La Bible ne fait pas le moine
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Description

Bousculons l'histoire et imaginons que les choses se soient passées réellement comme dans ce livre, que le monde n'a pas vraiment évolué comme il l'a fait depuis le XVIIIe siècle. Nous sommes en 1740 et un nouveau pape vient d'être désigné. Il veut transformer la société et instaurer la pensée unique. Des rebelles vont tenter de lutter. Ils vont s'insurger pour essayer de changer le cours des choses.Mais ont-ils les moyens de réussir ? Au fait, nous tous aujourd'hui, même si nous n'en sommes pas conscients, sommes-nous vraiment libres de nos opinions et surtout libres de les exprimer ? Ce roman, en plus de nous embarquer dans une folle aventure, nous invite également à prendre conscience du pouvoir de certaines modes sur notre façon d'être et de penser. Alors, prêts à affronter la dure réalité ? Une uchronie qui nous fait réfléchir et mesurer la valeur des libertés d'expression et d'opinion.Cela est d'autant plus vrai en notre période contemporaine fort troublée. Ce roman peut permettre de mesurer l'impact et le danger de certaines modes (réseaux sociaux à tout va par exemple), de la pensée unique sur notre vie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 février 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782365872218
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0700€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sommaire

Table des matières
Sommaire
La Bible ne fait pas le moine
6 février 1740
10 février 1740
20 juillet 1752
Juillet 1752
Septembre 1758
4 avril 1759
12 août 1774
Août 1774
24 décembre 1907
Juin 1909
Mars 1776
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La Bible ne fait pas le moine

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6 février 1740


L es doigts croisés sur la poitrine, Dante Boligni priait pour l’âme de Clément XII, dont les lèvres entrouvertes laissaient encore filtrer un souffle léger. La peau du visage du pape, parcheminée depuis longtemps, avait pris une couleur jaunâtre et l’odeur un peu écœurante de la mort emplissait la pièce, par à-coup.
Dante leva discrètement les yeux vers les autres cardinaux qui entouraient le moribond. Tous semblaient abîmés dans la prière mais la même pensée occupait les esprits : la succession.
Clément XII régnait sur l’Église depuis dix ans. Les Bourbon et les Habsbourg s’étaient alliés contre lui. Il avait tenu vis-à-vis des jansénistes et des Francs- Maçons une politique rigoureuse. Pour l’heure, il était à moitié conscient et murmurait de temps en temps quelques mots en latin sans aucun sens.

Cela faisait plusieurs semaines que sa santé déclinait et que ses propos devenaient incohérents mais, depuis trois jours, il était allongé dans son lit, refusant de manger. Sa peau était déjà froide . Il n’en avait plus pour longtemps.
Les regards glissaient parfois vers Prospero Lambertini. Âgé de soixante-cinq ans, il en paraissait dix de moins avec son léger embonpoint et les rondeurs de son visage. Seules les deux rides profondes qui encerclaient ses lèvres charnues trahissaient son âge. Nombreux étaient les cardinaux qui l’imaginaient succéder à Clément XII.
Dante Boligni ne faisait pas partie de ceux-là. Il connaissait les idées de Prospero. Cet homme de science avait déjà exprimé son point de vue au sujet de Galilée, dont il partageait la théorie. Il admirait les philosophes français et entretenait une correspon- dance avec Frédéric II de Prusse. Enfin, il croyait au rapprochement entre les différentes religions, et envisageait de rencontrer le septième Dalaï Lama.
À cette évocation, Dante ne put s’empêcher de frissonner de dégoût. Il avait d’autres desseins pour l’Église, des projets grandioses qu’il avait déjà partagés avec d’autres cardinaux. Ces derniers s’étaient ralliés à sa cause : l’Église devait être un Empire, régner sur le monde. Les chrétiens avaient pour mission de convertir les hérétiques. Chacun devait régler sa vie selon les principes énoncés dans la Bible. Mais, la plupart des gens étaient analphabètes ou laissaient leurs pulsions décider pour eux. Le peuple était incapable de suivre une morale chrétienne. Il avait besoin d’être guidé, d’être strictement encadré.
Dante serait le chef de cette Église. Il le savait depuis qu’il était entré de son plein gré au collège romain à l’âge de douze ans. Toute sa vie avait été soutenue par cette ambition. Mais ses projets allaient bien plus loin, beaucoup plus loin… Il savait exactement comment procéder car il avait déjà des appuis sûrs et son plan, soutenu par Dieu, était infaillible.
Restait à régler le problème posé par Prospero qui risquait d’être élu pape et de conduire l’Église vers le chaos. Sans quitter l’air affligé qu’il avait adopté depuis qu’il était entré dans la chambre papale et sa ns cesser de psalmodier des prières, Dante affin a le plan q ui avait déjà mûri dans son esprit. Un sourire mauvais frôla ses lèvres minces mais il sut garder un visag e impassible. Il avait toujours réussi à camoufler ses émotions, les tenir bridées en lui. Son expression fermée, véritable masque, était interprétée comme un signe de piété et d’intense réflexion. Il était donc à la fois admiré et craint. Les autres cardinaux se sentaient parfois coupables de ne pas passer autant de temps que lui à prier et à travailler sur les textes saints car il avouait ne dormir que trois ou quatre heures par nuit et très peu manger.
Clément XII s’éteignit dans la nuit. Il avait ouvert les yeux un instant, avait posé un regard adouci sur Prospero, lequel s’était incliné encore davantage. Il avait alors exhalé un profond soupir, le dernier.
Si Dante avait encore hésité à mettre son plan à exécution, ce regard, interprété certainement par beaucoup comme un ultime souhait, l’aurait convaincu de ne pas abandonner. Mais sa décision était déjà prise et Dante ne revenait jamais sur ce qu’il avait projeté de faire. C’était la voix de Dieu qui le guidait, Dieu qui l’avait chargé de mettre le Monde en ordre.











10 février 1740





I l faisait encore nuit lorsque Prospero Lambertini quitta le palais du Vatican. Une cape en laine noire le protégeait du froid humide de l’hiver. Pour tout bagage, il portait une besace en cuir.
Assailli par les gouttes glacées d’une fine pluie givrante, il resserra, frissonnant, les pans de son manteau sur son ventre replet. Arrivé au bout de la place saint Pierre, le cardinal se retourna une dernière fois vers la basilique et tenta de réciter une prière mais les mots lui manquèrent, noyés par les lourdes larmes qui descendaient le long de ses joues pour venir se perdre dans son col. Il ne songea même pas à les essuyer, anéanti par la disgrâce qui tombait sur lui et l’angoisse, mêlée d’une sourde colère, qui lui crochetait les entrailles depuis la veille se fit encore plus douloureuse.
À pas lents, il se dirigea vers l’extrémité de la place Saint-Pierre, la tête rentrée dans les épaules, laissant échapper un faible gémissement. Puis, de façon presque surnaturelle, sa silhouette fut absorbée définitivement par le silence et l’anonymat de la nuit, alors que les récents événements tournaient en boucle dans son esprit.

La veille, Dante Boligni était venu le trouver dans la basilique où il se recueillait et s’était agenouillé à côté de lui. Cela l’avait surpris, Dante et lui-même se parlaient peu, ne partageant pas les mêmes idées. Puis, le cardinal qui mesurait une bonne tête de plus que Prospero, s’était légèrement penché vers lui et lui avait tenu un discours qu’il n’était pas prêt d’oublier.
En peu de mots, de sa voix sèche et rauque, il lui avait dit qu’il connaissait son secret. Prospero avait levé la tête, surpris. Il n’avait aucun secret, rien dont il dut se cacher.
— Continuez à prier ! avait ordonné Dante.
Obéissant, il avait à nouveau baissé la tête, curieux et un peu craintif. Dante lui avait alors expliqué calmement, qu’une femme et sa fille étaient venues le voir, comme folles. La mère lui avait confié que Prospero rendait régulièrement visite à sa fille, qu’il lui faisait de petits cadeaux qui les aidaient bien à vivre car les temps étaient durs et on ne pouvait rien refuser à un cardinal, n’est-ce pas, c’était même un honneur. Seulement, la jeune personne était maintenant… dans un état intéressant et elle demandait réparation.
Sous le choc, Prospero avait relevé encore une fois la tête, tentant de croiser le regard froid de Dante. Mais ce dernier, feignant le recueillement, avait caché une partie de son visage entre ses mains.
— Mais, c’est faux ! avait commencé Prospero.
— N’ajoutez pas le mensonge à vos péchés ! l’avait coupé Dante. Les deux femmes sont là, au fond de la basilique. Elles prient, les malheureuses ! Retournez-vous, si vous en avez encore le courage, et regardez le pendentif de la jeune fille. Vous me direz après si c’est faux !
Prospero s’était retourné un peu brusquement, et il avait vu deux femmes agenouillées l’une à côté de l’autre. À ce geste, la plus âgée avait levé les yeux et elle l’avait fixé d’un regard qu’il n’avait pas réussi à interpréter, à mi-chemin entre une colère feinte et la cupidité. Quant à la jeune fille, elle était très belle, avec quelques mèches d’un noir de jais qui s’échappaient de son fichu. Elle se tenait droite, les yeux baissés. Sur sa poitrine brillait un crucifix qu’il avait reconnu tout de suite : en or, serti de saphirs. Cet objet lui appartenait, il n’y avait aucun doute. Il le gardait rangé dans sa table de chevet et le portait lors des occasions officielles.
Atterré, Prospero avait pris le bras de Dante, qui s’était dégagé d’un geste brusque, avant de prendre la parole, coupant court à toutes protestations :
— Par charité chrétienne et en mémoire de notre défunt pape, qu’il repose en paix, je vous propose un marché. J’ai réussi à raisonner les deux femmes, mais elles ne se tairont pas longtemps car le crucifix plaide contre vous et tout le monde sait qu’il vous appartient. Partez, quittez le Vatican dès demain matin, vous éviterez le scandale. Vous épargnerez la honte à Notre Sainte Mère l’Église que vous avez souillée avec votre comportement irresponsable. Taisez-vous ! avait-il poursuivi alors que Prospero avait tenté d’intervenir. Partez, et priez pour le repos de votre âme !

P Puis Dante s’était levé et avait quitté la basi lique. Lorsque Prospero s’était redressé à son tour, chancelant, les deux femmes avaient disparu. Mais lui ne pouv ait chasser de sa pe n sée le crucifix qui brillait sur la poitrine rebondie.Il avait longuement réfléchi, toute la nuit. Au petit matin, il avait pris sa décision. Tout cela était faux, bien sûr, mais comment le prouver ? Il avait ouvert son tiroir, imaginant innocemment y trouver son crucifix. Mais celui-ci avait bel et bien disparu. Il avait compris alors qu’il était victime d’un piège et que Dante en était l ’instigateur. Les portes

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