30 histoires à suspendre à une moustache
154 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

30 histoires à suspendre à une moustache , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
154 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Trente histoires drôles et bizarres à lire au fond de son lit après une dure journée d'école. Heureusement qu'il existe des personnages hauts en couleur pour déchaîner les éléments, pour créer une pièce de théâtre jouée par des robots, nommer un clown à la tête du pays, donner vie à ses propres dessins, lutter contre une armée de chocolats...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mars 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332864314
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-86429-1

© Edilivre, 2015
Un cri dans le train
Comme je montais dans le train, une vieille dame me retint par le bras :
« Monsieur, s’il vous plaît, pourriez-vous m’aider à monter mes bagages ? »
À mes pieds, une housse contenant des clubs de golf attendait une délicate attention de ma part.
« Mais naturellement », lui répondis-je avec la même courtoisie.
Et j’escaladai l’amoncellement de valises pour y glisser tant bien que mal le bagage.
« Faites bien attention, me dit la vieille dame, Hector tient à ses clubs de golf !
– Ne vous en faites pas, je les ai solidement coincés entre le mur et les valises, ils ne risquent rien !
– Merci, vous êtes bien gentil. »
J’acquiesçai d’un dodelinement de la tête et lui fis part d’un détail que je ne pouvais manquer de relever :
« Vous me demandez de faire attention aux clubs de golf de votre mari alors qu’ils sont tordus et tout abîmés !
– Hector est très maladroit et il ne contrôle pas sa force. Évitez tout de même de lui en parler, il est très susceptible. »
Je ris au fond de moi en me figurant un as du golf vêtu d’un pantalon à carreaux tapant le gazon et rouspétant, jetant son club par terre, et je me dirigeai vers ma place. Je m’assis côté fenêtre et, comme toujours lorsque je prends le train, je m’endormis, absorbé par la monotonie du paysage.
Nous avions quitté les paysages urbains quand un cri me fit ouvrir les paupières. Une femme s’était levée et criait, hors d’elle :
« Qui m’a lancé ça ?! Elle est passée à deux centimètres de ma tête ! Qui m’a lancé ça ?! »
Elle brandit une balle de golf et aussitôt je tournai la tête du côté de la vieille dame. Celle-ci était en train de tricoter, la tête penchée, embarrassée mais plongée dans un parfait mutisme. Sur le siège d’à côté, un homme énorme, emmitouflé dans son imperméable et coiffé d’un chapeau largement renversé sur son visage, donnait des coups contre la vitre. La vieille dame posa sa main sur sa manche pour le calmer. Il émit une sorte de grognement avant d’obéir.
« Je répète ! cria de nouveau la femme, outrée que l’auteur de l’agression ne daigne se dénoncer. Qui a fait ça ?! Je vous préviens, je vais appeler le contrôleur ! »
Des voyageurs râlèrent, d’autres prirent son parti, personne ne se dénonça. Elle n’eut d’autre choix que de se rasseoir et le silence régna de nouveau dans le wagon.
Je regardai de nouveau la vieille dame qui, en toute discrétion, tentait de retenir son étrange mari. Celui-ci, indifférent à l’affolement de son épouse, s’amusait à jongler avec des balles de golf.
« Hector… soufflait-elle, allons, pas ici… Pas ici… Il y a du monde ! »
Elle parvint à lui subtiliser les balles. Il émit un grognement capricieux, ôta soudainement son chapeau, laissant apparaître un visage noir, buriné, aux sourcils bombés.
« Hector ! », s’écria la vieille dame tandis que je réalisais qu’un gorille était présent dans le train.
L’animal tordit son chapeau avant de le lancer. La femme qui avait failli être blessée par la balle de golf quelques minutes plus tôt reçut le cadeau du primate en pleine tête et c’en fut fini de mes tympans. Au même moment, le gorille, sa maîtresse et sa victime se mirent à hurler, bientôt accompagnés par une partie des voyageurs. La panique générale fut telle que certains se levèrent sans savoir où se réfugier, d’autres s’armèrent avec ce qui se tenait à portée de leurs mains, de l’ordinateur portable au sandwich enroulé dans du papier aluminium. Il fallut l’intervention du contrôleur, qui pourtant n’avait de toute sa carrière jamais eu l’occasion d’expérimenter la rencontre avec un gorille voyageant à bord d’un TGV, pour ramener le calme.
« Ne touchez pas à Hector ! dit la vieille dame à la fois menaçante et effrayée. Hector est mon gorille ! Je ne laisserai personne lui faire du mal ! »
Le contrôleur répondit :
« Mais vous rendez-vous compte, madame, que vous avez fait monter un gorille à bord du train !
– Il a le droit de voyager comme tout le monde !
– Mais certainement pas ! Un gorille, c’est dangereux !
– Mais Hector n’est pas dangereux ! Il est même très affectueux, regardez ! »
Elle sortit de son sac une banane et la tendit au primate. Celui-ci n’en fit qu’une bouchée avant de caresser l’épaule de sa maîtresse pour la remercier.
« Qu’importe ! dit le contrôleur embarrassé. Seuls les animaux de compagnie sont autorisés.
– Hector est mon animal de compagnie !
– Mais voyons, madame, un gorille n’est pas un animal de compagnie ! Un chien, oui, un chat, un oiseau, un hamster, mais pas un gorille ! C’est marqué au dos de votre billet !
– Je ne savais pas moi…
– Vous vous doutez bien que la présence d’un gorille ne peut que perturber la tranquillité des autres voyageurs.
– Mais d’ordinaire il est très calme… Personne ne remarque sa présence !
– Sans doute, je vous crois madame. Mais je n’ai pas d’autre choix que d’appeler la police.
– La police ! cria-t-elle, blême de désespoir. Mais vous n’allez pas mettre Hector en prison !
– Mais non, dit le contrôleur avec bienveillance, il ne va pas aller en prison ! »
Puis, s’efforçant de penser comme elle :
« On ne va pas le mettre en prison pour si peu !
– Alors pourquoi voulez-vous appeler la police ? dit-elle, toujours aussi inquiète.
– Eh bien… Parce qu’il le faut… C’est mon travail… »
Un voyageur intervint, rouge de colère :
« Mais parce que vous êtes complètement folle ! Vous êtes un danger public et votre gorille va tuer quelqu’un si nous ne faisons rien ! »
Hector, agacé par ces vociférations, lui jeta la pelure de banane au visage. L’homme bondit en arrière, apeuré.
« S’il vous plaît, dit le contrôleur à l’ensemble des passagers, je veux que tout le monde garde son calme. Il ne faut pas exciter le gorille. Je vais tirer le signal d’alarme et nous allons descendre sur les voies avec prudence. »
Il alluma son talkie-walkie et fit part de la situation au conducteur du train. Il se dirigea dans l’allée, tira la sonnette et le train ralentit sa course jusqu’à s’arrêter devant un troupeau de vaches en train de paître.
Quand le gorille descendit du train entouré de pompiers et de gendarmes, la vieille dame sanglotait. La foule des voyageurs alignés le long des rails regardait la scène sans dire un mot.
À l’écart de tout ce cirque, je m’assis au-dessus d’une flaque et m’assurai que mon chapeau était bien enfoncé sur ma grosse tête de chimpanzé.
« Il n’y a que les gorilles pour se comporter ainsi, dis-je à Henry le ouistiti qui sortait de ma poche.
– Moque-toi ! Tu verras le jour où ça t’arrivera ! », rétorqua-t-il.
L’heure du bain (ou point de vue d’un enfant)
D’abord quelques vaguelettes coururent jusqu’à ses pieds, immergeant rapidement ses hanches et son ventre. Puis, comme une caresse tiède, décidée et lourde, l’eau monta jusqu’à sa taille. Dès lors il sentit que le danger menaçait, la dernière fois l’eau s’était emparée de lui avec la même sournoiserie, c’était hier, la dernière fois que Marin avait pris son bain…
« Allez Marin, fit cette voix maternelle et supérieure, pour une fois on va tâcher de ne pas inonder toute la salle de bain… »
Mais le pommeau de la douche grondait et le torrent effilé faisait frémir la surface de l’eau bientôt devenue floue. Un esprit spirituel le soulignerait avec une étrange conviction : le mouvement des eaux répondait à la transe marine. Car il y avait comme un monde sous cette épaisseur liquide, comme un monde mystérieux et vivant, la présence d’une foule… Déjà Marin commençait à s’angoisser, à guetter les remous autour de lui ; les événements prenaient la tournure d’un jeu grave d’adulte. D’une nature impressionnable mais gardant au fond de lui l’espoir d’échapper à cette situation tragique, il se mit à brailler :
« Ouin ! Ouin ! Ouin !
– Allons, Marin ! Qu’est-ce que j’ai dit ? Qu’est-ce que j’ai dit avant le bain ? Aujourd’hui on va faire un effort. »
La voix supérieure avait freiné ses sanglots d’égarement, mais les eaux, elles, bouillonnaient et semblaient vouloir grimper sur ses épaules malingres. Qu’y avait-il dans ces lames que le savon déversé avait rendues plus mystérieuses et plus dangereuses ? Venant à lui et longeant la surface mousseuse, un « ouh ouh » électrique planait avec nonchalance, fantomatique et indiscernable. Soudain, une vague que la main maternelle avait fait naître d’un mouvement décidé s’abattit contre la paroi de la baignoire. Ce fut le drame. Les premières notes de l’apocalypse : l’eau gicla dans les yeux de Marin qui répondit aussitôt par la colère :
« Ouin ! Ouin ! Ouin !
– Tu avais promis de ne pas pleurer ! », grondait la voix au-dessus de sa tête.
Et les éléments se déchaînèrent avec une force vive, d’instant en instant renforcée par de nouveaux volumes d’eau qui venaient s’ajouter comme pour mieux l’ensevelir… Et puis entre ses doigts et ses paupières à demi fermées, entre les gouttelettes qui perlaient au bout de ses sourcils, il les voyait, toutes ces formes bizarres et sombres, magiques et fébriles, ces hippocampes, ces crabes, ces moules, ces cachalots, ces léviathans… Toute cette armée en furie portée par les tourbillons implacables, par les courants délirants de volonté et de fureur. Et autour de lui, le vacarme d’un ouragan le chahutait, allait d’une oreille à l’autre ; et la clameur du tohu-bohu, battant, cognant, défonçant la maigre paroi de la baignoire, semblait vouloir envahir le monde entier ! Comme tout résistait ! Mais ce n’était que pour mieux subir… Inévitablement la baignoire allait craquer…
« Et Ouin ! Et Ouin ! Et Ouin ! », faisait Marin pour seule prière, mais savait-il qu’aucun dieu ne se risquerait à l’entendre ?
Le défe

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents