Le marché Dejean du XVIIIe arrondissement de Paris
134 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Le marché Dejean du XVIIIe arrondissement de Paris , livre ebook

-

134 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

Des clients et des marchands "mettent en mots" le marché Dejean, couramment appelé "marché Château Rouge". S'appuyant sur les concepts de la sociolinguistique urbaine et les outils d'enquête tels que l'observation, le questionnaire, l'entretien, l'auteure restitue les différentes étapes de la recherche menée dans ce marché, les descriptions ethnologiques et analyses des discours recueillis dans cet espace public où "habitent" plusieurs langues.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mai 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782296491229
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le marché Dejean du XVIII e arrondissement de Paris
Un espace public « perçu » et « vécu »
Espaces Discursifs
Collection dirigée par Thierry Bulot

La collection Espaces discursifs rend compte de la participation des discours (identitaires, épilinguistiques, professionnels…) à l’élaboration/représentation d’espaces – qu’ils soient sociaux, géographiques, symboliques, territorialisés, communautaires,… – où les pratiques langagières peuvent être révélatrices de modifications sociales.
Espace de discussion, la collection est ouverte à la diversité des terrains, des approches et des méthodologies, et concerne – au-delà du seul espace francophone – autant les langues régionales que les vernaculaires urbains, les langues minorées que celles engagées dans un processus de reconnaissance ; elle vaut également pour les diverses variétés d’une même langue quand chacune d’elles donne lieu à un discours identitaire ; elle s’intéresse plus largement encore aux faits relevant de l’évaluation sociale de la diversité linguistique.

Derniers ouvrages parus

Rada TIRVASSEN, L’entrée dans le bilinguisme , 2012.
Yves GAMBIER, Eija SUOMELA-SALMI, Hybridité discursive et culturelle , 2011.
Alexei PRIKHODKINE, Dynamique normative du français en usage en Suisse romande , 2011.
Claude VARGAS, Louis-Jean CALVET, Médéric GASQUET-CYRUS, Daniel VERONIQUE, Robert VION (Dirs.), Langues et sociétés. Approches sociolinguistiques et didactiques , 2010
Logambal SOUPRAYEN-CAVERY, L’interlecte réunionnais. Approche sociolinguistique des pratiques et des représentations , 2010.
Jeanne ROBINEAU, Discrimination(s), genre(s) et urbanité. La communauté gaie à Rennes , 2010.
Zsuzsanna FAGYAL, Accents de banlieue. Aspects prosodiques du français populaire en contact avec les langues de l'immigration , 2010.
Brigitte Rasoloniaina
Le marché Dejean du XVIII e arrondissement de Paris
Un espace public « perçu » et « vécu »
Du même auteur

Étude des représentations linguistiques des Sereer (Sénégal : Mbour, Nianing, Sandiara) , L’Harmattan, 2000.

Représentations et pratiques de la langue chez les jeunes Malgaches de France , L’Harmattan, 2005.



L'Harmattan, 2012
5-7, rue de l'École-Polytechnique ; 75005 Paris

http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr

ISBN : 978-2-296-97039-7
EAN : 9782296970397
Aux professeurs

Jean Arlaud,
et
Noël-Jacques Gueunier,

Mes grands amis ethnologues qui, chacun à sa manière, m’ont montré la signification du détail dans l’observation.
INTRODUCTION 1
Les recherches sociolinguistiques que j’ai menées jusqu’à aujourd’hui, en France, à Madagascar et au Sénégal, m’ont conduite à constater l’importance des notions de lieu, de territoire et d’espace : dans l’étude des pratiques et des représentations linguistiques des jeunes Malgaches en France (Rasoloniaina, 2005), j’ai proposé par exemple de considérer le variaminanana , le parler bilingue des malgachophones, comme un « territoire symbolique » :
On peut alors émettre l’hypothèse que l’absence de territoire géographique, en cohérence avec la politique de migration française qui rejette toute forme de communautarisme, implique le besoin de territoire symbolique chez tout immigré installé en France. (Rasoloniaina, 2005 : 41).
Partant de l’importance de la dimension spatiale dans la manière de se reporter à l’autre, on peut en effet considérer le parler bilingue comme la reconnaissance (ou la revendication) de l’appartenance des locuteurs à la communauté bilingue. On peut étudier les parlers bilingues qui font partie des pratiques linguistiques des locuteurs en France 2 sous cet angle et préciser ces variations issues des différents « espaces » qui peuvent être associatifs (très nombreux pour les Malgaches en France), les temples et les églises, les réseaux relationnels, les familles, etc. par des descriptions phonologiques et morpho-syntaxiques. Dans l’étude menée auprès des sereerophones (Rasoloniaina, 2000), j’ai retenu la distinction espace intérieur versus espace extérieur pour interpréter l’usage du sereer en milieu familial et celui du wolof pratiqué à l’extérieur du foyer. Cette opposition intérieur/extérieur peut être assimilée à privé/public ou encore à non-institutionnalisé/institutionnalisé bien que cette dernière catégorisation rappelle les trois situations – informelle, soutenue et formelle – sources de variations diaphasiques en sociolinguistique. Comme la notion de variation 3 est centrale dans cette approche, on en recense quatre grands types dont les variations diatopiques , liées aux lieux.
L’« espace » conçu comme facteur de variation paraît manifestement un élément intéressant dans les différentes problématiques que j’ai abordées toutefois, dans cette recherche qui porte sur le marché Dejean du 18e arrondissement de Paris où il ne s’agit pas seulement d’étudier les variations, j’ai opté pour la sociolinguistique urbaine, « une sociolinguistique des discours » 4 où l’espace est défini comme un « produit » et où l’on pose comme corollaire « la multiplicité des espaces socio-énonciatifs » :
Certes, l’espace (il suffit de penser au paradigme de la diatopie) est une dimension approchée par la discipline depuis ses débuts, mais il l’est comme étant essentiellement une donnée et non un produit ; surtout la notion (car il ne peut ici s’agir d’un concept opératoire pour la discipline tant les acceptions diffèrent) laisse à penser que l’espace est un, c’est-à-dire que – même s’il peut être posé comme le résultat d’une activité humaine quelle qu’elle soit – il ne peut être qu’unique. (T. Bulot, 2005 : 221).
Dans un écrit récent, T. Bulot 5 (2011) propose une définition de la sociolinguistique urbaine qui, par les trois points qui la constituent, me semble résumer d’une manière claire et concise les caractéristiques de cette discipline développées dans ses écrits antérieurs :
Ainsi, pour résumer ma proposition théorique, la sociolinguistique urbaine est :
(1) Une sociolinguistique de l’urbanisation (Bulot 2001) eu égard à la prise en compte de la mobilité comme fait culturel majeur et structurant.
(2) Une sociolinguistique du discours* eu égard aux dimensions mémorées et mémorielles (Bulot 2004a) et enfin
(3) Une sociolinguistique prioritaire (Bulot 2008) qui s’attache, dans la perspective théorique et politique de la durabilité, à penser conjointement une écologie des espaces dits urbains et une écologie des langues. (T. Bulot, 2011 : 76)
La note (*) qui accompagne le syntagme « une sociolinguistique du discours » (cf. point 2) précise que le « discours » constitue le fondement de cette sociolinguistique « dans la mesure où elle problématise les corrélations entre espace et langues autour de la matérialité discursive (Bulot et Verschambre 2006b) ». (T. Bulot, 2011 : 76-77)
Dans ce travail, je me pose comme objectif une certaine compréhension de cet espace ainsi que des clients et des marchands qui l’« habitent » par l’étude de leurs discours. On peut formuler sommairement la question de départ de cette recherche de la manière suivante : comment les clients et les marchands du marché Dejean conçoivent cet espace urbain, comment y impriment-ils leur identité et comment celui-ci leur impose-t-il des normes sociolinguistiques ?
Le marché Dejean situé dans la Goutte d’Or avoisine le marché Barbès « très maghrébin, considéré comme l’un des moins chers de Paris […] Ce lieu de sociabilité draine une clientèle bien au-delà du quartier. Toutes les nationalités de tous les continents se croisent dans la foule dense et bigarrée qui se presse sous le métro aérien » 6 . Selon les mêmes auteurs, si la rue de la Goutte d’Or et le métro Barbès-Rochechouart « symbolisent l’Afrique du Nord à Paris », le quartier près du métro Château Rouge est occupé, depuis les années 70, par les « Africains noirs de l’Ouest du continent […] où ils ont implanté leurs activités commerciales » 7 . S. Bouly de Lesdain 8 qui a étudié ce quartier situé administrativement à l’intersection du 70 ème et du 71 ème q

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents