Langues en danger et langues en voie d extinction au Gabon
193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Langues en danger et langues en voie d'extinction au Gabon , livre ebook

-

193 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Dans ce premier volume d'une série de publications sur la problématique de la mort des langues en Afrique et plus particulièrement au Gabon, l'auteur présente les résultats d'une étude sur l'évaluation du niveau de transmission des langues vernaculaires chez les enfants en milieu urbain au Gabon.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2009
Nombre de lectures 242
EAN13 9782296669765
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Langues en danger et langues
en voie d’extinction au Gabon
Daniel Franck IDIATA


Langues en danger et langues
en voie d’extinction au Gabon


Quand la génération des enfants se détoume des langues
vernaculaires ou quand les parents détournent leurs enfants de
la langue de la communauté


Préface : Lolke Van der Veen

Postface : Auguste Moussirou Mouyama


L’Harmattan
Ouvrages de l’auteur chez l’éditeur :


2007. Les langues du Gabon : données en vue de la réalisation d’un atlas linguistique.

2006. L’Afrique dans le système LMD : la réforme de toutes les révolutions.

2005. Parlons isangu : langue et culture des Bantu-Masangu du Gabon.

2004. Eléments de psycholinguistique des langues Bantu.


© L’H ARMATTAN , 2009
5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-07824-6
EAN : 9782296078246

Fabrication numérique : Socprest, 2012
Ouvrage numérisé avec le soutien du Centre National du Livre
AVANT-PROPOS
Le projet de mener une recherche sur la mort des langues gabonaises m’est venu après la lecture croisée de trois ouvrages. Chronologiquement, la première lecture fut Halte à la mort des langues de Claude Hagège (2000) ; ensuite, Les voix de la ville de Louis-Jean Calvet (1994) et, par la suite, le document "Language vitality and endangerment" de l’Unesco (2003).
Par rapport au processus de mort des langues dans le monde, l’ouvrage d’Hagège nous apprend qu’une langue disparaît « tous les quinze jours », soit un total d’environ 25 par an. Autrement dit, à ce rythme, si rien n’est fait, ajoute-t-il, on aura perdu, dans un siècle, la moitié du patrimoine linguistique mondial et, sans doute, davantage à cause de l’accélération de la pression subie par les langues minoritaires. On s’aperçoit que cette réalité touche particulièrement les langues indonésiennes (plus de la moitié serait moribonde), néo-guinéennes (plus de la moitié des langues de Papouasie-Nouvelle-Guinée serait en voie d’extinction) et les langues africaines, mais elle concerne aussi de nombreuses autres langues menacées par les grandes langues de communication. Le rythme d’extinction des langues, qui s’était déjà accéléré au cours du XX ème siècle, risque d’atteindre des proportions sans précédent au cours de ce siècle.
La seconde lecture nous renseigne sur la problématique de la gestion des langues dans le contexte du plurilinguisme urbain. On y apprend que dans le contexte actuel, la ville joue un rôle fondamental dans la dynamique des langues car, les solutions linguistiques qu’elle apporte à la communication sociale ont toutes des chances de s’imposer à l’ensemble du pays. Louis-Jean Calvet ajoute que la ville « telle une pompe, aspire du plurilinguisme et recrache du monolinguisme ». La ville joue ainsi un rôle crucial dans l’avenir linguistique d’une région ou, plus largement, d’un Etat. La troisième lecture développe la problématique de la vitalité et de la disparition des langues. Ce document, produit par un Groupe d’experts sur les Langues menacées de la Section du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, renseigne notamment sur les critères objectifs pour mesurer « l’état de santé d’une langue ». On y apprend ainsi qu’une langue est menacée lorsque son extinction risque de se produire dans un avenir proche. Une langue est, par contre, en danger lorsque ses locuteurs commencent à la délaisser, réservant son utilisation à des contextes de moins en moins nombreux ; ils ne la transmettent plus à la génération des enfants. Autrement dit, il n’y a pas de nouveaux locuteurs, qu’ils soient enfants ou adultes. Cette même source montre qu’une langue peut être menacée par des forces externes, comme dans le cas de l’assujettissement militaire, économique, religieux, culturel ou éducatif ; elle peut également se trouver menacée par des forces internes, comme le ressenti négatif d’une communauté au sujet de sa langue. Ces pressions internes ont souvent une origine externe, les deux éléments se conjuguant pour mettre fin à la transmission des traditions linguistiques et culturelles entre les générations. Les peuples indigènes relient souvent leur situation sociale défavorisée à leur culture ; ils sont donc persuadés que leur langue est, de fait, inférieure et ne cherchent pas à la maintenir. Au contraire, ils rejettent langues et cultures dans l’espoir de surmonter la discrimination, de s’assurer des moyens d’existence, d’améliorer leurs chances de mobilité sociale et/ou de s’intégrer au marché mondial.
Partant de cette littérature, j’ai voulu appliquer les différentes théories au contexte particulier des langues du Gabon. Le choix de focaliser mon investigation sur les enfants a été motivé – partant de ma spécialisation, l’acquisition du langage chez les enfants- par l’objectif d’évaluer le niveau de transmission intergénérationnelle des langues vernaculaires chez les enfants en milieu urbain. Cette démarche m’a paru d’autant plus pertinente que les enfants constituent un baromètre très important pour mesurer l’état de la vitalité et de la transmission intergénérationnelle des langues. De la même façon, l’état de l’acquisition de la langue chez les enfants va montrer des indices de vitalité ou de perdition de la langue.
Pour arriver à la publication d’un tel ouvrage, qui est le résultat d’une importante recherche, en termes de temps d’investigation, de moyens matériels et financiers mais aussi humains et d’une quantité importante d’heures de travail eût égard aux données impressionnantes qu’il fallait dépouiller (plus de 60.000 réponses aux différents points des questionnaires), il a fallu la contribution de plusieurs personnes. Je voudrais, en tout premier lieu, remercier les directeurs et les instituteurs des écoles de Libreville qui nous ont permis, à mon équipe et à moi-même, de pouvoir procéder à la collecte des données auprès des élèves dans les classes allant de la troisième année à la cinquième année. Ces remerciements s’adressent, ensuite, aux 1 200 enfants et à leurs 2400 parents qui ont répondu aux questionnaires et qui ont donc, de ce fait, permis la présente contribution.
Mais ce livre a été aussi rendu possible grâce à la contribution inestimable de mes étudiants qui ont fortement participé à la collecte et au dépouillement des données.
Je voudrais, enfin, exprimer mes vifs remerciements aux Professeurs Lolke J. Van der Veen (linguiste, Université Lyon 2) et Auguste Moussirou Mouyama (sociolinguiste, Université Omar Bongo, Libreville) qui ont bien voulu accompagner ce projet en signant, respectivement, la préface et la postface.

Rouen, mars 2009.
PREFACE par Lolke J. Van der Veen Université Lumière Lyon 2.
Une lourde menace pèse sur le patrimoine immatériel de l’humanité depuis quelques décennies, et cette menace ne fait que s’accentuer. De très nombreuses langues, et avec elles bon nombre de pratiques culturelles souvent très anciennes {1} , risqueront de disparaître à tout jamais sans laisser de traces. Ce processus pourrait s’effectuer en deux ou trois générations, et pour certaines langues même dans l’espace d’une seule génération ou moins. Le présent ouvrage du linguiste Daniel Franck Idiata sur les langues du Gabon – ouvrage remarquablement détaillé et illustré, lucide et, en outre, unique en son genre pour ce pays où une cinquantaine de variétés linguistiques se côtoient encore à l’heure actuelle – ne fait que montrer ce qui est en train de se produire partout dans le monde. C’est un fait que bien des langues ont disparu dans le passé, mais la situation n’a jamais été aussi dramatique et n’a jamais eu la même envergure.
Aucun pays du monde ne semble y échapper. Une incroyable richesse, qu’il est impossible d’évaluer en termes pécuniaires, est en train de se perdre à toute allure et définitivement. Triste constat. Triste réalité. Mais qui s’en soucie réellement ?
Comme le montre très clairement Daniel Franck Idiata, la majeure partie des langues nationales du Gabon ne sont plus vraiment activement transmises aux générations suivantes, notamment en milieu urbain. Si la plupart des jeunes gabonais compr

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents