Soixante ans de sous éducation nationale 1948-2008
357 pages
Français

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Soixante ans de sous éducation nationale 1948-2008 , livre ebook

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357 pages
Français

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Description

Le désordre actuel de l'école est d'abord un désordre de la pensée. Or, nous avons, en nombre, d'excellents penseurs, très compétents. Entre eux et les décideurs du système scolaire, il y a des visites, en carrosse, des débats polis, des rencontres. Mais leur action bute sur la Grande Muraille sociale. Jacqueline Chebrou a arpenté pendant 38 ans la campagne et la banlieue. C'est là qu'elle a tenté d'apprendre à enseigner, et à penser. Non pas penser pour les élèves, mais avec eux, face au défi quotidien du réel.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2010
Nombre de lectures 260
EAN13 9782296705517
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Soixante ans de
Sous Éducation Nationale
Jacqueline CHEBROU


Soixante ans de
Sous Éducation Nationale

1948 - 2008


Essai
© L’HARMATTAN, 2010
5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris
http://www.librairieharmattan.com
diffusion.harmattan@wanadoo.fr
harmattan1@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-296-12661-9
EAN : 9782296126619

Fabrication numérique : Socprest, 2012
REMERCIEMENTS
Je ne saurais trop remercier ma précieuse collaboratrice M. Noëlle, sans laquelle cet ouvrage n’aurait pu être réalisé.
Je remercie aussi mes fidèles amies Annick Sekkaki et Catherine Soudé, pour leur lecture bienveillante et leurs critiques avisées, Myriam et Bernard Charles, pour leur soutien sans défaut, Marie Schuch pour sa participation à la couverture et l’éditeur L’Harmattan lui-même, qui prend le risque de publier une parfaite inconnue.

L’article sur Laurent a été écrit avec un de mes anciens élèves, Claude Petit.

Le livre est bien sûr dédié aux oubliés de la culture, mais, d’abord, à mon grand-père Paul, qui m’a tout appris, et à mon instituteur, Monsieur Nicaise, qui, en 1933, m’a inscrite et conduite lui-même au concours des bourses.
Le terme ‘essai’ peut être contesté, si l’on décide qu’un essai est un écrit théorique, réservé à l’exposé d’une thèse, l’auteur se tenant lui-même à l’écart. Or, j’expose ici ce que j’ai observé et compris de la situation générale de l’école, au cours de ma vie, à la lumière de mon expérience personnelle. Je joue donc moi-même un rôle dans la narration des faits. Mais il s’agit bien d’un tâtonnement, d’une tentative, d’un essai.

J. Chebrou
PRÉSENTATION
J’ai voulu, dans ces pages, sur la base de l’observation du terrain, apporter quelques réflexions, et quelques éléments, pour l’inévitable changement qui vient, même s’il est, provisoirement, démenti par l’actualité. J’attends et j’espère, d’un lecteur éventuel, qu’il participe à ma réflexion, qu’il y collabore, qu’il l’améliore.

Il existe une infinité de livres sur l’école et sur la pédagogie, mais, quand il ne s’agit pas de fiches techniques, ces livres ne décrivent presque jamais le travail que font ensemble, heure par heure, jour par jour, le maître et l’élève. Pourtant, ces moments où l’enseignant fait la classe et où les élèves s’appliquent, s’exercent à le suivre, ces moments-là occupent la plus grande partie du temps scolaire, et constituent sa substance. Là se posent, trop souvent non résolus, les problèmes de l’acquisition du savoir. J’ai voulu rapporter, dans ce domaine, quelques épisodes de mon activité personnelle, que je ne donne pas du tout en exemple. J’ai rédigé, dans ce but, quelques pages, en effet assez arides, mais nécessaires. Les notions que j’aborde sont étudiées, au niveau universitaire, de façon plus scientifique, plus pointue, plus moderne (on n’est jamais aussi moderne qu’on le croit), mais ces travaux sont totalement ignorés de la population concernée (maîtres et parents), et souvent écrits en mandarin.

Notre école publique obligatoire n’est pas à deux vitesses, comme on a coutume de le dire, mais à trois vitesses, dans une société elle-même à trois vitesses. C’est un fait : les enfants de la troisième voie ont peu de place dans notre école dite école pour tous et vont souvent de rejet en rejet. Cette troisième voie est elle-même fracturée (gens de peu ou gens de rien ; travailleurs modestes ou ‘racaille’). Mais tous sont les oubliés de la culture {1} et, surtout pour la dernière catégorie, de la socialisation. Cet essai leur est dédié.

Que peut-on penser de l’éducation à l’école ? L’acquisition des connaissances, indispensable, ne saurait la constituer toute entière. On ne peut pas, si l’on veut respecter un minimum de cohérence, à la fois afficher une école pour tous et affirmer que l’éducation est uniquement l’affaire de la famille. Comment des parents qui n’ont pas été éduqués eux-mêmes peuvent-ils éduquer ? Certains y parviennent, d’autres non. Et ceux qui ont reçu une éducation, mais sclérosée par des siècles d’enfermement mental, ne doivent-ils pas être amenés, incités, à la voir remise en question ? S’interroger, à propos de l’école, et dans l’école, sur un projet éducatif reconstruit, refondé, sans juger ni condamner, mais dans le but d’observer, de comprendre, et de mettre en lumière une orientation humaniste, est-ce scandaleux ? A l’heure où des savants reconnus et confirmés parlent déjà de posthumain, est-ce une vue de l’esprit, un vœu pieux ?
Il est indispensable, urgent, d’imaginer un projet, avec des structures cohérentes et souples, adaptées au 21ème siècle, permettant à l’école de progresser enfin dans sa vieille ambition, toujours annoncée, jamais atteinte, de développer, pour chaque enfant, à la fois les connaissances et les rapports sociaux, et ceci d’abord pour ceux qui n’auront pas d’autre accès à l’éducation. Ces rapports sociaux, sommairement, sont définis par l’énoncé de ce que l’on a le droit de faire, dans quelles conditions, et de quelle façon est envisagé le contrôle. L’impunité, c’est la possibilité de tout se permettre, mais la sanction doit toujours être humanisante, dans un esprit de libre réflexion. Réunir et relier les connaissances entre elles, dans le cadre d’une telle socialisation, ce n’est pas un rêve, c’est un chemin. Je tente ici d’apporter, pour un tel projet, quelques éléments.
Bref, il s’agit, dans la Sous-éducation Nationale, d’un état des lieux, suivi d’une tentative, après tant d’autres, pour entrouvrir les fenêtres, aux gonds rouillés, afin de renouveler l’air, et de faciliter la respiration.

Sur mes propres actes et démarches, j’ai mis des mots. Si mes mots pouvaient conduire quelques lecteurs à d’autres actes, plus précis, plus efficaces, j’aurais alors mené à bien mon entreprise.

Le but final, hélas lointain, peut-être hasardeux, est de rendre la Terre un peu plus habitable pour l’homme ; non pas paradisiaque, mais simplement plus habitable. Il est grand temps de choisir, pour tous, la vie plutôt que la disparition, et cela commence par l’éducation. Plus elle est, à l’école, occultée ou abandonnée, plus cela coûte cher à la collectivité en argent et en vies brisées. Voilà ce que j’ai voulu dire.

J’aimerais que ces pages soient lues, quelque part, dans sa solitude, par un stagiaire, intérimaire, contractuel, auxiliaire, emploi jeune, remplaçant, et j’en oublie, à qui l’on a, un jour, ouvert une porte et dit : « voilà vos élèves », sans qu’il soit question de la moindre formation, et qu’il y trouve du réconfort. Ce serait peut-être aussi une bonne lecture pour les parents, qui, le plus souvent, n’imaginent pas un instant le manque de préparation, de pratique et de réflexion pédagogique préalables, pour une partie des enseignants. Il faut plusieurs années pour former un menuisier. Pour enseigner, il suffit d’avoir un diplôme certifiant que vous avez vous-même étudié jusqu’à un certain niveau. Le politique a intérêt à avoir une part importante de personnel précaire, moins payé, et jetable. Les parents se rendraient à eux-mêmes un grand service en agissant pour demander une formation professionnelle sérieuse et continue des maîtres. Puissé-je en amener quelques-uns à s’interroger sur ce sujet, et à perdre leurs illusions. Cela leur éviterait de s’en prendre aux enseignants, qui, souvent, ne demandent qu’à travailler mieux.
PRÉFACE
Pourquoi, au cours des années, ai-je écrit divers éléments de ce cahier ? D’abord, tout ce que j’ai écrit, au cours de ma vie, l’a été dans le cadre d’un projet de relecture, plus tard, pour un éventuel commentaire. Mes notes devaient construire les bases, et me donner l’occasion, in fine, d’une ultime discussion avec moi-même, quand j’aurais enfin une identité. Car seule la durée peut conférer une identité ; celle-ci ne peut apparaître que dans une vie revisitée. La perspective était d’obtenir un aperçu d’un passage humain, dans une situation que je suis sûre de connaître avec le maximum d’exactitude, puisqu’il s’agit de ma propre existence, et que je ne me quitte jamais ! Nous sommes au but : j’ai 86 ans !

Cet essai représente, parmi ces écrits-étapes, la partie consacrée à ma profession d’enseignante, et aux emplois que j’ai occupés à ce titre. Le métier est toujours un excellent outil pour déchiffrer le monde. Il y a d’autres voies (l’art, la recherche) mais, compte tenu des contraintes diverses, seul l’enseignement (par la petite porte) était à

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