Pour une lecture critique des traductions
286 pages
Français

Pour une lecture critique des traductions , livre ebook

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286 pages
Français

Description

Ce livre se veut un plaidoyer pour une forme souple d'accueil et d'évaluation des textes traduits. Son but est d'explorer le texte traduit, d'identifier les stratégies des traducteurs, d'analyser leurs solutions, pouvant aller pour cela dans l'histoire de la langue et de la culture ou dans les sous-bassements du texte. Voici des suggestions et des repères pour une lecture critique des traductions qui puissent être valables, par analogie, pour d'autres langues et cultures.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 avril 2013
Nombre de lectures 76
EAN13 9782296532632
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0900€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

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Mugura Constantinescu
Espaces littPéraOireUsR UNE LECTURE CRITIQUE DES TRADUCTIONS Réflexions et pratiques
Pour une lecture critique des traductions
Espaces Littéraires Collection fondée par Maguy Albet Dernières parutions Lidia COTEA,À la lisière de l’absence.L’Imaginaire du corps chez Jean-Philippe Toussaint, Marie Redonnet et Éric Chevillard, 2013.André LUCRECE,Aimé Césaire. Liturgie et poésie charnelle, 2013. Jacques PEZEU-MASSABUAU,Jules Verne. Les voix et les voies de l’aventure, 2013. Jacques PEZEU-MASSABUAU,Verne. Un art d’habiter la Jules Terre, 2013. e David BANKS,Le texte épistolaire du XVII siècle à nos jours.Aspects linguistique, 2013.Matthieu GOSZTOLA,Alfred Jarry àLa Revue blanche. L’intense originalité d'une critique littéraire,2013. Virginie GIRAULT,Femmes et nation dans la littérature contemporaine, 2012. Guy SABATIER,Le théâtre de Robert Pouderou. Le rêve d’une société plus équitable (1971-2011). Questions à la Cité. Questions à l’Histoire, 2012. Paula DUMONT,Les convictions de Colette, Histoire, politique, guerre, condition des femmes,2012. Sylvie CAMET, Nourredine SABRI (sous la dir. de),Les Nouvelles Ecritures du Moi dans les Littératures française et francophone, 2012. Samuel LAIR (sous la dir. de),Fortunes littéraires de Tristan Corbière, 2012.Claude HERZFELD,Gérard de Nerval. L’épanchement du rêve, 2012. Tommaso MELDOLESI,Textes et poèmes autour de l’accident ferroviaire de Meudon, 1842. Une poésie de la catastrophe, 2012. Ygor-Juste NDONG N’NA,La folie des discours identitaires dans les nouvelles littératures, 2012.
MuguraşConstantinescu Pour une lecture critique des traductions Réflexions et pratiques
Du même auteur Imaginaire du conte(1998), préface de Jean Burgos, Editura Universităţii Suceava, Suceava. Pratique de la traductionpréface d’Irina Mavrodin, Editura (2002), Universităţii Suceava, Suceava. La traduction entre pratique et théorie(2005), préface d’Irina Mavrodin, Editura Universităţii Suceava, Suceava. Les Contes de Perrault en palimpseste (2006), Editura Universităţii Suceava, Suceava. Poétique de la Tradition(2006), (sous la direction de MuguraşConstantinescu, Ion Horia Bîrleanu, Alain Montandon), Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand. Atelier de traduction, hors série, Pour une poétique du texte traduit(2007), (sous la direction d’Henri Awaiss, Muguraş Constantinescu, Simona-Aida Manolache), Editura Universităţii Suceava, Suceava. Les funambules de l`affection. Maitres et disciples(2009), (sous la direction de Muguraş Constantinescu et Valérie Deshoulières), Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand. © L’Harmattan, 2013 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-336-00945-2 EAN : 9782336009452
ARGUMENT
L’ouvrageune lecture critique des traductions  Pour : 1 réflexions et pratiquesest né de la conviction que la traduction doit jouir, tout comme l’original, d'un accueil, d'un entourage, d'une évaluation, en un mot, d'une « lecture », valorisante ou dévalorisante, mais nécessaire pour le traducteur et pour son lecteur. Le projet très solide et très ambitieux d'Antoine Berman (1995) de faire vivre une discipline à part entière, nommée « critique des traductions » est encore loin d'être réalisé. Notre expérience de praticienne et théoricienne de la traduction littéraire, ainsi que celle d'enseignante des théories sur la traduction, nous font penser que même des genres brefs et simples comme la recension et le compte rendu constituent déjà un accueil des traductions et un premier regard critique à leur sujet. Des pratiques didactiques comme le commentaire et l'analyse ou d’autres, relevant du domaine éditorial et de la recherche académique, comme la chronique, l'article ou l'étude des traductions sont utiles et doivent accompagner, principalement, la vie des traductions littéraires, sans exclure pour autant d’autres types de traductions. La question qui se pose est d'accorder attention et intérêt aux résultats du processus du traduire, à l'écriture au second degré, 1  Le présent ouvrage est élaboré au cadre du projet « La traduction culturelle et la littérature/les littératures francophones : histoire, réception, o o critique des traductions » n . PN-II-ID-PCE-2011-3-0812, contrat n . 133/27.10.2011. 5
comme on le fait pour celle au premier degré et de conduire par cela, dans la mesure du possible, à son amélioration, aux discussions de ses points faibles ou à son entière reconnaissance, selon le cas. Nous nous proposons de réunir ici plusieurs pratiques préparatoires pour une critique des traductions, que nous appelons avec un terme qui se veut flexible, qui n’a pas de prétention normative, une « lecture critique ». Elle suppose, tout en embrassant ses grandes idées, plus de liberté et de souplesse que la critique proposée par Antoine Berman, qui se construit sur une stricte méthodologie. La lecture critique des traductions reconnaît et contient dans sa globalité même des formes mineures proposées par la presse hebdomadaire ou quotidienne, méprisées et négligées par Katharina Reiss (2002 : 13) en tant que pratiques critiques éphémères, qui expriment, en général, un premier, fugitif mais nécessaire regard sur la traduction en tant que produit. La lecture critique des traductions se situe tout près de la critique, la prépare et la précède, se tient dans son entourage, sans avoir sa construction solide et ses ambitions d’autorité. Elle permet aussi le plaisir d’explorer le texte traduit, associé au travail d’identifier les stratégies des traducteurs, leurs tentations, maladresses ou réussites, pouvant aller pour cela loin dans l’histoire de la langue et de la culture ou dans les caves du texte et des politiques éditoriales. Tout comme la critique systématique de Berman, elle justifie son existence par le besoin, éprouvé par les œuvres et les traductions, pour « se communiquer, pour se manifester, pour s’accomplir et se perpétuer » (Berman, 1995 : 39). Nos réflexions à ce propos s'appuient sur notre modeste pratique de la traduction (une quinzaine d'ouvrages de genres différents ainsi que des fragments de texte publiés dans des magazines littéraires) mais aussi sur une intermittente relation avec certaines de ces pratiques : recensions, comptes rendus et 2 chroniques. A cela s’ajoute un ouvrage didactique comprenant des analyses et commentaires des versions roumaines pour des 2  Muguraş Constantinescu,Pratique de la traduction, 2002, Editura Universităţii Suceava. 6
textes français, nombre de communications, séminaires et débats sur les difficultés surgies lors du passage d'une œuvre dans une autre culture et sur la diversité de solutions proposées par les traducteurs. Nous pensons que toute pratique, simple et de dimension réduite, ou ample et bien savante, écrite ou orale, solitaire ou collective, prenant la forme du débat et du dialogue ou de l’article et de l’étude, où l'on analyse, commente, juge, évalue le texte traduit doit trouver sa place et sa légitimité dans ce qu’on peut appeler une lecture critique des traductions. Notre ouvrage témoigne de cette diversité et flexibilité de pratiques portant sur le texte traduit, du travail et des résultats du traducteur qui explore les virtualités de la langue, son infini potentiel d’expressivité, avec témérité, passion, parfois avec talent et génie. Nous pensons également que tout appareil paratextuel (préfaces, notes, dédicaces, avertissements, postfaces, gloses, articles, réflexions etc.) qui éclaire et situe le texte traduit est complémentaire d’une lecture critique des traductions et mérite une place à ses alentours. Là, on pourrait aussi faire entrer les recherches se trouvant à la frontière de l'histoire littéraire, l'histoire de la traduction, la critique littéraire, la théorie littéraire qui offrent à cette lecture des concepts et des instruments de travail à même de s'adapter à une finalité nouvelle. Notre intention n'est pas d'inventorier et de classer les pratiques existantes, ni de donner des recettes, des modèles, des normes et des règles d'évaluation mais seulement de donner des suggestions, de proposer quelques repères pour une lecture critique des traductions qui soient valables également pour d’autres langues et d’autres espaces culturels. Nous avons précieusement gardé le pluriel – « lecture critiquedestraductions» – utilisé déjà par de grands chercheurs comme Katharina Reiss et Antoine Berman pour souligner justement que chaque œuvre traduite sollicite des instruments adéquats en fonction de sa spécificité, même s'il y a des principes généraux qui agissent consciemment ou inconsciemment lors du processus du traduire. Ce pluriel induit
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l'idée d'une théorisation « nécessairement plurielle » (Ladmiral, 1994 : 9) bénéfique et valorisante pour la réflexion sur la traduction mais évoque aussi l’idée d’une « traduction plurielle » qui rend compte des « activités de traduction dans leur spécificité » (Ballard, 1990 : 12). Le choix du pluriel vise aussi l’entrée en résonnance avec l’idée d’une « histoiredesayant pour point de traductions », départ une « réalité concrète » (Chevrel, Masson, 2012 : 8), qu’une lecture critique suppose et soutient, car elle se doit de considérer les faits dans leur contexte et dans leur évolution. Nous croyons fermement à la nécessité et à l'utilité de l'armature théorique de toute réflexion traductologique, mais, dans notre vision, elle doit être souple et flexible, adaptée au texte évalué et prendre en compte cette part d'insaisissable, spécifique à la création, en l'occurrence, littéraire dont la traduction en tant que production et produit fait partie. Nous ne croyons pas à un jargon technique sophistiqué et rébarbatif qui se développe comme une théorie et une théorisation en soi, qui se nourrissent d'elles-mêmes et ignorent la pratique vivante de la traduction où le travail de documentation, l'horizon culturel, le bagage cognitif, le don et le sens de langue, le talent et la vocation, jouent en des proportions différentes, dans un dosage changeant d'un traducteur à l'autre. Nous pensons que le langage conceptuel peut prendre parfois l'habit des figures, dont la métaphore semble privilégiée, sans perdre de son prestige. Dans ce sens, nous pouvons, en suivant une suggestion de Berman, dire que la lecture critique est pour les traductions, méprisées souvent à cause de leur secondarité, un miroir biseauté qui les reflète et les réfléchit, en assumant, à son tour, une nouvelle et double secondarité : le texte traduit se trouve au service du texte original mais le texte critique se trouve au service d'un texte déjà secondaire. Une fois tirée au clair cette marque de double palimpsestualité et spécularité qui frappe la lecture critique des traductions et le perfide jeu de réflexions qu'elle engendre, on peut voir aussi en elle un compagnon de voyage, tantôt sincère, enthousiaste, solidaire, « sherpa » dévoué, tantôt difficile,
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exigeant, soupçonneux, réservé. Malgré tout, ce compagnon de route fait éviter aux traductions une dangereuse solitude sur leur long chemin vers le lecteur et vers une (im)probable place dans
l’histoire des traductions. *** Nous avons réuni ici des réflexions et des analyses qui, sous une forme initiale ont été présentées ou publiées lors des dernières années ainsi que des textes inédits. Toutes ont été revues et remaniées en vue de l’harmonisation de l’ensemble. Dans le « Préambule » nous faisons un plaidoyer pour une forme libre et souple d’accueil et de critique des textes traduits, nommée par nous « lecture critique » des traductions, qui précède et prépare la critique proprement dite et occupe un territoire assez large, se situant entre rien du tout et pas encore. Dans la section intitulée « Des traductions dans le miroir : quelques lectures critiques », nous avons proposé plusieurs lectures de textes traduits de Honoré de Balzac, Jules Verne, Panaït Istrati, Raymond Queneau, Marthe Bibesco, Henri Michaux, Yves Bonnefoy, Dominique Camus, Charles Perrault et d’autres. Chacune de ces lectures comprend des réflexions générales sur la traduction de tel type de texte et sur une problématique particulière de la traduction ; si un premier texte de Balzac pose le problème de la retraduction, d’une série ouverte de traductions, à travers lesquelles les contresens ou les glissements de sens peuvent être corrigés, un autre texte du même écrivain conduit à une étude des stratégies soulevées par la traduction des termes religieux. Les livres de Panaït Istrati sont tantôt l’occasion d’une analyse du texte plurilingue à travers l’autotraduction, d’un nouveau regard sur la sous-traduction et la sur-traduction ou de l’étude du rapport étrangeté/familiarité dans le même processus. Le retournement de l’étrangeté en familiarité se pose aussi lors de la traduction duChâteau des Carpathes de Verne vers le public d’accueil, familier de l’espace culturel proposé par l’ouvrage. La traduction des livres ludiques de Raymond Queneau dévoile la créativité et l’imagination nécessaires dans ce genre de traduction, qualités obligées aussi pour le traducteur des poésies de Michaux ou de Bonnefoy. Traduire le texte poétique
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