apprentissage  » ; «  les élèves apprennent mieux en groupe  » ; «  la pédagogie par projet donne du sens aux apprentissages  » ; «  les situations de classe doivent être authentiques  » ; «  il faut inverser la classe  » ; «  le numérique permet d’innover en pédagogie  » ; «  l’approche par compétences est plus efficace  » ; et nous pourrions allonger la liste de ces aphorismes.
Or, le travail de ce chercheur a consisté à «  confronter un certain nombre d’idées reçues liées à l’innovation pédagogique à un état actuel des connaissances scientifiques  » (Tricot, 2017, p. 7) ou, plus simplement, à des résultats empiriques de recherche comparatives de populations. À l’époque où le ministre français de l’Éducation nationale veut adosser les nouvelles pratiques pédagogiques à l’administration de la preuve par des recherches expérimentales et scientifiques, soulever la question devient intéressant.
Comme le lecteur peut s’en douter, André Tricot parvient aisément à montrer que les affirmations citées ci-dessus et qui guident la mise en œuvre d’innovations pédagogiques ne sont pas fondées sur des preuves scientifiques, bien au contraire. Cela tient à l’approche simpliste et englobante de la pédagogie que traduisent ces affirmations, émanations d’idées souvent anciennes, a priori dont les origines ont été oubliées – l’innovation pédagogique a la mémoire courte ! – et qui ont été remises au goût du jour.
Faut-il pour autant rejeter l’innovation pédagogique au motif qu’elle relèverait d’idées reçues non soutenues par des travaux de recherche et, qui plus est, simplistes ? Pour notre part, nous ne le pensons pas et nous nous efforcerons dans cette préface de montrer en quoi la fonction sociale actuelle de l’innovation pédagogique se distingue d’une obstination à apporter une preuve scientifique qu’elle peut même s’inscrire autrement dans une meilleure efficacité des apprentissages des élèves et que son terreau est d’ordre social, symbolique et relationnel.
Pour cela, notre propos sera divisé en trois parties. La première tentera de montrer que l’innovation pédagogique est d’une tout autre nature que l’innovation technique ou technologique ou organisationnelle ou institutionnelle –, quel que soit le qualificatif ajouté à son substantif –, ce qui en fait une activité sociale particulière. La deuxième partie concernera le rôle sociétal joué par l’innovation pédagogique dans l’enseignement à travers des rapports de pouvoir et de savoir dans une volonté de transformation du système éducatif. La troisième partie, enfin, conduira à considérer l’innovation pédagogique comme un formidable régulateur des sociétés contemporaines face à des institutions soumises essentiellement à des idéologies.
La nature propre de l’innovation pédagogique
L’étude de l’innovation, celle-ci entendue dans son sens générique, montre que les bases de l’innovation reposent sur deux piliers que les sociétés successives ont plus ou moins pris en compte de façon équilibrée. Globalement, l’innovation, dans son terme et dans son sens le plus simple – à savoir l’«  introduction d’un objet nouveau dans un existant  » – jaillit à la fois, et sans doute à la suite, de deux sources :
• La religion , véritable ciment de l’origine de l’innovation, où le rapport au nouveau interroge le rôle de l’homme dans la Création en raison de l’autorisation que se donnerait l’homme de pouvoir déterminer son destin et se prendre en main face aux forces surnaturelles ou supranaturelles. Ainsi, au XV e  siècle, l’innovation était honnie par crainte d’une remise en question des institutions stables, de niveau supérieur à l’homme, considérées comme pérennes (surtout l’Église romaine, même si d’autres religions actuelles ne sont pas loin d’avoir la même position) et où l’homme ne peut se substituer à l’Être suprême dans sa volonté de créer et de devenir autonome. Cette place de l’homme dans le monde a évolué au cours du temps à travers une montée en puissance de la prise en compte de l’individualisme, souvent au détriment du collectif qui exige, dans ce contexte, une nouvelle façon de conjuguer ces deux entités 1 . Autrement dit, l’innovation contient une acception de la vision de l’homme libre, seul face à un univers qu’il prétend possible de façonner.
• L’ économie capitaliste qui fait de l’innovation son levier de transformation et de dynamisme dans une économie de marché concurrentielle. Selon cette perspective, sans innovation, il n’y aurait pas de modernisation ni de progrès y compris social, à défaut de la multiplication de technologies soulageant les peines de l’homme, assurant une plus grande longévité et un bien-être matériel. Cette dimension économique a donné à l’innovation ses lettres de noblesse, notamment dans les travaux de Schumpeter (1999, 3 e  éd.). Ce dernier souligne à quel point les sociétés modernes, dans leur évolution, reposent sur l’innovation, via la destruction de modalités anciennes – la célèbre «  destruction créatrice  » –, et sur le désir humain de développer des conditions sociétales de bien-être et d’épanouissement. L’innovation est alors vue comme salvatrice des sociétés actuelles, de manière positive et enthousiaste, produisant des entrepreneurs ingénieux et dynamiques, de véritables leaders (des premiers de cordée). Cette montée en puissance de l’innovation par l’économie repose sur l’idée que le progrès est non seulement salutaire sur le plan du bien-être technique, mais qu’il impacte aussi de facto le progrès social.
Les sociétés où l’innovation se développe ont oscillé entre ces deux piliers selon les époques. Si, après la seconde guerre mondiale en Occident, l’innovation dans l’économie entrepreneuriale (innovations techniques et technologiques) a pris la plus grande part de la construction de son sens, quelques mouvements sociaux sont apparus, réinterrogeant l’innovation dans sa signification religieuse, comme moyen de cimenter le social et de respecter un immobilisme consubstantiel à l’épanouissement humain (Hartmut Rosa, 2013). Il n’en reste pas moins que l’aspect économique demeure encore très dominant, rabattant la majorité des innovations sur cet aspect économique et donc technique, avec l’introduction de produits nouveaux à commercialiser, dans une course à la concurrence commerciale toujours plus féroce.
Actuellement, l’innovation pédagogique n’échappe p

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