Le rire d Épicure
46 pages
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Le rire d'Épicure , livre ebook

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Description

Ma chère mère, salut ! Tu crois que Zeus est en colère contre moi. Tu me dis qu'il versera la maladie sur mes épaules, qu'il tuera mes amis, qu'il me rendra pauvre et qu'il ordonnera à tous les dieux de l'Olympe de me faire souffrir. Mais rassure-toi ! Jamais il ne m'empêchera de vivre heureux, car j'ai décidé de ne plus croire en lui. Ton fils, Épicure

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2012
Nombre de lectures 15
EAN13 9782361650537
Langue Français
Poids de l'ouvrage 7 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Épicure (341 — 270 av. J.-C.)
Que te dit Épicure ? Les dieux ne se mêlent point des choses humaines, et il n’y a d’autre bien que la volupté. Eh, malheureux ! était-ce la peine de veiller tant de nuits pour écrire ces beaux livres ? Ne valait-il pas mieux te tenir chaudement dans ton lit, et mener la vie d’un ver, puisque c’est la seule dont tu te sois jugé digne ?
d’après Épictète, Entretiens , Ier siècle ap. J.-C.

Docteur en philosophie et écrivain, Yan Marchand cherche le bonheur avec ses concitoyens brestois, véritables épicuriens qui, personne ne l’ignore, savent se contenter d’un verre d’eau quand ils ont soif.
Jérémie Fischer est diplômé de l’École Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg. Il a contribué à plusieurs magazines d’arts graphiques comme Nyctalope ou Nobrow et a publié son premier livre jeunesse, L’éléphouris , aux éditions Magnani. En guise de Jardin d’Épicure, il a élu domicile à Montreuil.
Les dieux sont appelés les bienheureux, car leurs journées s’épuisent dans des banquets interminables. Leurs plats sont remplis d’ambroisie et leurs coupes sont pleines de nectar. Leurs vêtements sont scintillants, leurs corps sont beaux, immortels. Quand ils ne mangent ni ne boivent, ils demeurent allongés sur des couchettes mœlleuses à écouter de la musique. Le reste du temps, ils discutent entre eux doucement et intelligemment dans le grec le plus pur, ou parcourent le monde pour exercer un pouvoir sans limite sur les hommes.
Ah, la douce vision du bonheur ! Quel mortel ne rêverait de toucher, ne serait-ce que du bout du doigt, cet Olympe au sol de marbre et à la toiture étoilée ? Qui ne désirerait se joindre à eux ?


Mais que se passe-t-il ? Les murs de l’Olympe se sont mis à trembler ! Aurions-nous oublié de dire que, la plupart du temps, les dieux se querellent ? Aujourd’hui, et comme souvent d’ailleurs, c’est le couple royal qui se donne en spectacle.
Zeus
Ma chère épouse, voyons, ce n’était qu’un petit accouplement rapide avec une mortelle.
Héra
J’en ai assez de toi ! Tu ne songes qu’à l’amour ! Tu as des fils et des filles partout ! Si tu continues, je retourne chez Rhéa, notre mère.
Zeus
Mais je fais ce que je veux, tout de même ! Ne suis-je pas le roi des rois ?
Héra, folle furieuse, lance une divine amphore à la tête de son divin mari. La dispute devient homérique. Le couple s’envoie des jurons, de la vaisselle, de la foudre et des malédictions à la tête. Les autres dieux assistent à la scène en souriant. Et pourtant, ils sont bien mal avisés de se moquer, car, pour qui sait entendre, l’Olympe est plein de cris, de complots, d’injures et d’adultères.
Voilà ceux que les mortels appellent les bienheureux.



Zeus et Héra se taisent pourtant en voyant Apollon, le dieu des devins et des oracles, rentrer dans le palais, le front barré d’un pli soucieux.
Zeus
Que se passe-t-il, Apollon ? Ton visage est bien sévère !
Apollon
Je viens d’entendre la voix du destin : l’heure n’est plus aux disputes ni aux plaisanteries, car notre fin est proche.
Héra
Les Titans reviennent ?
Apollon
Pire, bien pire : dans l’île de Samos, un mortel vient de naître.
Le couple royal se met à rire à l’unisson des autres dieux. Un mortel ! Un petit brin de paille qu’un simple coup de vent suffit à coucher !
Zeus
Mon pauvre Apollon, tu auras fait un excès de nectar ! Comment un mortel pourrait-il nous menacer ?
Apollon
Il supprimera la crainte des dieux de toute poitrine humaine.
Zeus
Allons, personne n’ignore que sur le seuil de l’Olympe sont posés deux tonneaux, l’un plein de malheurs, l’autre plein de joies, et que je passe mon temps à déverser leur contenu sur la tête des hommes selon mon bon plaisir !



Apollon
Dans quelque temps, notre pourfendeur dira que ton histoire de tonneaux est bonne pour les enfants. Si nous sommes les bienheureux, affirmera-t-il, nous ne connaissons que le plaisir. Et donc nous n’avons aucun souci. Et si nous n’avons aucun souci, nous n’arbitrons pas les guerres, nous ne nous disputons pas pour savoir s’il faut laisser Achille ou Hector en vie... Et toi, Zeus, si tu es vraiment un dieu bienheureux, tu ne te mets jamais en colère contre une cité. Sinon cela veut dire que quelque chose t’a été désagréable, et si tu ressens du désagrément, tu n’es pas vraiment un bienheureux, et peut-être même n’es-tu pas… un vrai dieu.

Zeus a bien envie de rire. Lui, pas un vrai dieu !
Apollon
Ô Zeus, je sais ce qui fut, est et sera. Je peux t’assurer que dans trois mille ans, nous ne serons plus que des mythes inoffensifs. Tout le monde restera sourd à tes coups de tonnerre.
Zeus

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