Kahil
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Kahil , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
160 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Kahil vient d'affronter les rites du passage à l'âge d'homme. Vainqueur, avec son cheval Gen, de la grande course qui fait suite à ces épreuves, il se voit offrir comme récompense un deuxième cheval, Tehar. Lorsqu’Attila, le prestigieux chef des Huns, décide de partir à la conquête des Gaules, Kahil s’engage à sa suite en compagnie de Balit, son père, et de Walfroy, son ami Ostrogoth. Kahil va connaître l’exaltation des grandes batailles, le découragement, la peur, la force de l’amitié, la honte et la vaillance. Il sera confronté à la cupidité, à la maladie, à la mort. Il saura cependant s'attirer l'estime d'Attila et celle de ses deux fils. Après le décès d'Attila, ne pouvant choisir de servir l'un ou l'autre des héritiers qui se déchirent, il optera pour les forces de la paix.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414381081
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-38109-8

© Edilivre, 2020
Du même auteur
Du même auteur :
« Cheval-soleil » (Hachette) roman jeunesse
prix Roman Jeunesse du ministère de la jeunesse et des sports 2000
Adapté en dessin animé par les films de l’Arlequin
« Le ventre de l’Arbre » (l’Harmattan) roman
« Contes et légendes du pays des Mille Étangs » (Royer) choix de contes et légendes de Brenne
« Asgrim et le cheval dérobé aux dieux » (l’Harmattan jeunesse) roman jeunesse
Mention spéciale du jury, prix Chapitre Nature 2009
« Sortilèges au pays des Mille Étangs » (Alan Sutton) enquête sur les jeteurs et leveurs de sorts en Brenne
« La tache verte » (Alice Lyner) roman fantastique et d’anticipation
« Car à pattes, cahin-caha » (en collaboration avec Oswald Hoepfner) récit d’un périple en roulotte attelée de deux juments, France-Roumanie-France : 5200 km, deux ans et trois mois de voyage.
En souvenir de Pál , qui s’est décarcassé pour dénicher dans les bibliothèques hongroises ce qui avait échappé à mes recherches en France.
Illustration de couverture : dessin de l’auteur, sur une idée de Oswald Hoepfner. Tambour chamane inspiré de gravures anciennes hunniques, mongoles et chinoises.
Chapitre un
Les neiges ont fondu pour la douzième fois depuis que je suis né. Me voici arrivé à l’âge d’homme, enfin ! Une bouffée d’orgueil me brûle le front. Dissimuler ma peur, surtout. Je sens la bête qui mord, là, tout près de mon cœur, prête à bondir hors de sa cache au moindre signe de faiblesse. Je saurai la tenir en respect, quoi qu’il arrive. La bête peut m’arracher le ventre si elle le désire, nul autre que moi ne s’en apercevra. Mon regard se promène sur les parois de feutre de la vaste yourte qui nous sert d’habitation. Rien n’a changé… Les peaux d’ours, de cerf et de loup sont tendues à leur place habituelle. Au cœur de leur foyer de pierres, les flammes consument les bouses de chameau sèches. La tiédeur de l’air caresse ma peau. Tout contre le feu sont accroupis les deux anciens.
Rien n’a changé, et tout pourtant me semble différent. Étrange. Saurai-je me montrer à la hauteur des épreuves qui m’attendent ? Serai-je vraiment un homme ? Un guerrier ignorant de la peur et se riant de la douleur ? Rien n’a changé, excepté l’intérieur de moi-même. Et ma mère… Les yeux de ma mère sont voilés de larmes. Grand Ciel Bleu ! Pour la première fois, je la vois pleurer ! Mon père, très raide, lui jette un coup d’œil sévère. Mais il ne dit rien. Ma petite sœur, accroupie près du feu, s’agite plus que d’ordinaire. Ma petite sœur… Je suis très fier d’elle. C’est une véritable fille hunnique, endurante et courageuse. Elle monte à cheval et tire à l’arc aussi bien qu’un garçon ! Elle se tient là, toute jolie dans sa tunique verte, son pantalon bouffant, et des bottes de cuir fauve qu’elle porte aujourd’hui pour la première fois… en mon honneur ! Avec ses longs cheveux noirs retenus par un diadème d’or, son visage mince et brun, ses yeux étirés comme ceux d’une once, elle ressemble vraiment à la petite princesse qu’elle est en réalité : une princesse hunnique, fille de Balit, notre père, cousin du grand Khan Attila, et de Karigha, notre mère, apparentée à Esla, « Grand Hun », chef de guerre réputé pour son intelligence et sa férocité. Mon cœur bondit de tendresse à la vue de ma petite sœur Seroghli. Je me raidis. Je dois désormais lutter contre les émotions importunes. Je suis un homme. Dans quelques minutes, je vais subir les épreuves qui feront de moi un guerrier. Ce n’est pas le moment de s’attendrir. Un guerrier ne cède pas aux sentiments.
Je fixe l’entrée de la yourte, qui regarde vers le Sud. Je guette l’arrivée du chamane. C’est par ici qu’il va pénétrer, bientôt… bientôt… bientôt…
Lodoï est là. Nul bruit n’a annoncé son entrée. Il est là, simplement, comme s’il s’y était trouvé de toute éternité. J’essaie de ne pas me troubler. Difficile. Je ne parviens pas à détacher mon regard du poignard courbe qu’il porte attaché à sa ceinture. Ce poignard qui tout à l’heure… Un frisson glacé parcourt mon dos. N’en rien laisser paraître. Lodoï est gras et laid. C’est un homme placide et pacifique. Il n’aime pas la guerre ! Ne pas aimer la guerre… Comment imaginer cela ? Le plus étrange, c’est que pourtant tous les guerriers le respectent. On raconte qu’il a subi de terribles malheurs autrefois. Nul n’en connaît l’histoire. Ou plus exactement, nul, parmi ceux qui pourraient savoir, n’ose raconter. On se méfie surtout des sorts que Lodoï pourrait jeter si l’on osait se moquer de lui. Lodoï est aussi un habile éleveur de chevaux. Des ventres de ses juments naissent les poulains les plus ardents, les plus rapides, les plus forts.
Lodoï est notre chamane. Il ne participe jamais aux combats, mais il sait annoncer l’avenir. Il prédit sans erreur la victoire ou la défaite. Il connaît les incantations destinées à obtenir les faveurs du Grand Ciel Bleu. Il célèbre les mariages et prononce les paroles funèbres sur les corps des morts. Il préside aux cérémonies de passage à l’âge d’homme.
Lodoï s’approche de moi lentement. Le temps n’existe plus. Ses yeux se plissent jusqu’à ne devenir que deux minces fentes au milieu de son visage. Je ne tremble pas. Mon cœur se tend comme la peau de chèvre sur un tambour. Lodoï pose sa main gauche sur mon épaule. Il marmonne des paroles dont je ne saisis pas le sens. Des paroles surgies de temps très anciens et que seuls les chamanes n’ont jamais oubliées. Lodoï vient ensuite se placer derrière moi. Dans sa main droite, il serre un rasoir au tranchant soigneusement affûté.
Mes cheveux noirs, longs, épais, coulent jusqu’au creux de mes reins. Lodoï grommelle toujours ses mots incompréhensibles. Le rasoir glisse sur mon crâne. Mes cheveux tombent sur le sol. Serpents inertes. Lodoï ne laisse, au milieu de mon crâne, qu’une étroite queue de cheval.
Seroghli vient ramasser mes cheveux pour les ranger avec soin dans une bourse de cuir ouvragé qu’elle tend à Karigha, notre mère.
Karigha jette la bourse au milieu des flammes.
Mais mon enfance n’est pas encore achevée. Il reste l’épreuve qui crispe par avance, en dépit de ma volonté, les muscles de mes mâchoires. Ma respiration se bloque. Mes poumons vont éclater. Ne pas bouger. Surtout, ne pas bouger. Ne pas crier. Je tends tout ce qui me reste de volonté. Ne pas montrer ma peur. Supporter la douleur. Ne penser à rien. Ne penser à rien.
Ne pas bouger. Ne pas crier, surtout.
Lodoï tire son poignard de sa ceinture. La lame rougeoie aux reflets du feu. Je m’oblige à garder les yeux ouverts.
Le sang gicle de mes joues lacérées. Coule sur les mains de Lodoï. Je serre les poings.
Ne pas bouger. Ne pas crier.
Je fixe intensément la peau de loup accrochée au feutre de la paroi, juste en face de moi. Je lui découvre des reflets que je ne lui connaissais pas. Le vide. Je ne veux pas croiser le regard de ma mère.
Lodoï trace dans ma peau les signes du guerrier, qui laisseront leurs cicatrices indélébiles. Ces cicatrices qui terrifient nos ennemis.
Ne pas bouger. Ne pas crier.
La lame s’enfonce dans ma joue, lacère mes nerfs. Je suis un guerrier. Au combat, il me faudra rire de la douleur. Aller de l’avant, toujours. Je suis un homme. Un guerrier. Je suis Hun ! Tous les peuples de la terre s’enfuient devant nos hordes.
C’est fini. Ma mère saupoudre de cendres tièdes mes plaies sanguinolentes. Mon visage brûle comme un brasier attisé par le souffle du vent. Mon crâne presque chauve est devenu plus léger qu’une plume d’aigle. C’est fini. Je n’ai pas frémi. Je n’ai pas hurlé. Je suis un homme ! Un homme capable de tenir secrètes ses peurs et ses douleurs. Je lève les bras en signe de triomphe. Mon regard croise celui de Balit.
Et je lis la fierté dans les yeux de mon père.
Balit me drape dans la tunique brune des soldats. Il ajuste à ma taille une ceinture de cuir. En cet instant, des étoiles picotent mes yeux. Allons, Kahil ! Tiens toi fier ! Tu ne vas pas, maintenant que tout est fini, t’émouvoir à la manière d’une femme !
Balit boucle un baudrier sur le devant de ma ceinture neuve. Il me remet un arc, et un carquois garni de douze flèches. Il me tend une épée. Une véritable épée de guerrier ! Ma main se referme sur le pommeau lacé de cuir, incrusté d’or et de pierres précieuses. Pour finir, mon père enroule à mon épaule un arkan, lasso de crins tressés, ainsi qu’un fouet.
Je jette aux femmes un bref coup d’œil. Ma mère tente en vain de cacher son émotion. Ma petite sœur me lance un sourire qui transperce mon âme. Je ne l’oublierai jamais.
Accroupis au bord du foyer ardent, Grand-père et Grand-mère n’ont pas perdu, du fond de leur silence, une miette de la cérémonie.
Balit invite Lodoï à s’installer à la place d’honneur, qu’il partagera avec moi, pour boire le lait de jument fermenté. Tout est bien. Nous buvons en silence. Puis Lodoï prend congé, car dans d’autres yourtes, d’autres garçons de mon âge attendent à leur tour la cérémonie. Grand-père tousse et se racle la gorge. Cela signifie qu’il va parler.
Lorsque Grand-père parle, on l’écoute avec respect. Grand-père raconte les temps anciens. Sa voix acide a le goût des boissons fortes : elle pique et monte à la tête. Les récits de Grand-père sont toujours pleins d’enseignements.
Grand-père est un petit homme trapu, toujours vêtu de cuir noir. Son visage couturé de cicatrices ressemble à une vieille peau de yack toute racornie. Qui pourrait croire, aujourd’hui, qu’il fut autrefois un guerrier valeureux ? Il demeure assis en permanence, car ses jambes ne le portent plus. Dans ses yeux, pourtant, étincelle toujours un éclat de feu, semblable à celui qui

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents