Une école de violences
266 pages
Français

Une école de violences , livre ebook

266 pages
Français

Description

Cet ouvrage pose l'hypothèse que le système éducatif est une école de violences. Afin de vérifier cette proposition, qui peut sembler iconoclaste, nous nous interrogeons sur la formation de la violence au sein des établissements scolaires. Nous portons notre attention sur des violences non signalées, plus particulièrement dans la cour de récréation qui devient, dans ce contexte, une interface éducative de référence.

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Publié par
Date de parution 01 juin 2014
Nombre de lectures 8
EAN13 9782336349015
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,1150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Yannick BrunPicard et Yoan BrunPicard
Une école de violences
La cour de récréation, une interface éducative de référence
L O G I Q U E S S O C I A L E S
14/05/14 15:28
Une école de violences
La cour de récréation, une interface éducative de référence
Logiques sociales Collection dirigée par Bruno Péquignot En réunissant des chercheurs, des praticiens et des essayistes, même si la dominante reste universitaire, la collection « Logiques Sociales » entend favoriser les liens entre la recherche non finalisée et l'action sociale. En laissant toute liberté théorique aux auteurs, elle cherche à promouvoir les recherches qui partent d'un terrain, d'une enquête ou d'une expérience qui augmentent la connaissance empirique des phénomènes sociaux ou qui proposent une innovation méthodologique ou théorique, voire une réévaluation de méthodes ou de systèmes conceptuels classiques. Dernières parutions Simon TABET, Le projet sociologique de Zygmunt Bauman. Vers une approche critique de la postmodernité,2014. Pascale MARCOTTE et Olivier THEVENIN (dir.),Sociabilités et transmissions dans les expériences de loisir, 2014. Guillaume BRIE,Des pédophiles derrière les barreaux. Comment traiter un crime absolu ?,2014. Maryvonne CHARMILLOT,Marie-Noëlle SCHURMANS,Caroline DAYER(dir.),La restitution des savoirs,Un impensé des sciences sociales ?, 2014 Les « Nouveaux » clowns, Approche sociologique de l’identité, de la profession et de l’art du clown aujourd’hui, 2014. Delphine CEZARD,Les « Nouveaux » clowns, Approche sociologique de l’identité, de la profession et de l’art du clown aujourd’hui, 2014. Christian BERGERON,L’épreuve de la séparation et du divorce au Québec. Analyse selon la perspective du parcours de vie, 2014. Jérôme DUBOIS et Dalie GIROUX (dir.),Les arts performatifs et spectaculaires des Premières Nations de l’est du Canada, 2014. Frédéric COMPIN,Traité sociologique de criminalité financière,2014. Yolande RIOU,Etre un maire en milieu rural aujourd’hui : témoignages d’élus du Berry,2014. Christian BERGERON,L’épreuve de la séparation et du divorce au Québec. Analyse selon la perspective du parcours de vie, 2014. Jean-Pierre DARRE,Parcours d’un sociologue, Objectivité et parti-pris, 2014. Dan FERRAND-BECHMANN et Yves RAIBAUD (dir.),L’engagement associatif dans le domaine de la santé, 2014. Régis MACHART et Fred DERVIN (dir.),Les nouveaux enjeux des mobilités et migrations académiques, 2014. Laurence FOND-HARMANT (dir.),Prévention et promotion de la santé mentale. Une alliance transfrontalière innovante, 2014. Abdessamad DIALMY,Sociologie de la sexualité arabo-musulmane, 2014. Chahnaz PARVANEH,La Femme Iranienne, tiraillée entre la tradition, la modernité et la postmodernité, 2014. Fred HAILON,L’ordre idéologique, Éléments de cognition politique,2014.
Yannick Brun-Picard et Yoan Brun-Picard UNE ÉCOLE DE VIOLENCES
La cour de récréation, une interface éducative de référence
DU MÊME AUTEUR
Yannick Brun-Picard,Géographie d’interfaces, humanité/espaces terrestres, L’Harmattan, 2013.
formes
de
l’interface
Yannick Brun-Picard,L’interface en géographie, jeux et enjeux, L’Harmattan, 2014.
CHEZ DAUTRES ÉDITEURS
Décrochages en classe, EUE, 2014.
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr diffusion.harmattan@wanadoo.fr harmattan1@wanadoo.fr ISBN : 978-2-343-03539-0 EAN : 9782343035390
Introduction
Les coups pleuvent, la cible, la victime, crie en silence. Elle se recroqueville sous l’acharnement des trois individus. C'est déjà fini. Leur raid effectué, sur ce garçon, n'a duré que quelques poignées de secondes. Une éternité pour lui. Un instant fugace, un pic d'activité, pour les spectateurs et les acteurs. Il n'a pas une marque au visage. Ses yeux sont à peine rougis. Ses membres sont douloureux. La plaie psychologique, invisible, est un gouffre béant dans lequel il peut se perdre, se dissoudre, voire se détruire. Cet acte d'une violence fulgurante frappe les esprits de ceux qui l'ont vu et de ceux qui en entendent parler. Mais, et le mais est de taille, cet acte ne sera pas signalé. Vous pouvez vous en offusquer et vous demandez, à juste titre ce qui a été entrepris pour répondre à ces actes. Rien n’a été fait. Le spectateur distant, de cette action de violence, au second étage d'un établissement, observait les adultes qui tournaient le dos à la réalité.
Nous sommes deux producteurs à cette étude de certaines facettes des violences scolaires. Ce travail a été effectué en binôme, dans un esprit de complémentarité ce qui fait que les propos exposés le sont par l’intermédiaire de « nous » sans dissocier l’enquêteur de l’analyste, car sans cette activité de terrain la réalisation de cet ouvrage n’aurait pas été possible. Il peut y avoir des confusions avec des ouvrages antérieurs pour lesquels Yannick BRUN-PICARDa œuvré seul et où Yoan BRUN-PICARDest associé par simplification pour le développement de l’étude entreprise. Toutefois, cet ouvrage est le fruit d’une activité de recherche entreprise par deux personnes qui s’expriment sous le terme « nous » sans autre détour.
Nous portions déjà un intérêt soutenu aux diverses formes de violences ainsi qu'aux dynamiques des territorialisations qui en résultent. Un parallèle avec ce qui avait été constaté dans les villes ou aux abords de certaines cités (BRUN-PICARD, 2003) a été pris pour base de référence à l’étude de forme de violence.
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La situation pour l'heure ne se prêtait pas à la comparaison. Cependant, notre attention se fixa sur les violences à l'œuvre dans les cours de récréation. Les différentes affectations, les opportunités et autres obligations nous ont permis d'accumuler des centaines d'heures d'observations, de présence et d'interventions dans différents types d'établissements de la maternelle au lycée. Ainsi, nous avions à notre disposition des lieux d'analyses, pour lesquels il suffisait de vouloir voir ce qui se déroulait. Néanmoins, si nous nous restreignions à un descriptif nous ne serions pas allés plus loin que les travaux actuels sur les violences et nos propos n'auraient guère plus d'intérêt.
Après avoir constaté l'existence de faits violents non signalés nous avons émis l'hypothèse, au regard des comportements des élèves, que : la cour de récréation pourrait être, est une école de violence qui constitue une interface éducative de référence pour tous les élèves qui aspirent à diffuser toutes les formes de violences au sein des établissements scolaires.
Ceci nous mena à une multitude de questions. Comment faut-il observer ces violences ? Qu'est-ce qui fait que l'école devienne, est une école de violence ? Quel type de violence observer ? Quel est l'objet réel de notre étude ? Comment s’agrègent les violences dans une cour de récréation ? Y a-t-il des réponses au phénomène des violences dans les écoles ? Les comportements violents se modifient-ils lorsqu'il y a des intervenants adultes ? Au final, la cour de récréation est-elle une école de violence ? Quelles sont les réalités accessibles qui font que la cour de récréation est une interface éducative de référence où la violence fait partie des apprentissages assimilés par des élèves ?
Nous souhaitons éviter l’intellectualisme mis à l'index par SOKAL(1997). Par ailleurs, sans pour cela sombrer dans des développements méthodologiques en mesure de légitimer tout et ses contraires, ou autres passades d’illusionnistes, les constations doivent être méthodiques, reproductibles, vérifiables et comparables à fin que les critiques puissent se construire avec équité et non par idéaux, autisme ou dogmatisme, d’où nos présentations synthétiques de la trame méthodologique, par l’intermédiaire de laquelle nous avons disséqué les phénomènes observés.
Oui, nous avons une certaine distance avec des productions qui occultent des pans de la réalité et nous sommes des plus réservés à l'encontre des bien-pensants qui ne regardent pas plus loin que leur pensée et que la réalité qu’ils
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acceptent de percevoir. Oui, nous sommes virulents contre les décideurs qui mettent un emplâtre sur une jambe de bois. Oui nous sommes cinglants face à l'inertie d'un système qui cautionne des errances, des dysfonctionnements et la présence de violences dans les cours de récréation sans que les adultes y répondent. Notre position est frontale. L’une de ses finalités est que chaque lecteur conscientise l’existence de formes de violences qui gangrènent le système éducatif.
Cette étude particulière est transdisciplinaire. Elle s'approprie ce qui est, à notre sens, pertinent dans certains domaines de la connaissance en sociologie, ethnologie, géographie, sciences de l'éducation, psychologie et méthodologie. Elle associe les éléments dans une structure cohérente et dynamique à même de saisir les réalités des violences. Le style et le déroulé vont sembler analytiques, hachés et froids. Ce schéma procédurier résulte de l'intérêt de cet ouvrage : percevoir et s'approprier des facettes de la réalité des violences scolaires tout en possédant un référent à même de faciliter l'analyse, le décorticage et les réponses à ce phénomène, dans le cas où le lecteur aurait à faire face à ce fléau. Cet intérêt est multidimensionnel. Il est de découverte, d'appropriation et de support réflexif. Il est soutenu par le but de cet ouvrage : que nos sociétés construisent des réponses efficaces à l'émergence des dynamiques de violence dans les écoles.
Il existe déjà des ouvrages de référence, des directives et autres règlements. C'est vrai ! Ils n'empêchent pas qu'une adolescente soit obligée de pratiquer une fellation dans les toilettes. Ils n'empêchent pas le harcèlement des cibles fragiles. Ils n'empêchent pas la terreur diffusée par certains groupes. Seuls quelques établissements sont victimes de ses pulsions. Toutefois, même dans des établissements agréables à vivre, des violences invisibles désagrègent les élèves. Elles sont là, devant nos yeux et pourtant nous ne les voyons pas, trop occupés à notre ego, à notre confort et à l’absence de responsabilités concrètes pour tous les spectateurs aveugles, sourds et inconscients des faits.
Afin que cette aveuglante invisibilité devienne plus palpable, nous allons exposer l'objet de cette étude, ce qui le constitue, le cheminement méthodologique de cette étude particulière, en ayant auparavant abordé succinctement ce qui a été écrit sur ce thème des violences. Les bases fixées donnent accès aux faits dans la cour de récréation, hors de l'école pour ce qui est accessible, pour saisir si la reproduction de faits violents existe quand cela est possible, pour finir par les caractéristiques de ces dynamiques. Les derniers
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