Histoires de mon vieux bahut
158 pages
Français

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Histoires de mon vieux bahut , livre ebook

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Description

Voici un ouvrage reprenant des contes de Noël et récits animaliers ou autres, créés il y a plusieurs années, que l’auteur dédie à ses petits-enfants. Comme il l’affirme dans son avertissement, aujourd’hui, le contenu pourra paraître suranné. Pour mieux comprendre et bien en profiter, le lecteur devra essayer d’imaginer l’ambiance qui régnait dans les familles il y a cinquante ans et plus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414330614
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-33062-1

© Edilivre, 2019
Du même auteur
Du même auteur :
Aux Éditions Amalthée, Nantes :
L’Odyssée galante – Roman – 2013 (Épuisé) – Disponible chez l’auteur.
Aux Éditions Édilivre, Paris :
Mathieu Coura, l’Enfant prodige de Pierreuse – Biographie – 2014.
Sacrebleu ! Saint Hubert, où te caches-tu ? – Histoire-Archéologie – 2017.
Passim – Florilège poétique – Poésie – 2019.
Dedicace

À Émerick,
Sélène
et Tanaïs,
Avertissement
Voulant remettre un peu d’ordre dans mon grenier, j’ai retrouvé, abandonné depuis longtemps, un vieux bahut 1 enseveli sous la poussière. Curieux, je parvins à l’ouvrir malgré la résistance de ses charnières rouillées. Il contenait un tas de vieux papiers, journaux, périodiques datant d’avant les années 40 : Le Soir Illustré, Le Patriote Illustré, Bonnes Soirées, Les Annales littéraires… et quelques anciennes bandes dessinées comme Les Pieds nickelés, Super Picsou… Mais mon attention fut plus particulièrement attirée par un grand cahier à la couverture noire. De plus en plus intrigué, je me mis à feuilleter le document. Ce que j’y découvris fit ressurgir des souvenirs perdus dans les brumes du temps.
À l’époque où j’avais entendu lire les récits qu’il contenait, la télévision n’existait pas dans mon pays. C’était la Seconde Guerre mondiale. Il y avait bien un vieux poste de radio mais en raison des coupures de courant répétitives, il n’était guère d’utilité. Quand ils n’avaient rien d’autre à faire, les adultes jouaient aux cartes ou bavardaient entre eux. En dehors des heures passées à l’école maternelle chez les Sœurs, à Beyne, j’occupais mon temps avec les quelques jouets en bois dont je disposais : un ours en peluche, plusieurs soldats de plomb, une ou deux voitures miniatures et aussi un beau ballon. Lorsqu’il faisait beau temps, la cour étroite longeant la façade de la maison devenait mon domaine. Sitôt la pluie apparue, je me retrouvais sur le carrelage de la cuisine à jouer entre les jambes des adultes.
Les dimanches d’hiver, l’après-midi souvent, mon grand-père s’asseyait dans un fauteuil et m’invitait à sauter sur ses genoux. À côté de lui, sur un petit guéridon, le grand cahier à la couverture noire semblait attendre que quelqu’un l’ouvre. Lorsque j’étais bien installé, le vieil homme s’emparait du cahier et commençait à lire l’une des histoires qui s’y trouvaient écrites. Il arrivait que je m’endorme, bercé par la voix de baryton de grand-père.
Ce dernier est décédé depuis longtemps. J’ai pris de l’âge et vécu une longue carrière professionnelle. J’ai relu ces histoires avec une émotion mal dissimulée. Leurs auteurs anonymes restaient de grands inconnus.
C’est alors que m’est venue l’idée d’écrire quelques contes et récits basés sur des événements que j’avais pu vivre, voir ou simplement entendre raconter. Finalement, j’en ai fait ce livre pour qu’à leur tour, mes amis, mes camarades, enfin ce qu’il en reste, mais surtout mes petits-enfants, puissent les découvrir. Certes le contenu pourra-t-il aujourd’hui paraître suranné. Pourtant, pourquoi ne pas goûter à cette littérature propre à une époque pendant laquelle, finalement, l’auteur n’exerçait pas le métier d’écrivain ? Baudelaire lui-même ne disait-il pas : « Tous les vrais littérateurs ont horreur de la littérature à de certains moments 2 ».
Alors, prenons plaisir à relire ces historiettes, probablement écrites en des jours nerveux, où l’on ne connaissait ni la prosodie, ni la grammaire mais où l’on cherchait un peu de paix et de tendresse dans l’imaginaire tout proche.
1. Malle à couvercle bombé.
2. Art romant., Conseils aux jeunes littérateurs, 1846, p. 390
Contes de Noël
1 Les sabots de Marie-Claire
Quelque part en Ardenne, du côté de Mabompré 3 , le 24 décembre 1925, depuis deux semaines déjà, la neige était tombée drue et la terre disparaissait sous sa blancheur. Seuls les panaches blancs sortant des cheminées indiquaient une vie latente de rares paysans. Un beuglement de vache, l’aboiement d’un chien ou le croassement lugubre de quelques corbeaux squelettiques luttant âprement contre l’aigre bise, troublaient momentanément l’atmosphère glacée et silencieuse de l’immense plaine du haut plateau. Le pâle soleil s’en était allé, comme pressé de disparaître de ce paysage inhospitalier.
De rares fenêtres s’éclairaient chichement de la lumière fumeuse d’une pauvre bougie. Parfois, un maigre feu de bois lançait une flamme rougeoyante qui partait percer un instant l’obscurité glaciale de la nuit noire.
Dans la première chaumière du village d’Engreux 4 , devant l’âtre, un vieillard surveillait quelques tisons en train de mourir doucement. Derrière lui, avec un peu de cirage, une petite fille frottait vigoureusement un sabot tout usé, le sien. Ses yeux brillaient. Elle avait un sourire d’ange. Sa menue personne reflétait la bonté, la confiance. Tout en frottant, ses lèvres remuaient : elle priait.
Le vieux se retourna sur son escabeau.
– Que fais-tu donc là, Marie-Claire ? As-tu fini d’user tout not’ cirage pour de méchants sabots percés au bout ?… C’est-y qu’tu veux ressembler aux filles de la ville avec leurs souliers vernis ?
La fillette à laquelle s’adressait Benoît Gourdain, posa la brosse, remit les sabots sur le sol et, levant vers son oncle de grands yeux bleus comme des fleurs de lin, répondit d’une voix douce :
– C’est Noël demain !… Vous n’y pensiez plus mon oncle ? Du temps de maman, je les cirais toujours pour Noël, mes sabots ! Petite mère disait : « Frotte, Marie-Claire, faut qu’ils soient luisants comme des perles de jais ! » Et je frottais, je vous assure, ajouta-t-elle en montrant toutes ses dents dans un large sourire.
– À quoi qu’ça t’avançait quand t’avais bien frotté, reprit le vieux ?
– Mais ! À ce qu’ils soient bien beaux, s’écria la fillette. Et le lendemain, je les trouvais remplis de jolies choses.
– Alors, le matin suivant, avait-il quéqu’chose dedans ?
– Oh oui ! Mon oncle !… Un jour, il y eut trois grosses oranges et un livre d’images ! Une autre fois, une petite poupée mignonnette avec son berceau… L’année dernière…
– Eh bien ! Qu’est-ce qu’il y avait l’année dernière ?
– Seulement quelques bonbons, reprit l’enfant d’une voix triste. Maman était très malade… et en plus, je n’avais pas assez ciré mes sabots parce que je n’avais pas eu le temps de le faire.
– Comment donc cela ?
– J’étais allée au magasin, je donnais de la tisane à petite mère… alors, je ne pouvais pas penser à mes sabots, n’est-ce pas ? Mais aujourd’hui, continua-t-elle d’une voix plus joyeuse, j’ai le temps. Pas vrai, oncle Benoît ?
– Cirés ou pas cirés, grommela le paysan, faut pas t’attendre à ce qu’il y ait quelque chose dedans ! Enfin, fais ce que tu veux, après tout… !
Tout en remuant les cendres, il jeta du bois au feu et marmotta :
– Faudrait plus que ça… ! Recueillir une orpheline, puis encore lui garnir ses sabots ! Bien sûr que j’ai aut’ chose à penser ! Je vous demande un peu ! Vaudrait bien mieux qu’elle ait une robe pour se nipper plutôt que des jouets ou des sucreries… Après tout, qu’elle les mette ses sabots. Si elle les trouve vides, elle ne recommencera plus l’année prochaine.
Benoît Gourdain n’était pas un méchant homme. Lorsque, quelques mois plus tôt, la fille de sa sœur, déjà veuve, était morte, il avait, sans hésiter, pris chez lui la petite Marie-Claire.
Mais il était avare. Endurci par la solitude, aigri par les épreuves, il ne se montrait pas toujours tendre envers l’enfant. S’il lui donnait le gîte et le couvert, il fallait, en revanche, qu’elle l’aidât à tenir la maison, qu’elle fût active et diligente et que, jamais, elle ne songeât à s’amuser. S’amuser ! En avait-elle vraiment le temps ?
Les quelques jouets de la fillette étaient restés dans la maison riante de ses premières années. Ici, dans la grande salle froide, à peine dégourdie par les brindilles qui brûlaient, elle devait, pour jouer, se contenter de coquilles de noix dont elle faisait des petits navires, ou bien de marrons d’Inde qu’elle enfilait en colliers, ou encore d’un morceau de chiffon transformé en poupée informe.
Marie-Claire soupira. Son petit cœur était bien gonflé depuis que l’oncle Benoît venait de lui retirer son secret espoir de trouver des surprises dans ses sabots.
Mais à sept ans, l’espérance est vite retrouvée.
– Bonsoir, mon oncle, fit-elle gentiment.
– Bonne nuit fillette, répondit le vieux.
La petite monta dans sa chambre, se déshabilla, fit un brin de toilette et se glissa dans le lit. Pendant ce temps, Benoît sortit faire un dernier tour aux écuries.
– Brr… qu’il fait froid, dit-il en rentrant ! Chien de temps ! Tant pis pour ceux qui seront sur les routes cette nuit !… Moi, je vais me coucher.
Il étouffa le feu sous la cendre, contrôla que tout était en ordre pour la nuit, enleva ses sabots, prit la bougie et grimpa l’escalier pour rejoindre sa chambre.
Il dormait depuis deux heures à peine lorsqu’il entendit cogner sur la porte. Croyant rêver, il se tourna dans sa couche mais les coups se répétèrent plus fort et une voix d’homme se fit entendre :
– Holà… ! Quelqu’un… ! Ouvrez, s’il vous plaît… !
Tout en grognant, Gourdain sortit du lit, alluma la chandelle, enfila un pantalon sur la chemise de nuit, descendit l’escalier, chaussa ses sabots et à travers la porte, cria rudement :
– Qui est là et que voulez-vous à c’t’ heure ?
– Ne craignez rien, mon brave, nous sommes des voyageurs mais notre automobile est complètement bloquée sur cette mauvaise route. Nous espérions arriver à Houffalize 5 avant la messe de minuit mais, avec cette maudite neige, nous n’avons pu avancer que très lentement et voi

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