Soldats du Quercitain

Jean-Paul Briastre

Description

En août 1914 ils quittent leurs villages pour le grand saut dans l'inconnu : la guerre réclame son tribut. Tous espèrent être rentrés avant les fêtes de Noël mais le conflit va durer plus de quatre années. Soldats originaires du Quercitain, ils traversent les champs de bataille de la Première Guerre mondiale : la Marne, Verdun, la Somme ou encore le Chemin des Dames. Ce livre offre donc un voyage à travers le premier conflit mondial en s'attachant à des destins divers et trop souvent tragiques.

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Informations

• Publié par: Mon Petit Editeur
• Date de parution: 19 octobre 2013
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9782342015607
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 3 Mo

Extrait

Soldats du Quercitain
Jean-Paul Briastre
Mon Petit Editeur

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Soldats du Quercitain
 
 
 
« Dis, Gros lot, où veux-tu donc tomber ? »
Henri Michaux
 
 
 
 
À Léon Briastre
 
 
 
 
Préface
 
 
 
1914-1918. 11 novembre. Bataille de Verdun. Bataille de la Marne. Poilus. Tranchée. Triple Alliance. Triple Entente. Guerre totale. Front et arrière. Boue et rats. Baïonnette au canon. Voici une liste non exhaustive du vocabulaire transmis aujourd'hui aux nouvelles générations pendant les quelques heures de cours consacrées à la Première Guerre mondiale. Cela permet d'entretenir la mémoire, de transmettre les conditions de guerre des combattants, les causes, le déroulement, les conséquences de ce premier conflit du XX e  siècle, de ce premier conflit moderne.
La France a payé un lourd tribut démographique à la guerre : 1 400 000 morts, la tragédie des « gueules cassées », un manque de main-d’œuvre en 1918 pour reconstruire le pays. De très nombreuses communes ont été décorées de monuments en hommage aux morts et parfois, mais très rarement, de monuments hostiles à la guerre. Partout en France on peut trouver ces monuments aux morts sur la place en face de l'église. Toutes les familles de France n'ont pas été également marquées par 14-18. Toutes les familles de France n'ont pas été déchirées par la frontière constituée par le front. Tous les descendants n'ont pas cherché à comprendre, à reconstituer le parcours des grands-parents ou des arrière-grands-parents. C'est cette mémoire intime de la guerre que nous propose cet ouvrage.
Gwénolé Morvan, professeur d’histoire-géographie
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Pour moi, la Grande Guerre ce fut d’abord un dessin à l’encre bleue, un tatouage sur l’avant-bras d’un homme âgé mais encore solide, une tête de cheval accompagnée d’un chiffre et de trois lettres énigmatiques : 42 RAC. Enfant, ce tatouage m’impressionnait beaucoup et m’émerveillait également car il évoquait l’univers des pirates et autres explorateurs qui offrent à la prime jeunesse ses plus beaux voyages. Je côtoyais Errol Flynn.
Puis ce furent des mots, on parlait parfois de guerre, de blessures, de chevaux coupés en deux par des obus… On murmurait que l’homme au tatouage avait vu des choses terribles que l’on ne pouvait pas vraiment raconter. Ses souvenirs de jeunesse avaient en quelque sorte été mis au secret. L’homme au regard absent demeurait à mes yeux une énigme.
Et puis un jour le héros de mes récits imaginaires s’en est allé. Entre-temps j’avais appris à l’école que c’était en France qu’il s’était battu, entre 1914 et 1918, et les noms des batailles qui jalonnaient son parcours militaire n’avaient rien d’exotique : la Somme, le Moulin de Laffaux, les Flandres, la Champagne. Il avait été un « poilu », un « artiflot » plus précisément, puis un ancien combattant.
Bien plus tard, je retrouvai chez mon père un carton rempli de vieux papiers soigneusement pliés et de vieilles photos jaunies représentant de solides gaillards portant tous la moustache et qui prenaient la pose en uniforme, avec parfois une cigarette à la main. Sur plusieurs de ces clichés je reconnus l’homme au tatouage et cet homme que j’avais connu à l’automne de sa vie devenait un jeune soldat de vingt ans jeté dans le brasier de la Grande Guerre ; il révélait enfin, des années après sa disparition, une part de son mystère : sa vie avait été marquée par la guerre de façon aussi indélébile que le dessin à l’encre bleue qui m’avait tellement fasciné. C’est ce jour-là qu’est né en moi le désir de remonter le temps jusqu’à la Première Guerre mondiale et ces recherches allaient m’offrir un voyage émouvant au cœur de mes racines puisque l’homme au tatouage c’était mon aïeul.
 
 
 
Abréviations
 
 
 
B.C.A. Bataillon de chasseurs alpins
B.C.P. Bataillon de chasseurs à pied
B.I. Brigade d’infanterie
C.A. Corps d’armée
C.A.C. Corps d’armée coloniale
C.C. Corps de cavalerie
D.C. Division de cavalerie
D.I. Division d’infanterie
D.I.C. Division d’infanterie coloniale
D.I.T. Division d’infanterie territoriale
G.A. Groupe d’armées
G.A.C. Groupe d’armées du Centre
G.A.E Groupe d’armées de l’Est
G.A.N. Groupe d’armées du Nord
G.A.R. Groupe d’armées de réserve
G.Q.G. Grand quartier général
H.O.E. Hôpital d’évacuation
J.M.O. Journal de marches et d’opérations
R.A.C. Régiment d’artillerie de campagne
R.A.L. Régiment d’artillerie lourde
R.A.P. Régiment d’artillerie à pied
R.I. Régiment d’infanterie
R.I.C. Régiment d’infanterie coloniale
R.I.T. Régiment d’infanterie territoriale
R.M.Z. Régiment de marche de zouaves
R.Z.M.T. Régiment mixte de zouaves et tirailleurs
 
 
 
Chronologie d’une guerre
 
 
 
1914
28 juin : Assassinat, à Sarajevo, de l’archiduc François-Ferdinand, héritier du trône austro-hongrois.
28 juillet : Déclaration de guerre de l’Autriche-Hongrie à la Serbie.
30 juillet : Mobilisation générale en Russie.
1 er août : Mobilisation générale en Allemagne et en France. Déclaration de guerre de l’Allemagne à la Russie.
2 août : Les troupes allemandes entrent au Luxembourg.
3 août : L’Allemagne envahit la Belgique.
Déclaration de guerre de l’Allemagne à la France.
4 août : Déclaration de guerre du Royaume-Uni à l’Allemagne.
5 août : Le corps de cavalerie du général Sordet entre en Belgique.
7 au 20 août : L’offensive française en Alsace échoue.
19 au 23 août : L’offensive française en Lorraine échoue.
22 au 24 août : Défaite de Charleroi et de Mons pour les troupes françaises et anglaises.
6 au 9 septembre : Bataille de la Marne.
7 septembre : Chute de Maubeuge.
9 au 11 septembre : Bataille du Grand-Couronné.
14 septembre au 17 novembre : Course à la mer.
15 octobre au 17 novembre : Bataille de l’Yser et d’Ypres.
16 au 19 décembre : Première offensive d’Artois.
20 décembre : Début de la première offensive de Champagne qui s’arrête le 13 janvier 1915.
1915
12 février au 18 mars : Reprise de la première offensive française en Champagne.
18 mars : Échec de la tentative de forcer le détroit des Dardanelles.
30 mars au 30 avril : Offensive dans la Woëvre.
22 avril : Première utilisation par les Allemands de gaz de combat dans les Flandres.
25 avril : Débarquement des Alliés sur la presqu’île de Gallipoli.
7 mai : Le paquebot Lusitania est torpillé par un sous-marin allemand.
9 mai au 18 juin : Deuxième offensive en Artois.
23 mai : L’Italie entre en guerre aux côtés des Alliés.
25 septembre au 6 octobre : Deuxième offensive de Champagne.
25 septembre au 11 octobre : Troisième offensive en Artois.
5 octobre : Un corps expéditionnaire franco-britannique débarque à Salonique (Grèce).
11octobre : La Bulgarie entre en guerre aux côtés de l’Allemagne.
1916
21 février : Début de la bataille de Verdun.
25 février : Le général Pétain se voit confier le commandement du front de Verdun.
31 mai : Bataille navale du Jutland et victoire de la Royal Navy.
1 er juillet : Offensive anglaise soutenue par les Français, c’est le début de l’offensive de La Somme.
28 août : L’Italie déclare la guerre à l’Allemagne.
18 novembre : Fin de la bataille de La Somme.
16-18 décembre : Fin de la bataille de Verdun par la reconquête française.
1917
Fin janvier : Début de la guerre sous-marine à outrance décidée par le Kaiser Guillaume II.
8-15 mars : Révolution en Russie.
2-6 avril : Les États-Unis entrent en guerre aux côtés des Alliés avec le statut d’ « associés ».
9 avril : Déclenchement de l’opération préliminaire à l’offensive Nivelle, les Anglais s’emparent de Vimy.
16 avril : Offensive française du Chemin des Dames (offensive Nivelle). Cette offensive désastreuse entraîne des mouvements d’indiscipline dans l’armée française.
15 mai : Le général Pétain remplace le général Nivelle à la tête de l’armée française.
31 juillet au 10 novembre : Bataille de Passchendaele.
24 octobre-9 novembre : Défaite italienne à Caporetto.
20 novembre : Bataille de Cambrai et premier emploi massif des chars par les Anglais.
1918
21 mars : Offensive allemande en Picardie.
9 avril : Offensive allemande dans les Flandres.
27 mai : Offensive allemande sur le Chemin des Dames.
15 juillet : Offensive allemande en Champagne.
18 juillet : Deuxième victoire de la Marne (contre-offensive des Français et des Américains).
8 août : Attaque franco-britannique entre Albert et Montdidier, c’est un « jour de deuil » pour l’armée allemande.
15 septembre : Offensive victorieuse de l’armée d’Orient.
26 septembre : Début de la contre-offensive générale sur le front occidental.
11 novembre : signature de l’armistice dans la clairière de Rethondes.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
1914. L’allant du fantassin
 
 
 
Mobilisation générale
 
 
 
Le 28 juin 1914, une voiture circule dans les rues de Sarajevo, la capitale d’une Bosnie-Herzégovine que l’Autriche a annexée en 1908 pour la soustraire à l’influence de la Serbie qui exerce un pouvoir d’attraction considéré comme dangereux sur les populations slaves de la Double Monarchie. À bord du véhicule se trouvent l’héritier du trône austro-hongrois, l’archiduc François-Ferdinand de Habsbourg, ainsi que son épouse. Soudain, un jeune Serbe bosniaque de dix-neuf ans, Gavrilo Princip, surgit, un revolver à la main, et parvient à assassiner l’archiduc et sa femme. Princip fait partie de cette jeunesse serbe de Bosnie qui rejette l’occupation autrichienne et milite dans des groupuscules nationalistes qui rêvent de