Algirdas Julien Greimas et la science des signes
196 pages
Français

Algirdas Julien Greimas et la science des signes , livre ebook

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196 pages
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Description

D'une manière presque diachronique, cet essai retrace le cheminement de Greimas, de la mise en valeur de l'héritage saussurien à la consolidation d'une sémiotique de l'action et des passions, et surtout de leur interdépendance. Les principaux instruments opératoires (l'analyse componentielle, le schéma actantiel, le carré sémiotique, les structures modale, pathémique et véridictoire) sont revisités dans leur fécondité et leur caractère probant.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 29
EAN13 9782296498082
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0800€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ALGIRDASJULIENGREIMAS
ET LA SCIENCE DES SIGNES
La Collection« Théories et Critique» dirigée par le Professeur Jean-Claude MBARGA En cette ère de globalisation, véritable rendez-vous du donner et du recevoir, où l’on observe en plein continent africain la contribution considérable des chercheurs au progrès de l’épistémologie dans diverses disciplines (la sémiotique, la sociocritique, l’herméneutique, etc.), la nécessité d’un support cadré et spécifique d’expression s’impose en termes de création d’une nouvelle collection aux Éditions L’Harmattan. Ainsi, la collectionet« Théories Critique »pour missions spécifiques d’assurer la publication et la diffusion a des contributions diverses au progrès de l’épistémologie, à travers l’élaboration et l’expérimentation de nouveaux axes théoriques, et des études critiques, dans les disciplines des lettres, des arts et des sciences humaines. COMITÉ SCIENTIFIQUE INTERNATIONAL Cet ouvrage a été réalisé sous les auspices du comité scientifique international de la collection « Théories et Critique » et du Cercle africain de Sémiotique et Sociocritique (CASS) constitué des membres ci-après :
Eero Aarne Pekka Tarasti, Professeur des universités, Président de l’Association internationale de Sémiotique, Directeur de l’Institut international de Sémiotique d’Imatra (Finlande), enseignant à l’Université de Helsinki (Finlande) ; Jean-Claude Mbarga, Professeur des universités, Vice-Président de l’Association internationale de Sémiotique, Coordonnateur continental de l’International Communicology Institute du Southern Illinois University Carbondale (USA), Directeur du Cercle africain de Sémiotique et Sociocritique (CASS), enseignant à l’Université de Yaoundé I (Cameroun) ; Paul Bouissac, Professeur des universités, membre du comité exécutif de l’Association internationale de Sémiotique, enseignant à l’Université de Toronto (Canada) ; José María Paz Gago, Professeur des universités, Secrétaire général de l’Association internationale de Sémiotique, enseignant à l’Université de La Coruña (Espagne) ; Richard L. Lanigan, Professeur des universités, Directeur de l’International Communicology Institute, enseignant à la Southern Illinois University Carbondale ; André Helbo, Professeur des universités, membre du comité exécutif de l’Association internationale de Sémiotique, enseignant à l’Université Libre de Bruxelles (Belgique).
Barnabé Mbala Ze ALGIRDASJULIENGREIMAS
ET LA SCIENCE DES SIGNES
Préface de Jean-Claude Mbarga
© L’Harmattan, 2012 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-296-99071-5 EAN : 9782296990715
À mes petites-filles et petits-fils, afin que votre chemin ait pour nom : « soif des cimes » !
PRÉFACE
Voici un ouvrage qui vient à point nommé contribuer au rayonnement de la sémiotique en tant que discipline, non pas impérialiste, mais tout simplement impériale. Cet essai est la preuve de ce que celui qui ne prend pas le risque d’échouer perd la chance de réussir. En effet, mener une réflexion profonde sur les fondements épistémologiques d’une discipline, aussi ancienne soit-elle, n’est pas du tout chose aisée. Cette tâche s’avère d’autant plus difficile qu’il s’agit de la sémiotique, une science complexe, pour autant que l’on veuille la comparer à d’autres champs établis comme la sémantique et la lexicologie. En procédant à une analyse diachronique et synchronique de la trajectoire scientifique d’Algirdas Julien Greimas, Barnabé Mbala Ze s’est volontairement risqué à une aventure périlleuse. Le mérite de ce travail est d’abord à la mesure du risque encouru, et par conséquent, la démarche courageuse de l’auteur devrait être saluée à sa juste mesure.
En tant que science s’intéressant à tout phénomène soumis à l’épreuve de production du sens, la sémiotique est une discipline en pleine émergence, caractérisée par l’interdisciplinarité et la pluridisciplinarité, en ce sens qu’elle rend compte d’une pluralité d’approches scientifiques. 1 Cet état de choses explique la diversité de ses champs d’application . 1 Contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, les termessemioticsetsémiologieétaient déjà employés depuis le XVIè siècle. Le termesémiologielongtemps existé a comme nom de la branche de la médecine aussi appeléesymptomatologie. Selon Thomas Sebeok, le termesémiologieune autre forme dans les langues romanes, a séméiologie, les deux formes ayant deux définitions : a) partie de la médecine qui étudie les signes des maladies, d’après leDictionnaire de Trévoux(1752) ; b) science étudiant les systèmes de signes, d’après Ferdinand de Saussure (1916). Sebeok parle également de deux autres formes du côté francophone, datant de 1555,sémiotiqueetséméiotique, ayant les mêmes définitions sus-mentionnées. En dehors de son acception médicale, le termefrançaissémiotiqueaussi employé vers le milieu du XIXè siècle dans un était contexte militaire. À ce sujet, voir Thomas A. Sebeok,Contributions to the Doctrine of Signs, Lanham, University Press of America, 1985; et du même critique,Semiotics in the United States, Bloomington, Indiana University Press, 1991. Quant au concept anglosaxonsemiotics, qui apparaît également sous la forme de semeiotics,The Century Dictionnary(1895) en donne deux définitions : a) science des signes ; langage des signes ; b) spécifiquement, branche de la pathologie qui traite de la signification de tous les symptômes du corps humain en bonne santé ou malade ; symptomatologie, sémiologie. Pour plus d’amples informations, je renvoie à la minutieuse étude de John Deely, «The word ‘semiotics’ : Formation and origins», in
Ainsi par exemple, à l’issue du 8è congrès international de l’Association internationale de Sémiotique (AIS) qui s’est tenu du 7 au 12 juillet 2004 à l’Université Lumière Lyon 2, et au vu des récents développements de la sémiotique, divers champs ont été recensés : la littérature, l’art, la culture, la communication, le droit, l’économie, la politique, l’anthropologie, la sociologie, la religion, la médecine, la biologie, la cybernétique, l’audio-visuel, le sport, la musique, les mathématiques, la philosophie, l’histoire, etc.
Mais, il va sans dire que l’aperception originelle de la sémiotique se trouve dans la vision programmatique et théorisante de ses deux pères fondateurs que sont le Genevois Ferdinand de Saussure et l’Américain Charles Sanders Peirce. Alors que le premier entendait par le vocable sémiologieune vaste « science qui étudie la vie des signes au sein de la vie sociale », le second avait l'ambition, à travers laSemiotics, mélange de logique et de philosophie, d’étudier tout phénomène soumis à l’épreuve de production du sens, dans la perspective de la phénoménalité, c'est-à-dire, de l'ensemble des réalités sensibles dont le monde n'est que lerepresentamen.Ainsi, autour de ces deux concepts il y a eu toute une série de disquisitions épistémologiques ayant fort heureusement abouti à une uniformisation terminologique motivée, le terme retenu étant celui plus englobant deSemiotics(la sémiotique). À ce sujet, John Deely parle du « triumph ofsemioticsas a term oversemiologyas a competing term 2 for the ‘proper naming’ of the doctrine of signs today » , en insistant sur le fait que les relations entresemioticsetsémiologiesont celles d’un tout et d’une partie, que l’approche de Saussure ne tient pas compte de tous les liens de la pensée avec la nature dans l’expérience humaine, par exemple, le domaine culturel qui n’est qu’une minuscule partie de la 3 nature . Ainsi donc, la sémiotique se veut l’étude scientifique des signes, que ceux-ci relèvent de la consubstantialité du signifiant et du signifié, ou qu'ils soient le reflet d'une entité triadique comprenant le representamen, l’objet, et l’interprétant, ou d’une trichotomie
Semiotica, 2003, 146-1/4, pp. 1-49. Je signale que John Deely est Professeur des universités, trésorier adjoint de l’Association internationale de Sémiotique, et enseignant à l’Université St Thomas de Houston (USA). 2 John Deely, art. cit., p. 38. 3 Il est reproché à Ferdinand de Saussure de tomber dans « the whole classical modern infirmity of being unable to account for the ties of thougth with nature in human experiences as giving rise to culture, itself (as Sebeok put it) a minuscule part of nature » (John Deely, art. cit., pp. 38-39).
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sémantique constituée de l'icône, de l'indice et du symbole. À travers cette plurivocité syntaxique du signe en tant que clé de voûte de l'édifice sémiotique, l'on est parvenu à se rapprocher d’un concept moins diviseur que fédérateur : le sens. Ce concept est pris dans l'acception d'une ressource extralinguistique structurant et orientant le langage à des fins de communication. Sans verser dans la sociologie du langage, ni faire la part trop belle à la sémantique, la sémiotique s'appesantit dans une certaine mesure sur les deux plans que le linguiste danois Louis Hjelmslev nomme « plan de l'expression » et « plan du contenu », les deux plans se déclinant en « forme et substance de l'expression » et « forme et substance du contenu ».
Bien que l’Association internationale de Sémiotique (AIS-IASS) ait été fondée à la fin de la décennie, son histoire date du milieu des années 60. En 1966, la toute première conférence internationale de sémiotique a été organisée en Pologne. La même année, une association de sémiotique a été fondée, avec Stefan Zolkiewski comme président et Algirdas Julien Greimas comme secrétaire général. Mais en raison de la situation politique incertaine de l’Europe de l’Est, la conférence de Varsovie de 1966 n’a pas été un forum représentatif, au point de susciter l’adhésion de la majorité. Finalement, après tous ces balbutiements, une réunion a été convoquée à Paris, les 21 et 22 janvier 1969, et l’Association internationale de Sémiotique a ainsi vu le jour officiellement, avec comme membres fondateurs, entre autres, Algirdas Julien Greimas, Roman Jakobson, Julia Kristeva, Émile Benveniste, Thomas A. Sebeok, 4 et Jurij M. Lotman .
4 À toutes fins utiles, je me permets de mentionner les noms de ceux qui ont consacré leur énergie et leur temps à l’Association internationale de Sémiotique pendant les 25 premières années : Émile Benveniste était le tout premier président, suivi de Cesare Segre et Jerzy Pelc. Julia Kristeva, Umberto Eco, Gianfranco Bettetini, Antonino Buttitta, et Gérard Deledalle ont assumé les fonctions de secrétaire général. Parmi les premiers vice-présidents entre 1969 et 1994, on trouve des noms tels que : Haroldo de Campos, Vyacheslav Vs. Ivanov, Roman Jakobson, Jurij M. Lotman, Aleksandr Ljudskanov, Jean Petitot, Décio Pignatari, R.N. Srivastava, et Masao Yamaguchi. Comme trésoriers il y a eu Jacques Geninasca, Gloria Withalm. Au tout début, l’éditeur-en-chef de la revueSemioticaThomas A. Sebeok. À des fins d’actualisation des était données, on pourrait aussi signaler, depuis le 8 juillet 2004 à ce jour, les noms suivants : Eero Tarasti au poste de président ; Richard L. Lanigan, Adrian Gimate, Jean-Claude Mbarga, Youzheng Li, Anne Hénault, Paul Cobley, José Enrique Finol, comme vice-présidents ; Jeff Bernard (in memoriam), José María Paz Gago au poste de secrétaire général, et Priscila Borges, comme secrétaire général adjointe chargée du site web ; Susan Petrilli comme trésorière et John Deely en tant que trésorier-adjoint ; Marcel
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De cette présentation diégétique de l’AIS, il y a lieu d’en inférer que le Lituanien Algirdas-Julien Greimas en est de manière incontestable l’une des figures de proue. À n’en point douter, son œuvre monumentale apermis à bon nombre de théories,qu’elles soient du signe ou sur le signe, d'évoluer et d'avoir un ancragepratique et épistémologique capable de légitimer et de structurer la constitution du nouveau paradigme de la science des signes.
L’ouvrage de Barnabé Mbala Ze est donc à juste titre la célébration d’une icône, de celui-là même dont la densité des travaux a su rendre la sémiotique attrayante et productrice des savoirs constitués et des savoirs en fusion. Greimas est un homme qui a donné le meilleur de lui-même pour une science, la sémiotique, non seulement en tant que l’un des pères fondateurs ayant inlassablement œuvré à la mise sur pied de l’AIS, mais également comme l’auteur de plusieurs courants de pensée épistémologiques ayant considérablement contribué à l’avancée de cette science. Cette imposante figure de la sémiotique a fortement marqué les esprits et son époque par sa vaste culture et sa polyvalence.Les théories de Greimas ont pour point d’ancrage principal la linguistique structurale de Saussure, mais avec diverses incursions épistémologiques qui rendent compte de son éclectisme.
De par son parcours, son itinéraire, ainsi que son dynamisme dans ses divers développements des études sémiotiques et linguistiques, Greimas s’affirme comme une figure légendaire qui mérite qu'on lui consacre une étude dense, soigneusement articulée et argumentée. De mon point de vue, l'auteur du présent ouvrage s'est acquitté de cette mission avec bonheur et prudence, démontrant ainsi son aisance dans les réflexions théoriques. Il n’est pas du tout superfétatoire de signaler que cet ouvrage fait suite à un premier travail de même nature. En effet, il y a quelques années, sur la base d’un certain nombre de disquisitions épistémologiques, Barnabé Mbala Ze revisitait l’ensemble des points d’assonance et de discordance de la narratologie, à travers son essaiLa 5 Narratologie revisitée. Entre Antée et Protée ,une contribution tout à fait empreinte d’audace et de sagacité intellectuelle dont les relents sémiotiques traduisent son extrême fidélité à l’« École de Paris ».
Danesi et Andrea Rocci, respectivement comme éditeur-en-chef et éditeur-en-chef adjoint de la revueSemiotica. 5  Barnabé Mbala Ze,La Narratologie revisitée. Entre Antée et Protée,Presses universitaires de Yaoundé, 2001.
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