Les langues créoles
124 pages
Français

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Les langues créoles , livre ebook

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Description

Dans cet ouvrage sont réunies des études portant sur l'aménagement des langues créoles, et plus particulièrement sur l'aménagement graphique. Ces langues les plus jeunes ou d'autres en situation de contact semblablement inégalitaire, sont ici éclairées par des cadrages généraux sur la politique linguistique ou le milieu scolaire plurilingue. Des études de cas suivent ces textes d'orientation : un premier volet porte sur l'île de La Réunion, un deuxième volet porte sur les langues créoles de l'Île Maurice, de la Zone Caraïbe, d'Haïti, mais aussi d'autres langues en situation de contact inégalitaire, le bislama de Vanuatu et le dialecte brabaçon bruxellois.

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Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2017
Nombre de lectures 9
EAN13 9782336790534
Langue Français
Poids de l'ouvrage 4 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0000€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ESPACESDISCURSIFS Collection dirigée parGudrun Ledegen La collectionEspaces discursifs rend compte de la participation des discours (identitaires, épilinguistiques, professionnels…) à l’élaPoration/représentation d’espaces – qu’ils soient sociaux, géographiques, symPoliques, territorialisés, communautaires… – où les pratiques langagières peuvent être révélatrices de modifications sociales. Espace de discussion, la collection est ouverte à la diversité des terrains, des approches et des méthodologies, et concerne – au-delà du seul espace francophone – autant les langues régionales que les vernaculaires urPains, les langues minorées que celles engagées dans un processus de reconnaissance ; elle vaut également pour les diverses variétés d’une même langue quand chacune d’elles donne lieu à un discours identitaire ; elle s’intéresse plus largement encore aux faits relevant de l’évaluation sociale de la diversité linguistique. Derniers ouvrages parus IsaPelle GRACI, Marielle RISAIL, Marine TOTOZANI (Dirs),L’arc-en-ciel de nos langues. Jalons pour une école plurilingue, 2017. hilippe BLANCHET, Martine KEVRAN (Dirs),Langues minoritaires locales et éducation à la diversité. Des dispositifs didactiques à l’épreuve, 2016. IsaPelle GUINAMARD, Émilie JOIN-CHARDON, Marielle RISAIL, Véronique TRAVERSO et Trinh DUC THAI (Dirs),Langues parlées, interactions sociales. Une variété d’usages pour l’apprentissage du français, 2016. Béatrice BOUVIER-LAFFITTE et Yves LOISEAU (Dirs),Polyphonies Franco-Chinoises. Mobilités, dynamiques identitaires et didactique,2015. Emmanuelle HUVER et David BEL (coord.),Prendre la diversité au sérieux en didactique/ didactologie des langues. Altériser, instabiliser : quels enjeux pour la recherche et l’intervention ?,2015.
Sous la direction de
Gudrun LEDEGENetPergia GKOUSKOU-GIANNAKOU
Avec la collaborationd’Axel GAUVIN Les langues créoles Éclairages pluridisciplinaires
© L’Harmattan, 2017
5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.editions-harmattan.fr/
EAN : 978-2-336-79053-4
ÉCLAIRAGES PLURIDISCIPLINAIRES POUR L’AMENAGEMENT DES LANGUES CREOLES, LANGUES EN SITUATION DE CONTACT 1 INEGALITAIRE
Dans cet ouvrage sont réunies des études portant su r l’aménagement des langues créoles, plus spécifiquement en ce qui concerne l’a ménagement graphique. La majorité des textes prennent appui sur les communications pr ésentées au colloque international « Eclairages pluridisciplinaires pour l’aménagement des langues créoles, langues en 2 situation de contact inégalitaire » , les 4 et 5 octobre 2012. Ces langues les plus jeunes, ou d’autres en situation de contact semblablement inégalitaire, sont ici éclairées par des cadrages généraux sur la politique linguistique (L. -F. Prudent) ou le milieu scolaire plurilingue (S. Ehrhart). Des études de cas suivent ces textes d’orientation : un premier volet porte sur l’Île de La Réunion, réunissant l’é tude de la nécessaire place du créole dans l’enseignement et à l’aide de la standardisati on graphique (A. Gauvin) et deux études de terrain rapportant des tendances scriptur ales attestées dans la société réunionnaise : d’un côté, dans les SMS où l’écrit l ibre révèle une organisation hybridée suivant les domaines syntaxiques ou lexicaux qui pe ut inspirer une organisation raisonnée ; de l’autre, dans les enseignes commerciales, où les graphies adoptées par les commerciaux et leurs discours épilinguistiques peuvent éclairer de futures pratiques. Un deuxième volet réunit d’autres études de cas portan t sur les langues créoles de l’Île Maurice (A. Carpooran), de la Zone Caraïbe (R. Naza ire), d’Haïti (E. Duvelson), mais aussi d’autres langues en situation de contact inég alitaire, le bislama de Vanuatu (L. Vandeputte-Tavo) et le dialecte brabançon bruxellois (S. de Vriendt).
Dans le premier article de cadrage, intitulé « Le d éfi d’une politique linguistique concertée dans les Outre Mers créoles », L.-F. Prudent évoque la minoration des créoles par le passé comme aujourd’hui, et la nécessaire ré action glottopolitique. Avec la reconnaissance officielle des créoles, viennent le droit d’enseigner le vernaculaire, des concours de recrutement pour les professeurs (au pr emier rang desquels, un « Capes créole »), une orthographe presque reconnue, des po stes d’enseignants-chercheurs en Langues et cultures créoles à l’Université… Mais ce tte nouvelle étiquettelangues régionales n’amène s qui sont dues auxpas les avancées statutaires et symbolique langues créoles, parce qu’elles ont grandi à l’ombre de leur langue tutélaire, le français. L’auteur expose ensuite différentes interventions sur l’école et le créole, en examinant un double mouvement de politique linguistique : la démarche glottopolitique « interne » qui a poussé des intervenants natifs à activer des axes d ’aménagement (école, graphie,…) et les dispositions administratives « externes », éman ant de l’État central. Il expose différentes études de cas portent sur la situation particulière de cohabitation de promiscuité qui existe entre les créoles antillais, guyanais et réunionnais, et le français ; ces « diglossies », toutes distinctes entre elles e t originales des autres « diglossies » créoles du globe, sont examinées avec une attention moins dédié aux langues qu’aux communautés qui les parlent, dans l’optique d’un en seignement du plurilinguisme concerté. Dans le second texte de cadrage, « Les choix lingui stiques en faveur des langues créoles en milieu scolaire plurilingue, entre l’explicite et l’implicite », Sabine Ehrhart prend appui sur ses deux principaux terrains d’étude, les langues en contact dans le Pacifique Sud et la société plurilingue du Luxembourg, pour travailler la question de l’aménagement linguistique dans le cas des contacts entre langues en général. Elle souligne ainsi
l’importance d’avoir une connaissance approfondie de la genèse des créoles si l’on veut comprendre leur situation présente et aménager leur avenir ; ainsi, on pourra éviter de reproduire la minoration diglossique du passé dans nos efforts futurs d’aménagement des langues créoles, un danger larvé souvent présent da ns la politique linguistique des espaces créolophones. Par ailleurs, elle préconise de conjuguer les voies par le haut et par le bas (top-down etbottom-upes), par les politiques linguistiques explicites et l activités implicites menées à petite échelle, que c e soit pour les créoles ou d’autres langues en contact. Dans un deuxième temps, elle répond aux questions d’orientation qui étaient proposées aux participants au colloque, que stions portant sur l’impact d’une langue standard dans l’environnement d’un créole, par ailleurs langue-mère de ce créole. Ses réponses lui permettent de souligner l’importan ce de ne pas calquer les politiques linguistiques pour les langues créoles sur celles d es langues hautement normalisées, mais de privilégier une politique linguistique soup le, parfois « à petits pas », et inspirée des langues pluricentriques, même si cette dernière idée est encore difficilement acceptée dans le domaine francophone ; la portée éducative, élaborée en contact continu avec les acteurs individuels (dont la famille) et les groupes d’intérêt afin de ne pas créer des directives et orientations qui n’ont pas d’emprise avec la société, sera d’autant plus efficace. Elle conclut sur plusieurs réflexions sur les langues « minoritaires / minorées, dominées », « où la langue faible n’est pas toujours celle qu’on croit ».
Les études portant sur la situation réunionnaise co mmencent par l’article « La nécessaire mise en œuvre du créole dans l’enseignem ent à La Réunion. Ce que cela devrait impliquer en termes de standardisation grap hique » d’Axel Gauvin. L’auteur analyse, dans une première partie, les résultats sc olaires à La Réunion et les causes majeures de l’échec scolaire : la faible prise en compte du créole, la langue première de la majorité des Réunionnais ; un enseignement « tou t en français, à tout prix », sans enseignement systématique du français pour ceux qui ne maitrisent que peu ladite langue… Dans une deuxième partie, il traite de cert ains aspects del’Enseignement du Français en Milieu Créolophone et de la nécessaire étude comparée des langues cré ole et française, à travers les interférences lexicales et syntaxiques fréquentes, et de la nécessité de dépasser les productions interlectales . Dans la troisième partie, les deux volets précédents sont mis en lien avec l’apprentissage de la lecture et la prévention de l’illettrisme : de multiples difficultés se posent aux élèves lors de la lecture, et les exemples de prise en compte active du créole réunio nnais révèlent autant de remédiations possibles. Dans une dernière partie, c es différentes réflexions amènent l’auteur à l’analyse de l’écriture du créole, pour une meilleure distinction des codes écrits, tout en intégrant des passerelles entre créole et français. La première étude de cas par Gudrun Ledegen inscrit son étude, dans « L’“ écrit réunionnais” dans les SMS.“Ma fi vi conè pa komen !” », dans le processus d’élaboration d’une graphie pour le créole réunionnais : dans un contexte où 5 systèmes graphiques coexistent et où le créole ne s’est jamais autant écrit, sur les claviers d’ordinateurs et de téléphones portables, il est intéressant de se pose r la question de savoir comment les Réunionnais écrivent dans le cadre du SMS : ces écr its « ordinaires » (Gadet 1997) offrant une grande liberté de création, la foisonna nte diversité des formes graphiques, ainsi que les combinatoires de différents systèmes graphiques nous révèlera les tendances spontanées, peu soumises à la censure du jugement ou de la correction, adoptées par les scripteurs. Ces tendances pourront servir de guide lors de prises de décision à venir pour une graphie efficiente, à l’épreuve de pratiques attestées. L’analyse révèle deux forces contraires à l’œuvre : d’une par t, pour faire court, pour faire phonétique, mais surtout pour faire créole, les graphèmes phonético-phonologiques sont
fortement sollicitées (k,w,z,s[s] en position intervocalique…). Il en est a insi, de pour façon incontestable, pour les mots-outils. D’autre part, pour permettre une reconnaissance rapide de l’image du mot et de sa fa mille morphologique, les graphies françaises sont fréquemment utilisées. C’est le cas, de façon partagée ou exclusive, pour les mots lexicaux. Ainsi, l’hybridation réconciliant les systèmes graphiques attestée dans cet écrit ordinaire constitue un parfait exemple du « parler réunionnais » (Simonin 2002), en l’occurrence un « écrit réunionnais ». La comparaison en conclusion avec la souplesse de la réforme de l’orthographe du néerlandais (perm ettant durant 40 années la coexistence de deux orthographes), ouvre la possibi lité de graphier de façon exclusivement phonético-phonologique les mots-outils du créole, tout en laissant une plus grande liberté pour la graphisation des mots lexica ux, en attendant qu’une graphie s’impose à long terme dans l’usage. La seconde étude de cas, « Publicités créoles à La Réunion : pragmatique et aménagement linguistique », porte sur les enseignes commerciales par Mylène Lebon. Selon les études sociolinguistiques les plus récentes, celles-ci constituent de véritables indicateurs linguistiques et culturels et elles mér itent qu’on s’y intéresse car leurs concepteurs pour séduire le client, vont évaluer, « sentir » leur marché sociolinguistique avec une sensibilité économique et surtout avec leu r personnalité esthétique. Les enseignes commerciales sont également intéressantes à un autre titre. Ces énoncés courts, ludiques et peu sérieux constituent des supports de choix pour l’analyse de l’acte de lecture en créole qui se trouve alors dédramatis é. C’est en prenant en compte ces graphies sauvages des langues en exercice que l’aut eure propose de bâtir une problématique d’éclairage des choix raisonnables en vue d’une construction et d’une standardisation d’une orthographe à La Réunion. Qua tre années après ses premières enquêtes, l’auteure a mené une nouvelle investigation sur la conscience épilinguistique des producteurs de textes, leurs intentions, leur e sthétique ainsi qu’une recherche sur l’efficacité relative du côté des lecteurs consomma teurs afin de déterminer les enseignements apportés par les panneaux publicitaires et slogans en 2012. Comment les commerçants concilient-ils leur besoin du français et leur revendication identitaire ? Comment les clients reçoivent-ils cette façon de se dire ? Comment les enseignes sont-elles perçues ? Quelles sont les stratégies de lecture des slogans publicitaires en créole ? Les graphies différentes constituent-elles des difficultés pour le lecteur ? Existe-t-il une graphie qui facilite la lecture ? La diversité des solutions retenue prouve que les Réunionnais ne sont sans doute pas encore d’accord vers une silhouette graphique convergente des mots et des phrases. Mais le linguiste (et encore moins le décideur) ne peut se passer de l’étude attentive de cette expres sion pour préciser sa demande à l’aménageur.
Les autres situations créolophones débutent par l’étude de l’aménagement graphique à l’Île Maurice par Arnaud Carpooran : dans « Le prag matisme orthographique au service de la dynamique pro langue créole à Maurice », l’auteur dresse l’histoire des langues en présence à l’Ile Maurice : après une diglossie classique, opposant le français et le créole, l’arrivée de l’anglais redessine le paysage socioli nguistique en le compartimentant davantage sur le plan fonctionnel : l’anglais est l a principale langue de l’administration (judiciaire, scolaire,…), le français la principale langue orale de prestige et de la presse, le créole la principale langue populaire du pays. Ensu ite, à travers les différentes périodes (pré-indépendance, post-indépendance, et la période actuelle), les jeux politiques sont analysés à la lumière de leurs initiatives en faveu r des différentes langues de Maurice. Enfin, la confrontation des différentes graphies coexistantes permet d’introduire le travail pragmatique établi par laGrafi-larmoni, l’établissement d’une graphie commune aux
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