L école assassinée
189 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

L'école assassinée , livre ebook

-

189 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Description

L'histoire de l'école maternelle française, naissance et mort est racontée par une enfant d'émigrés italiens. Elève elle apprend le français à l'école et entre, par vocation, dans l'Education nationale. Elle rassemble les éléments qui ont fait la réussite de la petite école convaincue que la réussite au CP se joue là, à l'école maternelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 mars 2008
Nombre de lectures 271
EAN13 9782336280233
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'école assassinée
Essai

Franca Lugand-Ciacci
© L’HARMATTAN, 2008 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr
9782296052147
EAN : 9782296052147
Sommaire
Page de titre Page de Copyright Dedicace INTRODUCTION PREMIÈRE PARTIE - L’ÉVOLUTION
PREMIÈRES ANNÉES D’ÉCOLE DE LA 6 e À LA TERMINALE DE L’AUTRE CÔTÉ DE LA BARRIÈRE NOUVELLES FONCTIONS MA PERSÉVÉRANCE STRUCTURATION DES CONNAISSANCES LE NOUVEAU-NÉ DE LA NAISSANCE À DEUX ANS CRÉATION DES CYCLES - LA FIN DE L’ÉCOLE MATERNELLE DEPUIS LA NUIT DES TEMPS L’ISOLEMENT DES MÈRES GRANDIR EN AMOUR EN PERTE DE CONNAISSANCES PROMENADE À RAPOLANO T. LA PAIX LA PIETÀ DE MICHEL-ANGE
SECONDE PARTIE - LES DISCIPLINES AU PROGRAMME DE LA MATERNELLE
OBJECTIF N° 1 DE LA PETITE ÉCOLE : LA SOCIALISATION LE LANGAGE DE L’ÉCOUTE À LA PAROLE L’ORAL À LA MATERNELLE LE BAIN DE LANGAGE D’UNE JOURNÉE DE CLASSE D’AVANT PRÉPARATION À LA LECTURE - PRÉ-LECTURE LES MATHÉMATIQUES À L’ÉCOLE MATERNELLE LA PSYCHOMOTRICITÉ ÉCRIRE OU COPIER ?
À l’enfant de l’amour et de la lumière
INTRODUCTION
C’était la fin de ma carrière.
J’avais passé un an seulement dans cette circonscription du Nord, ou plutôt dix mois, une année scolaire, de septembre à juin ; une circonscription de mille neuf cents enfants, presque une centaine d’enseignants.
Dans l’école de mon rattachement, je m’étais organisée pour offrir le pot de départ ; le jeudi précédant les grandes vacances convenait à toutes ; petits fours salés et sucrés, j’y tenais.
Tout était prêt, réservé, lorsque la nouvelle de l’hospitalisation de ma mère, en Toscane, nous parvint.
Départ d’urgence ; à l’eau, les projets de réjouissance ; à peine le temps d’informer la directrice.
Pour toute réponse, au lieu de me souhaiter « bon voyage » ou « bon courage », elle s’empressa d’aller dans son bureau pour en ramener un objet, en ajoutant :
— « Dans ce cas, voici tout de suite ton cadeau ».
Quel cadeau !
J’avais à peine travaillé une année dans cet établissements et me voilà devant un cadeau peu ordinaire, un cadeau symbolique, un cadeau de la vie.
Chez moi, l’objet suspendu à son mât en arc s’incrusta de lui-même au centre d’un cercle d’angelots acrobates, sur une table basse du salon, face au portrait de Valentine.
Une bougie, une bougie si joliment suspendue et décorée de pendants mauves transparents ; une simple bougie, me diraient-elles.
La lumière, leur répondrais-je, La Lumière.
La lumière sur le cercle d’anges, sur les enfants qui ont des ailes, tous les enfants, et celui du portrait.
— « Toute la lumière, que vous m’avez donnée, très chères collègues, amies, sœurs ; toute la lumière sur le travail qui est le vôtre, le nôtre ; toute la lumière sur notre Mère-école, je l’écris, inspirée par cet objet, pour vous-mêmes, nos élèves et leurs parents ».
J’ai reçu la lumière en cadeau de retraite ; puisse-t-elle éclairer mes jours de retraitée, mes peines et mes joies. Puisse-t-elle m’aider dans ma volonté de raconter l’évolution de l’École et plus particulièrement de l’École maternelle, ces trente dernières années.
Et ainsi, à mon tour, avec tout l’amour que je vous porte, de vous la renvoyer.
Franca
PREMIÈRE PARTIE
L’ÉVOLUTION
PREMIÈRES ANNÉES D’ÉCOLE
À la fin de la seconde guerre mondiale, la France comme l’Italie étaient détruites.
Les hommes avaient déjà entrepris de reconstruire leur pays. Les femmes, qui venaient juste d’obtenir le droit de vote, les femmes comme ma mère, ne les avaient-elles pas précédés en donnant à leur patrie la graine de l’avenir, les naissances au nombre le plus élevé du siècle ? Premières mères de l’après-guerre, ces jeunes femmes allaient marquer le monde. Sans le savoir, en le repeuplant, elles avaient redonné vie à leur pays ; elles avaient reconstruit un monument de population. Pour cette œuvre-là, d’après-guerre, elles s’étaient situées dans leur devoir de mère, peut-être même dans l’abnégation, pour nombre d’entre elles.
Enfants des années cinquante, n’est-ce pas pour nous que, hommes et femmes du début du siècle ont travaillé à reconstruire le pays ?
À son retour de guerre, mon père, en Italie, a dû être bien accueilli ; il avait laissé parents, frères, sœurs, et surtout son épouse et leur fillette de deux ans, ma sœur aînée, pour le front.
Il en était revenu, grâce à Dieu !
La France appelait au travail dans les mines de charbon. Mon père partit seul, pour le Pas-de-Calais, infligeant aux siens une nouvelle séparation, salutaire cette fois.
Une année s’écoula avant que ma mère ne le rejoigne. De cette rencontre, de ces retrouvailles, de cette ré-union, j’allais naître, un soir du mois de mai ; comme beaucoup, je suis une enfant d’après-guerre, enfant du sommet de la courbe démographique.
Mes parents choisissent un prénom; ce sera Franca, féminin de Franck ou Franco, France en français.
Naître au pied du terril de la fosse 4, à Carvin dans le Pas-de-Calais, de parents italiens, et s’appeler France.
Mes parents ne parlant pas le français, ma langue-mère ( mia lingua madre ) est celle de la Toscane, où réside, encore aujourd’hui, toute ma famille italienne. Un grand privilège, une chance peut-être, certainement pas un hasard.
De cette petite enfance, je n’ai pas de souvenir important ; bien plus tard, quand mes fonctions me ramèneront à Carvin, je rechercherai ce lieu de naissance ; enquête sans résultat ; même le terril a été déplacé. Le quartier a été complètement restauré. Des maisons individuelles en briques rouges, jolies et agrémentées de jardinets, s’alignent d’une autre manière.
Cependant, non loin de là, dans la rue principale qui mène au centre, un restaurant italien fait parler de sa qualité ; c’est Tony, le commerçant italien qui nous livrait à domicile, enfin installé.
Libercourt fut très vite notre nouveau lieu de résidence. Pas de terril ; une zone verte ; une forêt pour frontière ; un rendez-vous de chasseurs appelé La Faisanderie , pour sa quantité de faisans.
Le logement de bois, attribué par les houillères du bassin du Nord et du Pas-de-Calais, faisait partie d’un grand ensemble de baraquements bien alignés en deux rangées au moins, dans la cité des Six-Drèves, qui, comme son nom l’indique, devait compter six ruelles à l’époque.
J’avais bien quatre ans et la vie allait m’apporter ma première expérience de l’école maternelle.
En France, l’école maternelle date du XIX e siècle.
À l’initiative de dames charitables, elle s’appelait salle d’asile avant que les pouvoirs publics ne s’en préoccupent.
Cependant, il faut attendre 1948 pour que le nom d’école maternelle soit proposé par M me Pape Carpentier ; il ne sera retenu qu’avec la participation active de M me Pauline Kergomard. Avec elle, l’école maternelle n’est plus une œuvre caritative et, de plus, elle se veut bien distincte de l’école primaire.
Je me souviens de mes premières années d’école maternelle à Libercourt, l’école Pantigny.
Elle se situait près du bois et nous le traversions pour nous y rendre. Jolie promenade quotidienne !
De l’autre côté du bois, nous étions à l’écart de la ville ; c’est bien plus tard que je devais apprendre comment, en dehors de cette cité, était le monde ; je devais avoir une trentaine d’années quand je découvris que de l’extérieur, cette cité était considérée comme un ghetto. Qui s’en serait soucié ? Nous, enfants du ghetto, étions trop heureux.
Les baraques n’avaient pas de confort ; nous ramenions l’eau, de la pompe du bord de rue, dans des seaux de métal ; le plastique allait seulement naître ; cependant, ces maisons de bois semblaient spacieuses avec plusieurs pièces ; de l’autre côté de la

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents