51
pages
Français
Ebooks
2013
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Ebook
2013
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Publié par
Date de parution
20 février 2013
Nombre de lectures
5
EAN13
9782896111558
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
20 février 2013
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5
EAN13
9782896111558
Langue
Français
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Illustrations : Leanne Franson Conception de la maquette couverture : Relish Design Imprimerie : Hignell Printing
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada Sauriol, Louise-Michelle Les aventures du géant Beaupré / Louise-Michelle Sauriol ; illustrations de Leanne Franson. Public cible: Pour les jeunes. ISBN 2-89611-018-6 1. Beaupré, Joseph-Édouard, 1881-1904--Romans, nouvelles, etc. pour la jeunesse. I. Franson, Leanne II. Titre.
PS8587.A38684A98 2005 jC843'.54 C2005-905994-X
© Louise-Michelle Sauriol, Éditions des Plaines, 2006 C.P 123 , Saint-Boniface (Manitoba) R2H 3B4
Tous droits réservés www.plaines.mb.ca 1 er trimestre 2006
Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Canada, Bibliothèque provinciale du Manitoba et Bibliothèque nationale du Québec.
Les Éditions des Plaines remercient le Conseil des Arts du Canada et le Conseil des Arts du Manitoba du soutien accordé dans le cadre des subventions globales aux éditeurs et reconnaissent l’aide financière du ministère du Patrimoine canadien (PADIÉ et PICLO) et du ministère de la Culture, Patrimoine et Tourisme du Manitoba, pour ses activités d’édition.
Louise-Michelle Sauriol
PLAINES
DU MÊME AUTEUR
Margot et la fièvre de l’or , 1997, Éditions des Plaines, rééd. 2004
Amour, toujours amour! Contes du St-Laurent, Hurtubise HMH, 2005
Un été dans les galaxies, Pierre Tisseyre, 2005
L’équipée fantastique, Soleil de minuit, 2005
Les trouvailles d’Adami, Soleil de minuit, 2004
Le parfum de la dame aux colliers,
Vents d’Ouest, 2003
Jérémie et le vent du large, Pierre Tisseyre, 2003
Un samedi en Amazonie, Loup de gouttière, 2002.
Terre de glaces, Soleil de minuit, 2002
L’espion du 307, Vents d’Ouest, 2001
Le couteau magique, Soleil de minuit, 2000
Une araignée au plafond, Pierre Tisseyre, 2000
À Karine et Pierre-Louis
Une chauve-souris à l’école
— Au secours! Une chauve-souris! s’écria Liette Morin, une fillette rousse à la tignasse bouclée.
— Elle va nous sauter dans les cheveux! hurla son amie Simone, réfugiée sous son banc d’école.
— Calmez-vous! dit le maître en prenant un balai.
Dans la maison de bois qui servait d’école, c’était l’émoi général. Une malheureuse chauve-souris sommeillait dans le local de classe, à l’insu de tous. La petite bête s’était tenue tranquille jusqu’à l’enseignement des maths. Monsieur Joseph venait d’aborder la table des multiplications, quand elle prit son élan au travers de la classe, semant la panique chez les filles.
Plus effrayée que les élèves, la chauvesouris regagna sa cachette en vol plané.
Perchée sur une poutre du plafond, elle était à peine visible.
Un garçon taillé en pan de mur se leva de son banc. Il écarta vigoureusement le maître d’école et cueillit l’animal de sa large main. Sans dire un mot à personne, il ouvrit la porte et le remit en liberté.
— Bravo, Édouard! s’exclama monsieur Joseph. Vous avez libéré notre chauve-souris. Vous auriez pu vous excuser de m’avoir bousculé, mais je vous pardonne.
— Espèce d’ours! grinça la rouquine entre ses dents.
— Liette, vous copierez cent fois : « Je respecte les autres ».
L’enseignant était quasiment tombé à la renverse sous la poussée de la paume de son élève. Ce garçon à la taille démesurée le mystifiait et l’inquiétait, mais il ne tolérait pas qu’on s’en moque.
Édouard Beaupré reprit sa place en silence. Son visage n’avait pas changé d’expression, mais ses poings se serrèrent sous sa table de travail. Métis par sa mère, il avait sa fierté, même s’il s’exprimait très peu en classe.
Né en janvier 1881, il approchait onze ans, en cet automne de fin de siècle. Il mesurait déjà plus d’un mètre quatre-vingtdix et dépassait tous les élèves. L’enseignant lui-même avait l’air petit à ses côtés.
Trop souvent, Édouard faisait l’objet de sarcasmes. Il s’assoyait au fond de l’unique salle de classe, gêné de sa hauteur. Son mutisme déclenchait les rires autant que ses actes. Aussi, un jour sur deux, il était absent de l’école.
Quand il s’y présentait, son seul motif était de croiser le regard d’Émilienne. Plus grande que ses compagnes, elle avait des yeux pervenche qui le charmaient. En outre, son père possédait un ranch. Cela conférait une auréole spéciale à la jeune fille, car Édouard était fou des chevaux.
En secret, il la nommait Mimi. Jamais il n’avait osé lui parler. La regarder lui suffisait. Des boucles brunes encadraient son visage et quand elle souriait, deux mignonnes fossettes se creusaient dans ses joues.
C’était pour Mimi qu’il avait chassé la chauve-souris. Autrement, il l’aurait laissé semer la panique. Cette école d’un village minuscule de la Saskatchewan, appelé Talle de Saules ou Hart Rouge, lui paraissait l’endroit le plus ennuyeux de la terre. L’invasion de l’animal au moment précis des maths l’avait ravi.
Maintenant, il écoutait distraitement l’instituteur se démener en avant. En réalité, le garçon suivait la trajectoire d’une mouche contre la fenêtre. Elle progressait sur la vitre en y adhérant. L’insecte gagna l’encadrement de bois, puis s’envola par l’étroite fente qui donnait sur le pré voisin. Pourquoi Édouard ne pouvait-il pas voler, lui aussi? Il s’évaderait bien plus loin, au-delà du pays!
Monsieur Joseph profitait de l’incident pour parler de sciences naturelles et, en particulier, de la chauve-souris.
— D’abord, ce n’est pas un oiseau, mais un mammifère.
—Comme une vache? demanda Simone, guère rassurée.
— Oui mademoiselle, répondit l’enseignant, retenant un sourire. Un mammifère de petite taille, cependant. Le seul qui vole. Et arrêtez de croire qu’il s’attaque aux cheveux : c’est complètement faux. Il sait très bien se diriger.
Soupirs de soulagement. Monsieur Joseph jeta un coup d’œil sur son auditoire, suspendu à ses lèvres. Un élève n’écoutait pas. Il enchaîna quand même en griffonnant des dessins explicatifs au tableau noir.
— Pour la chauve-souris, les objets ou les personnes émettent des sons. Une sorte d’écho sonore. Elle peut éviter les obstacles grâce à ces échos. Vous avez compris, Édouard?
— Euh…
Rires dans la classe. Les élèves s’étaient tournés d’un bloc vers lui. Parmi les figures, Édouard vit celle de Mimi qui ne riait pas. Un ange parmi les démons, pensa-t-il. Cette vision lui permit de supporter le reste de la journée d’école.
À la fin des classes, Liette et Simone, la main dans la main, lui jetèrent un regard malicieux.
— Tu as oublié ton cartable, Édouard, dit Simone. Demain, tu ne sauras pas tes leçons!
— Monsieur Joseph va te disputer, menaça l’autre.
La tête penchée, le garçon passa devant les filles sans répliquer. Elles se mirent à chanter sur l’air de « Il était un petit navire » :
C’était l’ours brun de Talle de Saules, Il savait rien, rien, rien
Des sciences nouvelles,
Il savait rien, rien…
Elles se turent quand l’instituteur apparut, la mine sévère. Édouard Beaupré prit ses longues jambes à son cou et rentra chez lui aussi vite qu’il le put. Les leçons à apprendre, il s’en fichait éperdument. Son intention était claire et nette : il ne retournerait plus jamais en classe.
Dans la prairie
Arrivé chez ses parents, Édouard se réfugia dans la grange. Son cheval Bronco hennit d’affection. Le garçon courut le caresser en murmurant :
— Toi, au moins, tu es mon ami. Viens, on va se promener.
Bronco était un cadeau de son parrain, monsieur Jean-Louis Légaré. Le père d’Édouard avait travaillé plusieurs années pour cet homme influent. Il s’était établi à Talle de Saules en même temps que lui, en 1880. La région attirait les pionniers en raison de l’abondance de foin, d’eau et de bois qu’on y trouvait. Gaspard Beaupré avait quitté son Québec natal en 1875, espérant faire fortune dans l’Ouest, comme beaucoup d’autres.
À cette époque, en plus d’un magasin général et d’une fromagerie, Jean-Louis Légaré possédait un ranch où il élevait des chevaux. Au début de l’été, il avait offer